La Saint-Patrick
Dans le calendrier catholique, le 17 mars est le jour de la Saint-Patrick. Ce jour-là, les irlandais du monde entier sont en fête. De nombreux irlandais « d’un jour » se joignent aussi à eux, car il n’y a pas de raison de ne pas profiter d’une bonne bière ou d’un bon whisky irlandais. Un chapeau ou une perruque verte sur la tête, un trèfle entre les dents et le tour est joué : facile de trouver des racines irlandaises.
Mais les racines irlandaises au Québec sont bien plus profondes que ces quelques ornements bien souvent ridicules. De nombreux irlandais en exil, les britanniques leur refusaient une éducation catholique, ont servi dans les armées françaises en Nouvelle-France. Des liens très forts se sont tissés tout au long du 16ème siècle et 17ème siècle. Pour ne pas se faire repérer par l’adversaire anglais, beaucoup d’irlandais ont alors francisé leur nom. Aujourd’hui les généalogistes sont souvent surpris de ne retrouver aucune trace européenne de certains patronymes québécois, ils sont nés avec les irlandais du Québec.
Une deuxième grande vague d’immigration aura lieu au 19ème siècle lors des grandes famines d’Irlande. Près de 600 000 sont venus dans la Belle Province. Je vous en parlerai à une autre occasion, lors d’une visite à Grosse-Île, dès que les glaces du Saint-Laurent auront disparu et que la navigation fluviale sera devenu sûre. Je veux bien vous servir de guide, mais sans prendre de risque.
Donc, le 17 mars est le jour de la Saint-Patrick. Mais qui était ce Saint-Patrick? Selon la légende, il aurait vécu entre 389 et 461. A l’âge de 16 ans, il vit au Pays de Galles, il est kidnappé par des pirates qui l’emmènent et le vendent en Irlande comme esclave. Il passe quelques années à garder des moutons. L’influence des ovins lui est bénéfique, puisqu’il a des visions et se rapproche de Dieu.
En 411, il réussit à s’enfuir en Gaule. Il s’établira près d’Auxerre où il deviendra prêtre. Il retournera en Irlande, envoyé par le pape pour convertir l’île. Il réussira si bien que la région, devenue catholique, empoisonnera pour longtemps la vie de la protestante Angleterre. Comme quoi, il ne faut jamais laissé kidnapper un de ses enfants…
Bref, le 17 mars, nous fêtons la Saint-Patrick. Mais c’est le 25 mars que je me retrouve dans les rues du Vieux-Québec pour assister au défilé irlandais. Oui, parce que le 17 mars, il y avait le « crash boule », donc le défilé a été retardé d’une semaine. On allait quand même pas fêter deux événements le même jour. On sait faire la fête ici au Québec.
La foule est compacte en ce début de samedi après-midi, les fortes chaleurs de la semaine se sont estompées et la température est redevenue normale : proche du zéro degré. Les uniformes, les drapeaux ouvrent le défilé, la musique viendra plus tard. Pour l’instant, en face de moi, un artiste de rue tape sur une batterie de recyclage. L’Afrique fête aussi l’Irlande.
L’histoire des liens entre le Québec et la verte Érin est passée en revue, les diverses sociétés plus ou moins irlandaises, quelques familles O’ quelque chose et des invités new-yorkais passent joyeusement devant moi. Bono, le chanteur, devrait être là, mais je ne l’ai pas vu ou pas reconnu. J’ai failli rater une autre vedette : le maire Régis Labeaume, de lui aussi je vous en parlerai plus en détail une autre fois. Il est tout petit de taille, mais j’ai tout de même réussi à l’avoir dans mon objectif.
Finalement les cornemuses donnent une touche bien celtique à la fête et nous pouvons aller déguster une bière au St-Patrick un pub grandiose au coin de la rue St-Jean. La blonde du patron vient de Montana en Valais, je sens que, là encore, un petit reportage s’imposera.
St-Jean-Chrysostome
jeudi 29 mars