Le succès atteint de plein fouet Réjean Ducharme au milieu de la vingtaine. En 1966, L’avalée des avalés est publié par Gallimard. Le roman est nominé pour le prix Goncourt. La lumière atteint brusquement l’auteur né un quart de siècle plus tôt à Saint-Félix-de-Valois, sur la rive nord du Saint-Laurent entre Trois-Rivières et Montréal.
Sa publication en France soulèvera des vagues dans un Québec en pleine ascension nationaliste. Les éditeurs locaux l’ayant refusé, le jeune auteur a vu Gallimard l’accepté. Son ascension est lancée. Elle ne s’arrêtera pas romans et pièces de théâtre s’enchaîneront. En 2000 Réjean Ducharme deviendra officier à l’ordre du mérite du Québec
Le nez qui voque (1967)
Mille Milles, le surnom que s’est choisi le narrateur, va mourir. Pas qu’il soit atteint d’une maladie incurable, ou d’une tare insurmontable, non le jeune homme a décidé de se suicider. Il n’est pas seul dans cette démarche. Son amie Chateaugué, aussi un pseudonyme, l’accompagne dans cette marche vers une mort choisie.
Les deux jeunes vivent dans le Vieux-Montréal. Nous accompagnons leur folie, leur marche vers leur décision. Leurs mots étourdissent, leur logique est impénétrable, leur vie improbable. L’inéluctable échéance leur permet toutes les folies. Ils n’ont plus peur de rien.
Réjean Ducharme nous emmène dans son univers lexical fait d’expressions impossibles, de mots nouveaux qui font fleurir une langue imagée. Le refus de passer à l’âge adulte, le refus d’une sexualité active occupent l’espace en compagnie de la mort omniprésente. Chateaugué finira par se tuer laissant Mille Milles face à son vide.