Percement du Gothard (1880)
Le 29 février 1880 à 11h 15, le portrait de Louis Favre passe d’un main à l’autre à travers le dernier pan du tunnel du Gothard. L’ingénieur genevois ne verra pas l’aboutissement de son chantier. À peine 20 cm de décalage entre le tube parti du Sud et celui du Nord, le travail a été parfaitement réalisé. Une rupture d’anévrisme aura empêché le soucieux Favre d’admirer son oeuvre.
Il faudra attendre encore deux ans pour que les travaux, débuté en septembre 1872, se terminent et permettent aux trains de franchir le plus long tunnel jamais creusé. En effet, les 15 km de galerie sont un défi incroyable pour l’époque. Alfred Escher, le père des chemins de fer helvétique, aura mis beaucoup d’énergie pour convaincre les autorités, les milieux ferroviaires et les milieux financiers de la pertinence de cet ouvrage.
Les conditions de travail seront très pénibles. Les ouvriers percent un peu plus de 5 mètres par jour au prix d’efforts surhumains. 307 mourront sur le chantier, sans compter ceux qui disparaîtront à cause de la silicose. Ils étaient payés entre 4 et 5 francs la journée et logés dans des baraquements à proximité du chantier.
La majorité des ouvriers provenaient du Piémont. Ce travail de pionnier a permis de grandement améliorer les techniques de forage avec l’apparition des perforatrices pneumatiques et l’utilisation de la dynamite pour remplacer la poudre noire.
L’exploitation du tunnel débutera le 1er juin 1882.