Avant la pause estivale, nous pouvons déjà jeter un premier regard sur 2020 et nous dire que nous avons vécu un moment unique qui marquera l’histoire. Pour ma part, ce n’est pas le premier, mais celui-ci est plus direct et plus durable. Coronavirus et Covid-19, deux mots inconnus pour la plupart d’entre nous il y a six mois, sont devenus des incontournables. Mais il est trop tôt pour tirer les conséquences de ce moment d’histoire.
Pour le passionné d’histoire que je suis, l’histoire n’est pas seulement une question de temps long, elle est aussi vivante au quotidien. L’histoire s’écrit jour après jour, même s’il faut bien l’avouer, il y a des événements plus marquants que d’autres. Notre durée de vie n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de l’aventure humaine, mais nous avons le privilège de vivre parfois des temps forts.
4 moments marquants
En revenant sur le fil de ma vie, je citerais 4 moments historiques significatifs. Le premier, le 20 juillet 1969, j’avais 3 ans lorsque Neil Armstrong a posé le pied sur la lune. Pour la première fois, un homme foulait une autre planète. Même si quelques images noir et blanc, floues, sorties du téléviseur de mon grand-père me reviennent à l’esprit, je ne sais plus si elles étaient en direct ou si je les ai vues quelques années plus tard.
Le deuxième moment clé est lui un peu plus clair à mon esprit. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait et les Berlinois de l’est envahissaient Berlin-Ouest. Il y avait quelque temps que le jeune homme passionné de politique, j’étais entré un mois auparavant au comité cantonal des Jeunesses radicales valaisannes (JRV), suivait la chute de l’empire soviétique.
Par contre, je me vois encore devant la télévision de la salle des maîtres du centre scolaire de Moréchon à Savièse le 11 septembre 2001 au moment où les tours jumelles du World Trade Center de New York s’effondraient en direct à la télévision. Nous étions quelques collègues incrédules devant l’écran peinant à croire ce qui se passait de l’autre côté de l’Atlantique.
Et puis, en ce début 2020, pour moi, c’est le vendredi 13 mars qui restera comme une date clé dans la pandémie qui nous a frappés. Ce jour-là fut le dernier où j’ai travaillé et même joué au curling. Mon club a fermé le lendemain, comme à peu près tout le Québec. Ce même vendredi 13, au Québec comme en Suisse on apprenait la fermeture immédiate des écoles.
Du temps pour voir les conséquences
Même si ces dates comptent, elles ne font pas l’histoire. L’histoire s’écrit ensuite, il lui faut du temps pour que les événements déploient toutes leurs conséquences. Ainsi, le premier pas de l’homme sur la lune va redonner confiance aux États-Unis qui, dès lors, ne laisseront plus l’Union soviétique les dominer. Le déclin de l’empire communiste mettra 20 ans à se dessiner, mais il sera inéluctable.
La fin de ce monde, symboliquement illustré par la chute du mur de Berlin, laissera croire à l’Ouest qu’il est désormais le seul maître. La guerre froide finie, l’heure des excès de confiance d’un occident au libéralisme débridé aura sonné. Cet univers de confiance et de liberté prendra lui aussi fin brutalement deux décennies plus tard.
Le 11 septembre marquera le début d’une nouvelle guerre. Le terrorisme islamique ne pourra plus être nié. L’effondrement des tours jumelles de New York changera la vision du monde d’un occident qui n’est plus seul. Les chocs culturels font désormais partie de notre univers et nous sommes loin, 20 ans plus tard, d’en avoir fini avec cette problématique.
Ce que nous vivons actuellement est d’un autre type. On a beaucoup entendu que le monde ne serait plus pareil après la pandémie. C’est sûrement vrai, mais les révolutionnaires seront déçus. Les changements prennent du temps à s’ancrer dans nos modes de vie. Mais, nous le voyons déjà, des comportements changent. Les trois bises helvétiques viendront plus rares, par exemple.
Rendez-vous dans 20 ans
Au-delà de cette anecdote, je pense que d’ici une vingtaine d’années on mesurera plus clairement les conséquences de monsieur Coronavirus et de madame Covid-19. Nous verrons alors comment le monde aura évolué et ce que la pandémie aura eu comme conséquences. Quelles soient sanitaires, économiques, sociales ou plus personnelles, c’est certain que nous ne sortirons pas indemne de cette période.
Ce petit tour historique très personnel et donc très subjectif me permet d’illustrer comment, durant la vie d’un homme, le monde change, bouge, évolue et se façonne parfois très rapidement, mais le plus souvent sur la durée. Avec le recul, les historiens arrivent à décrire des étapes, des moments clés ou des événements charnières. C’est leur travail et il est important pour mieux comprendre le monde, notre monde.
Puisque, apparemment, tous les 20 ans, j’ai la chance de vivre la grande histoire, je vous donne rendez-vous dans 20 ans pour le prochain grand événement à portée mondiale. Plus prosaïquement, je vous souhaite un bel été et vous donne rendez-vous tout bientôt pour vous partager, entre autres, ma vision lointaine des communales, et plus proches des présidentielles américaines. J’ai hâte de vous retrouver.