Valais Libre

28 octobre 2022

En groupe on est meilleur que seul

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 5 h 11 min
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Je terminais la semaine dernière en vous disant que j’avais découvert le secret du fonctionnement de la démocratie suisse. Enfin, pourquoi un système proportionnel peut engendrer une stabilité politique ? Cette évidence helvétique ne l’est pas en dehors de nos frontières.

« Le Conseil fédéral prend ses décisions en autorité collégiale. » L’article 177 de la Constitution fédérale à son alinéa 1 définit simplement le mode de fonctionnement du gouvernement suisse. En neuf mots, il fait du pays une exception dans les démocraties mondiales. Et je crois que c’est là un des secrets les mieux gardés de la réussite helvétique.

Décider en autorité collégiale

Le site de l’administration fédérale développe un peu cette particularité : « Conformément aux termes de la Constitution, le Conseil fédéral prend ses décisions en tant qu’autorité collégiale. Les membres du Conseil fédéral défendent les décisions prises par le collège même si celles-ci ne correspondent pas à leur opinion personnelle ou à la ligne de leur parti.

La culture suisse du consensus est respectée au sein du Conseil fédéral. En conséquence, les membres du collège cherchent des solutions acceptables pour tous au lieu d’essayer d’imposer leur point de vue et de faire valoir le principe de majorité. La volonté de trouver un consensus découle de la conviction qu’une décision ne peut s’imposer durablement que si tous les membres du collège peuvent la défendre même s’ils ne la partagent pas totalement. Mais la recherche du consensus peut être difficile et demander du temps, comme le montre parfois la préparation des affaires du Conseil fédéral. »

En deux paragraphes, tout est clair et les membres du collège qui prêtent serment sur la Constitution s’engagent à suivre ce principe de collégialité. Cette vision de la gouvernance est d’une grande sagesse. Penser qu’on est meilleur à sept que seul me paraît une évidence, mais en côtoyant un autre système politique que celui du pays où je suis né m’a vite démontré que c’est plutôt une incongruité.

Le mythe du sauveur

En effet, dans la démocratie canadienne, comme dans l’immense majorité des démocraties mondiales, on préfère se faire croire qu’en mettant un maximum de pouvoir dans les mains d’une seule personne, on sera bien gouverné. Avec 10 ans de recul au Canada, je ne peux pas dire que cette vision est dénuée de sens, mais elle ne me convainc pas.

Le système britannique qui est en vigueur au Canada, comme dans la plupart des 56 pays membres du Commonwealth que je connais maintenant bien, est un modèle du mythe du sauveur. La France ou les États-Unis le sont aussi, mais d’une autre manière. Ces démocraties qui vivent avec une majorité et une opposition fonctionnent.

La nécessité d’une alternance

Elles sont opérationnelles tant qu’on a affaire à deux partis qui s’affrontent. Ainsi le jeu veut qu’après une certaine période avec un parti, une vision de la société au pouvoir, celui-ci passe dans l’opposition. L’opposition prend alors le pouvoir pour un temps avant de le reperdre au profit de son adversaire. Cette alternance permet un équilibre, permet à la démocratie de vivre.

Avec trois partis, ça peut encore fonctionner plus ou moins. En revanche, si, comme dans le Québec d’aujourd’hui, le monde politique est fractionné entre cinq partis, le mythe du sauveur devient dangereux ou ingouvernable. Dangereux lorsqu’un parti domine tous les autres, car il pourra avec une minorité de voix détenir tous les pouvoirs. Ingouvernable si aucune majorité ne se dégage.

Le secret de la proportionnelle

Lorsque le système de vote ne permet plus une adéquation équitable entre la volonté populaire et les élus. Lorsque la représentation des partis n’est plus vue comme juste dans les parlements, la question de la proportionnelle surgit infailliblement. C’est ce qui s’est passé au Québec après les dernières élections. Je vous en ai parlé la semaine dernière.

Immédiatement, l’instabilité du gouvernement s’impose dans les débats comme un risque incontournable d’un changement de système. Jamais il n’est question de proportionnelle intégrale. On parle toujours d’une dose de proportionnelle. Les exemples de l’Italie ou d’Israël surgissent comme arguments contre l’éclatement du parlement. Trop de partis dans le législatif provoquent de l’instabilité.

Alors pourquoi le pays qui a le parlement certainement le plus représentatif de la volonté populaire est-il connu comme la démocratie la plus stable? Oui, c’est de la Suisse que je parle. La réponse à cette question se trouve dans les neuf mots magiques du début : « Le Conseil fédéral prend ses décisions en autorité collégiale. »

Le secret de la réussite du système proportionnel pour élire le législatif consiste à obliger l’exécutif à être un exécutif, c’est-à-dire un metteur en œuvre des décisions du parlement. L’article 148 de la Constitution helvétique le dit bien : «   L’Assemblée fédérale est l’autorité suprême de la Confédération, sous réserve des droits du peuple et des cantons. »

Tout est là. Le législatif est le pouvoir suprême. Ça semble évident, mais la pratique est loin de cette réalité dans beaucoup de démocratie. J’y reviendrai.

Nos sept sages qui ont l’obligation de travailler ensemble sont le cœur de notre démocratie et les garants de la stabilité du pays. Source : admin.ch

22 octobre 2022

Dix ans au Québec – épisode 33

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 14 h 16 min
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Je vous ai parlé souvent de combien le curling avait été important pour mon intégration au Québec. Quelques heures avant que je n’écrive ces lignes, il m’a permis de franchir une nouvelle étape. Une que je ne pensais jamais franchir. Pour la première fois, je me suis réjoui d’une défaite de la Suisse face au Canada.

Pas un bravo de circonstance pour bien paraître envers mon environnement. Non, une vraie satisfaction, une joie presque aussi totale que quand Sion gagnait en finale de coupe. Cette euphorie je l’ai en écrivant, car après avoir battu la Suisse en demi-finale, le Canada a battu l’Écosse en finale du Championnat du monde de curling mixte.

Je sais, je ne m’enthousiasme pas tellement pour le Canada. Vous le savez, je suis bien plus Québécois. Mais quand l’équipe Canada est composée de quatre Québécois et qui plus est de quatre membres du club de curling Etchemin, mon club de curling. Je connais moins Jean-Michel Ménard et Annie Lemay qui vivent dans la région d’Ottawa, mais Marie-Franche Larouche, Ian Belleau et leur entraîneur Éric Sylvain sont devenus des amis.

Très hâte de fêter avec eux mercredi prochain au bar du club.

Éric Sylvain, Annie Lemay, Marie-France Larouche, Jean-Michel Ménard et Ian Belleau, le quintette en or du club de curling Etchemin. Source : Facebook

Dix ans au Québec – épisode 32

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 59 min
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Quelle coïncidence, il y a dix ans, dans mes chroniques de découvertes du Québec, je parlais de mes découvertes du fonctionnement électoral dans ma nouvelle région. Mes yeux novices voyaient alors des choses qui me semblent tout à fait normales aujourd’hui que je suis un citoyen canadien qui vient de voter pour la troisième fois (une fois aux fédérales, une fois aux municipales et dernièrement aux provinciales).

Voilà ce que j’écrivais il y a dix ans : « L’organisation du vote est soignée, la salle respire la sérénité. Neuf bureaux numérotés attendent les citoyens qui ont reçu leur numéro par la poste quelques jours avant. Chaque bureau possède les listes d’environ 400 personnes. 

Trois personnes y assurent le bon fonctionnement: vérification de l’identité, présentation du bulletin et enregistrement du vote, chacun possède son rôle. Le matériel paraît, lui, un peu léger à mon regard helvétique : un carton sur une table en guise d’isoloir et un autre comme urne scellée. Ce matériel à usage unique est distribué par l’entremise du directeur des élections. »

Pénurie de personnel oblige, aujourd’hui, il n’y a plus que deux personnes par bureau. Vérification de l’identité et enregistrement du vote sont faits par la même personne. Par contre, il faut toujours utiliser uniquement le crayon donné par le préposé et validé par Élection Québec qui a fait des tests pour trouver le scripteur ultime : dureté de la mine, effaçabilité, mais pas trop du trait, etc., etc.

Vous riez, mais si vous ne cochez pas la case en face de votre candidat avec ce crayon, votre vote n’est pas valable. Les conservateurs révolutionnaires qui mettent toujours en doute les objets du gouvernement ont peut-être perdu un siège à cause de cette non-utilisation… À quoi tient la démocratie.

Un isoloir, une urne en carton, les standards ne sont pas les mêmes au Québec qu’en Helvétie, mais la démocratie est bien vivante. Source : Pierrot Métrailler

21 octobre 2022

Le Québec a choisi son maître

Le verdict est tombé depuis quelques semaines maintenant. Les élections provinciales 2022 n’ont causé aucune surprise. Le premier ministre sortant François Legault a été reconduit pour un deuxième mandat avec une majorité encore plus grande à l’Assemblée nationale. Le seul fait marquant et imprévu, c’est que la hauteur de cette victoire, encore amplifiée par le système électoral, suscite quelques interrogations sur la légitimité du système.

Quand je dis que le Québec a choisi son maître, ce n’est pas tout à fait exact. Son nouveau maître, le roi Charles III n’a pas été choisi par les Québécois, mais par l’injonction divine qui veut qu’être le fils de la reine oblige à lui succéder. Mais là, je m’éloigne de mon sujet. La royauté sera développée une autre fois.

Une campagne qui n’a servi à rien

Les élections provinciales québécoises ont donné les résultats suivants : Coalition avenir Québec (CAQ) 41%, Parti libéral du Québec (PLQ) 14,5%, Québec solidaire (QS) 15,5%, Parti Québécois (PQ), 14,5%, Parti conservateur du Québec (PCQ) 13 % et divers 1,5%. Ces résultats sont, à une exception près, les mêmes que ce que disaient les sondages un mois auparavant en ouverture de la campagne : CAQ 42% (-1), PLQ 17% (-2,5), QS 15% (+0,5), PQ 9% (+5,5), PCQ 14% (-1) et divers 3 (-1,5).

Seul, le PQ sort de la marge d’erreur de plus ou moins 3%… D’ailleurs, c’est bien sûr avec fierté que je le dis, le Parti québécois a été nettement le meilleur durant ce mois de campagne. Paul Saint-Pierre-Plamondon, PSPP pour les intimes, a survolé les débats par sa hauteur de vue, la clarté de ses opinions et la pertinence de son discours. Bon, ça n’a servi à rien, sauf à me convaincre un peu plus que le Québec doit devenir son propre maître.

Un système qui ne correspond plus à la société

Je vous l’ai déjà dit souvent, le système électoral britannique, le système uninominal à un tour qui fait que celui qui obtient le plus de voix dans son cercle électoral est élu, n’est pas une représentation de la volonté populaire. En effet, les résultats ci-dessus donnent une répartition de sièges légèrement incongrue : CAQ 90 sièges, PLQ 21, QS 11, PQ 3 et PCQ 0.

Le vainqueur qui occupe bien la majeure partie du territoire obtient une large majorité (90 sièges sur 125), le PLQ qui est très bien implanté sur l’île de Montréal où vivent la majorité des anglophones reste l’opposition officielle alors qu’il n’obtient que le quatrième score des partis, le PQ qui survit un peu partout sauve 3 sièges alors que le PCQ, très fort dans la région de la Capitale nationale, mais seulement deuxième dans la plupart de ces circonscriptions n’arrive pas à être représenté.

Le chef de la CAQ est donc bien le maître du Québec. Alors que seulement 27% des citoyens (41% des 66% de participation) ont voté pour lui, il exercera un pouvoir absolu les quatre prochaines années. Même si j’ai de la peine avec cette vision de la démocratie, c’est « correK » comme on dit ici dans la Belle province. Toutes les règles ont été respectées. Le système est fait pour donner un mandat fort à celui qui domine les débats, c’est ce qui s’est passé.

Proportionnelle ou pas

Ce qui fait le plus débat, c’est la non-représentation du PCQ qui fait pratiquement le même score que les autres partis minoritaires. C’est un problème démocratique. Comme l’est la surreprésentation du PLQ. Quatrième parti du Québec, il est le seul minoritaire à avoir le droit de former un groupe parlementaire (il faut 12 députés). QS et le PQ ont reçu plus de soutien, mais sont à peine représentés.

La question de la proportionnelle, ou plutôt une part de proportionnelle dans le système électoral, a évidemment resurgi dans les débats. La CAQ a vite clos ce chapitre, il n’y aura pas de réforme électorale ces quatre prochaines années. D’ailleurs pour beaucoup d’observateurs et de chroniqueurs politiques, la proportionnelle ne permet pas d’élire un parlement « gouvernable »…

En tant que Suisse, ces remarques m’ont interpellé. Quel est notre secret si bien caché que personne n’y fait référence ? Les exemples italiens ou israéliens sont souvent cités au Québec comme preuve que la proportionnelle est néfaste, personne ne pense à la Suisse. Je crois avoir trouvé pourquoi, mais ce sera pour une prochaine chronique.

François Legault peut continuer son œuvre, il a triomphé aux dernières élections. Source : La presse canadienne, Jacques Boissinot

8 octobre 2022

Dix ans au Québec – épisode 31

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 8 h 42 min
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Dix ans au Québec – épisode 31

En relisant mon trente et unième épisode de « Première année au Québec », je me suis replongé dans mes premières rencontres d’Helvètes immigrés dans la Belle Province. Je parlais de l’ami Franc que je n’avais plus revu depuis la deuxième année du cycle d’orientation à Savièse et que j’ai retrouvé ici, il habitait depuis 15 ans à Bromont. 32 ans après les bancs d’école, on s’est recroisé dans les rues de Québec.

Denise était aussi assise dans la même classe que moi au cycle d’orientation. Je suis monté à Montréal pour la retrouver autour d’une bière à sa sortie du travail. Mariée depuis 20 ans à un Québécois, elle était devenue une vraie Montréalaise. Je l’avais revue une ou deux fois après l’école, mais ça faisait bien 25 ans qu’on s’était perdu.

Trois Saviésans du même âge, étant allés à l’école ensemble, se retrouvent trois décennies plus tard à 6000 kilomètres. Patrick Bruel et son rendez-vous dans 10 ans au même endroit paraissent un peu faciles à côté. C’est aussi ça la magie des changements de monde. Où qu’on aille, il y a de fortes chances qu’on retrouve un morceau de son passé. Réconfortant et intrigant à la fois. L’expression le monde est petit est donc bien juste, mais il est grand par les opportunités qu’il nous donne. A chacun de savoir les saisir.

7 octobre 2022

Une météo de plus en plus féroce

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 40 min
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Elle s’appelait Fiona. Elle restera marquée dans la mémoire des Madelinots. Le Québec n’a pas été épargné par les forces naturelles venues de l’océan. Disons, une toute petite partie du Québec, les îles de la Madeleine dans le golf du Saint-Laurent. Pour le Canada, c’est plus Terre-Neuve, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse qui ont dégusté.

Je devais aller pour la première fois, avec ma blonde, visiter les Îles-de-la-Madeleine, cet automne. Le projet est tombé à l’eau, pas à cause de Fiona, des soucis d’agenda. Ce n’est que partie remise. D’autres n’ont rien trouvé de mieux à faire qu’à l’annonce de la tempête Fiona d’en profiter pour parcourir ces îles.

Les Îles-de-la-Madeleine,

L’archipel est composé d’une douzaine d’îles. Six d’entre elles sont reliées par des bancs de sable. Situées au centre du golfe du Saint-Laurent, elles sont habitées en permanence depuis 1765. C’est dire qu’elles n’en sont pas à leurs premières tempêtes, mais Fiona a bien secoué la région. Elles doivent d’abord compter sur elles-mêmes, car l’Île-du-Prince-Édouard est 82km et Terre-Neuve à 152km.

Elles font partie de la province de Québec, mais les côtes de la mère patrie sont à 250km. Difficile d’espérer des secours rapides. Mais les Madelinots (joli nom des habitants des îles) ont l’habitude. Pour arriver chez eux, il faut prendre l’avion ou le traversier depuis l’Île-du-Prince-Édouard. Cinq heures de bateau, le temps de revoir le rythme frénétique de la vie.

Le secteur de La Martinique, aux Îles-de-la-Madeleine, a été frappé de plein fouet par les intempéries causées par la tempête Fiona le 24 octobre 2022. Deux chalets ont subi des dégâts considérables et une dizaine d’habitations ont été inondées. Source : http://www.globalnews.ca

Des dégâts, mais pas les plus malheureux

« Notre chalet est encore debout. Il n’a pas bougé, mais on est certain qu’il est inondé », confiait une citoyenne à la chaîne d’information LCN. Cela montre bien toute la force des Madelinots qui refusent de baisser les bras. Même si la moitié des habitants ont perdu l’électricité au plus fort de la tempête, la résistance s’est vite organisée. Ce n’est pas quelques vagues de huit mètres qui vont les effrayer.

Ce n’est pas tout à fait pareil pour les touristes. Si les 13 000 résidents des îles connaissent les aléas climatiques, les visiteurs des 300km de plage sont plus impressionnables. Mais que dire alors des politiciens ? Le premier ministre François Legault a immédiatement suspendu sa campagne électorale (lecteurs les résultats sont tombés, mais pas encore à l’heure où j’écris. Vous aurez la semaine prochaine mes commentaires, patience!) pour agir en chef de crise.

Les politiques s’en mêlent

« Je veux souhaiter beaucoup de courage aux gens des Îles, de la Gaspésie et de la Basse-Côte-Nord. On est avec vous et va tout faire ce qui est possible pour vous aider », lançait le premier ministre en pleine tempête. Il reprendra bien vite la campagne, les vies humaines étant épargnées, l’intendance suivra, comme dirait un général.

Les autres chefs en campagne n’ont évidemment pas pu s’empêcher de politiser la situation. Éric Duhaime, fidèle au credo des conservateurs déclarait que « c’est toujours hasardeux de commencer à associer le climat…à dire c’est le réchauffement climatique. « Un réveil brutal » pour le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, la situation est claire, « c’est important que les Québécois.ses comprennent que ce qui se passe en ce moment, il y a un lien avec les changements climatiques. »

On a moins entendu le PQ et les libéraux. Il faut dire que le climat à moins avoir avec l’indépendance ou la dominance canadienne. Justin Trudeau avait plus de soucis avec d’autres régions canadiennes plus touchées. La Nouvelle-Écosse demandait l’armée en renfort pendant que Terre-Neuve et l’Île-du-Prince-Édouard subissaient des vents d’une violence rare et des pluies diluviennes.

Une tempête peut en cacher une autre

Ces déchaînements climatiques sont d’habitude plus favorables au Québec. Les ouragans habituels de l’automne américain se soulèvent normalement plus au sud. Les Caraïbes, Cuba ou La Floride sont visés. Comme par hasard, ce sont les destinations paradisiaques des croisières. Depuis quelques années, avec l’accroissement des forces des tempêtes, les bateaux viennent remonter le Saint-Laurent pour profiter de l’été des Indiens plutôt que de se faire brasser en pleine mer.

C’est ainsi qu’après Fiona, Ian a dévasté La Floride pendant que les rues du Vieux-Québec se remplissaient d’Américains. Le monde est un peu fou et la météo va bien avec son temps.

1 octobre 2022

Dix ans au Québec – épisode 30

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 13 h 17 min
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Il y a dix pour ma trentième chronique, je dissertais sur le grand fleuve de ma région. Le majestueux Saint-Laurent m’inspirait. Immigrer, c’est aussi découvrir de nouveaux horizons au sens propre du terme. Et là, mon horizon avait radicalement (j’aime ce mot) changé. Le décor de la région de Québec est très loin des paysages valaisans. Deux des plus belles régions du monde, mais différentes.

« Attends, tu me dis pas qu’on a déjà traversé le fleuve! Je ne l’ai même pas vu! » Ma blonde avait un sourire ironique en me disant ça. C’était en 2003, je n’avais encore jamais mis les pieds au Québec. Je l’ai vu le Saint-Laurent l’année suivante lors de mon premier voyage. Un kilomètre, la traversée du pont de Québec à son endroit le plus étroit.

Le pont de Québec, ouvert en 1916 est un ouvrage impressionnant. En arrière-plan le pont Pierre-Laporte ouvert en 1971. Source : Pierrot Métrailler

Quelques jours plus tard, au large de Tadoussac pour voir les baleines, j’ai compris ce que majestueux veut dire. Seize kilomètres de large, de l’eau à perte de vue, mais aussi des bélugas, des phoques, des petits rorquals et surtout une baleine à bosse qui a eu la bonne idée de plonger juste devant moi.

Plus tard, installé à Lévis, le pont de Québec a été ma motivation pour me mettre à la course. Je voulais le traverser en courant. Une seule solution, participer au semi-marathon des Deux-Rives. Je me suis entraîné deux ans et je l’ai couru deux fois. Malheureusement, le parcours a ensuite changé. Il ne passait plus par le pont. J’ai cessé mon entraînement.

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