Valais Libre

24 décembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 39

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 5 h 28 min
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Trente-neuvième et dernier épisode. La prochaine fois que je prendrai le clavier, la décade en terre québécoise sera bouclée. Il y a dix ans, je ne vous avais pas donné rendez-vous dans dix ans. Pas que je n’aime pas Bruel, je n’imaginais simplement pas écrire régulièrement dans le Confédéré. Je le refais depuis trois ans avec un plaisir toujours aussi grand.

Il y a dix ans, je ne me souciais pas de mon futur au Québec. J’avais décidé de vivre ma vie avec plénitude et de me laisser porter par les événements et les opportunités. Ils m’ont comblé. Tout n’a pas toujours été facile. « J’ai connu des marées hautes et des marées basses. J’ai rencontré des tempêtes et des bourrasques ». 

Mais l’aventure est belle et après la plus grosse des tempêtes (le Covid) qui a mis à terre une grande partie de mes constructions, le beau temps est apparu sans prévenir pour lier mes racines et mon futur. Il ne me reste plus qu’à conclure comme Bruel : « Tiens si on se donnait rendez-vous dans dix ans. » Ça, c’est peut-être pour parler de mes découvertes et adaptations au Québec, pour le reste, je vous donne rendez-vous au début 2023.

23 décembre 2022

Finalement 2022, n’a pas apporté le répit souhaité

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 5 h 26 min
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Pour commencer l’année, nous espérions un retour à la « normale ». Nous en avions marre du Covid-19, nous ne voulions plus en entendre parler. Du moins, pas trop. Nous avons été exaucés, mais une autre calamité inattendue nous est tombée sur la tête : une guerre en Europe. Poutine aura été la personnalité de l’année. Pour le pire.

« Comme beaucoup de monde, je suis fatigué par cette pandémie qui n’en finit plus. Heureusement, tout ira mieux en 2022. Soit on apprendra à vivre avec ce maudit virus et on rira de lui plus souvent qu’à son tour, soit il disparaîtra dans les limbes des microbes vaincus. » Voilà ce que j’écrivais en fin d’année dernière. J’avais hâte de 2022.

Alors oui, nous avons appris à vivre avec ce maudit virus qui ne semble pas vouloir disparaître. Par contre, le monde ne va pas mieux dans sa folie. La crise climatique avance toujours sans vraiment ébranler les consciences. Nous n’entendons simplement plus parler de Greta… comment déjà?

L’Ukraine se serait bien passé d’apparaître en Une

Thunberg a été évincée par Poutine. La Jeanne d’Arc de l’environnement s’est effacée devant le digne successeur de Staline. Certes, Vladimir n’a pas encore provoqué les mêmes millions de morts que Joseph, mais il ne dirait pas non. Il semble prêt à jeter son pays, ses voisins, voir le monde dans une boucherie effroyable juste pour avoir raison.

S’il n’a pas connu de problème avec son peuple qui ne se révolte pas vraiment, les Navaltny sont rares, il a trouvé face à lui un humoriste improbable. En effet, qui aurait pu croire que le clown que les Ukrainiens avaient mis au pouvoir en 2019 se révèlerait être un chef de guerre héroïque.

Rien ne prédisposait Volodymyr Zelensky à devenir le dieu de son peuple, celui qui saurait gagner la bataille de la communication et obliger un occident qui aurait préféré rester dans son confort du « désolé, c’est trop tard, maintenant que les Russes ont pris le contrôle de votre pays, on va vivre avec », à se comporter en adulte.

« J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi! » Sa réponse à Joe Biden au moment où les Russes envahissaient ses terres demeurera comme un grand moment de fidélité à un serment présidentiel souvent vide de sens. Zelensky n’a pas failli. Il a contraint le monde à choisir son camp. Même la Suisse a dû se prononcer.

Une Suisse reine de la paix et de la sérénité

« Une décision majeure qui fera date dans l’histoire de la neutralité suisse », écrivait Le Monde le 1er mars 2022 au moment où le Conseil fédéral, pressé de toute part, reprenait les sanctions occidentales contre la Russie. Nos experts constitutionnalistes ont rapidement expliqué que cette décision ne remettait pas vraiment en cause notre position légendaire.

Non, l’année helvétique a été bien tranquille. Pas trop de problèmes climatiques, même s’il a fait très chaud. Une inflation maîtrisée, une économie qui fait face, la routine quoi. Tout de même quelques changements inattendus : une conseillère fédérale qui démissionne pour prendre soin de son mari et l’élection à sa place d’une Jurassienne.

Comme quoi le sens de la famille peut renforcer la cohésion nationale. Le Jura et Berne font la fête le même jour. Plus de Röstigraben, le jeu de mots est trop facile avec ce brave Albert qui remplace le non moins brave Ueli. L’ancien chef du plus grand groupe d’opposants du pays s’est révélé finalement être un sage bien comme il faut.

La paix et la sérénité suisses sont certainement les conséquences de ces petites histoires qui sont au cœur des valeurs de notre pays. Des dirigeants qui n’ont pas assez de pouvoir pour qu’il monte à la tête, un système qui intègre naturellement toutes les forces et quelques autres épices bien discrètes et le tour est joué. La vie peut se dérouler dans la plus grande stabilité. C’est une valeur forte de nos jours.

Un monde qui perd de plus en plus la tête

Cette stabilité, ce calme, cette tranquillité helvétiques font notre richesse. Et de plus en plus dans un monde qui ne sait plus où il va. Un monde où poussent dans le désert des stades pour couronner la meilleure équipe du sport le plus populaire de la planète. Des stades climatisés au moment où on l’on demande à tous un effort pour économiser l’énergie!

La folie poutinienne a mis aussi en lumière l’hypocrisie planétaire du « il faut sauver la planète ». Une foutaise absolue. Je l’écrivais il y a longtemps, dans une autre vie où j’étais responsable de la rédaction de votre journal, la planète résistera. Elle en a vu d’autres. C’est juste nos conditions de vie qui sont de plus en plus mises à mal.

Le langage n’est jamais innocent. Si on parlait plus de nos conditions minimales de vie à sauver plutôt que la planète. Peut-être que nous verrions la situation différemment. Peut-être qu’on ne subventionnerait pas l’essence pour que nous puissions toujours polluer. Peut-être qu’on ne remettrait pas en marche des centrales à charbon. Peut-être…

On verra tout ça en 2023. Et heureusement, l’année qui va prochainement s’ouvrir nous offrira encore de belles choses. C’est certain.

De belles fêtes de fin d’années à toutes et tous

10 décembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 38

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 59 min
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Il y a dix ans, à la même période, je faisais un voyage à Montréal. Je n’en ai pas fait beaucoup par la suite. Il faut dire que Montréal est un peu une ville opposée à celle de Québec. J’ai appris et surtout apprécié la concurrence depuis et les défaites à répétition du Canadien de Montréal me font souvent plaisir. Mais, à cette époque, j’ignorais tout ça.

Je faisais ce voyage, invité par le Consul de Suisse pour une entrevue et surtout pour retrouver une ancienne amie d’école que je n’avais plus revue depuis le cycle d’orientation. C’est quand même un peu fou, sur la vingtaine d’élèves de ma classe, nous étions trois à vivre au Québec à ce moment-là. Et on dit que les Saviésans ne sont pas ouverts sur le monde…

Quelque temps après, j’apprendrai qu’à quelques mois près, nous étions quatre. Une autre amie venait de revenir en Valais après six ans passés au Québec. Dix ans plus tard, mon amie habite encore Montréal, mais le troisième larron est lui rentré sur ses terres. Il sera resté quinze ans. J’espère bien que dans cinq ans, je serai toujours aussi bien au pays de l’hiver, c’est tout blanc depuis une bonne semaine, et que je serai prêt à vous livrer mes impressions quindécennales.

9 décembre 2022

La balade de quelques vaches québécoises

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 56 min
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Pour cette avant-dernière lettre de l’année, j’ai choisi un thème un peu plus léger, un peu plus bucolique. Depuis cet été, plusieurs bovidés ont pris la poudre d’escampette dans la vaste campagne du Québec. Une anecdote amusante, mais qui illustre la perversité de la bureaucratie qui a trouvé un écho jusqu’au Sénat à Ottawa.

«Il devait y en avoir une quinzaine au début, puis il y en a qui ont vêlé. Il y en a peut-être une vingtaine asteure… On ne la trouve pas drôle», confie un fermier. Les voisins, des éleveurs pour la plupart, ont bien tenté de rassembler le troupeau, mais en vain. Au contact des coyotes et de la vie sauvage, les bêtes seraient devenues méfiantes et refuseraient de collaborer.

Le Nouvelliste de Trois-Rivières a révélé à tout le Québec cette histoire incroyable à la fin du mois de novembre. Mais cette épopée dure depuis bien longtemps. Tout commence cet l’été dans le village de Saint-Barnabé en Mauricie. Aujourd’hui le troupeau a été aperçu à une vingtaine de kilomètres du côté de Yamachiche au bord du Saint-Laurent.

Un propriétaire dépassé et d’importants dégâts

« Il semblerait par ailleurs que le propriétaire des vaches soit dépassé par les événements et qu’il traverse une période difficile », selon le Nouvelliste. Les autorités lui auraient envoyé de vagues mises en demeure, mais sans vraiment insister. En tout cas, médiatiquement, il ne donne aucun signe de vie.

Tout le contraire de son troupeau qui fait des ravages. Relisons le Nouvelliste : « Les vagabondes auraient été aperçues à la lisière de la forêt, rang Saint-François-de-Pique-Dur, dans la municipalité de Saint-Sévère, vers la fin juillet. Rapidement, les cultivateurs ont constaté que les champs de soja étaient piétinés et que les têtes d’épis de maïs étaient mangées. »

Une directrice dans tous ses états

« À l’hôtel de ville de Saint-Sévère, village de quelques centaines d’âmes, la directrice générale Marie-Andrée Cadorette carbure aux défis. Les ressources sont limitées dans la petite municipalité et la débrouillardise est une maxime du quotidien. Mais la «saga des vaches» continue d’être un casse-tête sans solution. »

Le Nouvelliste détaille le cœur de cette saga qui trouve en madame Cadorette une nouvelle vedette. «Avec le froid qui arrivait, les taures (génisses) étaient de plus en plus proches des maisons privées, des fois elles étaient à côté des modules d’enfants dans la cour, elles traversent la rue… Nous, la dernière chose qu’on veut, c’est une maman qui nous appelle pour nous dire que son jeune de 16 ans a frappé une vache avec son Civic (Honda Civic, la voiture la plus vendue au Québec)», explique-t-elle dans le Nouvelliste.

Un écho jusqu’à Ottawa

«Chers collègues, normalement quand nous faisons des hommages ici, c’est pour reconnaître le mérite de certains de nos concitoyens, mais aujourd’hui j’aimerais saluer la détermination remarquable d’un troupeau de vaches!», a commencé la sénatrice Miville-Dechêne devant ses collègues hilares à Ottawa.

Plus sérieusement, elle a ensuite détaillé les dérives du système bureaucratique québécois. En effet, madame Cadorette lui a expliqué que devant les dégâts causés par le troupeau et le manque de ressources de sa municipalité, elle s’est adressée au ministère de l’Agriculture. Celui-ci l’a renvoyée vers le ministère de la Faune.

« Les vaches ne sont pas des animaux sauvages », lui a-t-on répondu avant de la renvoyé vers la Société protectrice des animaux la plus proche. « Les vaches ne sont pas des animaux de compagnie, nous ne pouvons rien et nous n’avons pas de seringues hypodermiques. Voyez ça avec la police », a-t-elle entendu. La Sécurité du Québec n’ayant pas envie d’abattre des animaux qui ne menaçaient pas la vie des humains l’a adressée au ministère de l’Agriculture.

Et voici venir les cow-boys

Devant cette impasse, madame Cadorette s’est souvenue que son village n’était pas loin de Saint-Tite et son festival western. Ni une, ni deux, elle appelle l’organisation. L’accueil est chaleureux. On promet la livraison de grandes clôtures et l’arrivée prochaine d’une équipe de cow-boys. «Ils ont été vraiment aidants et proactifs. Je leur ai dit que le ministère de l’Agriculture a trouvé ça ben loufoque, mais ils m’ont dit que dans l’Ouest canadien, ça se faisait tous les jours.»

Finalement, même aidés d’un drone, les spécialistes vont échouer. Un champ de maïs non encore récolté permet aux vaches de se cacher jusqu’à la nuit. Tout est à recommencer, mais le troupeau a depuis émigré un peu plus au sud, semble-t-il. D’autres échos disent que certaines seraient revenues dans leur enclos d’origine à Saint-Barnabé.

Finalement, laissons le dernier mot à la sénatrice Miville-Dechêne «J’aimerais finalement confesser mon admiration sans bornes pour ces vaches, qui ont retrouvé leur liberté et qui gambadent toujours, alors que nous, nous enfargeons trop souvent dans les fleurs du tapis… elles ont appris à sauter les clôtures!»

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