Valais Libre

17 septembre 2023

Carte postale 27

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Lévis mercredi 6 septembre 2023

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Je suis chanceux, j’ai une piscine dans ma cour arrière. Rien de surprenant à cela, c’est très courant au Québec. Ce fut une de mes premières découvertes surprises en arrivant au pays. Si vous en avez une fois l’occasion, jetez un oeil par le hublot en descendant sur Montréal en avion. Des points bleus qui s’agrandissent en descendant rythment les banlieues.

Je m’égare, je disais donc que j’étais chanceux avec ma piscine. Oui, car il faut chaud en ce début septembre. Si les feuilles ne commençaient pas à prendre leurs couleurs automnales, on se croirait dans un été comme on en a rarement connu dans la région. Le Québec sue, suffoque, souffre. Parce qu’en plus des températures inégalées, le taux d’humidité est aussi au plus haut. Seuls les maringouins se régalent.

Ce sont un peu mes bêtes noires. Heureusement, ils ne savent pas nager. Je suis donc à l’abri dans ma piscine. En parlant de bêtes noires, les pires ce sont les petites mouches noires. Quiconque a été à Tadoussac en juin sait de quoi je parle. Elles vous dévorent chaque pli de peau qu’elles trouvent à leur portée. Le pire, c’est qu’elles sévissent en essaim. J’en ai croisé une fois un en vélo. Par chance, ma bouche était fermée. Je sais, c’est rare. Je ne peux donc pas vous dire quel est leur goût.

Cet été tardif m’aura donc permis de jaser un peu des chères petites bestioles qui peuplent la belle saison québécoise. J’ai vite eu ma réponse à mon interrogation de savoir pourquoi les fenêtres étaient toujours vendues avec une moustiquaire. Le contraire serait pénible. Je sens que cette année, je ne vais pas les ôter tout de suite pour les protéger de l’hiver. Car oui, l’hiver est exempt de ces volatiles minuscules. Je pense que c’est aussi pour cela que je l’aime tant. Malgré les records actuels, il ne va pas tarder. C’est pourquoi je vous laisse pour plonger dans ma fameuse piscine.

Amicalement,

Pierrot

15 septembre 2023

Une rentrée entre désenchantement et espoir

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 4 h 12 min
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Septembre est bien entamé. Il est donc temps de faire un premier bilan post-estival. Sûr que le début de la fin du monde annoncée par le chef de l’ONU laisse trop de monde indifférent. Plus près de nous, que ce soit en Suisse ou au Québec, les nouvelles politiques sont inquiétantes, en tout cas pour moi. Heureusement, côté sport, les choses vont mieux.

« Notre climat implose plus vite que nous ne pouvons y faire face, avec des phénomènes météorologiques extrêmes qui frappent tous les coins de la planète (…). La hausse des températures exige une action plus forte. (…) L’effondrement climatique (ou la bascule climatique) a commencé. » Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU n’y a pas été de main morte le 6 septembre dernier.

Ça chauffe, mais que faire ?

Le mois dernier n’a pas seulement été le mois d’août le plus chaud jamais enregistré par les scientifiques avec des équipements modernes, mais également le deuxième mois le plus chaud jamais mesuré dans l’histoire, juste derrière juillet 2023, ont annoncé mercredi 6 septembre l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le service climatique de l’Union européenne Copernicus.

Nous n’avions pas besoin de tous ces communiqués pour remarquer que le dernier été n’avait pas suivi les règles habituelles. Les canicules, sécheresses et autres incendies de forêt ont jalonné toute la saison. Dès le printemps, le Canada a pris feu. Le Québec en a fait partie. Au final, c’est l’équivalent de la surface de la Suisse qui a brûlé dans ma nouvelle province et le double au Canada.

Devant l’ampleur de ces dérèglements, que faire ? Au Canada, les coûts engendrés par les changements climatiques représentent environ 5 à 6% de la croissance du PIB annuel. Je parie que si ces chiffres étaient connus à l’avance, des mesures drastiques auraient été prises. Quoiqu’on sache que ça ne diminuera pas, l’urgence n’est pas au programme des gouvernements. Et comme le lendemain l’ONU annonçait que le monde abandonnait les femmes et les filles… on peut passer à autre chose.

Mes misères politiques

Laissons-là ces déceptions globales et venons-en à la politique concrète. Au Québec, c’est l’élection partielle dans la circonscription de Jean-Talon dans la ville de Québec. Je l’ai déjà évoquée en parlant du magasinage des candidats dans une précédente chronique. La chaleur qui règne sur la région doit tourner la tête du chef du Parti québécois. Lui d’habitude si habile semble un peu confus.

Après des accusations invérifiables du candidat qui avait flirté avec la Coalition avenir Québec au pouvoir, le voici qui accuse ce même parti d’utiliser du personnel payé par le gouvernement pour faire campagne. Je ne pense pas que ce soit avec ce genre d’argument qu’on puisse faire vaciller le pouvoir. Presque à regretter d’avoir payé mes cotisations. Et je ne peux même pas me consoler en lorgnant ma Suisse natale.

Si j’en crois le dernier sondage électoral, le Centre pourrait dépasser le PLR aux prochaines élections fédérales. Ça valait bien la peine de faire perdre la majorité absolue aux conservateurs valaisans pour se faire ridiculiser au plan fédéral. Que se passe-t-il ? Pourquoi, alors que notre projet de société est le meilleur, en adéquation avec la prospérité helvétique, n’arrivons-nous pas à convaincre ? Désespérant.

Du sport en consolation

Je ne pensais pas trouver du réconfort côté sportif. Le printemps avait été catastrophique. Les Canadiens de Montréal jouaient au golf la neige à peine partie. Presque dernier de la Ligue nationale du hockey, ils ne risquaient pas d’entrevoir les séries éliminatoires. Pas comme mon FC Sion qui lui avait réussi l’exploit d’être relégué lors de la saison ou c’était presque impossible. Il lui a fallu une série contre le troisième de ligue inférieure pour tomber. Un exploit.

Rien ne prédisait donc une rentrée souriante. Et pourtant, à l’heure où j’écris ces lignes, les Sédunois sont en tête du classement de Challenge league. Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais ils ont retrouvé la manière de gagner. Et même régulièrement. Moins de star, un entraîneur qui arrive à faire travailler ses jeunes. Parfois il faut savoir reculer pour retrouver le sourire. Ça fait du bien dans la grisaille ambiante.

Et il ne faudrait surtout pas oublier qu’à ce stade de la saison, avant qu’elle ne commence, ça sent la coupe à Montréal. La coupe Stanley bien sûr. Comme toujours les commentaires sont dithyrambiques, les arrivées sont les « coups » du siècle. Les dirigeants font tout juste. Le coach est sensationnel. Les anciens sont confiants. Le défilé sur la rue Sainte-Catherine (l’équivalent de la remontée de l’avenue de la Gare après une victoire en coupe de Suisse) en juin prochain est certain. Tout va pour le mieux jusqu’au premier match du 11 octobre.

10 septembre 2023

Carte postale 26

Filed under: écrits d'ailleurs — vslibre @ 10 h 37 min
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Lévis, vendredi 1er septembre 2023

Chères amies, Chers amis,

J’ai le cœur un peu triste en prenant la plume aujourd’hui. Jean Roberge est décédé. Bien sûr, ce nom ne vous dit rien. Mais quand on arrive dans un nouveau pays, un nouvel environnement, certaines personnes sont très importantes. Si je vous dis que Jean était un pilier du club de curling Etchemin à Saint-Romuald, vous sentez déjà un peu mieux mes émotions.

Jean était la mémoire du club, sa famille est plus que présente dans l’organisation. Je l’ai connu dès mon arrivée au curling. Rapidement, il s’est intéressé à moi. Pas avec le regard suspicieux de celui qui a peur, mais avec la bienveillance et la curiosité de celui qui accueille. Avec le temps, nous sommes devenus plus proches. Ma passion pour l’histoire lui plaisait et nos discussions ont été intenses.

Alors que je travaillais au bar, il passait prendre son café et nous jasions. De curling évidemment, mais un dimanche alors que je suivais Paris-Roubaix sur ma tablette, ses yeux se sont illuminés. Il m’a raconté qu’il était aussi passionné de cyclisme, qu’il en avait beaucoup fait dans sa jeunesse. On a suivi les derniers kilomètres de la course ensemble.

Et puis, à la fin de la dernière saison, lors du tournoi 4bouts, c’est lui qui m’a remis le prix du « meilleur esprit sportif ». Il avait le sourire, il savait que du côté sportif, je n’avais aucune chance, mais il était heureux de me remettre ce symbole de la bonne intégration. J’ai eu un immense plaisir de lui dire la fierté de le recevoir de ses mains. Il a tant fait pour mon intégration. Merci Jean!

Amicalement,

Pierrot

8 septembre 2023

Facile de magasiner un parti politique

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 33 min
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La région de Québec vit actuellement une campagne électorale. Suite à la démission d’une députée, une élection partielle aura lieu dans la circonscription de Jean-Talon le 2 octobre prochain. Les partis sont donc déjà en ordre de marche. Les attaques vont bon train. Une a attiré mon attention. Le candidat du Parti Québécois semble avoir aussi fait les yeux doux à la Coalition avenir Québec.

«M. [Martin] Koskinen m’en a parlé. Je lui ai dit qu’il était hors de question de garantir un poste de ministre à monsieur Paradis et ça a arrêté les discussions.» Ce commentaire du premier ministre François Legault a lancé la polémique.

Une circonscription, un parti, un candidat

Pour bien comprendre l’histoire, il faut se rappeler que le système électoral québécois est calqué sur le système britannique uninominal à un tour. Pour faire simple, ça veut dire que dans un cercle électoral donné, le candidat qui obtient le plus de voix est élu. Le pourcentage n’a aucune importance. Il suffit d’avoir une voix de plus que ses adversaires pour être déclaré vainqueur.

Conséquence de ce système, si un élu démissionne avant la fin de son mandat, il faut organiser une élection partielle. Le gouvernement a six mois pour le faire, sauf si dans ce laps de temps une élection générale est prévue. Joëlle Boutin, députée de la Coalition avenir Québec (CAQ), élue en 2019, déjà lors d’une partielle et réélue en 2022, a présenté sa démission au premier ministre le 19 juillet dernier.

Les prochaines élections générales n’arrivant pas avant 2026, le gouvernement Legault a annoncé un scrutin pour le début octobre. Tous les partis sont donc rapidement partis à la recherche de la perle rare. La domination de la CAQ n’étant plus aussi éclatante qu’il y a une année, les appétits sont bien aiguisés. Surtout que les sondages prédisent une élection des plus serrées.

Le Parti québécois en pleine renaissance

C’est dans ce contexte que le Parti québécois (PQ) s’est empressé de profiter de sa nouvelle dynamique dans la région de la Capitale-Nationale pour présenter son candidat : Pascal Paradis. Maître Pascal Paradis est bien connu puisqu’il est l’un des fondateurs d’Avocats sans frontières Canada.

N’ayant plus que trois élus à l’Assemblée nationale, le PQ revit depuis peu. Il faut dire que le renoncement de la CAQ au projet de tunnel sous le Saint-Laurent lui a fait très mal dans la ville de Québec. Paul St-Pierre-Plamondon, le chef du PQ, a su parfaitement profiter de la situation et se profiler comme situation de rechange pour les déçus.

Devançant maintenant la CAQ dans les sondages dans la grande région de Québec, le PQ n’a pas eu de peine à recruter un candidat. Il a même dû choisir parmi trois papables de qualités. Les instances dirigeantes du parti se sont « précipitées », selon la formule du Journal de Québec, sur Pascal Paradis. La proximité des élections expliquant cela.

La Coalition avenir Québec sur le mode défensif

La réaction de la CAQ a été rapide. Elle a accusé le candidat péquiste de faire du magasinage politique. Me Paradis n’a pas démenti les discussions. «Contrairement à ce que la CAQ affirme, c’est la CAQ qui l’a approché et non l’inverse. Pascal Paradis n’a jamais approché la CAQ et n’a jamais rien exigé de la CAQ. Il a simplement consenti à des échanges exploratoires dans le cadre desquels on lui a garanti la confidentialité. Au terme de ces échanges confidentiels, Pascal Paradis a refusé l’offre de la CAQ.»

Le chef du PQ les a rapidement remises dans leur contexte. Ce sera donc parole contre parole. Le PQ rajoute qu’il était parfaitement au courant de ces approches avant de prendre sa décision. Il en a profité pour attaquer la CAQ sur son projet de tunnel sous le Saint-Laurent. Ce qui a mis le premier ministre sur la défensive. Depuis l’abandon de l’idée qui était une des promesses phares du parti, elle reste comme une écharde profondément enfoncée dans le pied de la coalition.

Un système qui encourage le magasinage

Mais la question fondamentale, bien plus importante que ces détails de campagne, est : comment ce démarchage est-il possible et justifiable? Selon moi, la réponse est limpide. Le système électoral encourage ce magasinage. Bien plus que la notoriété du candidat local, c’est l’aura des chefs et les positions du parti sur le plan provincial qui déterminent le vote des citoyens.

Le programme d’un parti est incarné par son chef qui a une voix prépondérante dans son élaboration. Ce chef devenant premier ministre si son parti a le plus d’élus, il a une place fondamentale dans le système. Je l’ai déjà dit plusieurs fois, le système britannique élit un « dictateur » pour quatre ans.

Il est donc normal que les candidats les plus performants soient courtisés par les partis. Un peu comme dans le privé, on cherche les meilleurs profils et les ambitieux cherchent à se vendre à ceux qui se rapprochent du pouvoir. Si après avoir jeté un œil auprès de la CAQ, Me Paradis a été convaincu par le PQ, ça sent bon pour les indépendantistes dans Jean-Talon.

3 septembre 2023

Carte postale 25

Filed under: écrits d'ailleurs — vslibre @ 4 h 55 min

Lévis, le 25 août 2023

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Au moment où j’écris ces lignes, je compatis pleinement avec vous qui souffrez un martyre sous un dôme de chaleur que mes compatriotes de l’extrême ouest canadien avaient expérimenté il y a quelques années. Heureusement, selon les prédictions, au moment où vous lirez ces lignes, vous devriez être en train de soigner rhumes et refroidissements dus à la chute des températures.

Du moment qu’on peut parler de la météo, on ne se chicane pas comme disait si bien Coluche dans un de ses sketchs (je ne sais plus lequel, mais il disait : « La météo à la rigueur » en parlant de sujets de conversation permis…). Pour les plus jeunes, Coluche était un humoriste génial et généreux mort trop vite. Il est le fondateur des 

Restos du cœur.

C’est quand même plus agréable de parler de générosité que de fin du monde dans une fournaise infernale. Et je suis sûr que cet été vous avez été témoin de beaux élans de générosité, de belles rencontres amicales, de grands moments de convivialité. C’est tellement rafraîchissant.

Nous autres, émigrés ou immigrés, ça dépend depuis quel pays on parle, nous avons la chance de faire des rencontres un peu plus intenses. L’éloignement renforce les émotions. Je vous parlais dernièrement de mes rencontres en Suisse, eh bien j’en vis maintenant d’autres au Québec. Parce que des Suisses viennent visiter cette région accueillante.

Hier, c’était une famille de cousins qui passaient dans le coin. Même si on s’était vu il y a à peine un mois, se retrouver dans un autre décor, inconnu pour eux, intensifie les émotions et soude les liens. Quel plaisir de partager un verre sur le patio arrière de ma maison, avant d’aller flâner dans le Vieux-Québec où ils ont fait semblant d’écouter attentivement mes histoires !

Amicalement,

Pierrot

1 septembre 2023

Recherche prof désespérément

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 4 h 51 min
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C’est devenu la ritournelle de la rentrée. À trop vouloir mettre les cahiers au feu avec la maîtresse au milieu, le Québec manque cruellement d’enseignants. Même si tous les gouvernements successifs jurent que c’est leur priorité, chaque année l’abîme est plus profond. 8558, c’est le nombre de postes non pourvus à la veille de la rentrée scolaire.

« On se démène comme des diables dans l’eau bénite pour régler ça », a lancé le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. « Il n’y aura pas de magie, on ne va pas trouver des enseignants qualifiés avec un bac ou un brevet, demain matin. » Lucide, le ministre qui a pourtant l’art de dire des énormités.

Comment décourager son personnel

« Je ne dis pas qu’elles ne sont pas exigeantes, ces classes-là, mais elles sont moins exigeantes. Bon, parce que tu enseignes par le jeu, les enfants font la sieste, il n’y a pas de devoirs, tout ça. » Ces mots lâchés avec désinvolture sur les ondes d’une radio québécoise se sont propagés à la vitesse de la lumière dans le landerneau de l’enseignement.

L’affront a été brutal, il a suscité une réponse frontale. « En clair, ces années-là sont tellement importantes, mettez votre personnel le plus qualifié à ces niveaux-là », riposte Égide Royer, psychologue spécialisé en réussite scolaire. Il considère le préscolaire et les premières années du primaire comme des moments charnières dans l’apprentissage d’un élève.

Et je ne vous parle pas des syndicats! C’est leur métier de riposter à chaque déclaration. Ils se sont régalés, surtout qu’ils sont en pleine négociation de la nouvelle convention collective. Mais, avant tout ça Bernard Drainville avait promis à la population québécoise un adulte dans chaque classe pour la rentrée. Quelle ambition!

Des enseignants non qualifiés

Parce qu’il manque des enseignants, on peut toujours faire appel à des demi-enseignants, voire des quarts d’enseignants. Selon les derniers chiffres du ministère en 2020-2021, il n’y avait pas moins de 30 000 enseignants non qualifiés qui ont enseigné durant l’année scolaire. Le chiffre a fait les gros titres, soulevé des polémiques, mais aujourd’hui, on les recherche.

Je ne connais pas la situation de tous ces non qualifiés, mais je maîtrise parfaitement un cas. En décembre 2020 et en janvier-février 2021, j’ai effectué des remplacements dans des écoles secondaires de Lévis. J’ai donné des cours de français et sur ma fiche de paie, j’ai lu la mention enseignant non qualifié. J’ai un brevet d’enseignement valaisan, une licence française en sciences de l’éducation, un certificat de journaliste et une majeure universitaire de culture et expression écrite en cours dans une université québécoise.

J’oubliais, j’ai enseigné durant vingt ans à l’école primaire en Valais. Malgré tout ça, je fais partie des 30 000 enseignants non qualifiés. C’est extrêmement motivant pour persévérer dans la profession. Tellement motivant, que j’ai refusé les différentes offres d’emploi de la commission scolaire du coin où je vis. Je ne dois pas être le seul, même si depuis, on nous appelle des enseignants non légalement qualifiés…

De multiples barrières

La reconnaissance des diplômes n’est de loin pas le seul frein aux vocations d’enseignants. Parce que oui, contrairement à ce que veulent faire croire les grands spécialistes des sciences de l’éducation ou les responsables pédagogiques de toute sorte, enseigner est une vocation. Malheureusement, on en fait trop souvent une voie de secours pour étudiants médiocres.

Car, demander quatre ans de formation pédagogique en plus d’un cursus dans une branche d’enseignement, comme l’exige tant le cursus valaisan que québécois, c’est de la poudre aux yeux. C’est donner l’occasion à des jeunes qui ne savent pas trop où ils veulent aller de terminer un cursus sans trop souffrir. Je sais, je suis un peu trop sévère, mais il faut bien faire contrepoids aux docteurs es éducation.

Au-delà du frein de la formation qui permet quand même aux vraies vocations d’atteindre leur rêve, mais après quel gaspillage, il y a ensuite le frein du premier emploi. La sacro-sainte ancienneté, défendue jusqu’au dernier souffle par les syndicats québécois, fait en sorte qu’un jeune espoir de la profession ne verra pas sa permanence avant d’être découragé. En attendant, il fera de petits contrats, des morceaux de tâches, des temps partiels disséminés aux quatre coins de la commission scolaire.

Tout ça sans parler, pour tous les enseignants, des tâches administratives qui pleuvent pour satisfaire les besoins soit des politiques, soit des pédagogiques, mais rarement pour ceux des enfants.

Rien ne changera avant que tout s’écroule

Face à un tel problème, dont je n’ai décrit que la pointe de l’iceberg, les positions sont tellement figées entre les politiques qui veulent que ça ne coûte pas trop, les pédagogiques pour qui la théorie ne peut se tromper et les syndicats qui ne veulent que rien ne change sinon la paie, les pauvres élèves n’ont plus qu’à aller travailler.

Mais pas forcément à l’école. Ceux qui voulaient interdire le travail des enfants de moins de 13 ans se sont fait rabrouer par le monde économique. Le tourisme a tellement besoin des étudiants, qu’il faudrait changer la durée de l’année scolaire…

On ne doit pas s’en faire, au Québec, l’éducation est une priorité de tous!

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