Gérald Godin (1938-1994)
Né le 13 novembre 1936 à Trois-Rivières, Gérald Godin fera ses études au Séminaire Saint-Joseph de sa ville natale. Il en sortira en 1959 pour entrer comme correcteur d’épreuves puis comme journaliste au quotidien Le Nouvelliste. Dès 1963, il s’installera à Montréal et travaillera à Radio-Canada, puis deviendra directeur de l’information à Québec-Presse de 1969 à 1973.
Il publiera durant ses années à Trois-Rivières trois recueils de poésie qui, republié ensemble sous le titre Ils ne demandaient qu’à brûler, lui vaudront de nombreux prix littéraires. En 1975, il devient professeur de journalisme à l’Université du Québec à Montréal. Dès 1976, il se lance en politique. Il deviendra député, puis ministre de l’Immigration. En 1982, il est ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française.
En juin 1984, Gérald Godin ressent les premiers symptômes d’une tumeur au cerveau. Après une opération parfaitement réussie, il pourra reprendre sa vie d’homme politique. En 1985, il sera ministre des Affaires culturelles. Le 12 octobre 1994, il succombera d’une tumeur au cerveau.
Ils ne demandaient qu’à brûler (1987)
tuez mes chevaux
que je les entende crever d’ici
que je croie du moins qu’ils pleurent leur maître
non laissez la vie à l’un d’eux
que je sois moins seul à souffrir
dans cette baraque
Le langage est cru et direct, Seul est un des poèmes de jeunesse qui ouvre le recueil qui retrace le cheminement du poète. Le langage est bien québécois, en cohérence avec les combats de Gérald Godin. Quand il compose les cantouques, il utilise le mot de l’outil qui sert à trimballer des billots pour créer des poèmes qui trimballent des sentiments. Il restera réaliste, cru et direct jusqu’au bout pour parler de la maladie qui l’emportera:
tu constatais
que ta main gauche
la maudite
ne répondait plus
« C’est normal », disaient-ils
ta tumeur était à droite…