Voltaire, le théâtre, Genève (1755)
M le pasteur de Roches a dit que le sieur de Voltaire se dispose à faire jouer des tragédies chez lui à Saint Jean, et qu’une partie des acteurs qui les représentent sont des particuliers de cette ville. On ajoute qu’il fait établir un théâtre et des décorations Dont opiné, l’avis a été d’en parler à monsieur le premier syndic, et dire que le Consistoire est dans une parfaite confiance que le Magnifique Conseil ne se prêtera jamais à donner atteinte à ses arrêtés des 18 mars 1732 et 5 décembre 1739, qui défendent toutes représentations de comédies…
Le registre du Consistoire de Genève du 31 juillet 1755 est clair. Voltaire ne peut faire jouer ses pièces. Pourtant, on en joue à Genève, en cachette, mais Voltaire est trop en vue pour oser défier le Consistoire. Il fera jouer Zaïre à Lausanne. Il tombera sous le charme de ce public: il y a dans mon petit pays romand, car c’est son nom, beaucoup d’esprit, beaucoup de raison, point de cabales, point d’intrigues…
Paris est bien loin. Profitant du passage de son ami d’Alembert, Voltaire lui souffle un texte pour encourager Genève à admettre la comédie. Rien n’y fait, le Consistoire résiste. On continuera de jouer en cachette et Voltaire aménagera, quelques années plus tard, un joli petit théâtre dans la maison qu’il acquiert en terre française, à la frontière genevoise.