Valais Libre

31 octobre 2013

Gérald Godin, Ils ne demandaient qu’à brûler

Gérald Godin (1938-1994)

GodinNé le 13 novembre 1936 à Trois-Rivières, Gérald Godin fera ses études au Séminaire Saint-Joseph de sa ville natale. Il en sortira en 1959 pour entrer comme correcteur d’épreuves puis comme journaliste au quotidien Le Nouvelliste. Dès 1963, il s’installera à Montréal et travaillera à Radio-Canada, puis deviendra directeur de l’information à Québec-Presse de 1969 à 1973.

Il publiera durant ses années à Trois-Rivières trois recueils de poésie qui, republié ensemble sous le titre Ils ne demandaient qu’à brûler, lui vaudront de nombreux prix littéraires. En 1975, il devient professeur de journalisme à l’Université du Québec à Montréal. Dès 1976, il se lance en politique. Il deviendra député, puis ministre de l’Immigration. En 1982, il est ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française.

En juin 1984, Gérald Godin ressent les premiers symptômes d’une tumeur au cerveau. Après une opération parfaitement réussie, il pourra reprendre sa vie d’homme politique. En 1985, il sera ministre des Affaires culturelles. Le 12 octobre 1994, il succombera d’une tumeur au cerveau.

Ils ne demandaient qu’à brûler (1987)

Godin livreje veux être seul

tuez mes chevaux

que je les entende crever d’ici

que je croie du moins qu’ils pleurent leur maître

non laissez la vie à l’un d’eux

que je sois moins seul à souffrir

dans cette baraque

Le langage est cru et direct, Seul est un des poèmes de jeunesse qui ouvre le recueil qui retrace le cheminement du poète. Le langage est bien québécois, en cohérence avec les combats de Gérald Godin. Quand il compose les cantouques, il utilise le mot de l’outil qui sert à trimballer des billots pour créer des poèmes qui trimballent des sentiments. Il restera réaliste, cru et direct jusqu’au bout pour parler de la maladie qui l’emportera:

tu constatais

que ta main gauche

la maudite

ne répondait plus

« C’est normal », disaient-ils

ta tumeur était à droite…

Calendrier historique du Valais: 31 octobre – 1476 – l’Abbaye de Saint-Maurice retrouve ses biens

Berne rend ses prises

31 octobre saint-MauriceLa chute du pouvoir savoyard en Valais après la bataille de la Planta du 13 novembre 1475 aura des conséquences pour l’Abbaye de Saint-Maurice. Elle voit ses possessions occupées par deux souverains différents. Berne saisit les biens et les juridictions situés en pays de Vaud et les patriotes des VII dizains occupent les terres valaisannes.

Ce 31 octobre 1476, Berne ordonne à toutes les autorités compétentes de respecter et de faire respecter les droits abbatiaux. En 515, lors de la fondation de l’Abbaye, Sigismond, roi des Burgondes, donnait aux moines des terres en Valais, en pays de Vaud et plus loin encore, afin qu’ils puissent subvenir à leurs besoins. Leurs Excellences de Berne ne tardèrent pas à respecter ces droits ancestraux.

Les dizains valaisans firent plus de résistance. L’évêque de Sion, Walter Supersaxo, hésita longuement face aux pressions du pape et des seigneurs de Berne et de Fribourg. Il consentit à un accord, seulement après avoir obtenu des avantages pour son diocèse. Le traité signé le 12 septembre 1481 réintègre l’abbé de Saint-Maurice dans son pouvoir temporel, mais il doit renoncer aux droits de juridictions dans la vallée de Bagnes. Le pape ne confirmera pas cet accord. Un compromis sera trouvé quelques années plus tard.

30 octobre 2013

Lucien Francoeur, Chanson de l’Amérique inavouable

Lucien Francoeur (1948-…)

FrancoeurNé le 9 septembre 1948 à Montréal, Lucien Francoeur quittera l’école à 15 ans pour se rendre à New York. Il errera trois ans dans les rues de la ville, il séjournera aussi à Toronto et Montréal. À 18 ans, il décide de devenir écrivain et rédige un premier recueil de poésie qui sera refusé par tous les éditeurs. Il ira à La Nouvelle-Orléans où il termine ses études secondaires en 1969.

De retour à Montréal, il suivra des cours de lettres françaises au Cégep Maisonneuve. Il travaillera durant la même période comme chauffeur de taxi. Il rencontre Gaston Mirron et publie ses premiers ouvrages. En 1974, il fonde le groupe Aut’chose et commence une carrière musicale. Après la dissolution du groupe, Lucien Francoeur continuera en solo.

En 1979, il reprend ses études pour devenir professeur de littérature. Il enseignera dans les années 80 au Cégep Rosemont et John-Abott à Montréal. Il sera également animateur sur différentes radios privées. Il partage son temps entre l’enseignement, les lectures de poèmes, les concerts rock et les interventions médiatiques en tant que polémiste et animateur.

Chanson de l’Amérique inavouable (2002)

Francoeur livreC’que j’aime c’est ton air d’aller

J’te suis 24 heures par jour

J’veux te faire l’amour à tue-tête

J’peux t’aimer sans permission

Aujourd’hui ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante, Lucien Francoeur cite Beaumarchais, mais n’en fait qu’à sa tête. Chez lui, tout commence et tout finit par la littéralité. Pas d’échappatoire mélodique. Il est un diseur, un chanteur à textes. Mais aussi un anarchiste, un anticonformiste. Osez chanter l’Amérique, plutôt que son pays !

Le temps passe assis au fond d’un bar

L’après-midi sur Santa Monica Boulevard

Tu recommences à jouer au Roi Lézard

La fée des étoiles est encore en retard

Alors tu décides de faire un tour de char

Un coup de dés jamais n’abolira le hasard

Calendrier historique du Valais: 30 octobre – 1971 – Une Valaisanne au Conseil national

Gabrielle Nanchen

30 octobre Gabrielle NanchenLe week-end électoral qui débute ce samedi 30 octobre 1971 sera historique. Pour la première fois, les femmes ont le droit de vote au niveau national. Ce droit leur a été accordé par un scrutin populaire le 7 février 1971. La Suisse rejoint enfin la majorité des pays. Ce droit inclut aussi le droit d’éligibilité, les élections nationales du 30 et 31 octobre sont donc un tournant pour la politique suisse.

La valaisanne Gabrielle Nanchen sera une des onze, dix au Conseil national et une au Conseil des États, premières femmes à siéger sous la coupole fédérale. Elle est élue pour le parti socialiste en remplacement de Charles Dellberg qui ne se représentait pas.

D’origine italienne, Gabrielle Nanchen est née à Aigle en 1943, après des études en sciences sociales, elle s’engage au sein du parti socialiste valaisan. Elle siègera durant deux législatures à Berne. En 1977, elle sera candidate au Conseil d’État valaisan. Arrivée cinquième, elle ne pourra pas être élue, car un autre candidat du district de Sierre, Antoine Zufferey du PDC, la devançait. Elle dut laisser la place au radical Arthur Bender de Fully.

29 octobre 2013

Michèle Lalonde, Dernier recours de Baptiste à Catherine

 

Michèle Lalonde (1937-…)

lalonde_micheleNée à Montréal le 28 juillet 1937, Michèle Lalonde est titulaire d’une licence de philosophie à l’Université de Montréal. Elle a collaboré activement à la revue Liberté, elle a fait partie de l’équipe de rédaction de Maintenant ainsi qu’à quelques autres publications littéraires. De 1976 à 1980, elle sera professeure d’histoire des civilisations à l’École nationale de théâtre.

Michèle Lalonde est connue pour sa poésie engagée pour la libération du Québec et pour la défense de la langue française. Son poème Spike white, récité en 1970 pour la défense des prisonniers politiques et publié en 1974, est certainement son texte le plus connu. Sa première publication sera, en 1957, une pièce de théâtre: Ankrania ou Celui qui crie.

Elle publiera également cinq recueils de poésie, une autre pièce de théâtre ainsi que deux essais. Son oeuvre sera récompensée par divers prix littéraires. De 1982 à 1986, elle a assumé la présidence de la Fédération internationale des écrivains de langue française (FIDELF).À partir des années 80, elle écrit pour de nombreux spectacles musicaux.

Dernier recours de Baptiste à Catherine (1977)

Lalonde livreL’église Sainte-Catherine-d’Alexandrie dans le quartier ouvrier Saint-Jacques à Montréal est condamnée, elle sera détruite. Malgré une mobilisation populaire, les autorités ne changeront pas d’avis. Les pierres devant disparaître, Michèle Lalonde les remplace par des mots. L’église devient la scène du théâtre de l’histoire du Québec.

1760, le grand vicaire plie devant l’occupant anglais qui vient de prendre le contrôle de la région. L’église pourra rester si elle amadoue la population. 1776, le curé peine à garder la rigueur du dogme face à une population désespérée par le manque de perspective. 1837, pour sauver l’église et le village des flammes, il faut dénoncer un patriote. Malgré les pressions du curé, Catherine restera ferme. 1850, Jean-Baptiste surgit au milieu des femmes dans l’église. Il veut épouser Catherine et fuir la misère aux États-Unis. Dieu ne le voudra pas. 1875, monologue de l’évêque qui chante un peuple grand dans la défaite.

Cinq tableaux, cinq moments où l’église influe sur les vies de Catherine et Baptiste, jeunes Québécois ballotés par l’histoire.

Calendrier historique du Valais: 29 octobre – 1522- Deux évêques pour le Valais

Conflit avec Rome

29 octobreSchinerCe 29 octobre 1522, le Saint-Siège désigne le cardinal Jean Piccolomini comme évêque de Sion pour succéder à un autre cardinal, Mathieu Schiner, décédé le 1er octobre. Cette nomination ne permet pas d’apaiser la crise valaisanne. Mathieu Schiner avait été chassé du Valais par Georges Supersaxo en 1517 et depuis le siège épiscopal était source de tensions.

Après la mort du cardinal et évêque Schiner, le Chapitre de la cathédrale de Sion nomme Philippe de Platea comme évêque. Cette nomination n’est pas reconnue par Rome. Pour tenter de ramener le calme, Rome désigne le cardinal Paul de Cesis comme administrateur du diocèse de Sion le 20 novembre 1522. Ni Piccolomini, ni de Cesis ne seront reconnus par le Valais.

On soupçonne alors le Valais de ne plus tenir à la foi catholique. Les grands baillis successifs affirmeront plusieurs fois devant la Diète helvétique leur attachement à la religion catholique. Les dizains valaisans adhèreront à l’alliance des V cantons catholiques en 1528, mais la question de l’évêque ne se résoudra qu’avec la renonciation de Philippe de Platea le 29 août 1529. Cette renonciation ouvrira la porte à la nomination d’Adrien Ier de Riedmatten par le Chapitre et la Diète puis à sa confirmation par Rome.

28 octobre 2013

Calendrier historique du Valais: 28 octobre – 1949- Charles Haegler

Mort du fondateur du Nouvelliste

28 octobre Haegler…j’ai consacré toutes mes forces à Dieu, à l’Église, au cher peuple du Valais ; il aurait fallu faire plus et mieux ; j’ai agi selon mes lumières et mon coeur. Il est des hommes qui m’ont fait souffrir : j’ai pardonné et je pardonne. Il en est d’autres qui m’ont compris, soutenu, aidé : qu’ils soient remerciés ! L’homme qui prononce ses paroles à la veille de sa mort est une personnalité marquante de la presse valaisanne.

Charles Haegler décède à Saint-Maurice ce 28 octobre 1949. Charles Saint-Maurice, la signature était bien connue dans le Nouvelliste qu’il a fondé en 1903. Ce journal fut son oeuvre durant les 46 ans où il fut rédacteur en chef. Né à Saint-Maurice le 8 avril 1875, Charles Haegler a un père bâlois et une mère valaisanne. Après ses études au collège de Saint-Maurice, il étudiera aux universités de Lausanne et Louvain.

Son engagement pour la presse valaisanne est grand, membre fondateur de l’Association de la presse valaisanne en 1921, il la présidera dès 1937. Catholique fervent, son engagement politique au sein du parti conservateur lui vaudra une place centrale dans le Valais de la première moitié du XXe siècle. Conseiller municipal, juge de commune, député et président du Grand conseil, son engagement fut total. J’avais gagné en lui un adversaire et voilà que je perds un ami… Les mots d’André Marcel, rédacteur du journal rival, le Confédéré, montrent qu’il avait le respect aussi de ceux qui ne partageaient pas ses opinions.

27 octobre 2013

Calendrier historique du Valais: 27 octobre – 1627- Convocation fédérale

Procès Stockalper

Mageran

Mageran

Les tensions religieuses n’épargnent pas le Valais en ce début du XVIIe siècle. Les patriotes emmenés par le secrétaire d’État Mageran s’opposent régulièrement à l’évêque de Sion. Ils réclament l’expulsion des jésuites. Devant cette agitation, les cantons catholiques, alliés du Valais, s’inquiètent de cette dérive et de la présence de protestant en Valais.

L’État et le Chapitre sont priés d’envoyer, ce 27 octobre 1627, leurs représentants auprès de l’assemblée fédérale. Ils n’obtempèreront pas. En effet, à cette époque, ils sont trop occupés à un grand procès qui divise le canton. Les patriotes accusent Antoine Stockalper, ancien gouverneur de Saint-Maurice et ancien capitaine d’une compagnie valaisanne dans le Piémont, de haute trahison.

Voulant profiter des tensions entre les patriotes et l’évêque, Antoine Stockalper prépare un complot. Il incite l’évêque à conclure une alliance avec l’Espagne. Le complot est découvert et Antoine Stockalper est arrêté le 5 septembre 1627. On l’accuse d’avoir voulu faire tuer les principaux chefs des patriotes. Il avoue tout sur le banc de torture et, le 27 novembre, il est condamné. Sa tête roulera le 4 décembre.

Finalement, au début 1628, L’État et le Chapitre répondront à l’invitation fédérale et l’évêque Hildebrand Jost sera appelé à Rome.

26 octobre 2013

Calendrier historique du Valais: 26 octobre – 1417 – Refus nendard

Nendaz / Conthey

26 octobre nendazAu Moyen-Âge, Nendaz été rattaché à la châtellenie et au mandement de Conthey. La région faisait partie du baillage du Chablais, un des huit baillages appartenant à la Savoie de ce côté des Alpes. Nendaz pouvait se réfugier derrière les murs du Bourg de Conthey en cas d’attaque des hommes de l’évêque de Sion. En contrepartie, les hommes de Nendaz payaient une contribution pour l’entretien du château.

Ce 26 octobre 1417, un jugement de la cour de Chambéry modifie les devoirs des nendards. Berset Poblat et Guillaume Glacey, les délégués de Nendaz, plaidaient que la protection de Conthey n’était pas des plus utiles en cas d’attaque, car le château était trop éloigné de leur terre. Ils avaient avantage à se réfugier en forêt. En conséquence, ils trouvaient les contributions demandées par Conthey trop élevées.

L’argument fut admis par Humbert de Vico, secrétaire du tribunal, et les obligations de Nendaz furent divisées par deux. Les gens de Nendaz avaient d’autres visions lorsqu’ils avaient affaire aux habitants des terres de l’évêque de Sion, puisque la même année, ils obligèrent des hommes de Veysonnaz, dépendant de l’évêque de Sion, à venir travailler pour la réfection du château de Brignon.

25 octobre 2013

Calendrier historique du Valais: 25 octobre – 1925 – On vote à Törbel.

200 électeurs – 203 votants…

25 octobre TörbelOn vote en ce dimanche 25 octobre 1925. En Valais, comme dans le reste de la Suisse, les élections nationales doivent renouveler le Conseil national et le Conseil aux États. La participation est forte dans le canton, partout les hommes, ils sont encore seuls à aller voter, se mobilisent pour faire emporter leur camp. Dans certaines communes, l’enthousiasme est si grand qu’il y a plus de votants que d’électeurs inscrits.

Ainsi, dans la commune de Törbel qui surplombe Viège, 203 électeurs donnent leurs suffrages pour les élections nationales. Le village compte 577 âmes, dont 200 sont inscrits dans le registre électoral comme électeurs. Le fief de Victor Petrig, avocat, fondateur du parti chrétien social du Haut-Valais et brillamment réélu comme conseiller national en ce dimanche d’octobre, se mobilise totalement.

La chancellerie enregistrera ce résultat sans commentaires. Ce n’est pas ces 3 votants qui vont changer la longue carrière de l’enfant du pays. Élu en 1917, Victor Petrig siègera au Conseil national jusqu’en 1943, année où il sera élu au Conseil des États. Il quittera ses fonctions bernoises en 1947. Erreur de transcription ou fraude électorale, cette anomalie ne sera jamais élucidée. Elle restera une anecdote historique qui illustre les passions politiques valaisannes.

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