Valais Libre

25 février 2022

Dix ans au Québec – épisode 7

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 10 h 43 min
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Mon pays, ce n’est pas un pays… Mon pays c’est l’hiver !

Ces paroles de Gilles Vignault sont parmi celles qui reflètent le mieux ma région d’adoption. L’hiver est une saison qu’il faut vivre pleinement. Respirer à plein poumon lorsque la température est en dessous de -20 degrés est une sensation de plénitude que j’ai mis quelques années à connaître. Il faut que son corps s’habitue au froid avant de pouvoir inspirer pleinement.

À mon dixième hiver, je ne me laisse plus surprendre. Je sais quand apprécier le froid. Je sais attendre quelques jours avec des sorties rapides pour donner le temps à l’organisme de se faire aux conditions avant d’y aller carrément.

Ah! Comme la neige a neigé!

J’ai mis du temps à saisir ce vers du Rimbaud québécois, Émile Nelligan. Poète maudit, il deviendra fou et sera interné à 20 ans. Il mourra 41 ans plus tard sans jamais sortir de l’asile. Mais en quelques années fulgurantes, il livrera des textes extraordinaires qui parlent entre autres de son pays avec une passion folle.

La neige a neigé. Relisez cette phrase, prononcez-la à haute voix. Vous verrez que le froid pénètre en vous. Ces mots sont glaciaux. Le jour où j’écris ces lignes, la neige a neigé et j’apprécie. Même si je ne manie pas bien la souffleuse, j’ai toujours eu un contrat avec un déneigeur, je n’ai pas peur des accumulations. J’ai appris à vider mes avant-toits.

Des Québécois m’avaient dit à mon arrivée qu’il fallait résister trois hivers. Après on ne veut plus quitter le Québec. J’avais ri, j’avais parlé de mes montagnes. Mais, ils avaient raison, après trois hivers, on les aime. L’hiver de Québec n’est pas le même que l’hiver du Valais. Les deux ont leurs charmes, mais un les déploie plus longtemps.

Traverser le fleuve en hiver, surtout en bateau, en une expérience majestueuse. Et parfois longue, en janvier 2018, ça m’a pris 5 heures. Comme on le voit sur la photo, un remorqueur est venu brasser la glace pour qu’on puisse remonter le fleuve après être parti à la dérive. Source : Pierrot Métrailler

Un troisième lien qui fait débat

Dans l’actualité générale de ma région d’adoption, le troisième lien est au cœur des préoccupations politique depuis quelques années. Troisième lien, qu’est-ce que ça peut bien être? Un genre de rencontre du troisième type? Une espèce juste avant la quatrième dimension? Non, juste un serpent de mer de la politique régionale entre Québec et Lévis : un passage sous-fluvial

La question d’un tunnel sous le Saint-Laurent entre les deux villes ne date pas d’aujourd’hui, ni même d’hier. En 1970, lors de la campagne pour les élections provinciales, le Soleil, le journal local en parlait déjà. L’idée devrait normalement soit être concrétisée, soit renvoyée aux oubliettes.

Un peu de géographie

S’il n’en est rien, c’est que relier les deux villes est essentiel non seulement pour la vie quotidienne des habitants, mais surtout pour le dynamisme économique de la région. 

Imaginez, d’un côté, au sud, vous avez Lévis, une ville de 150 000 habitants. Enfin une ville, plutôt un ensemble de petites villes qui ressemblent à la plaine du Rhône. Comme si on avait fusionné toute la plaine entre Sierre et Martigny. C’est ce qui a été fait ici en 2002. La ville s’étend environ sur 40km le long du Saint-Laurent et sur 10 km de large. 

En face, au nord donc, voilà Québec, la capitale nationale. Elle compte 550 000 habitants qui se répartissent sur une surface d’à peu près 30km le long du fleuve et 15 km en profondeur jusqu’au pied des Laurentides, une chaîne de montagne qui ressemble au Jura. Entre les deux, le Saint-Laurent. Ce fleuve long de 1 000 km relie les Grands Lacs à l’océan Atlantique. À la hauteur de Québec, il est le plus étroit : 1km, mais juste en deux points distants de 10km, sinon, c’est plutôt 2km de large.

Un peu d’histoire

Avant 1917 et la construction du pont de Québec, on ne le traversait qu’en canot d’écorce de bouleau en été, creusé dans un tronc en hiver comme je vous l’expliquais la semaine dernière. L’étroitesse du fleuve faisait de Lévis et Québec une région centrale d’échanges entre les premières nations.

Puis, on décida de construire un pont à une dizaine de kilomètres à l’ouest du passage traditionnel où se trouvaient les deux centres-villes. Pour relier les deux falaises, la construction d’un pont à poutres d’acier en porte-à-faux commença en 1903, mais en 1907 alors que la partie sud avançait bien, les arches d’acier s’effondrèrent. Les travaux reprennent en 1913 et … rebelote en 1916, au moment de hisser la partie centrale, elle s’effondre. Finalement une année plus tard, le pont, alors ferroviaire, est inauguré.

Cinquante ans plus tard, une partie du pont est devenu routier, mais la circulation augmentant, il devenait urgent de prévoir un nouvel ouvrage. Il fallait alors régulièrement deux heures pour passer d’une rive à l’autre. En 1966 commença la construction d’un pont suspendu juste à côté du premier. Nul accident ici, il put être inauguré en 1970. Seulement, il a pris le nom, Pierre Laporte, d’un ministre récemment assassiné durant la première crise nationale du Québec, la Crise d’octobre.

 
Le pont de Québec, derrière qui on devine les câbles du pont Pierre Laporte a été construits entre deux falaises pour ne pas gêner la navigation. Source : Pierrot Métrailler

Un passage discuté

Cinquante ans plus tard, aujourd’hui, on parle encore d’un passage sous le fleuve. Les projets pullulent depuis quelques années. L’expression troisième lien fait partie du langage courant des populations locales. Pour animer la discussion autour d’une table un peu tranquille, il suffit de lancer : vous en pensez quoi, vous du troisième lien ?

Le ton va monter, pour certains, même plus fort que si on parle de l’indépendance du Québec. C’est dire! En dix ans j’ai entendu les projets les plus divers : un téléphérique au-dessus du fleuve, un tunnel de 20km qui ferait un détour pour une sortie sur l’île d’Orléans au milieu du Saint-Laurent à l’est de Québec, un troisième pont à côté des deux autres…

Mais celui qui rassemble le plus d’appui actuellement, c’est un tunnel sous-fluvial à l’endroit le plus étroit pour relier les deux rives. Même si le gouvernement provincial a promis la première pelletée de terre avant les prochaines élections en septembre, rien n’est moins sûr.

18 février 2022

Dix ans à Québec – épisode 6

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 11 h 58 min
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En m’installant dans la région de Québec en 2012, j’ai rapidement découvert « le plus grand carnaval d’hiver au monde ». Je vous en ai parlé la semaine dernière. Si j’étais un peu déçu du manque d’ancrage catholique de cette fête québécoise, je me suis vite réjoui de l’exotisme au rendez-vous de cet événement.

Course en raquette dans les rues du Vieux-Québec, course de calèche sur la neige des plaines d’Abraham et surtout course en canot à glace à travers le Saint-Laurent. C’est cette dernière qui a très vite attiré mon attention. Habitant à quelques pas du fleuve, je me suis vite intéressé à cette tradition locale.

Québec signifie « là où le fleuve rétrécit » du nom donné par les premières nations à cet endroit essentiel pour les échanges nord-sud. Le goulet entre Québec et Lévis et la zone la plus étroite de toute la longueur de ce majestueux seigneur qui sort des Grands Lacs pour se déverser un gros millier de kilomètres plus loin dans l’océan Atlantique.

C’est donc entre Lévis et Québec que depuis toujours le passage est le plus facile. Surtout en été où le canot permet un passage aisé jusqu’à l’invention du traversier pour plus de passagers. Par contre, en hiver, tout se complique. Les glaces bien présentes, mais ne formant que rarement un pont complet à cause des marées sont un écueil parfois infranchissable.

Pas pour les fiers habitants de la région qui ont inventé le canot à glace creusé dans un tronc solide. Il faut les voir glisser sur les glaces, sauter dans les trous d’eau, remonter les pics gelés pour dompter le fleuve. J’ai tout de suite été admiratif devant ces athlètes accomplis qui aujourd’hui perpétuent une tradition millénaire.

La compétition est chaudement disputée sur les glaces du Saint-Laurent. Source : Pierrot Métrailler

Le « convoi de la liberté »

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 54 min
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Le Canada a fait partie dernièrement des nouvelles tout autour du monde. Le « convoi de la liberté » qui a déferlé sur la capitale Ottawa a suscité des émules un peu partout. Malheureusement, cette Liberté criée si fort ne méritait pas un tel déferlement. Mais pourquoi ce mouvement est-il parti du si calme Canada?

« Près de 46 % des Canadiens ont laissé entendre qu’ils comprenaient la frustration des manifestants du « convoi de la liberté » qui prend de l’ampleur partout au pays, mais ont affirmé qu’ils ne sont pas pour autant en accord avec les tactiques employées, selon un récent sondage de l’institut Ipsos. »

Une société divisée

Ce constat fait par le Journal de Québec, laisse songeur. Il dit aussi que 54% des personnes sondées ont estimé que les manifestants ne « méritent aucune de nos sympathies » et que ce qu’elles « ont dit et fait est mal ». Il faut dire que les mots utilisés sont plutôt forts.

« Fuck Trudeau » et « dictature » venaient en tête dans une logorrhée proche des meilleurs partisans de Trump du sud de la frontière. Ce langage n’est pas courant au Canada et en a choqué plus d’un. Nous sommes habitués à plus de mesure, à plus de respect des institutions et des personnes qui les représentent.

Les slogans n’étaient pas les plus subtils à Ottawa. Source : Maxime Brindle / Bell Média

Un pays obéissant

« Le Canada a l’un des niveaux de vaccination les plus élevés, donc les Canadiens ont écouté et se sont conformés, pourtant nous sommes toujours bloqués. Ils ont l’impression d’avoir fait ce qu’on leur a demandé de faire et ils pensent que nous ne sommes toujours pas sur la bonne voie », a expliqué M. Bricker, le directeur de l’institut Ipsos dans les colonnes du Journal de Québec.

Et c’est là que le bât blesse. Après cette acceptation de mesures souvent drastiques, la frustration n’a fait que monter. Des colonnes de camions sont parties de toutes les régions du pays. D’un océan à l’autre, la devise du Canada, n’a que rarement été aussi éloquente. De Vancouver à Halifax en passant par le Nord, la mobilisation a été forte.

Un déclencheur venu du Sud

Ce mouvement n’a pourtant pas été spontané. Il est une réponse à l’obligation pour les chauffeurs de camion d’être vacciné pour franchir la frontière entre les États-Unis et le Canada. Ils sont nombreux ceux qui gagnent leur vie dans des aller-retour incessants entre les deux pays.

La mobilisation a rapidement pris de l’ampleur. Il fallait voir les foules amassées sur les ponts d’autoroute pour saluer joyeusement le passage du convoi. Dans mon coin, on se serait cru sur un pont fribourgeois saluant la montée des Valaisans sur Berne pour conquérir une nouvelle Coupe de Suisse.

Une capitale dépassée

Les meneurs ont choisi Ottawa et sa colline parlementaire parce que la ville a paradoxalement moins l’habitude des grosses manifestations que des métropoles comme Toronto ou Montréal. Leur calcul a été très juste. Ce qui ne devait être qu’une fin de semaine de perturbation est rapidement devenu une occupation.

En laissant des monstres routiers, il faut voir la taille des camions, s’installer au centre-ville, la police s’est très vite retrouvée devant une impasse. Comment faire partir des gros bras très bien organisés ? Après quelques jours, on a bien tenté de couper les colonnes de ravitaillement, mais en vain. Les hurlements des klaxons ont très vite exaspéré une population prise au piège.

Québec fait mieux

Ensuite, les manifestations se sont multipliées à travers le pays. À Québec, c’est le samedi d’ouverture du Carnaval qui a vu le « convoi de la liberté » venir se faire entendre dans la capitale. Ils étaient attendus. La police a pris les devants en négociant avec les leaders.

Elle a également bloqué l’accès avec des véhicules lourds, ne permettant qu’aux piétons de venir devant le Parlement. Ainsi on a vu, entre l’Assemblée nationale et le Palais de bonhomme (lire ci-dessous) une joyeuse troupe s’agiter quelques heures avant de bien sagement rentrer à la maison.

11 février 2022

Dix ans au Québec – épisode 5

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 11 h 31 min
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Dans le cinquième texte de ma saga de 2012, je vous parlais de ma découverte du Carnaval de Québec. Le plus grand carnaval d’hiver au monde ! Comme le proclame fièrement la ville, la manifestation a fière allure. J’y suis retourné plusieurs fois depuis, mais pas chaque année. Il me manque un petit quelque chose.

Car dans ma vie d’avant le Québec, je ne ratais jamais une édition. Pas que je sois un fervent des déguisements, non, on m’a toujours reconnu. Parfois une douteuse perruque rose pour encourager le FC Sion, mais pas plus de folie. En revanche, le rendez-vous du jeudi soir à Savièse est vite devenu un incontournable.

Partager un verre, deux, trois … avec des amis connus ou inconnus a toujours été un moment intense. Je ne sais pas si c’est parce qu’au Québec le carnaval n’a plus de lien avec la religion… Quoi vous ne savez pas que le carnaval est étroitement lié au calendrier chrétien d’occident ? Bon j’explique.

 Si la date du carnaval n’est jamais la même, c’est parce qu’elle dépend de Pâques. Pâques qui se fête le premier dimanche après la première lune de printemps. Avant Pâques, il y a la semaine sainte et le carême. Et avant le carême, il y a le Mardi gras. Le dernier jour du carnaval qui a commencé le Jeudi gras. Vous me suivez ? Bon, pour les questions théologiques, vous trouverez un autre prof.

Le carême vient juste après le Mardi gras pour qu’on puisse arrêter de boire 40 jours… pour se remettre. Ici en Amérique du Nord, comme on ne boit pas à carnaval … ou peu, on a inventé de Dry January pour arrêter de boire. Ce n’est que 31 jours. Malin les Américains.

Bref, si je ne vais pas souvent au Carnaval de Québec, j’ai quand même eu l’occasion de rencontrer bonhomme Carnaval. La mascotte de la ville visite fièrement les différentes manifestations de la région. Il y a quelques années, il est venu au curling et j’ai pu jaser avec lui. Non, je ne vous dirais pas de quoi, c’est un secret.

Bonhomme Carnaval, de passage au club de curling Etchemin. Source : Pierrot Métrailler

Une marmotte à la place des crêpes

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 28 min
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Le 2 février, c’est la Chandeleur ou la journée de crêpes en Valais. En revanche, en Amérique du Nord, c’est le jour de la marmotte. Le jour où l’on saura enfin quand arrivera le printemps. Alors aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler de météo. Un sujet un peu plus léger fait du bien de temps en temps.

« Fred, la marmotte de Val-d’Espoir en Gaspésie, a vu son ombre, ce qui, selon la légende, signifie que l’hiver durera encore six semaines de plus. » La Presse du 3 février ne laissait planer aucun doute. J’en ai encore pour un mois et demi de température glaciale et de neige. J’aime l’hiver, je vais être servi.

Des prévisions depuis bientôt 150 ans

« Mardi dernier, le 2 était la Chandeleur, le jour où selon la tradition allemande, la marmotte jette un coup d’œil hors de son terrier. Si elle voit son ombre, elle retourne se coucher pour six semaines de plus, mais si la journée est nuageuse, elle demeure à l’extérieur, car le reste de l’hiver sera doux ». 

Ces mots repris et traduits du journal personnel de James Morris, un commerçant du comté du comté de Berks en Pennsylvanie sont datés du 5 février 1841. Ils sont la plus ancienne mention connue de cette tradition en Amérique du Nord. Le très sérieux site MétéoMédia parle, lui, d’un événement qui aurait débuté en 1887.

Laissons cette querelle aux historiens et notons simplement que des traditions comparables ont été relevées. Dans les Pyrénées, ce serait l’ours qui faisait la météo. Dans le Limousin le loup, en Lorraine la loutre ou encore en Irlande le hérisson jouait ce rôle essentiel. Tous ces animaux « dormeurs » regardaient le ciel et s’il était dégagé, il retournait se coucher.

Quatre marmottes valent mieux qu’une

Si Fred, la marmotte québécoise a vu son ombre et est donc, retournée se coucher, elle n’est pas la seule à être en vedette le 2 février. En Ontario, à Wiarton, Willie, la marmotte locale, elle n’a pas vu son ombre et promet donc un printemps hâtif. Il faut donc trouver le moyen de départager ces irréductibles opposants. Le Québec et l’Ontario ne sont bien jamais d’accord.

La Nouvelle-Écosse pourrait prononcer un verdict définitif. En effet, Shubenacadie, Sam, la vedette du coin a vu son ombre et prédit un long hiver. La tendance est donnée. Les Américains vont finalement clore ce débat. À Punxsutawney en Pennsylvanie où est née cette tradition en Amérique du Nord, Phil la célèbre marmotte n’a pas vu son ombre. Le débat est tranché.

D’autant plus que Willie n’est pas des plus fiable, comme les Ontariens ai-je envie d’ajouter. L’année dernière, elle n’est pas sortie de son trou. Les notables locaux avaient alors lancé leur chapeau de feutre en l’air pour respecter la tradition et annoncer un printemps hâtif. Toutefois, quelques mois plus tard, la mairesse du coin avait admis piteusement que Willie était décédé d’une infection. On pardonnera donc à la néophyte de s’être trompée.

Phil, la marmotte de Pennsylvanie a annoncé un printemps tardif. Elle est une vraie star dans sa région. Source : Le Soleil

Des marmottes plus drôles que des messes

Lorsque je parle de la Chandeleur ici au Québec, je dois toujours expliquer que c’est une fête religieuse. Mes amis n’en reviennent pas que nous ayons toujours des congés, des traditions intimement liées à la religion. La laïcité règne en maître. Et jamais on ne verra un jour férié à cause de la religion.

En pensant à la Chandeleur, je ne peux m’empêcher de penser à ma commune natale de Savièse. Je ne sais pas si le Conseil communal va toujours incorpore à la messe. Ça a valu de belles discussions autour de la table du parti à une époque. J’ai toujours perdu et nos représentants se sont toujours assis avec leurs collègues dans l’aile à droite du prêtre.

C’est peut-être pour ça que le parti d’Entente est mort depuis…

4 février 2022

Dix ans au Québec – épisode 4

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 11 h 15 min
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« Ixworth, la sonorité du nom nous plonge dans l’atmosphère mystérieuse d’un film à sensations ou d’une série télévisée au suspens d’enfer. Ixworth est perdu dans la forêt québécoise. Un îlot de clarté au centre d’un décor féérique, majestueux, mais quelque peu inquiétant où les traces de vie se raréfient à mesure que l’on s’éloigne de Sainte-Onésime, le dernier village sur la route. »

Le premier paragraphe de mon texte du 26 janvier 2012 sonne comme le début d’une aventure mystérieuse. Dix ans plus tard, j’ai le sourire aux lèvres en repensant à cette expédition qui m’apparaissait comme extra-terrestre à l’époque. Le relai de motoneige est toujours à sa place. Les propriétaires ont changé et ça fait longtemps (7 ans) que je n’y suis plus allé.

Il faut dire que malgré mon enracinement au Québec, la motoneige ne fait pas partie de ma vie. J’ai des amis qui, chaque hiver, parcourent des milliers de kilomètres au guidon de ces engins de plus en plus sophistiqués et confortables. J’ai fait une sortie au guidon d’une de ces machines et je n’en suis pas descendu emballé. Je laisse aux amateurs des sensations trop fortes pour moi.

Non, ce qui m’a attiré dans la motoneige c’est son histoire et des anecdotes. J’en ai découvert une alors que j’écrivais la biographie de Me Guy Bertrand. L’avocat aujourd’hui très connu au Québec est né à Sainte-Lucie-de-Beauregard. Rien que le nom est une ode à la nature québécoise. Ce petit village près de la frontière américaine, perdu dans les contreforts des Appalaches est loin de tout le confort moderne.

En 1947, le petit garçon âgé de neuf est victime d’une péritonite aiguë. L’ambulance la plus proche est à Montmagny à plus de soixante kilomètres. En hiver, aucune route n’est alors praticable pour descendre vers le fleuve. Heureusement, la seule snowmobile du village, l’autoneige en français, qui appartenait au maire va sauver le petit garçon (qui était aussi le fils du maire).

Comme quoi les loisirs d’aujourd’hui étaient parfois bien plus que de simples divertissements.

Une autoneige du temps de la jeunesse de Me Guy Bertrand. Source : Musée J. Armand bombardier

Il faut sauver le système de santé

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 08 min
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À l’aube de la troisième année de la pandémie, le Québec n’a plus qu’une idée en tête : comment sauver le système de santé. Le Covid-19 a ravagé un milieu déjà fragile et personne n’est aujourd’hui en mesure de dire comment il s’en remettra. Né avec la Révolution tranquille qu’a connue le Québec dans les années soixante, le système se voulait universel. Tous égaux devant la santé. Il a besoin d’un bon ravalement ou peut-être d’une nouvelle révolution.

« Si les mesures sont plus sévères au Québec, c’est pour une seule raison : protéger un système de santé plus fragile qu’ailleurs. » Le professeur d’université et chroniqueur au Journal de Québec, Joseph Facal est clair dans son propos. La province souffre d’insuffisance sanitaire et il en paie actuellement le prix.

L’hôpital de Lévis n’est pas mieux loti que les autres du réseau. Source : Pierrot Métrailler

Au temps de la Révolution tranquille

La mort, le 7 septembre 1959, du premier ministre Maurice Duplessis qui a régné 19 ans sur le Québec (1936-1939 et 1944-1959) et l’élection de Jean Lesage en 1960 marque la fin de la « Grande noirceur » et le début de la « Révolution tranquille ». En quelques années, le Québec allait passer d’un état « clérical » à un état moderne.

« C’est le temps que ça change », le slogan de campagne du libéral Jean Lesage allait vite mis en action. En quelques années, le visage du Québec allait radicalement changer : Réforme de l’éducation, création d’hôpitaux publics, puis, après des élections anticipées en 1962 que Lesage gagne avec le slogan « Maître chez nous », nationalisation des ressources naturelles et notamment de l’électricité avec la création d’Hydro-Québec.

Un véritable système de santé

Jusque-là aux mains des institutions religieuses, les hôpitaux deviennent publics. Après diverses réformes, dans les années 70, « le système de santé québécois devient universel et dispense des soins gratuits aux résidents du Québec. Son financement est administré par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ, prononcer ‘rame Q’). 

Les services de santé et les services sociaux sont intégrés au sein d’une même administration. Les principes fondamentaux en sont l’universalité, l’équité et l’administration publique. Le système de santé québécois est public, ce qui signifie que l’État agit comme principal assureur et administrateur, et que le financement est assuré par la fiscalité générale. Ceci permet d’assurer l’accessibilité aux soins, peu importe le niveau de revenus du patient. » (Wikipédia)

Un système aujourd’hui très malade

« La gestion hypercentralisée du système de santé nuit à la qualité des soins dispensés à la population et est en grande partie responsable des maux qui menacent l’intégrité du système sur plusieurs fronts : pénurie de personnel, démotivation du personnel, délocalisation des services, débordements et fermetures des urgences, listes d’attente qui perdurent en chirurgie, etc. »

Ce diagnostic n’est pas le mien, mais celui de près de 800 médecins qui pratiquent dans toutes les régions du Québec. Ils exprimaient cet avis dans Le Devoir du 15 juillet 2021. Au nom du Regroupement québécois de médecins pour la décentralisation du système de santé (RQMDSS – le milieu de la santé adore les acronymes imprononçables) ils demandaient une réforme rapide d’un système qui doit mieux écouter ses praticiens.

Un coup de pied dans la fourmilière 

Si je partage le diagnostic de ces médecins, je ne suis pas sûr que leurs remèdes soient suffisants. Il est évident que la centralisation québécoise, si elle a produit un effet bénéfique au départ, pour moderniser un système d’un autre temps, est aujourd’hui, à son tour, obsolète. La bureaucratie, inhérente à tout système contrôlé du haut vers le bas, a bientôt terminé son œuvre. Elle a complètement phagocyté la structure.

Pour vaincre cette bureaucratie qui paralyse toutes velléités de réforme, il faut un énorme coup de pied dans la fourmilière. Heureusement, la pandémie est une occasion unique et rare de pouvoir envisager des changements drastiques, mais salvateurs. « Nous entrevoyons la sortie du tunnel, mais le train est passablement magané. » Le dernier constat du premier ministre François Legault est très juste.

Saura-t-il, osera-t-il maintenant refondre totalement et sur d’autres bases un système qui mérite les plus grands soins ?

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