Valais Libre

28 Mai 2022

Dix ans au Québec – épisode 19

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 58 min
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Il y a dix ans, l’ancien enseignant que j’étais assistait pour la première fois à un spectacle d’élèves d’une école secondaire québécoise. Invitée par une amie de ma blonde, je découvrais le fonctionnement d’une école secondaire 3 à 5. Au Québec, il y a une année de préscolaire (enfantine en Valais), six ans de primaire, puis cinq ans de secondaire.

Sans travail à mon débarquement québécois, je me suis intéressé à reprendre du service dans la belle province. Diplôme de l’École normale de Sion, licence en sciences de l’éducation de l’Université de Dijon, je pensais naïvement que j’allais facilement pouvoir au moins faire des remplacements. Que nenni ! On me demandait de faire un cours de français ou de math à l’université (cours que je n’avais pas fait dans mon cursus) pour pouvoir recevoir le permis du ministère.

Face à ces conditions, je me suis retrouvé barman, journaliste pigiste, guide touristique et biographe, dans l’ordre et en cumul. Le parfait bonheur. L’enseignement ne me manquait pas, même si les directeurs successifs de ma blonde insistaient régulièrement pour que je refasse des démarches, car ils avaient un besoin pressant de remplaçants. Trop de complications administratives pour moi.

Lorsque la pandémie est arrivée, les choses ont changé brusquement. Mes occupations nouvelles ont cessé et l’école s’est retrouvée en crise par manque de personnel. Sur l’insistance de l’amie de ma blonde, j’ai accepté de faire des remplacements de français dans son école. Miraculeusement, on m’accordait le droit d’enseigner sur simple préavis de la direction de l’école.

Je me suis amusé durant six semaines à écrire un journal avec des élèves de cinquième secondaire (niveau troisième ou quatrième du collège). Beaucoup de travail, mais un très beau résultat. Un magazine 32 pages avec différents styles d’articles. La directrice m’a immédiatement proposé un poste pour la rentrée 2021/2022. Quelques autres remplacements dans des degrés inférieurs ont vite tranché mes hésitations. Je n’avais plus envie d’enseigner.

ESLE – Ecole secondaire les Etchemins – où j’ai pris plaisir à enseigner le français. Source : ESLE

27 Mai 2022

« Ils échangeaient des courriels pendant que des gens mouraient »

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 56 min
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5000 morts durant les premiers mois de la pandémie en 2020, le Québec a été très fortement meurtri par l’arrivée de la Covid 19. L’immense majorité de ces morts étaient hébergés en maison pour personnes âgées. Deux ans plus tard, le rapport de la coroner Géhane Kamel livre une analyse sans concession sur la gestion de ce début de crise.

« Si je devais mettre une note au gouvernement pour la gestion de la pandémie jusqu’ici, je nous donnerais un A », cette déclaration un peu hautaine du premier ministre québécois François Legault risque de lui coller à la peau. S’il est vrai qu’à partir de l’été 2020, la situation a été bien contrôlée, rien ne pourra réparer l’hécatombe initiale.

Lors des conférences de presse quotidiennes des premiers temps, le premier ministre offrait ses condoléances chaque jour aux familles endeuillées. Mais le lourd bilan était régulièrement commenté en disant : « oui, mais la presque totalité de ces morts survient en CHSLD ». Les Centres d’hébergement et de soins de longue durée ont été le talon d’Achille du système sanitaire québécois.

La coroner Géhane Kamel lors de la présentation de son rapport. Source : Photo: Josie Desmarais/Métro

« Personne n’a pris la situation en charge »

« Que ce soit le Ministère, que ce soit les propriétaires, que ce soit le CIUSS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, les acronymes du domaine de la santé au Québec sont aussi compliqués que les organigrammes…), personne n’a pris la situation en charge. Il y a eu beaucoup d’échanges de courriels, mais pendant ce temps, des gens mourraient, des gens étaient déshydratés, des gens étaient dans leurs excréments ».

Les narrations de la coroner font froid dans le dos. Les scènes décrites ne sont pas dignes d’une démocratie moderne et développée. On se croirait dans un autre temps ou dans une région des plus défavorisées du monde. Géhane Kamel a analysé en détail six circonstances particulières, mais la redondance des constats est accablante. Chaque situation se ressemble.

Un système compliqué sans responsable.

« Dès maintenant, chaque établissement aura une direction imputable de ce qui se passe entre ses murs », le ministre de la Santé Christian Dubé a été très clair lors de sa prise en main du ministère. Venant du monde des affaires, ils voulaient changer le mode de gestion de la santé au Québec. 

La pauvre Danielle McCann qui tenait les rênes du ministère au moment où la crise a éclaté collait trop bien au fonctionnement habituel. Travailleuse sociale, puis administratrice, elle était issue du sérail. Elle aura donc été la figure d’un système qui n’a pas été à la hauteur du défi.

Malheureusement, elle est arrivée au mauvais moment, car les médecins qui l’ont précédée comme ministres de la Santé n’ont pas fait mieux. Pire, ils ont tellement compliqué le système, fait grossir l’administration et le corporatisme que la faillite ne pouvait qu’être au rendez-vous.

Des chefs pas au courant

« Pour moi c’est un grand mystère encore aujourd’hui. Pour moi, c’est impossible qu’il n’ait pas été au courant. Si effectivement il n’était pas au courant, on a un sérieux problème. Avoir des mesures de soutien pour une aussi longue période dans une résidence privée et qu’un PDG ne soit pas au courant, ça me sidère. »

La coroner reste bouche bée devant les déclarations de Daniel Paré. Le responsable de la vaccination si bien orchestrée au Québec était auparavant le PDG d’un CIUSS qui supervisait un des établissements sous enquête. Son ignorance de ce qui se passait sous sa responsabilité stupéfie. Pourtant, le jour même de la sortie du rapport, le ministre actuel de la Santé lui renouvelait sa confiance.

C’est dire si les réformes prévues semblent mal engagées. Christian Dubé paraît avoir insufflé une nouvelle dynamique. Il veut simplifier la hiérarchie, régionaliser les compétences et surtout, rendre responsables les chefs à tous les étages. Mais, en faisant les louanges d’un directeur qui a failli lourdement dans sa tâche précédente, il ne donne pas forcément le bon signal.

21 Mai 2022

10 ans au Québec – épisode 18

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 9 h 28 min
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Il y a dix ans, je découvrais avec admiration et stupéfaction la diversité monopolistique du marché du vin au Québec. D’un côté, une variété infinie de produits de toutes provenances et de l’autre, une obligation d’aller dans un magasin d’État pour se procurer une bonne bouteille. 

Aujourd’hui, je ne suis pas plus convaincu par le système. Pire, la pandémie a montré combien il est élitiste. D’abord pour les employés qui ont des conditions de travail idéales. Bien syndiqués, ils bénéficient de protections enviées. Ils ont même réussi à faire retarder la reprise des bouteilles vides pour ne pas avoir trop d’efforts à faire.

Comment leur en vouloir quand leur employeur est d’accord ? Ils ont aussi eu droit aux meilleures protections durant la Covid. Les files étaient interminables devant les succursales. Sans concurrence, ils ne craignaient pas de perdre des clients. Ils contingentaient sans scrupule le nombre de personnes par mètre carré.

Bon, ne tirons pas sur une ambulance. Le vin est cher au Québec, mais on trouve du bon qui vient d’ailleurs, même de Suisse.

20 Mai 2022

Quel nouveau chef pour les conservateurs canadiens?

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 5 h 25 min
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Les présidents de partis politiques en Suisse ont une importance, mais elle est toute relative. Tout le contraire au Canada où le système politique britannique fait des chefs de partis des êtres tout puissants. Le Parti conservateur du Canada (PCC) cherche actuellement son nouveau leader. Il risque bien de devenir un jour premier ministre ou d’entraîner son parti dans l’abîme.

Le 10 septembre prochain, le PCC choisira son nouveau chef ou cheffe. Ils sont six candidats, dont une femme, sur la ligne de départ pour succéder au malheureux Erin O’Toole qui n’a pas survécu à sa défaite électorale 2021 et aux premiers mois plus que discrets de la nouvelle législature.

Pour entrer dans la course, il fallait récolter 300 000 $ de dons et 500 signatures de membres dans les provinces. Ensuite, les candidats ont jusqu’au 3 juin pour vendre des cartes de membres du parti. Seuls les membres pourront voter en septembre. Après trois défaites électorales, le PCC doit impérativement gagner la prochaine élection fédérale en 2025.

Jean Charest et Pierre Poilievre sont les deux favoris au poste de chef du Parti conservateur du Canada. Source : La Presse.

Un favori populiste

Des six papables, seule la femme Leslyn Lewis pourrait causer une surprise. Représentante de l’aile sociale et religieuse, elle a déjà tenté une fois sa chance. Avec un résultat honorable, elle a étonné. Surtout, elle occupe une place que le grand favori Pierre Poilievre ne peut occuper entièrement pour rester premier ministrable.

En effet, le député ontarien né en Alberta est un populiste, mais il sait qu’au Canada, il ne peut pas aller aussi loin que Donald Trump s’il veut avoir une chance d’être élu. La question de l’avortement par exemple est extrêmement sensible. Il ne veut pas toucher à cette problématique. Ce qui ne l’empêche pas de faire feu de tout bois contre la bien-pensance. La banque du Canada en sait quelque chose.

Un multiculturaliste qui brouille les pistes

Prêt à engager l’OTAN dans une guerre aérienne en Ukraine, en faveur d’une réconciliation avec les autochtones en espérant qu’ils acceptent de nouveaux pipe-lines sur leur territoire, Patrick Brown courtise surtout les minorités religieuses. Un Canada « post national » à la Trudeau ne lui fait pas peur.

Très opposé à la politique québécoise, il fait partie de l’aile du Parti conservateur qui pense que le Québec est une terre perdue pour eux et qu’ils peuvent gagner des élections sans la belle province. Il tente de faire passer Pierre Poilievre pour un raciste parce qu’il a osé demander aux premières nations de valoriser l’effort. Il tire de tout côté, mais n’arrive qu’en troisième position des prétendants.

Le Québécois membre de l’élite

Au moins, il a en a une chance de gagner, contrairement à Scott Aitchison et Roman Baber qui sont aussi sur la ligne de départ sans qu’on sache trop pourquoi. Reste Jean Charest, l’ancien premier ministre du Québec (2003 – 2012). Libéral au Québec, conservateur au Canada, rien de surprenant ici, les partis provinciaux et fédéraux n’ont pas de liens, il se veut le candidat qui pourra gouverner.

Il l’a déjà fait au Québec, il rêve de le faire au Canada. Il connaît bien la scène fédérale puisqu’il a été brièvement vice-premier ministre du pays en 1993, puis chef du Parti progressiste-conservateur, un des ancêtres du PCC entre 1993 et 1998. Il fait un retour qui ne plaît pas à tous les conservateurs, mais ceux qui veulent retourner au pouvoir vont miser sur lui, car il est le seul susceptible d’élargir la base du parti. Il doit vendre beaucoup de cartes de membres pour l’emporter.

L’été sera chaud pour les conservateurs, les débats ont commencé. Leur avenir est en jeu. Beaucoup, et j’en fais partie, pensent que le Canada n’est pas près d’élire un petit Trump. Justin Trudeau, le premier ministre libéral, est le plus grand supporter de Poilievre. Il pourrait bien être son fossoyeur.

15 Mai 2022

10 ans au Québec – Chapitre 17

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 12 h 24 min

Il y a dix ans, à cette période, je terminais ma première saison de curling au Québec. Une décennie plus tard, je mets un terme à la dixième avec un plaisir décuplé par rapport au début. Le curling m’a permis de me sentir un vrai Québécois. Surtout, il m’a permis de me faire accepter comme Québécois.

S’intégrer dans une nouvelle région dans un nouveau pays est toujours un défi. J’avais la chance d’arriver sur une terre très peu hostile. Je connaissais la langue. La culture était semblable à mes origines. Un territoire forgé historiquement par le catholicisme n’était pas vraiment étranger pour moi.

De plus, je connaissais du monde. Celle qui n’allait pas tarder à devenir mon épouse, sa famille et son cercle d’amis furent des contacts essentiels au départ. Mais, il en faut plus pour une intégration réussie. Il faut réussir à faire partie de la vie d’une communauté. Et ça, c’est le curling qui me l’a permis.

En dix ans, je suis passé de l’inconnu qui remplaçait de temps en temps dans la ligue du vendredi matin au Suisse que tout le monde connaît. Je suis devenu un incontournable du club. D’accord, mes talents de joueurs ne m’ont pas permis d’attirer l’attention des sélectionneurs nationaux, mais ce n’est pas ça qui compte.

Serveur au bar dans les ligues de jour, puis à peu près tous les soirs, j’ai assez rapidement connu la majorité des 500 membres du Club de curling Etchemin. Mais, ce sont mes activités bénévoles de gestionnaire des glaces et des locations qui m’ont rendu incontournable. Je décide si oui ou non une glace est libre, si oui ou non une équipe peut s’entraîner à l’heure choisie. Bon d’accord, 99 fois sur 100 c’est oui. M’enfin, je gère.

Avant de venir au Québec, j’étais persuadé que l’intégration était une interaction entre l’arrivant et le résident de longue date. Aujourd’hui, c’est une certitude: c’est en se côtoyant, en partageant des activités qu’on se connaît, qu’on s’apprécie, qu’on s’accepte.

Je porte même les couleurs du Québec au curling. Source : Pierrot Métrailler

14 Mai 2022

On embauche ! Oui, mais qui ?

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 12 h 23 min
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Les affiches « on embauche » ou « recherche » pleuvent devant les ateliers ou les commerces québécois. J’en ai vu dès mon arrivée dans la province il y a dix ans, mais depuis quelques mois, elles sont partout. Le bas taux de chômage explique cette situation, mais ce n’est pas la seule raison. 

« Creux historique du taux de chômage au Québec, à 3,9% en avril », ce titre est dans toute la presse. Depuis 1976, date où l’on recense mensuellement le taux de chômage au Canada, il n’a jamais été aussi bas. Il est de 5,3% au Canada, aussi un record historique.

Les annonces d’emplois pullulent. Source : canac.ca

Pénurie de main-d’œuvre

Déjà avant la pandémie, le Québec vivait dans une pénurie de main d’œuvre. Selon l’Institut du Québec (www.institutduquebec.ca), au troisième trimestre 2019, il y avait 137 530 postes vacants dans la province. Deux ans plus tard, si le marché du travail québécois s’est presque entièrement remis des dommages causés par les premières vagues de la pandémie, la pénurie s’est aggravée.

Il y avait 238 140 postes vacants à la fin de l’année 2021. L’hébergement, restauration est le secteur où le manque de personnel se fait le plus cruellement sentir presque à égalité avec les soins de santé et l’assistance sociale. Dans ces deux secteurs, il y a presque 40 000 postes vacants (rappelons que le Québec a une population pratiquement égale à la Suisse).

Les secteurs manufacturier et du commerce de détail avec près de 30 000 emplois vacants chacun suivent de près. Ces 4 secteurs sont les plus durement frappés par la pénurie de main d’œuvre. Ils pressent le gouvernement d’agir pour trouver des solutions.

Que faire ?

Même s’il y a 1,1 personne au chômage pour chaque emploi vacant, les solutions ne sont pas simples. Ni les formations ni l’employabilité des chômeurs ne correspondent avec les emplois vacants. En 2016, alors qu’on parlait de plein emploi au Québec, il y avait 4,1 chômeurs par poste vacant et, en 2018, au début de la crise, 2,1.

Je le disais depuis longtemps, la première mesure à prendre était la hausse des salaires. En effet, lorsque j’ai commencé à travailler au Québec, le salaire minimum était de moins de 12$ (9CHF) de l’heure. Il approche maintenant les 15$. Les employeurs ont compris.

Mais, il reste encore beaucoup trop d’emplois précaires au Québec. Des emplois sur appel, des emplois dans la restauration rapide ou dans le tourisme qui ne permette qu’à peine aux employés de vivre. Avec la pandémie, beaucoup se sont détournés de ces emplois.

La question de l’immigration

Le secteur patronal, comme les partis politiques parlent beaucoup d’augmenter les seuils d’immigration pour pallier à cette pénurie de travailleurs. La solution semble miraculeuse. Pour les uns c’est un moyen facile de trouver de la main d’œuvre bon marché, pour les autres de renforcer l’aspect francophone en favorisant les immigrés maîtrisant la langue.

La question nationaliste n’est jamais loin au Québec. D’autres dans le même camp, redoute qu’un afflux d’immigrés n’enterre à jamais l’espoir de l’indépendance du pays. Les sondages montrent que les immigrés, même francophones, sont en grande majorité fédéraliste. Ils viennent au Canada. Mais, je connais des exceptions.

Quoi qu’il en soit, les Québécois rêvent en couleur lorsqu’ils parlent des travailleurs étrangers. Tout d’abord, la question est dans les mains du gouvernement d’Ottawa, c’est le fédéral qui décide en fin de compte, même si le Québec a reçu le privilège de pouvoir trier ses immigrants. La décision finale appartient toujours à Immigration Canada.

Ensuite, quand les travailleurs sont enfin arrivés au Québec, leur chemin de croix n’est pas terminé. Il faut qu’il puisse obtenir un permis de travail. Et là, je ne parle pas de la Résidence permanente (l’équivalent de la « Green Card » américaine). Non, je parle de la reconnaissance par les pairs. Le Québec est corporatiste. Chaque corps de métier gère ses autorisations, les équivalences, les stages nécessaires avant de travailler,etc.

Mais c’est une autre histoire, trop longue ici…

6 Mai 2022

Dix ans au Québec – épisode 16

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 16 h 07 min
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À cette époque, il y a dix ans, je visitais le Salon du livre de Québec. Je ne me doutais pas alors que quelques années plus tard je serais invité comme auteur. Ma rencontre avec Me Guy Bertrand aura permis de réaliser ce rêve. Mais, c’est surtout mon passage au Salon du livre de Genève qui m’aura permis pour la première fois de me sentir comme un écrivain.

J’ai dû cette joie à une autre rencontre, celle de Claude Lonfat. Si j’ai connu l’aveugle saviésan qui habitait à quelques kilomètres de chez moi, c’est grâce au Confédéré. En effet, à la sortie de son livre témoignage, Soleil noir, j’ai écrit un portrait de ce personnage haut en couleur. De fil en aiguille, une amitié, puis un livre sont nés.

Avec mon ami Claude Lonfat lors d’une dédicace à la Liseuse. Source : Pierrot Métrailler

Cette première expérience d’écriture presque forcée par mon ami persuasif en a amené bien d’autres. J’en suis aujourd’hui à dix. 

Romans policiers, essais, livres pour enfants, livre d’histoire et biographies font le compte. Un départ, un déménagement, une vie dans un autre pays, dans un autre continent, tout est occasion d’un nouveau départ. À mon arrivée au Québec, j’ai eu du temps pour réaliser mon rêve d’adolescent avant que le tourbillon de la vie me rejoigne.

Dix ans au Québec, dix livres, tout n’a pas été linéaire, mais c’est un premier bilan positif. Encore faut-il durer. En juin, mon dernier né aura deux ans. Il est temps que je m’y remette. Je sens que mon prochain (long) passage en Valais saura me faire retrouver de l’inspiration. Car son pays est toujours plus beau quand on y revient.

« Il n’est pas mort, lui? »

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 04 min
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Cette petite phrase symbolise parfaitement l’état d’esprit du premier ministre du Québec. À quelques mois des élections provinciales, François Legault tombe dans le piège qu’il dénonçait lui-même en début de mandat : l’arrogance. Il faut dire que les sondages lui prédisent presque un balayage des sièges de l’Assemblée nationale.

Le premier ministre a formellement retiré ses paroles désobligeantes, le lendemain de leur émission. Attaqué de toute part, voyant que sa blague ne passait pas, François a fait amende honorable. Pourtant, le député Pierre Arcand qu’il désignait par sa phrase désormais célèbre est un ami de longue date. Privé de parole depuis trop longtemps par sa cheffe, le chef du gouvernement voulait simplement saluer sa renaissance.

Les dangers de l’arrogance

Quelques jours après sa brillante élection du 18 octobre 2018, François Legault avait mis en garde ses troupes de « la tentation de l’arrogance ». Il ne voulait pas tomber dans le piège de ses prédécesseurs libéraux facilement condescendants et supérieurs face à leurs adversaires.

Même s’il a brillamment maîtrisé son début de mandat, ramenant parfois à l’ordre certains de ses ministres, la suite fut plus compliquée. Il faut dire que la pandémie a largement contribué à cette dérive en l’isolant à la tête du pouvoir. Deux ans à gouverner en situation de crise où l’opposition n’avait que peu l’occasion d’intervenir lui ont fait perdre ses bonnes intentions.

Une opposition acculée

Pour ne rien arranger à la supériorité de la Coalition avenir Québec (CAQ), parti au pouvoir, ses adversaires sont affaiblis comme jamais. Le Parti libéral du Québec (PLQ), première opposition est à son plus bas historique. Jamais en plus de 150 ans, il n’a été aussi faible. Même ses plus fidèles appuis, les anglophones du Québec veulent fonder un nouveau parti.

Le parti québécois qui a partagé le pouvoir ces cinquante dernières années avec le PLQ est dans un état encore pire. Il va jouer sa survie cet automne. L’indépendance n’est plus à la mode au Québec. Il lui sera difficile de sauver ses derniers sièges à l’est de la province. Québec solidaire est lui, plutôt en forme, mais comme ses idées ne lui permettent pas d’envisager un développement hors de Montréal, il n’est pas une menace.

Reste le nouveau arrivé, le Parti conservateur du Québec. Il n’a pas encore d’élu à l’Assemblée nationale, mais il est en plein essor. La pandémie lui a donné un espace à occuper, celui des antivax, des antimesures sanitaires, des défenseurs de la « liberté ». Folklorique au départ, il arrive aujourd’hui presque à hauteur de l’opposition.

Un été à tenir

Le prochain scrutin provincial étant prévu pour le 3 octobre prochain, il reste donc un été avant la prochaine campagne électorale. Avec presque 30% d’avance sur ses poursuivants (voir infographie ci-contre), la CAQ pourrait, si le scrutin avait lieu aujourd’hui, presque obtenir un 125 sur 125. En effet, le système électoral uninominal à un tour fait pour des duels à deux partis donne un avantage démentiel lorsque le vote d’opposition est fractionné.

Infographie parue dans Le Journal de Québec du 21 avril 2022

Pour le parti au pouvoir, il s’agit donc de maîtriser les prochains mois et de passer un été reposant pour affronter au mieux le mois de campagne électorale. L’arrogance dévoilée par la petite phrase du premier ministre est le risque majeur qui guette la CAQ. Il faut dire que, même si les critiques pleuvent sur la gestion de la pandémie, la cote du gouvernement ne faiblit pas.

À croire que les agitations du microcosme politique québécois n’atteignent pas le peuple de la province. L’horreur des chicanes, ce caractère légendaire de mes compatriotes bénéficie largement au pouvoir actuel. La réaction populaire face à l’hystérie qui est tombée sur les milieux médiatique et politique après l’innocente expression « il n’est pas mort, lui? » est un signe encourageant pour la CAQ. 

Reste à ne pas trop en profiter.

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