Les élections communales 2020 ont livré leur verdict. Avec un recul de 6 000 kilomètres, je vais tenter une analyse qui n’entrera pas dans les détails, mais insistera sur l’importance de ce premier palier du pouvoir. La Suisse, contrairement au Québec, à la chance d’avoir un socle local solide qui s’appuie sur des ressources, des compétences enviables. Aux partis politiques de faire en sorte que cette chance soit bien exploitée. Le PLR ne s’en sort pas trop mal.
« C’est pas parce que c’est local que c’est banal ! » La formule tirée de l’émission satiro-politique Infoman diffusée chaque semaine par Radio-Canada témoigne mal de la place de la politique locale au Québec. Contrairement à la Suisse, les municipalités québécoises n’ont pas vraiment les moyens de servir au mieux leur population. Je vais profiter du bilan des élections communales en Valais pour tenter quelques comparaisons à travers l’Atlantique.
Impôts directs – Taxes foncières
Au Québec, les municipalités sont extrêmement encadrées par l’État. L’État définit différents types de municipalités et leur octroie des droits et des devoirs. Je n’entrerais pas dans le détail, il faut simplement avoir conscience que l’autonomie municipale (on ne parle jamais de commune au Québec) est plutôt limitée. Deux regroupements de municipalités, l’Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des municipalités plaident la cause de ces administrations auprès du gouvernement du Québec.
Mais le mal le plus grand des municipalités québécoises est leur mode de financement. Elles vivent essentiellement des taxes d’habitation. En effet, chaque propriétaire paie une taxe annuelle selon la valeur de sa propriété. Pas d’impôts directs sur le revenu ou autres pour les municipalités. Le développement des ressources financières dépend presque exclusivement du développement immobilier et industriel. Pas le meilleur moyen de trouver un équilibre.
Il faut dire que les municipalités sont privées de tout pouvoir dans un domaine important pour toutes les communes en Suisse. Elles n’ont aucune prise sur les écoles. Les infrastructures, comme le pédagogique est en main de Centres de services régionaux (anciennement commissions scolaires) qui dépendent directement du ministère de l’Éducation. La bureaucratie étatique dans toute sa splendeur.
Proportionnelle – Équipe majoritaire
La gouvernance de ces municipalités est assurée par un Conseil municipal élu par les citoyens selon le modèle britannique, c’est-à-dire uninominal à un tour. Des partis politiques municipaux, regroupés autour d’un leader, le maire ou quelqu’un qui aspire à l’être, se battent dans des arrondissements pour avoir une majorité.
Chaque arrondissement envoie un représentant autour de la table de conseil et le maire est élu sur l’ensemble du territoire le même jour. Un candidat non élu à la mairie n’est pas conseiller municipal. Un membre de son équipe doit lui céder la place s’il veut siéger. Souvent c’est arrangé avant les élections.
Impossible de vivre le charme des deux ou trois tours à la valaisanne. L’opposition a souvent du mal à se faire entendre ou alors, elle est issue d’un arrondissement (un village) qui ne sera pas toujours bien servi par l’administration majoritaire. Les communes valaisannes ont la chance d’être épargnées par ce mal, même si parfois certains villages n’ont pas d’élus.
Valais 2020
Tout ça pour vous dire que j’ai suivi avec délectation les communales 2020. Aujourd’hui, la distance n’est plus un problème. Rhône FM et Canal 9 m’ont permis de vivre en direct la tombée des résultats. Avec le décalage horaire, dès mon réveil, j’ai pu découvrir les premiers résultats et en fin d’après-midi, tout était dit. J’avais dégusté les commentaires du consultant de Canal 9, mon ancien président du PRD\PLR Valais, Léonard Bender. J’ai revécu quelques souvenirs électoraux savoureux entre secrétaire et président.
Le « Grand chelem » de 2008 est revenu mettre du bonheur dans ma tête. Après la vice-présidence d’Évolène avec ma cousine Corina Rong, la présidence de Vollèges avec Christophe Maret, Sierre est tombé avec la victoire de François Genoud avant que Marcel Maurer n’enlève Sion. En écoutant Léonard Bender, je l’entendais me dire que je devais modifier notre communiqué de presse. J’ai enlevé les superlatifs : Victoires radicales suffisait !
Mais laissons de côté la nostalgie et revenons sur ce qu’il s’est passé dernièrement. Je n’ai pas ressenti les mêmes émotions. 6 000 kilomètres de distance et une implication en moins, c’est tout à fait normal. Comme en 2008, beaucoup de communes avaient déjà élu tacitement leur présidence, mais il restait quelques combats. Chalais et Sembrancher ont retenu mon attention. Des femmes PLR à la présidence, ça fait du bien dans un dimanche.
Puisque je tiens la plume, je ne vais pas me priver du plaisir de saluer les succès de Yasmine Ballay à la vice-présidence de Dorénaz et de Damien Roch à la présidence de Saint-Gingolph. Entrée au comité de la JRV (Jeunesse radicale valaisanne) sous ma présidence, il y a … longtemps, Yasmine poursuit son brillant parcours. Quant à Damien, il se fait un prénom, mais surtout il prouve que les jeunes à qui on fait de la place, je me souviens de quelques soirées avec les jeunes du parti dans mon carnotzet, savent répondre présents quelques années plus tard.
Les partis politiques ont un rôle important à jouer même, pour ne pas dire surtout, au niveau communal. La place des femmes ou des jeunes ne se fait pas encore tout seule, elle doit être préparée. Les organisations de jeunesses, de femmes ou des initiatives comme celle qu’organisait Pascal Couchepin avec ce qu’on nommait à l’époque « Les rencontres de Chemin » doivent être encouragées. Elles assureront non seulement des succès politiques, mais la prospérité des communes, du canton et du pays.