Valais Libre

24 septembre 2015

Aragon Louis (1897 – 1982)


aragon, portraitLa naissance de Louis Aragon est entourée de mystère. Fils illégitime d’un ancien préfet de Paris devenu député, il devrait avoir vu le jour le 3 octobre 1897. Il ne connaîtra la vérité sur sa naissance que plus tard. Ce secret partagé avec sa mère sera une de ses sources d’inspiration. Il sera en deuxième année d’études de médecine lorsque la Première Guerre mondiale éclate.

L’expérience du front sera une nouvelle source d’inspiration. On ne revient pas indemne d’une telle boucherie. Au sortir de la guerre, la Nouvelle revue française (NRF) publie ses premiers poèmes commencés dans les tranchées. En 1922, il renonce à la médecine avec son ami André Breton et fonde la revue Littérature. Dadaïsme, écriture automatique, toutes les expériences sont bonnes.

Finalement, Louis Aragon sera un des leaders du surréalisme. Son amour avec Elsa Triolet qui deviendra sa femme influencera son oeuvre. Dès 1930, il se lie au Parti communiste qu’il ne désavouera pas. La résistance, le soutien du stalinisme, le rejet de celui-ci après la révélation des crimes de Staline, tourmenteront le poète qui perdra sa muse en 1970. Il affichera alors sa bisexualité. Louis Aragon meurt à Paris le 24 décembre 1982.

Le paysan de Paris (1926)

Aragon-Le-Paysan-de-ParisDe la préface à une mythologie moderne au songe du paysan, l’oeuvre d’Aragon nous emmène dans un parcours à l’intérieur du surréalisme. Le surréalisme est l’emploi déraisonné (…) de la provocation sans contrôle de l’image pour elle-même et pour ce qu’elle entraîne dans le domaine de la représentation de perturbations imprévisibles et de métamorphoses.

Aragon quitte souvent la théorie, il nous prend par la main et nous conduit dans ses rues de Paris. Le passage de l’Opéra qui va être détruit pour terminer le Boulevard Haussmann mérite toute notre attention. Le repère des surréalistes est décrit une minutie poétique. Le parc des Buttes-Chaumont surgit comme un asile pour l’Homme en quête de compréhension. La douceur succède aux invectives, un naturalisme cru précède des descriptions allégoriques, le poète est déroutant et enivrant.

Le concret n’a d’autre expression que la poésie : tout est dit dans cette formule définitive.

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17 septembre 2015

Alain-Fournier (1886 – 1914)

Alain-Fournier, portraitLe village de Chapelle d’Anguillon à une trentaine de kilomètres au nord de Bourge voit la naissance d’Henri-Alban Fournier le 3 octobre 1886. Fils d’un instituteur et d’une institutrice, le garçon va passer ses premières années à Épineuil- le-Fleuriel plus au sud du département du Cher où il étudiera dans la classe de son père. À 12 ans, il monte à Paris pour poursuivre ses études au lycée Voltaire.

Il tentera d’entrer à l’école navale, puis sentant que sa carrière n’est pas là, il préparera le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure. En 1905, la rencontre avec la belle et mystérieuse Yvonne va bouleverser sa vie. Furtif, mais intense, ce moment occupera son esprit pour les 8 années à venir et sera l’essence de son roman Le Grand Meaulnes.

La belle est promise et celui qui sera connu sous son nom de plume d’Alain-Fournier débutera une carrière de chroniqueur littéraire au Paris-Journal après son échec à l’oral d’entrée à l’École Normale. Il travaillera ensuite comme secrétaire de Claude Casimir-Perier, le fils de l’ancien président de la République. La guerre vient mettre un terme prématuré à la vie du jeune écrivain qui meurt à 27 ans sur un champ de bataille de la Meuse.

Le Grand Meaulnes (1913)

Grand MeaulnesFrançois Seurel s’ennuie à Sainte-Agathe. Fils de l’instituteur et de l’institutrice du village, il passe une enfance solitaire. L’arrivée d’Augustin Meaulnes comme pensionnaire du cours supérieur va changer son existence. Les deux jeunes vont devenir des amis indéfectibles. Ils partageront le secret du Grand Meaulnes, c’est le surnom d’Augustin, qui a découvert un domaine fabuleux lors d’une escapade. Il est tombé amoureux de la fille du lieu.

Franz de Galais y donnait une fête pour son mariage, mais son épouse n’est pas venue. Cette rencontre avortée modifiera leur existence. Les deux adolescents n’auront de cesse de découvrir toutes les pièces de cette comédie tragique. Augustin finira par épouser Yvonne de Galais, mais il partira à la recherche de Franz au lendemain des noces. François veillera sur la jeune femme. Au retour d’Augustin, Yvonne sera morte en donnant naissance à une fille.

Seul roman d’Alain-Fournier, mort quelques mois plus tard à la guerre, le Grand Meaulnes est un magnifique poème en prose qui décrit la magie de l’adolescence.

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3 octobre 2014

Frédéric Dard, alias San-Antonio (1921 – 2000)

DardFrédéric Charles Antoine Dard naît le 29 juin 1921 à Jallieu dans l’Isère en France. Son père ouvrier et sa mère fille d’agriculteur se lancent dans une entreprise de chauffage, mais le krach de 1929 provoque la faillite et l’exil à Lyon. Frédéric Dard n’est pas très intéressé par ses études commerciales, dès 1938 il devient secrétaire de rédaction du Mois de Lyon. Il deviendra journaliste l’année suivante et écrivain dès 1940.

En 1941, il reçoit le prix Lugdunum pour son roman Monsieur Joos et se fait connaître un peu. Il se marie en 1942 et écrit des livres pour enfants et des romans populaires pour nourrir sa famille. Influencé par les romans noirs américains, il publie en 1949 Réglez-lui son compte !, un roman policier signé San Antonio qui sera un échec commercial. Il rejoint alors la maison d’édition Fleuve Noir. La notoriété naissante du commissaire San-Antonio engendre le succès. Frédéric Dard écrit vite et beaucoup, quatre à cinq ouvrages par an.

En 1964, L’Histoire de France vue par San Antonio bat tous les records de vente avec 350 000 exemplaires vendus. Romans policiers, romans d’espionnage ou d’épouvante, scénarios, adaptation de roman pour le cinéma, Frédéric Dard touche à tous les genres. Il travaillera aussi avec Robert Hossein avec qui il aura une longue collaboration théâtrale. Ses nombreux pseudonymes deviendront orphelin le 6 juin 2000 lorsqu’il décède à Bonnefontaine en Suisse.

Céréales killer (2001)

Dard livreLes plaines agricoles de Beauce sont le théâtre de cette enquête du truculent commissaire San Antonio. La belle Mélanie supportera mal sa rave-party. Mademoiselle Godemiche est retrouvée affreusement mutilée dans un fossé. L’organisatrice a été assassinée et non loin du lieu du crime la police retrouve une casquette appartenant à Antoine San Antonio junior. Son père ne pourra pas rester indifférent face à ce mystère.

Son compère Béru ayant pris un congé maladie pour se lancer dans la musique en devenant professeur de pet, San Antonio doit agir seul. Son fils lui ayant juré qu’il n’avait rien à voir dans ce meurtre, même s’il connaissait un peu la victime, le commissaire se lance sur une première piste italienne. Il sauve le fils d’un baron de la drogue avant de se faire séquestrer pour s’enfuir enfin avec l’aide maladroite de son fils.

Mais un deuxième meurtre avec une jeune femme mutilée vient relancer l’affaire en Beauce. Cette fois Béru doit rappliquer, car on a affaire à un céréale killer, comme le dit si bien l’exubérant assistant. Une troisième victime est nécessaire pour que le coupable soit démasqué. Junior est disculpé et le bain de sang peut s’arrêter après un exercice de style digne des meilleurs San Antonio. Tout y est: le langage, les personnages, les excès, le sexe et une intrigue surprenante.

1 mars 2014

Calendrier historique du Valais: 1er mars – 1656 – Calendrier Grégorien

Changement de date

1 mars gregoire-XIII-calendrier-gregorien-julien-15-octobre-1582Premier ou onze mars, la date de ce 1er mars 1656 est double. En effet, 74 ans après la décision de Rome, le Valais remplace le calendrier Julien par le calendrier Grégorien. Les tensions entre les patriotes et l’évêque tout autant que les sympathies pour les idées réformées auraient retardé cette décision prise à l’unanimité sauf quelques disparités par la Diète de 1655.

Le calendrier promulgué par Jules César en l’an 46 selon les indications de l’astronome grec Sosigène impliquait un décalage de 1 jour chaque 130 ans entre la révolution de la Terre autour du soleil et l’année du calendrier. Le pape Grégoire XIII impose un nouveau découpage. Ainsi le jeudi 4 octobre 1582 sera immédiatement suivi du vendredi 15 octobre.

Les patriotes valaisans voulant enlever le pouvoir temporel à l’évêque s’opposent régulièrement à ses ordonnances. En 1622, le nonce apostolique à Lucerne intervient, le Bas-Valais se soumet, mais le Haut refuse et propose au nonce, en 1628, de déposer l’évêque Hildebrand Jost en échange de l’adoption du nouveau calendrier. Finalement, sous l’épiscopat plus tranquille d’Adrien IV de Riedmatten, la Diète accepte le calendrier Grégorien. Les protestants ne sont pas aussi dociles et il faudra attendre 1812 pour que toute la Suisse utilise le même calendrier.

26 septembre 2012

1732 – Manon Lescaut, Abbé Prévost (1697 – 1763)

Le chevalier des Grieux est follement amoureux de la belle Manon. Cet amour déraisonnable va l’entraîner dans une vie qui n’était pas sa destinée. Fils de bonne famille, il devait entrer dans l’ordre de Malte selon les vœux de son père. Mais malgré les réticences de son ami Tiberge, le jeune homme de 17 ans s’enfuit avec sa belle pour la sauver du couvent.

Manon est amoureuse du jeune homme, mais plus encore de l’argent. Elle n’hésite pas à profiter de ses charmes pour compléter la bourse du couple. Elle ira même vivre chez ses amants riches. À chaque fois, c’est un déchirement, une trahison pour le chevalier.

Ayant trahi un homme influent, puis son fils, les deux amants sont enfermés l’un à Saint-Lazare, l’autre à l’Hôpital. Ils s’enfuiront et se retrouveront une nouvelle fois. Après nombres de rebondissements, ils se retrouvent en Amérique où Manon meurt dans les bras de son aimé qui retrouve son ami Tiberge et rentrer en France.

L’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, voilà le titre complet de ce roman de l’Abbé Prévost. Il fait partie de son œuvre Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde.

25 septembre 2012

1952 – En attendant Godot, Samuel Beckett (1906 – 1989)

Allons-nous-en – On ne peut pas – Pourquoi? – On attend Godot – C’est vrai. Tout l’absurde de l’action, ou plutôt de la non-action de cette pièce est résumée dans ce dialogue entre Vladimir et Estragon, les deux clochards vedettes de cette œuvre. Une route de campagne déserte, avec un arbre et une pierre, voilà le décor où deux personnages en perdition attendent Godot.

Deux actes, deux récréations avec le passage de Pozzo et Lucky, le maitre et son esclave, deux apparitions du jeune messager venu annoncer le retard de la visite de Godot, l’action est vite résumée. Les dialogues rythmés, courts et souvent prévisibles font souvent sourire, parfois rire, mais petit à petit la détresse de ces êtres-fantômes occupe toute la place et suscite le malaise.

Qu’attendre? Pourquoi attendre? Que faire en attendant? Les questions sont présentes, sans réponses. Même ce Godot qui ne vient jamais reste un inconnu passible de toute les interprétations. Beckett livre un théâtre sobre, dépouillé, mais profond. Les premières représentations suscitèrent scandales et controverses.

24 septembre 2012

1667 – Mathilde d’Aguilar, Madeleine de Scudéry (1607 – 1701)

Madeleine de Scudéry

Mathilde rêve. Mathilde aime se balader dans les jardins d’Avignon en compagnie de Laure son amie et de son amant le poète Pétrarque. Mais, sa vie paisible et heureuse est chamboulée par l’appel de sa famille espagnole. Le roi veut la voir à la cour.

Elle pleure son départ, mais s’incline et rejoint l’Espagne. Sa beauté va faire tourner bien des têtes, mais c’est le bel Alphonse qu’elle doit épouser selon les vœux de leurs parents. Sans se voir, ils refusent tout deux et complotent pour faire échouer ce mariage. Couvert de gloire sur les champs de bataille Alphonse revient et tombe éperdument amoureux de Mathilde.

Celle-ci lui refuse sa main. Le mariage c’est la prison, elle veut sa liberté. Pourtant, elle est aussi follement amoureuse. Après bien des aventures où Alphonse sauve le Roi, quelques rivaux qui aiment Mathilde et repoussent les Maures, ils se marieront et vivront heureux à Avignon avec Laure et Pétrarque.

Roman précieux, ode à l’Amour courtois, Mathilde est un chant où la mélancolie, les passions et la fidélité peignent une époque d’honneur.

20 septembre 2012

1946 – J’irai cracher sur vos tombes, Boris Vian (1920 – 1959)

Lee Anderson contient mal sa fureur intérieure. Il a soif de vengeance. Fils d’une mûlatresse, il a la chance d’avoir une peau très claire presque blanche. Son jeune frère n’a pas eu cette chance. Tombé amoureux d’une blanche, il a été lynché. Il quitte sa ville pour aller vivre à Buckton dans un autre coin du sud des États-Unis.

Il s’installe comme libraire, il fraye avec une bande de jeune en manque d’alcool et de sexe. Lors d’une soirée, il fera connaissance des sœurs Asquith, filles de riche bourgeois qui sont les symboles du racisme anti-noir ambiant. Lee se donne le défi de séduire les deux filles. La plus âgée Jean sera une proie facile, mais Lou est plus farouche. Finalement il tuera sauvagement Lou en allant rejoindre Jean qui l’attend enceinte. Il finira son œuvre en assassinant l’aînée avant de tomber sous les balles de la police.

Boris Vian, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, écrit un roman obscène et violent qui choquera son époque. Cette dénonciation du racisme et de ses dérives marquera la littérature et la carrière de l’auteur.

17 septembre 2012

1933 – La jument verte, Marcel Aymé (1902 – 1967)

La jument verte trône sur les murs de la salle à manger des Haudoin. Le tableau représente le célèbre équidé qui fit la fortune et la notoriété de son propriétaire Jules Haudoin. Il finira par gagner la mairie de son village de Claquebue. À la mort du cheval, son tableau restera le témoin de la vie de la famille.

Ferdinand, le vétérinaire puritain et faussement anti-clérical, héritera de l’oeuvre. La jument verte nous racontera les vicissitudes de la vie du village, les rivalités des Haudoin et des Maloret, mais surtout sera le témoin des us, des frasques et des déviations sexuelles de la région.

Les pressions politiques de Ferdinand Haudoin sur son frère Honoré pour qu’il soutienne l’ennemi de la famille, Zèphe Maloret seront le prétexte à la remontée à la surface de vieilles histoires locales. Honoré Haudoin violera sans violence Anaïs, la femme de Zèphe pour venger sa mère qui subit le même sort d’un officier prussien à cause du même Zèphe. L’honneur de la famille passera avant les succès politiques.

Bousculant la morale de l’époque, Marcel Aymé nous livre un roman satirique où le fantastique côtoie le réalisme.

13 septembre 2012

1816 – Adolphe, Benjamin Constant (1767 – 1830)

Adolphe est un jeune homme intelligent. L’avenir lui est ouvert malgré l’âpreté de son caractère. Il est cassant, taciturne et solitaire. Il se donne comme défi de séduire la belle Ellénore, noble polonaise déchue qui vit hors mariage avec le père de ses enfants.

Ce défi sera la perte d’Adolphe. Il réussira au-delà de toutes les espérances. Ellénore sera follement amoureuse de lui. Ils vivront une passion qui les emmènera loin de leur vie de départ. Nous partageons toutes les passions d’Adolphe. Il est le héros et le narrateur du roman. Rien ne nous est épargné, ni les doutes, les interrogations, les états d’âme du jeune amoureux, ni les pressions de son père, ni le remord d’Ellénore.

Doutant sans cesse de son amour, voulant rompre fréquemment, Adolphe suivra son amante à travers l’Europe. Seule la mort d’Ellénore cassera ce lien solide, insaisissable et funeste. Roman psychologique, Adolphe nous livre un Amour du siècle qui joue avec les règles de l’époque. Les sentiments prennent plus de place que l’intrigue et l’écriture directe amplifie nos ressentis.

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