Valais Libre

30 janvier 2013

Une valaisanne au Québec – Christiane Borgeat

Écoutez Christiane nous raconter son histoire (émission Rhône FM du mercredi 30 janvier 8 h 30)Christiane Borgeat

 

Christiane Borgeat et Jean Barré avec leur chienne devant une fresque d'une salle du pub Saint-Patrick

Christiane Borgeat et Jean Barré avec leur chienne devant une fresque d’une salle du pub Saint-Patrick

Qui parle, qui parle ?

Jean Barré, j’appelle du Québec.

C’est pas vrai, c’est pas vrai, je rêve, 20 ans que j’attends ce téléphone !

Au fait, ce n’est pas 20 ans, mais 41 ans qui séparent les deux rencontres. Christiane Borgeat avait connu Jean Barré en 1963 sur les pistes de ski de la station de Montana-Crans. La jeune fille avait 16 ans. Fille d’hôtelier de la station, elle passait son temps libre sur ses skis.

Jean Barré était un jeune homme de 18 ans. Québécois, il étudiait dans un collège à Lausanne. Il aimait et faisait beaucoup de sport. La vue de la dynamique jeune fille qui filait élégamment sur les pistes valaisannes a attiré son attention. Ils passeront quelques mois à se côtoyer avant qu’il revienne dans son Québec.

Quelques lettres ont ensuite traversé l’Atlantique, puis le temps à fait son oeuvre et les chemins se sont séparés. Ils se sont mariés chacun de leur côté. Christiane a travaillé à Genève. Son mariage s’est arrêté en 1983. Elle a poursuivi sa vie avec toujours au coin du coeur le beau skieur québécois. Elle espérait, elle sentait qu’elle allait retrouver Jean à un moment ou à un autre de sa vie.

Jean était sportif. Sa spécialité, le kayak en ligne, l’a amené à participer à deux jeux olympiques. Sans trop savoir si elle trouverait sa trace , Christiane a suivi sur La Tribune les résultats de Mexico en 1968, puis de Munich en 1972. Sa vie a continué entre Genève et Montana avec quelques fois des images du Québec dans sa tête.

En 2004, le coup de téléphone magique change son destin. Jean est de passage en Europe pour une foire des brasseurs à Nüremberg. Ils se retrouveront à Montana. La discussion interrompue 41 ans plus tôt reprend comme si elle s’était arrêtée la veille. Leur histoire peut commencer. Christiane quitte son travail, prend une retraite anticipée et vient rejoindre son « chum » à Québec.

Jean est propriétaire d’un pub dans le Vieux-Québec. Le Saint-Patrick, au bas de la rue Saint-Jean, accueille les amateurs de bière. L’Irlande est célébrée dans cet endroit couru de la Capitale Nationale, mais deux petits écussons suisse et valaisan attirent l’oeil à l’entrée. Dès la porte franchie, on se sent très vite comme à la maison.

La bâtisse qui accueille le pub est vaste. Les salles sont chaleureuses. La pierre et le bois nous accueillent et nous mettent immédiatement à l’aise. Le personnel y est aussi pour beaucoup. Le sourire, la disponibilité et la serviabilité emblématiques du Québec sont au rendez-vous. Les voûtes, les fresques murales, le mobilier cossu, le feu de cheminée, le décor fait oublier les soucis quotidiens. Le hamburger super Saint-Patrick donne la touche finale au tableau.

La douce voix de Christiane qui me raconte son histoire prend une dimension magique dans l’ambiance feutrée d’une mi-journée au Saint-Patrick. Vers la fin de l’après-midi, l’ambiance décolle et la musique, jouée en direct, prend une place prépondérante. Christiane se retire alors dans les appartements des étages supérieures.

Elle savoure sa retraite.

Le Saint-Patrick est un rendez-vous incontournable du Vieux-Québec.

Le Saint-Patrick est un rendez-vous incontournable du Vieux-Québec.

25 octobre 2012

Une famille valaisanne au Québec – Les Luyet

Roxanne, Abygaël, Mathieu et Marion ont profité de l’été pour s’acclimater à leur nouvelle région.

Roxanne, Mathieu, Abygaël et Marion, en voilà une belle famille qui aime l’aventure. Car il faut être aventurier pour oser quitter le petit confort helvétique et s’en aller vivre au-delà de l’océan. Vivre au Québec a été le choix de Roxanne et Mathieu.

Il faut dire que Mathieu possède quelques solides racines canadiennes. Sa maman est originaire de la Belle Province francophone. La famille avait l’habitude de venir passer les étés du côté de Saint-Félix-de-Kingsey. Mathieu a très vite fait découvrir sa deuxième patrie à son épouse.

Mais de là à venir s’établir en famille, il y a un pas de géant. Ce pas, les Luyet l’ont fait en mai 2012. La première devait bientôt commencer l’école, alors on s’est dit c’est maintenant ou sinon on en rêvera encore à l’heure de la retraite. Mathieu explique simplement la motivation de ce périple. Roxanne, pleine d’envie de découvertes et connaissant déjà la famille au Canada, n’a pas hésité non plus, l’aventure était trop belle.

Aujourd’hui la famille est installée dans un coquet appartement de la Rue Charlotte à Montréal. Mathieu suit des cours de marketing à HEC et des cours de publicité à l’université. Roxanne profite pleinement de ses deux enfants. La famille a pris ses repères et s’est installée dans un rythme de vie qui tranche avec la frénésie helvétique. Mathieu a regroupé ses cours sur le début de la semaine pour dégager un maximum de temps afin de découvrir sa deuxième patrie.

Après des premiers mois aux allures de vacances, l’automne amène un rythme plus traditionnel. Mathieu a débuté ses cours, son réseau se crée autour de ses collègues d’études. De son côté Roxanne profite des obligations de maman, des promenades aux parcs des environs, pour tisser des liens avec le voisinage. L’envie de reprendre une carrière professionnelle est toujours très présente, elle est simplement mise entre parenthèse le temps de profiter pleinement d’Abygaël qui prendra le chemin de l’école à l’automne 2013 et de Marion qui du haut de ses quelques mois offre des sourires permanents.

Si Mathieu a la double nationalité, Roxanne doit effectuer de nombreuses démarches afin d’obtenir le permis de résidence permanente. Le mariage ne suffit pas, les démarches sont longues, les méandres de l’administration complexes. Elle n’a pas pu entreprendre ses démarches avant le voyage, car, enceinte, la visite médicale et la radiographie indispensable étaient impossible.

Pour ne pas être en reste, Mathieu découvre également quelques joies administratives. Permis de conduire, certificat AVS et autres papiers nécessitent de l’attention. On ne change pas de vie sans quelques contraintes. La bureaucratie, la paperasserie sont universelles.

Ce n’est pas ces quelques désagréments qui vont freiner l’enthousiasme de la découverte. Une imposante roulotte permet à la famille de visiter la Province. Les pleines agricoles du sud du Saint-Laurent entre Montréal et Québec sont bien connues. Mais Saint-Félix-de-Kingsey n’est pas la seule place où campe la famille. De l’Outaouais en bordure de l’Ontario à la Gaspésie qui trempe dans l’Océan Atlantique, la province est large, les possibilité de camping infinies. La famille en profite pleinement et les amis suisses viennent ou viendront volontiers profiter de cette opportunité de découverte.

Nous voulons passer les quatre saisons ici et ensuite nous verrons. Les Luyet ne jettent pas des plans sur la comète. Le temps de leur séjour au Québec n’est pas défini, l’avenir leur montrera le chemin. Ils profitent avidement du moment présent.

Vous pouvez les écouter sur Rhône FM sur le lien suivant: Le passage des Luyet sur Rhône FM, le 25 octobre 2012 à 8 h 30

Attention aux illusions, vivre au Québec, ce n’est pas plonger dans le passé !

27 septembre 2012

Un valaisan au Québec – Franc Paquet

Il n’a pas changé! Ma première impression en voyant Franc sortir de l’Hôtel Sépia à Québec est celle de retrouver le même homme. Pourtant, 31 ans que nous nous sommes perdus de vue. Nous avions à peine 14 ans lorsqu’il a quitté le cycle d’orientation de Savièse pour habiter Conthey. Une histoire de football, d’autorisation de jouer en junior A, avait précipité son départ. Je retrouve Franc conforme à l’image que j’en avais. Faut croire qu’elle a vieilli avec nous.

Toi, tu as pris du volume, me lance-t-il avec un accent bien du Québec. Ça me fait tout bizarre d’entendre une telle remarque. Moi qui ai perdu 40 livres (19,2 kg / 1 livre du Québec = 0,454 g) ces 8 derniers mois, je suis habitué à l’inverse, mais depuis plus de 30 ans, oui, j’ai pris du volume. Le petit garçon blond qui restait dans ma tête est aujourd’hui un homme dans la force de l’âge et à la chevelure grisonnante.

Pour nos retrouvailles, nous filons visiter la basilique Sainte-Anne de Beaupré. Pas que nous soyons spécialement religieux, mais Franc fait le guide touristique pour Jacky et sa blonde, un couple de Conthey. 14 ans qu’ils avaient promis de venir rendre une visite, ils tiennent enfin leur promesse, alors Franc est aux anges. 14 ans, c’est aussi la durée du séjour québécois de mon contemporain.

Franc Tridondane, il a pris le nom de famille de sa première femme québécoise, a quitté la Suisse à 32 ans. Il a suivi une femme. Par amour, par soif de la découverte, par envie de nouveauté, Franc a relevé le défi de la traversée de l’Atlantique.

Tout n’a pas été facile, la vie lui a réservé bien des surprises. Quelques déboires sentimentaux qui ont provoqué au-delà des peines de cœur, des soucis financiers, l’ont fait douter de la pertinence de son exil. Mais la fierté valaisanne a toujours habité ce cœur vaillant. Pas question de rentrer au pays sur un échec. Franc s’est accroché.

Petits boulots, usines, assurances, représentations diverses, à la force du poignet une place se gagne dans la société québécoise. Le hasard le fait entrer dans une entreprise de construction où le patron lui fait rapidement confiance. Il gèrera des chantiers. Quelques opportunités plus tard, il fonde sa propre entreprise.

C’est très simple au Québec, un examen sur les lois et hop, on ouvre son entreprise. Franc respire le dynamisme en décrivant le processus. On sent l’entrepreneur qui a soif de liberté. Il aime les défis. Plancher Concept Design est son bébé, son enfant maintenant. Après 5 ans, la société est solide. Le travail est là. Ses clients reconnaissent la qualité suisse, l’amour du travail bien fait.

Le Québec offre plus d’ouvertures professionnelles que la Suisse pour quelqu’un qui en veut. Les diplômes sont moins importants, les capacités sont valorisées. Les étiquettes sont moins vite accolées, on n’est pas le fils de … ou le saviésan, le contheysan, … . L’anonymat a aussi des avantages. Gravir les échelons, fonder une compagnie, le capitalisme régit ce monde professionnel. Mais chaque situation a son revers, la puissance des syndicats et la hauteur de la fiscalité sont les versants moins intéressants du Québec.

Dans la vie de tous les jours, Franc s’amuse aussi. Les québécois qui peuvent paraître distant au premier abord, sont vite très sympathiques et accueillants. Il fait bon vivre parmi eux. La grandeur du pays offre une foule d’activités variées. Les fins de semaine sont occupées.

Franc partage aujourd’hui sa vie avec Isabelle. Les épreuves traversées l’ont fortifié. Ils respirent la joie de vivre, il ne regrette pas son déplacement au Québec. Il revient visiter sa famille et ses amis aux deux ans environs. Mais ce qu’il aime c’est accueillir, faire découvrir sa nouvelle patrie.

Le Tattoo militaire de Québec et le 1er août au Mont Sutton sont des incontournables pour l’ancien tambour de Conthey. Il m’y emmène l’année prochaine.

Québec, septembre 2012

Écouter Frank Paquet sur les ondes de Rhône FM en cliquant sur le lien suivant: Frank Paquet, Rhône FM, le 27 septembre 2012 à 8 h 30

12 mars 2012

Muriel Avanthay

Filed under: h. un-e Valaisan-ne au Québec — vslibre @ 9 h 15 min

Première d’une nouvelle rubrique, voici le portrait d’une Valaisanne au Québec…

Le quartier St-Roch se situe près du port de la ville de Québec, au pied de la colline parlementaire où siègent les députés de la Province. C’est attablé au Café Babylone, un rendez-vous prisé du quartier, que je retrouve Muriel Avanthay.

La jeune fille est née il y a 25 ans, elle a grandi à Champéry en Valais. Elle étudie aujourd’hui la physiothérapie. Elle marche ainsi sur les traces de son papa. Muriel est une fille ouverte et entreprenante, elle ne veut pas se contenter de suivre tranquillement ses cours lausannois.

Elle s’est mise en tête, dès le début de son école, de vivre une partie de sa formation à l’étranger. Elle devait partir en Norvège, mais au dernier moment, des questions administratives et organisationnelles ont fermé ce rêve. Elle se tourne alors vers le Québec.

Son école vient de négocier un accord avec l’université de Laval à Québec. Elle sera la première étudiante à bénéficier de ce partenariat. Muriel atterrit donc le 7 janvier 2012 à Québec ville pour un semestre d’étude et de stage dans la Belle Province.

Sa soif de connaissances et de partage la pousse à ne pas se contenter du campus de l’université, ils se ressemblent tous. Elle logera en colocation au centre de la ville de Québec, dans le populeux quartier de St-Roch, près de la rivière St-Charles. Internet lui a permis de trouver un « bel » appartement où elle cohabite avec trois autres filles. Une française établie depuis 3 ans à Québec, une québécoise d’origine polonaise et une autre d’origine camerounaise et suisse partagent le logement.

Rien de tel pour commencer une vie dans un nouvel environnement : les premiers contacts sont facilités. Ses nouvelles amies ont mis immédiatement Muriel dans le bain de la capitale provinciale. Elle a pu découvrir les lieux où il faut sortir, les petits coins sympathiques et de nouveaux amis. Partager des moments conviviaux autour d’un petit-déjeuner savoureux ou refaire le monde lors de bons moments de « jasette » sont des plaisirs simples, mais savoureux.

Le temps de Muriel est bien organisé : école le lundi et le vendredi, stage le mardi et le jeudi, elle suit aussi des cours par correspondance. Malgré cette apparente rigidité, elle apprécie de pouvoir organiser assez librement son temps. La vie à l’université n’est finalement pas si différente qu’en Suisse. Le campus est assez international. Son stage dans une unité de pédiatrie lui permet un contact plus direct avec les réalités québécoises. Muriel apprécie le travail auprès d’enfants.

Finalement, un peu par hasard, ses cours par correspondance permettent à la jeune Valaisanne de livrer ses appréciations sur le « choc culturel » qu’elle vit. Un cours d’anthropologie lui donne l’occasion d’écrire ses découvertes, ses impressions, ses ressentis.

Cette vie loin des sentiers habituels offre à Muriel la joie de découvrir de nouvelles activités. La pêche sur les lacs gelés, le patinage en forêts sont dépaysants. Elle pratique régulièrement le ski de fond, elle n’en faisait pratiquement pas en Suisse, ou encore la natation. Par contre, le ski alpin est un sport onéreux au Québec. 65 $ la demi-journée au Mont St-Anne décourage notre sportive.

Mais la gentillesse, la qualité d’accueil et la bonne humeur des Québécois font vite oublier ces quelques désagréments de la vie quotidienne. Son accent est un parfait passeport pour entrer dans ce nouveau monde. Vivre à l’étranger, c’est aussi faire face à des moments de solitude, mais prendre du temps pour soi est aussi un ressourcement.

La fin du mois de mai arrivera bien vite. Avant l’heure du départ, Muriel aura le plaisir de voir la neige disparaître et les premiers bourgeons éclater. Elle vivra pleinement cette fin d’étude loin du pays.

 

 

 

Propulsé par WordPress.com.