Terre-Neuve
30 novembre 2016
29 novembre 2016
Peur nucléaire
centrale nucléaire de Gösgen en Suisse, bilan.ch
Je dois l’avouer tout de suite, j’ai eu un mauvais dimanche matin. Avec le décalage horaire et la grasse matinée, mon réveil coïncidait avec la tombée des résultats des votations fédérales. Le refus de l’initiative « Pour la sortie du nucléaire » m’a déçu. J’espérais une Suisse plus audacieuse.
Une année après mon arrivée au Québec, le gouvernement de Pauline Marois osait franchir le pas. Il faut dire que c’était plus facile, la production nucléaire québécoise était anecdotique. Malgré cela, abandonner cette vieille énergie incertaine demande toujours du courage. Le changement fait peur, même si c’est d’autre chose qu’il faut avoir peur.
Cette initiative lancée au lendemain de la catastrophe de Fukushima est victime du temps qui passe. La peur des dangers de la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire s’est transformée en peur du manque, en peur d’oser une autre voie. 40 % sont une part trop importante pour changer trop vite.
Je ne reviendrai pas sur les arguments des uns et des autres, vous avez deviné de quel côté je penche. Je constate simplement que le peuple suisse a préféré une fin du nucléaire en 2050 comme le prévoit le gouvernement à une accélération du processus. Il faudra vivre avec cela. Il faudra surtout maintenant trouver des solutions pour le démantèlement des centrales.
La fin d’un monde
Car dimanche dernier aurait pu donner un coup de fouet pour plonger dans un nouveau monde. La mort de Fidel Castro montre que ce qu’on appelait le monde moderne, marqué par la guerre froide, disparaît petit à petit. Il va bientôt appartenir seulement aux livres d’histoire. Il est temps d’oser de nouvelles solutions.
Vous me direz que notre monde change sans cesse et vous avez raison. Le XXIe siècle n’a pas attendu longtemps pour imposer son empreinte. Les nouvelles technologies sont une révolution dont on peine encore à mesurer les changements de société qu’elles ont déjà engendrés. 1999 paraît bien loin et le bogue de l’an 2000 a rejoint les grandes peurs de l’an 1000.
Reste le nucléaire, cette invention que beaucoup de savants auraient préféré ne pas faire. On peine à s’en sortir. Surtout, que si la solution est de revenir au temps du charbon, je comprends qu’on hésite ! L’homme est tellement plus inventif. Il est capable du meilleur, même si on perçoit plus souvent le pire.
Je vante souvent les mérites de la démocratie directe ici au Québec. J’ai plaisir d’expliquer notre mode de fonctionnement, de montrer notre matériel de vote que je reçois par la poste. Mes amis sont fascinés par notre maturité, notre information, notre sagesse aussi. Je suis déçu, mais je garde confiance. La lenteur des changements helvétiques a aussi ses avantages. J’aurai préféré une accélération, mais je me console avec la certitude que le nucléaire appartient au passé. Son agonie sera juste un peu plus longue.
Valais Libre 