Des mesures radicalesi
Le temps presse et le 3 décembre 1847 déjà, au lendemain de l’Assemblée populaire, conscient de la nécessité de l’urgence à consolider l’avenir, Maurice Barman, président du gouvernement provisoire, demande aux « citoyens de tous les dizains » de détourner leurs regards d’un passé sinistre et de prêter leur concours au gouvernement établi, pour la prompte reconstitution du Canton et pour l’affermissement de la confiance et de l’ordre publicii.
De son côté, le gouvernement provisoire se met sans tarder à la tâche ; dans un premier temps, il procède à la répartition des portefeuilles : Filliez à la Justice et Police, Dufour au Militaire, Pignat aux Finances, de Torrenté à l’Intérieur et à Barman les Ponts et Chaussées ; puis il entame la mise en œuvre des mesures adoptées par l’Assemblée populaire du 2 décembre : désignation d’administrateurs des biens des couvents [placés sous la surveillance de l’Etat] ; affectation des frais de guerre à la Maison du Grand St.-Bernard et l’Abbaye de St.-Mauriceiii ; expulsion des Jésuitesiv ; abolition des immunités ecclésiastiquesv, etc.. Enfin, pour assurer efficacement cette rénovation législative, il nomme, dans chaque district, des préfets en qualité de représentants du gouvernementvi.
Afin d’organiser des élections populaires pour élire un Grand Conseil dans le plus bref délaivii, le gouvernement provisoire publie, le 10 décembre, un arrêtéviii – à afficher au pilier public dans toutes les communes du Canton – pour définir les modalités pour la nomination des membres du Grand Conseil constituantix ; chaque dizain constitue un cercle électoral à l’exception de ceux d’Hérens et de Rarogne qui sont chacun partagés en deux cercles électorauxx ; le scrutin se déroule au chef-lieu de chaque district sous le contrôle du préfetxi ; les candidats, proposés « de vive voix » par l’assemblée, sont désignés l’un après l’autre à main levée à la majorité absoluexii ; le bureau dresse la liste des citoyens à élire – puis ils sont nommés dans l’ordre de leur inscription ; ensuite on procède de manière identique pour les suppléants ; le procès-verbal, dressé « séance tenante », signé par le préfet et les membres du bureau est transmis « dans les 48 heures » au Gouvernement – un délai interminable à l’ère de l’Internet, mais nous nous trouvons au « temps du mulet » – les fonctions civiles et ecclésiastiques sont déclarées incompatibles pour siéger au parlement ; enfin, pour afficher sa détermination d’instaurer les pouvoirs réguliers dans les meilleurs délaisxiii, l’article 15 mentionne que le Grand Conseil constituant se réunira à l’Hôtel de Ville, à Sion, sur la convocation du Gouvernement avant le 1er janvier 1848.
i Cf. ROHRER p. 35 – 40, 44-??
ii Cf. L’Observateur supplément du samedi 11 décembre 1847 – photo DSC01120.
iii Arrêté du 9 décembre 1847.
iv Arrêté du 9 décembre 1847.
v Décret du 13 décembre 1847.
vi Cf. L’Observateur no 61 du 4 décembre 1847 – Conches : Clément Wellig, Brigue :Théodore de Stockalper, Viège : Adolphe Bourguener, Rarogne : Edouard Roten, Loèche : François Jullier, Sierre : Jean-Baptiste Briguet, Sion : Pierre-Louis de Riedmatten, Hérens : Joseph Zermatten, Conthey : Joseph-Marie Udry, Martigny : Maurice-Antoine Cretton, Entremont : Daniel Ribordy, St-Maurice : Antoine-Joseph Amacker, Monthey : Pierre Torrent
vii L’Observateur supplément du 11 décembre 1847.
viii Comportant treize articles – pour être affiché dans toutes les communes du Canton.
ix Cf. L’Observateur supplément non daté et publié entre le no 61 du 4 et le 62 du 18 décembre 1847 – photo DSC01120.
x En regard de leur positions géographique.
xi Cf. L’Observateur supplément non daté et publié entre le no 61 du 4 et le 62 du 18 décembre 1847 – probablement le samedi 11 décembre ; 86 députés et 39 suppléants – Conches 5/2, Brigue 5/2, Viège 6/3, Rarogne oriental 2/1, Rarogne occidental 3/1, Loèche 5/2, Sierre 7/3, Hérens [Evolène, St-Martin, Mase, Vernamiège et Nax] 4/1, Hérens [Vex, Agettes, Hérémence et Ayent] 3/2, Sion 6/3, Conthey 6/3, Martigny 9/4, Entremont 10/5, St-Maurice 6/3, Monthey 9/4.
xii En cas de doute « la majorité se vérifie par la contre épreuve ».
xiii L’Observateur supplément du 11 décembre 1847.