Valais Libre

28 février 2020

Crise autochtone au Canada – Un passé lourd à porter

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 17 min
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Au moment où j’écris ces lignes, le transport ferroviaire est toujours perturbé au Canada. De petits groupes autochtones, appuyés par des sympathisants blancs, bloquent les voies à différents endroits du pays. Un gazoduc, accepté par le gouvernement fédéral, qui doit traverser des terres ancestrales a mis le feu aux poudres et réveillé de vieux démons. L’heure de la grande réconciliation n’a pas encore sonné.

Je suis sûr que vous n’avez jamais entendu parler ni de la Première Nation Wet’suwet’en ni du projet de gazoduc Coastal GasLink en Colombie-Britannique. Beaucoup de Canadiens n’en savaient rien non plus avant le début du mois de février. Mais aujourd’hui, cette question occupe une large place dans le paysage médiatique canadien et même au-delà puisque des médias valaisans ont relayé cette crise.

Pour certains la réconciliation voulue par Justin Trudeau est morte. Des partisans de la communauté Wet’suwet’en bloquent une ligne du Canadien National à l’ouest d’Edmonton. Source : La Presse Canadienne / Jason Franson

Un gazoduc victime de grandes promesses

Quand le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a donné le feu vert à ce projet, il ne pensait pas ouvrir une telle boîte de Pandore et perdre totalement la maîtrise de la situation. Justin Trudeau avait promis une grande réconciliation avec les peuples autochtones, aujourd’hui il est victime des attentes qu’il a engendrées.

Et le gouvernement est loin d’être la seule victime. Une grande partie de la population canadienne est l’otage de ce différend. Beaucoup de marchandises voyagent en train à travers le Canada et des circuits d’approvisionnement sont aujourd’hui compromis, sans parler du millier d’employés des chemins de fer qui ont été mis à pied.

Les chefs héréditaires de la Première Nation Wet’suwet’en sont opposés au projet alors que les Conseils de bandes, eux, ont accepté ce gazoduc. Tout ça vous paraît bien compliqué, rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls. Il faut dire que cette crise met en lumière des décennies, pour ne pas dire des siècles, de mauvaise gestion des questions autochtones.

Les restes du colonialisme

La Suisse a une chance extraordinaire de ne pas avoir été un pays colonisateur ni un pays colonisé, car personne ne sort indemne de ce processus qui a marqué l’histoire des hommes. Je ne parlerai pas ici du continent africain qui n’arrive pas à s’en sortir. Plus près de moi, Haïti, un des premiers pays décolonisés, subit toujours la malédiction des restes de l’occupation.

Au Canada, la question semble différente puisque les colons ne sont jamais repartis. Ils sont dans leur pays, même si les peuples autochtones revendiquent toujours des droits sur leurs terres ancestrales. La question est  régie aujourd’hui par la Loi sur les Indiens qui date de 1876. C’est elle qui a instauré les Conseils de bandes sur qui s’est appuyé le gouvernement fédéral pour accepter le projet de gazoduc.

Malheureusement, cette loi a toujours nié l’organisation ancestrale des Premières Nations. L’opposition des chefs héréditaires vient peut-être de là. Si les Conseils de bandes régissent légalement les réserves prévues par la loi, les terres « non cédées », comme on appelle les territoires revendiqués traditionnellement par les autochtones, sont sous la protection des chefs héréditaires. Et le gazoduc traverse aussi de ces terres « non cédées » …

En 2011, on comptait au Canada plus de 1,3 million de personnes qui déclaraient être d’ascendance des Premières Nations. Il existe 634 Premières Nations au Canada, qui utilisent plus de 50 langues distinctes. Source : indigenous-experiences.ca

Les bailliages communs, un exemple pour s’en sortir ?

La situation, au-delà du blocus ferroviaire temporaire, semble inextricable. J’aime visiter l’histoire pour trouver des pistes de solutions. Je disais que la Suisse n’avait jamais connu la problématique de la colonisation, ce n’est pas tout à fait vrai. Les bailliages communs, notion que nous avons tous apprise à l’école, pourraient nous inspirer.

Ces territoires administrés par un ou plusieurs cantons ont fait partie intégrante de la Confédération helvétique jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le Haut-Valais géra longtemps le Bas-Valais et la vallée du Lötschental sur ce même modèle. Après l’aventure napoléonienne, les anciens bailliages communs devinrent des cantons à part entière ou furent intégrés à des cantons existants avec les mêmes droits.

Peut-être que les secrets d’une véritable réconciliation se trouvent là, dans l’égalité des droits. Envoyer de l’argent pour tenter d’amener les régions colonisées à rattraper leur retard n’est pas une bonne solution. Elle engendre de la corruption et des dérapages inévitables quand la communauté traditionnelle a été déstructurée.

Seules une égalité des droits, une égalité des devoirs, une égalité des chances peuvent permettre de progresser. Au Canada, je ne vois pas d’autres solutions que la création de nouvelles provinces égales aux autres où les autochtones auraient les mêmes droits et les mêmes devoirs. C’est une utopie, je le sais, mais y a-t-il une autre voie ?

La Suisse a vraiment de la chance de ne pas avoir de Premières Nations spoliées par l’histoire !

21 février 2020

Quand le carnaval reflète la société qui le vit.

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 35 min
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Si le carnaval de Québec s’est terminé dimanche dernier, en Valais, il bat son plein. Cette tradition ancestrale se vit très différemment des deux côtés de l’Atlantique. Fête païenne devenue religieuse, le carnaval a aujourd’hui perdu son sens premier, mais il reste quand même un reflet de la société qui le vit. Entre le Valais catholique et le Québec laïc, la différence est palpable.

« Héritiers de rituels antiques tels que les Lupercales (fête de purification dans la Rome antique) et la Guillaneu (personnage mythologique du Poitou et de la Vendée), les carnavals sont traditionnellement associés au calendrier chrétien et se déroulent entre l’Épiphanie, soit le 6 janvier, et le Mardi gras, une fête mobile entre le 3 février et le 9 mars », voilà pour la définition de Wikipédia.

Témoin d’un Valais de traditions

En Valais, il ne reste guère qu’Évolène et le Lötschental pour étirer cette fête de l’Épiphanie au Mardi gras. Pour le reste, le carnaval bat son plein du jeudi au Mardi gras. Moment d’excès et de liberté avant d’entrer dans la longue tranquillité du carême, le carnaval, en Valais, est un moment important de la vie sociale des communautés.

Un empaillé d’Évolène avec un masque signé Jean-Michel Rong. Source : famille Rong

Qui n’a pas des souvenirs, des histoires saugrenues ou des anecdotes croustillantes à raconter. C’est le moment où les barrières tombent, où on peut se prendre pour quelqu’un d’autre, où les clés de la ville sont remises au prince de carnaval. J’en ai connu des princes à Monthey qui vivait un sommet dans leur vie durant ces quelques jours.

Mais c’est surtout vers Évolène que se portent mes pensées. Les « empaillés » font partie de la légende contemporaine du Valais. Quelle fierté avait mes cousins de passer des heures à se préparer pour effrayer les badauds! Ils s’inscrivaient ainsi dans la lignée de leurs ancêtres; tout comme Jean-Michel, un autre cousin, qui a le talent pour sculpter des masques traditionnels.

Dans son atelier aux Haudères, Jean-Michel Rong perpétue une longue tradition évolénarde. Source : famille Rong

Fête touristique à Québec

Ambiance tout autre ici au Québec. Carnaval est un rendez-vous incontournable, mais il sert à vénérer l’hiver et à distraire les touristes. La fête du déguisement, la fête des enfants, c’est Halloween, le 31 octobre. Québec revendique le plus beau carnaval d’hiver. La religion n’est plus dans le décor, la tradition se veut celle de la neige et du froid.

D’ailleurs, Bonhomme Carnaval, la figure emblématique de la ville, est un bonhomme de neige évidemment. Certes, il porte la ceinture fléchée traditionnelle, mais il invite les touristes à venir célébrer dans son palais de glace: sculptures sur glaces, bars glacés, course en canot, veillée au coin du feu, les activités proposées sont une vitrine hivernale pour distraire.

Bonhomme Carnaval est venu me rendre visite au club de curling où je travaille en hiver. Source : PM

Je n’ai pas eu la chance de vivre de l’intérieur ces activités, seulement comme spectateur, mais la différence est grande avec les carnavals valaisans. Ici, le Mardi gras ou le carême n’entrent pas dans le décor, la fête est à date fixe au début février. Une dizaine de jours du vendredi au dimanche, depuis 1955, la période est rythmée par deux défilés et une foule d’activités hivernales traditionnelles.

De la place de la religion dans la société

Le Québec et, avant lui le peuple Canadien français, est une société qui s’est construite autour de la religion catholique, comme le Valais. Mais, dans les années soixante, la Révolution tranquille a fondamentalement laïcisé la société. La religion ne peut plus occuper de place dans la vie publique. Elle a été cantonnée au domaine privé.

Plus de fêtes religieuses pour rythmer l’année. Noël et Pâques restent des moments de pause, mais sans plus. Quand je parle de la Fête-Dieu à Savièse, les yeux de mes amis québécois s’arrondissent. Alors, je vous laisse imaginer leur réaction lorsque j’explique que c’est le Parti démocrate-chrétien qui domine mon canton ! Mes amis restent polis, mais je vois bien qu’ils pensent que nous vivons encore au Moyen Âge.

Je suis pour une société laïque, mais nul besoin de tout rejeter pour cela. Nos racines sont fondamentalement chrétiennes et bien que la religion appartienne à la sphère strictement privée, nous avons le droit de préserver nos traditions, nos us et coutumes. Elles constituent une part importante de notre identité. C’est seulement avec des racines solides et profondes que nous pouvons nous épanouir pour mieux accueillir l’autre avec ses différences et ses richesses.

Sur ce, bon carnaval !

14 février 2020

Bombardier, jusqu’où aider un fleuron économique ?

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 58 min
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En ce début du mois de février, la compagnie Bombardier fait couler beaucoup d’encre au Québec. Ce fleuron industriel est bien connu en Suisse également. Son site de Villeneuve produit des trains de la compagnie québécoise. Si Bombardier fait parler, ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons. Gouvernance, choix stratégiques et place de l’État sont au cœur du débat.

« Désolé, mais je jette l’éponge. J’ai longtemps cru que la direction de Bombardier allait remettre l’entreprise sur les rails, mais aujourd’hui, je n’y crois plus ». Ainsi commençait un article du 6 février dernier de Francis Vailles, chroniqueur économique au journal La Presse à Montréal. Son pessimisme n’est pas partagé par tous, mais une fois encore, Bombardier fait trembler le Québec.

Une belle histoire

Il faut dire que Bombardier est intimement lié à l’histoire économique du Québec. C’est en 1942 que Joseph-Armand Bombardier enregistre à Montréal l’entreprise « L’Auto-neige Bombardier Limitée » qui produit depuis 1936 la mythique autoneigeB7. Cette invention de l’ingénieur en mécanique québécois est née tout autant de la géographie que d’une tragique histoire familiale.

L’autoneige B7, la première d’une longue série. Source : Encyclopédie canadienne

Natif de Valcourt dans la campagne québécoise où la neige est particulièrement abondante en hiver, Joseph-Armand Bombardier, comme bien d’autres ingénieurs au Québec, se lance dans la mise au point d’un véhicule adapté à la neige. Mais en 1934, alors qu’il a 27 ans, la mort de son fils à cause d’une crise aiguë d’appendicite alors que sa famille est dans l’impossibilité de se rendre à l’hôpital motive l’ingénieur à conclure ses recherches.

Une première usine à Valcourt lancera l’entreprise qui prospèrera rapidement. Si, une dizaine d’années plus tard, le programme de déneigement des routes rurales va entraîner une baisse des ventes, l’ingénieur va se montrer créatif. Le Ski-Doo, la première motoneige, mis au point en 1959, va assoir le succès de l’entreprise qui ne va pas tarder à se diversifier dans le domaine des transports.

De la neige au rail puis à l’air…

La mort du fondateur en 1964 ne freinera pas le développement de l’entreprise. Son beau-fils Laurent Beaudoin prendra les rênes en 1966 et changera le nom en « Bombardier Ltée. » pour bien montrer sa volonté d’élargir la gamme des produits au-delà des véhicules de neige.

Ski-Doo de 1961 selon le premier design de Joseph-Armand Bombardier. Source : Musée des beaux-arts de Montréal.

Le métro de Montréal, à partir de 1974, lancera Bombardier sur la voie ferroviaire. L’entreprise, grâce à une aide du gouvernement du Québec, fera l’acquisition d’un constructeur de locomotives et développera dès lors un important secteur ferroviaire qui l’amènera quelques décennies plus tard en Suisse.

Après la neige, après le rail, Bombardier prendra les airs en 1986 avec le rachat de Canadair que le gouvernement canadien voulait privatiser. La diversification de l’entreprise se poursuit au plus grand plaisir de Laurent Beaudoin avec plusieurs autres acquisitions. Mais à vouloir monter trop haut, on risque de se brûler.

Un fleuron en difficulté

À partir de la fin des années 1990, Bombardier connaît des difficultés. Aéronautique, transport ferroviaire et produits de loisir se partagent les tâches de la compagnie qui a besoin de toujours plus d’argent notamment pour son volet aéronautique. Les avions d’affaires coûtent cher à développer.

En 2004, la branche produits de loisir (Ski-Doo, véhicules tout terrain, motomarines, etc.) est séparée du reste et Bombardier produits récréatifs voit le jour. Ce volet très rentable reste aux mains de la famille alors que les activités aéronautiques et ferroviaires demandent de plus en plus d’argent public.

En 2017, le développement de la Série C se voit freiner par un conflit commercial avec les États-Unis. Il n’est pas bon de jouer sur le terrain de Boeing. Le gouvernement du Québec injecte plus d’un milliard de dollars et, dans le même temps, les dirigeants de l’entreprise gonflent leur salaire, créant un gros malaise au Québec.

Et maintenant…

Du côté Suisse, retard, maladie de jeunesse et autres imperfections ont miné la crédibilité de l’entreprise qui a de gros contrats avec les CFF. Pourtant, le domaine ferroviaire reste un domaine d’avenir. Les débats au Québec tournent autour de la pérennité de Bombardier qui menace de se démanteler sans nouvel apport d’argent frais.

L’usine de Bombardier à Villeneuve emploie près de 900 personnes. Source : bombardier.com

Que doit-on garder, l’aéronautique ou les trains ou les deux ? Les analystes divergent. Si l’aéronautique occupe près de 15 000 personnes au Québec, elle demande beaucoup d’investissement avec des risques assez conséquents. Le volet ferroviaire occupe moins de monde, mais sera peut-être le fleuron de demain.

Car, ici au Québec, ce qui m’a fortement surpris à mon arrivée, c’est la faiblesse du réseau ferroviaire. Pensez, le bus met moins de temps pour relier Québec à Montréal ! Les deux grandes villes de la province méritent mieux comme liaison de transport en commun. C’est peut-être dans cette direction qu’il faut un nouveau Joseph-Armand…

7 février 2020

Faut-il toujours un chef ?

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 15 min

Au Canada, tout comme au Québec, l’actualité politique fait une place importante à des « courses à la chefferie », notion politique inconnue en Suisse. Le système politique copié sur celui de la Grande-Bretagne est ainsi fait qu’un très grand pouvoir est donné aux chefs de parti. Est-ce bien raisonnable ?

Ce pouvoir des chefs dans les organisations politiques est certainement ce qui m’a le plus abasourdi lors de mon installation au Québec. Observateur averti des mondes politiques, je me suis rapidement intéressé à comprendre le pourquoi d’un tel système.

Le Canada est une confédération fondée en 1867 par la réunion de colonies britanniques. Il a alors choisi de calquer son système politique sur celui de la Grande-Bretagne d’où il est sorti et ceci pour ses deux niveaux de pouvoirs principaux. Car, comme en Suisse les compétences sont réparties par la Constitution entre le pouvoir fédéral et les provinces (équivalent des cantons)

Un peu d’histoire nord-américaine

Le système uninominal à un tour qui s’applique au Canada et dans ses provinces fait en sorte que les chefs de parti ont un très grand pouvoir. En effet, si chaque circonscription élit son député en lui donnant le plus de voix (un seul tour, celui qui a le plus de voix est élu), le chef du parti qui a le plus d’élus devient automatiquement premier ministre et choisit ses ministres parmi ses députés.

Les grands chefs n’ont pas manqué. Je citerai tout d’abord René Lévesque, le charismatique chef du Parti québécois qui est arrivé au pouvoir en 1976 en prônant l’indépendance du Québec. Il a marqué l’histoire et, quand le congrès de son parti a voté des propositions qui ne lui convenait pas en 1981, il a menacé de partir pour que tout rendre dans l’ordre après ce qu’on a appelé le « Renérendum ». Voilà comment ça marche ! 

Au Canada, une des figures de proue a été Pierre Eliott Trudeau. Un premier ministre à la poigne de fer qui n’a pas hésité, en 1970, a envoyé l’armée à Québec et Montréal pour calmer les indépendantistes. 50 ans plus tard, le premier ministre du Canada est son fils Justin. Aurait-il eu une chance de devenir chef du Parti libéral du Canada sans cela ? – Poser la question, c’est déjà avoir une grande partie de la réponse…

Trudeau père et fils : une dynastie canadienne, mais surtout une dynastie construite par un système où les personnalités des chefs dominent. Être le fils de… est payant. Source : radio-canada.ca

En Suisse, pas de personnalisation…

Heureusement, en Suisse les choses ne se passent pas vraiment de la même manière. La personnalisation du pouvoir n’est pas vraiment dans les mœurs. Le système politique ne le veut pas, il n’a pas été construit pour cela. Le génie des fondateurs a été de diluer le pouvoir. Que ce soit au niveau fédéral ou cantonal, les gouvernements sont des collèges qui se veulent solidaires.

On change de présidents chaque année, ainsi pas vraiment le temps de se prendre pour le chef. Notre système proportionnel, s’il a l’inconvénient de ralentir un peu tous les processus, a l’immense avantage d’obliger la concertation et le consensus. Mais surtout, il empêche l’émergence de personnes avec des pouvoirs disproportionnés. Certains le regrettent, pas moi !

En 2008, la photo officielle du Conseil fédéral était un beau symbole pour montrer que nos 7 sages étaient avec la population et non au-dessus. Source : Chancellerie fédérale suisse

L’UDC s’est essayé sur cette voie avec un succès tout relatif. Certes Christoph Blocher a été l’incarnation du parti. Celui par qui le succès est arrivé. En 2007, les élections fédérales ont été, en quelque sorte, le paroxysme de ce processus. Pour la première fois, on a vu apparaître des affiches nationales avec le leader, conseiller fédéral à ce moment-là, en évidence.

… le système prend le dessus.

Le succès a été au rendez-vous avec une belle progression du parti aux Chambres fédérales. Mais il fut de courte durée. En décembre 2007, alors qu’une délégation valaisanne était descendue au Palais fédéral pour fêter l’accession de Pascal Couchepin à la présidence de la Confédération, le système suisse a montré sa sagesse.

Face au coup de force de l’UDC et surtout, à la non-collégialité de Christoph Blocher, sans qu’on arrive vraiment à expliquer ce qu’il s’est passé, les élus fédéraux ont rejeté l’élément perturbateur. Le chef UDC n’a pas été réélu, remplacé par une femme UDC, Eveline Widmer-Schlumpf qui paiera par l’exclusion du parti son courageux défi.

Le système a repoussé celui qui ne voulait pas jouer le jeu. En 2017, c’est le peuple valaisan qui a rejeté l’élément perturbateur qui ne voulait pas respecter le fonctionnement historique de notre système politique. Oskar Freysinger, figure charismatique de l’UDC en Romandie, n’a pas été réélu. C’est aussi un réajustement du système.

Entre ces deux grandes tendances : d’un côté un chef qui incarne tout, le parti, les idées, le projet, etc., et de l’autre, la collégialité. Je penche nettement pour le deuxième mode fonctionnement, même si on doit toujours penser à l’améliorer et l’ajuster à son temps.

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