Valais Libre

21 novembre 2023

La lutte bien ancrée dans la culture populaire québécoise.

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 8 h 31 min

Si la lutte suisse fait partie du patrimoine helvétique, une autre forme de lutte est inscrite dans les gênes québécoises. Je ne m’en doutais pas jusqu’à ce que ma blonde m’invite à une soirée qu’elle partageait avec d’anciennes collègues. J’ai donc eu l’occasion de découvrir un univers insoupçonné qui marque et a marqué des générations québécoises.

« Quand j’étais petit, le dimanche matin on s’installait devant la télé en famille. On ne manquait jamais la réunion de lutte à la télévision. » « Ah, ben chez nous aussi le rituel était immuable, j’adorais ça! » « Grâce à ton chum, je vais me sentir comme autrefois, j’adorais le commentateur, un Français… Carpentier qui s’appelait. »

Je suis surpris en attendant la discussion entre ma blonde et l’ami de sa collègue. Elle ne m’avait jamais raconté ces rendez-vous du dimanche. Je connaissais la soirée du hockey du samedi soir. Un incontournable des familles québécoises. Le hockey est le sport national du Québec, mais la lutte. Je suis étonné.

Tout commence dans les escaliers

« Il y a déjà du monde! » Le rendez-vous était à 19h devant la porte du Centre Horizon dans Limoilou, le quartier populaire de la basse-ville de Québec. Arrivé à moins dix, la file commence déjà sur le trottoir. Bizarrement, la lutte est ponctuelle, on sent un premier mouvement à l’heure fixée pour l’ouverture des portes.

La file ne commençait pas à l’entrée du centre. Il y avait du monde à l’intérieur déjà. Je découvre en entrant dans la bâtisse que la salle de la réunion du North Shore Pro Wrestling (NSPW), lutte professionnelle de la Côte-Nord en français, se tient au quatrième étage, juste au-dessus de la Société des Assoiffés de la Bible. 

Le mélange est éclectique dans ces centres communautaires où la Société Saint-Vincent de Paul côtoie le club de boxe « Le Cogneur » au deuxième étage. Tout un programme qui permet de jaser en montant l’escalier et de surprendre quelques bribes de discussions entre habitués. La manifestation semble sérieuse et j’ai entendu des noms inconnus, mais qui semblaient faire l’admiration des spécialistes.

Un spectacle où le public participe

« Désolé, les chaises rouges sont pour les VIP. » Si j’avais anticipé, j’aurais utilisé ma carte de presse, ça fait toujours effet. Tant pis, nous trouvons une série de chaises dans la dernière rangée de la section quatre, juste devant le bar. Donc, première surprise, la salle est grande, organisée comme toute bonne réunion de boxe autour d’un ring surélevé.

Le temps de visiter le kiosque des marchandises, le stand des tee-shirts et autres babioles, d’acheter une bière et voilà qu’un homme qui détonne dans ce décor avec son costume noir, sa chemise blanche et son nœud papillon, prend le micro et annonce l’épreuve de préréunion avec l’école de lutte du coin.

Ça court, ça saute, ça s’évite, ça se baffe, mais pas trop fort, ça cogne pour faire illusion et ça réussit aussi quelques figures assez complexes en utilisant les cordages du ring. Assez pour chauffer le public. J’apprendrai plus tard qu’il y a 500 places maximum et presque toutes sont vendues. Notre pingouin reprend le micro et annonce une vedette locale dont j’ai oublié le nom. 

Et là, surprise, le lutteur prend le micro et se met à parler, à parler, à parler. Assez pour que le public commence à lui répondre, à l’insulter. Je ne comprends pas grand-chose. Entre l’accent québécois et une sono qui sature, mes oreilles peinent. « On s’en câlisse, on s’en câlisse, on… », ça j’ai compris et le lutteur aussi, il pose le micro et son adversaire arrive.

Des professionnels qui en sont vraiment

Passons sur cette passe qui avait un niveau technique supérieur, les choses sérieuses commencent après une quinzaine de minutes de pause. Vingt heures viennent de sonner au clocher de l’église désaffectée voisine, enfin c’est ce que j’ai cru entendre, lorsque le premier combat entre Loue O’Farrel l’invincible détestée de tous affronte Emily Grimsky, la chouchoute du public qui malheureusement ne sera pas à la hauteur de la peste détestée.

Une chaleur moite envahit maintenant la salle. Ma blonde avait raison, nul besoin de mon manteau d’hiver, mon tee-shirt suffit. Sur le ring, les vedettes se succèdent. Travis Toxic écrase Dgenerate, Marko Estrada s’enferre dans des luttes avec des équipes sans que je ne comprenne trop ce qui se passe. Enfin, c’est la grande finale du Standing 30. 

Je comprends le nom de la soirée, trente lutteurs vont s’affronter, le dernier qui restera sur le ring sera le grand vainqueur de la réunion. Tout commence à deux, puis chaque deux minutes environ, c’est un décompte de mémoire, un nouveau concurrent monte dans l’arène. Il faut passer par-dessus les cordes et finir au bas du ring pour être éliminé.

 Au moment le plus chaud, je ne compte pas moins de douze lutteurs ou lutteuses, la partie est mixte sur le tapis. Mike Blanchard le Huron et Michel Plante le Québécois sont les héros de la foule, mais ils trépassent et au final, c’est Benjamin Tull qui restera le dernier. Je le savais, je l’avais dit dès le départ! Son tee-shirt se vendait 100$, alors que celui des autres 25$. Il y avait bien une raison.

Le Québec n’a pas fini de m’étonner.

13 janvier 2023

Que l’année 2023 soit meilleures que les attentes!

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 10 h 01 min

Que l’année 2023 comble vos attentes!

Le début de l’année est l’heure des vœux. Jusqu’à quand doit-on en souhaiter aux personnes qui croisent nouvellement notre chemin? La question peut-être pertinente n’a pas un grand intérêt dans un monde où tout semble prendre une mauvaise direction.

L’année 2023 ne commence pas sous de très bons augures. À peine soulagés parce que la pandémie semblait du passé que la Chine se réveille. La crise du chauffage en Europe risque de ne pas être, alors que la guerre en Ukraine est partie pour durer. Le réchauffement climatique se fait maintenant sentir en hiver.

Paradoxes chinois

En octobre 2022, le président Xi Jinping était au sommet de sa gloire. Il se faisait reconduire pour un troisième mandat à la tête du parti communiste chinois. Il se préparait à rejoindre le Grand Timonier Mao Zedong dans l’inconscient collectif de son peuple. Sa reconduction à la présidence du pays en mars 2023 n’était qu’une formalité.

Un mois après le congrès triomphal, sa politique « zéro Covid » lui a fait perdre pied. Des manifestations à la grandeur du pays mettaient en lumière le ras-le-bol des Chinois d’un confinement sans discernement. Pour éviter des émeutes, le parti a décidé qu’il n’y avait plus de Covid ou que les variants n’étaient pas dangereux. S

ortir d’une protection maximale sans préparation est l’assurance d’une catastrophe qui est vite arrivée. Des morts par dizaines de milliers, le reste du monde qui tente de garder les Chinois à l’écart, tout est en place pour une reprise énergique de la pandémie mondiale. Xi Jinping en paiera-t-il le prix? Pas sûr.

Grandeur et décadence de la Russie

Il semblerait que la guerre en Ukraine ne provoquera pas la faillite énergétique de l’Europe. C’est fou comme arrivés devant un mur, les gouvernements savent prendre des décisions rapides. Le commerce mondial de l’énergie change. Malheureusement, pas forcément en mieux. Les énergies fossiles risquent de survivre plus longtemps que les dirigeants de la même espèce.

Durant la pause des Fêtes, j’ai eu le temps de lire « Le mage du Kremlin » de Guliano da Empoli. Ce roman raconte l’histoire d’une éminence grise du Tsar Vladimir. Il entre dans l’âme russe, dans la grandeur de la Russie éternelle. Il justifie avant l’heure (il a été écrit avant l’invasion de l’Ukraine) la guerre de Poutine contre les « nazis » ukrainiens.

Il nous fait comprendre que cette guerre est bien plus qu’une invasion, elle est une nécessité pour le tsar actuel. S’il ne se fait pas renverser, et ça n’en prend pas le chemin, la guerre risque de durer.

Du chaud à la place du froid

Ma mère s’est inquiétée de la vague de froid qui a déferlé sur le continent nord-américain en décembre. Je l’ai très vite rassurée, elle n’a pas atteint la vallée du Saint-Laurent. Elle qui a vécu un Noël glacé en 2017 au Québec où un thermomètre à -30 était courant, s’inquiétait des -55 annoncés aux États-Unis. Je n’ai rien ressenti de tel. Une nuit de décembre, il n’est même pas descendu en dessous de 6 degrés.

Inutile de dire que ça n’était jamais arrivé depuis que les mesures sont compilées. Une bordée de neige, suivi de pluie et j’ai eu droit à un Noël gris. Alors que beaucoup plus au sud, la nature se déchaînait. Des iguanes gelés tombaient même du ciel en Floride! (paraît que ce n’était pas la première fois et qu’au dégel la plupart survivent)

Ce temps hors norme s’est invité aussi en Valais. Selon mes informations, aucun piston d’instruments de musique n’a gelé le premier janvier. Fini l’époque où il fallait les mouiller au schnaps pour réussir à terminer le morceau. La saison d’hiver commence dans le vert.

Heureusement, il reste douze mois à 2023 pour démontrer que l’année ne sera « pas si pire » comme on dit dans ma nouvelle contrée. J’ai bon espoir que ça sera le cas.

5 novembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 34

Filed under: k. saga québécoise,Uncategorized — vslibre @ 12 h 31 min
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Il y a dix ans, je découvrais mon premier automne québécois. Même si j’aime l’hiver, l’automne, son début en tout cas, est un moment exceptionnel. Joe Dassin l’avait chanté dans ma jeunesse, je le connais bien maintenant cet été indien. En fait si on veut être précis, c’est l’été des Indiens. La nature n’est nulle part ailleurs aussi scintillante.

L’été des Indiens est nommé ainsi parce que c’était le signal pour les populations autochtones que leur estivage se terminait. Si dans les Alpes on monte en altitude l’été, sur la côte nord du fleuve Saint-Laurent, les Innus descendaient vers le sud à la belle saison. Ils venaient vers le fleuve, puis vers les villages des colons pour vendre leurs peaux et s’adonner à la confection de différents ustensiles et outils.

Avant les années soixante et la sédentarisation de ces tribus, quand les feuilles éclataient de couleurs, l’heure était venue de préparer le départ. En hiver les populations montaient vers le nord, là où les troupeaux de caribous étaient nombreux, là où la chasse allait permettre de résister sans trop de peine. Car la saison froide était vraiment froide. Heureusement, les Innus sont passés maîtres pour apprivoiser l’hiver, survivre dans des températures pouvant descendre jusqu’à moins cinquante. Une tente de peau et un bon feu ajouté à de la fourrure facilitent la survie. L’hiver était leur saison qui leur procurait de la subsistance presque pour toute l’année.

Aujourd’hui, les hivers sont plus faciles. Je n’ai jamais vu plus bas que moins trente-six, mais c’est rare. Alors je profite des dernières couleurs avant de retrouver mon râteau pour ramasser des montagnes de feuilles. La face cachée de l’été des Indiens est aussi une occasion de rencontres entre voisins une ultime fois avant d’entrer en hibernation.

L,automne vu de ma fenêtre de Lévis. Source: PM

4 septembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 26

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 14 h 21 min

Nous venons de connaître la rentrée des classes. Dans ma 26e chronique, il y a dix ans j’évoquais la fin des écoles. Un décalage est intervenu dans le rythme de parution de notre hebdomadaire préféré. Heureusement, le sujet fondamental est le même. J’avais aidé l’école de ma blonde dans sa journée de clôture en organisant un atelier de pétanque pour les enfants de 5 à 11 ans et leurs grands-parents.

À ce moment-là, je pensais encore que je pourrais facilement enseigner au Québec. J’avais connu ma future femme lors d’un échange d’enseignants. Une de mes collègues saviésannes avait sévi une année au Québec. Pourquoi ne pourrais-je pas le faire? Surtout, qu’en plus de l’école normale, j’avais une licence en Sciences de l’éducation de l’Université de Dijon.

J’allais vite déchanter. « Vous n’avez pas suivi de cours fondamentaux à l’université et votre licence en Sciences de l’éducation n’est pas en adéquation avec la profession. » La sentence du ministère de l’Éducation a rapidement douché mes espoirs. L’ENG (école normale des garçons) de Sion n’est pas une université et les sciences de l’éducation ne servent à rien pour enseigner, elles servent à expliquer pourquoi on enseigne comme ça!

Donc je me retrouve donc journaliste, guide touristique et barman pour mon plus grand plaisir. Pendant ce temps, pour pallier la pénurie d’enseignants, les écoles québécoises recrutent sur Facebook. Aujourd’hui, un certificat de guide touristique est suffisant pour enseigner l’histoire au secondaire… gouverner c’est prévoir : l’administration québécoise ne doit pas connaître cet adage.

Le partage entre les aînés et les enfants de maternelle sur les pistes de pétanque a été un beau moment. Source : Pierrot Métrailler

4 mars 2022

Dix au Québec – épisode 8

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 12 h 30 min

À mon arrivée au Québec, en 2012, je me suis très vite rendu compte qu’une activité dominait toutes les discussions : le hockey. Ce sport a été inventé ici, les premières parties « officielles » ont eu lieu à Montréal en 1883 à l’occasion du carnaval. Un tournoi de trois équipes.

De mon côté, le premier tournoi auquel j’ai assisté fut le tournoi Pee Wee de Québec en février 2012 au vieux Colisée de Québec. Une expérience marquante puisque j’y ai été comme journaliste pour Rhône FM et que j’ai eu accès, privilège rare, à la passerelle de la presse. Imaginez un pont vitré surplombant d’une vingtaine de mètres la patinoire.

J’ai pu découvrir les coulisses de cette manifestation mythique pour tous les jeunes amateurs de hockey. Arrivé à 11 – 12 ans, c’est le moment d’être sélectionné pour participer au plus grand tournoi du monde. Car il y a des équipes en provenance de tous les pays de hockey. La Suisse ne fait pas exception. Deux équipes représentaient alors notre pays : des Zurichois et une sélection romande.

J’ai bien évidemment suivi nos romands et, oh surprise, une maman d’un des joueurs était une ancienne élève que j’ai eue en classe dans mes débuts d’instit à Savièse. Quand on dit que le monde est petit… J’y suis retourné deux ans voir des jeunes se donner sur la glace pour tenter d’impressionner les observateurs de la Ligue nationale de hockey.

Le hockey n’est pas ma passion, mais j’apprécie depuis de voir les nombreuses patinoires privées qui naissent chaque hiver dans la cour arrière des maisons des vrais passionnés. Mon voisin, Jason, un prof d’anglais venu de la Saskatchewan, en fait une aux dimensions respectables (environ 20m/5m) et presque tous les samedis soir, à la lumière de deux gros projecteurs, les parties sont endiablées.

10 avril 2020

Les grandes institutions sportives face à la crise du coronavirus

Filed under: 1. Lettre québécoise,Uncategorized — vslibre @ 8 h 11 min
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Le monde sportif n’échappe pas à la déferlante Covid-19. Tout est chamboulé. Les reports ou annulations de compétitions sont légion aujourd’hui. Mais, au début de la crise, si certaines organisations ont assez vite pris la mesure de la situation, d’autres ont mis du temps à réagir. La palme revient sans aucun doute au CIO. Fidèle à sa tradition d’arrogance, il a démontré, une fois de plus, qu’il n’arrive pas à changer et qu’il se soucie toujours peu des athlètes.

Si les grands championnats européens de football et la Coupe du monde de ski alpin ont été les premiers à devoir réagir devant la crise sanitaire que nous vivons, en Amérique du Nord, les choses ont évolué un peu différemment. C’est le basketball qui a ouvert les feux avant d’être suivi par les autres organisations.

Le sport en Amérique du Nord

Avant d’entrer dans la crise que nous vivons, je vous propose une courte explication sur le fonctionnement du sport professionnel en Amérique du Nord qui diffère largement de ce qui se fait en Europe. Football américain, baseball, basketball, hockey sur glace et soccer (football européen) sont les principaux sports collectifs qui occupent une large part du paysage sportif et médiatique de mon côté de l’Atlantique.

En novembre dernier une visite au Centre Bell pour voir jouer les Canadiens de Montréal était encore un incontournable pour les amateurs de sport de passage dans la ville. Photo : Pierrot Métrailler

Chacun de ces sports est organisé sur le même modèle : une ligue majeure professionnelle qui domine et organise le tout, des ligues professionnelles mineures pour occuper le territoire et une base formatrice principalement faite dans les collèges et les universités. En clair, après l’université, si on ne devient pas professionnel, il ne reste que les « ligues de garage » organisées par les joueurs eux-mêmes pour pratiquer son sport.

Les ligues majeures (NFL, MBL, NBA, NHL et MLS) délivrent des franchises qui appartiennent principalement à des hommes d’affaires et qui peuvent se vendre. Il n’y a pas de promotion relégation, mais tout un système très réglementé que ce soit pour le déroulement des compétitions, pour les transferts, le repêchage des jeunes joueurs ou encore la rémunération des athlètes qui ont droit en principe à la moitié des revenus de la ligue. Toutes ces ligues sont dirigées par un commissaire à la tête du bureau des gouverneurs.

La NBA a donné le ton

Au moment où la crise a éclaté, le basketball et le hockey étaient en pleine activité. Le football américain venait de terminer sa saison, le soccer reprenait à peine et le baseball se préparait à débuter ses activités en avril. C’est le basket qui a donné le ton. Le commissaire Adam Silver a suspendu les activités de sa ligue le mercredi 11 mars alors que des parties étaient en cours.

Le résultat positif du test d’un joueur du Jazz de l’Utah communiqué peu avant le début d’une partie a provoqué cette décision. Si la suspension avait été annoncée pour deux semaines, elle sera beaucoup plus longue. Rien n’est décidé pour la suite de la saison. Après cette première annonce, la NHL a dû, à son tour, réagir rapidement. La pression était grande sur le commissaire Gary Bettman.

Celui-ci est bien connu pour sa dureté en affaire. Il a interdit aux joueurs de la NHL d’aller aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018, par exemple. Il a beaucoup hésité avant de suspendre les activités, mais la pression des dirigeants et des joueurs a été forte pour que finalement son bureau des gouverneurs en arrive à cette décision le 12 mars dernier. On évoque une saison qui pourrait aller jusqu’au mois d’août si elle peut reprendre d’ici là.

Un CIO fidèle à lui-même

Mais ces atermoiements ne sont rien à côté de ce que nous a livré le comité international olympique dans cette période d’incertitude. Le CIO « a raté une chance de montrer de l’empathie. La communication est trop défensive et technique, pas assez près des gens dans ces jours difficiles », a déclaré dans un entretien à l’AFP M. Lacotte, directeur du CIO de 2003 à 2011, sous la présidence du Belge Jacques Rogge.  

Je ne peux qu’être d’accord avec M. Lacotte. Il a fallu attendre 10 jours après que les grandes institutions sportives nord-américaines aient suspendu leurs activités pour que le CIO daigne prendre une décision. Le 21 mars, Thomas Bach, président du CIO, écrivait aux athlètes que le CIO se donnait quatre semaines pour évaluer les différentes options.

Thomas Bach, président du CIO, est à la tête d’une organisation qui ne sait pas s’adapter Photo : Getty Images / AFP/Fabrice Coffrini

J’ai retrouvé dans cette annonce toute l’arrogance qui émanait du CIO du temps où Juan Antonio Samaranch régnait en maître. Alors que le monde basculait dans l’incertitude, où l’Italie après la Chine et l’Iran connaissait des difficultés sanitaires majeures, ces messieurs de Lausanne allaient prendre un mois pour voir ce qu’on pouvait faire !

Ont-ils pensé aux athlètes dans l’incertitude ? Certains pouvant s’entraîner presque normalement, d’autres confinés ou malade, où était la justice alors que les compétitions permettant d’assurer une qualification étaient annulées les unes après les autres.  Finalement les autorités japonaises auront pris la décision à leur place quelques jours plus tard. Un peu tard pour les personnes contaminées lors d’un tournoi de boxe de sélection olympique à Londres le 14 mars dernier.

Quel avenir pour ces jeux où les dirigeants semblent oublier qu’ils ont d’abord été créés pour les athlètes ? Je pensais qu’après toutes les malversations qui ont émaillé les candidatures de Sion et de Québec, qui pour la petite histoire avait reçu le même nombre de vote de ses seigneurs du CIO en vue de l’organisation des JO de 2002, on avait tout vu.

Malheureusement, le temps où on accordait des faveurs aux plus offrants n’est pas très différent de celui qu’on vit actuellement. Des intérêts qui n’ont rien à voir avec celui des athlètes dominent toujours. Peut-être que la crise économique mondiale qui suivra cette crise sanitaire règlera définitivement la question. Ce serait un moindre mal.

31 janvier 2020

Les coopératives sont aussi de notre temps.

Filed under: 1. Lettre québécoise,Uncategorized — vslibre @ 12 h 47 min

Provins pense abandonner son statut de coopérative pour devenir une société anonyme. Cette idée ne me laisse pas indifférent, moi qui ai émigré dans « la ville de la coopération » comme aime à s’appeler Lévis. Le mouvement des coopératives ou des mutuelles plonge ses racines profondément dans l’histoire, mais il me semble parfaitement adapté à notre temps.

« …l’agriculteur ne devrait pas tout attendre des pouvoirs publics, mais, conformément à une saine tradition, il devrait chercher son salut en premier en lui-même, et dans ses organisations… » Ces paroles du président de l’Association agricole du Valais, M. Jules Desfayes, reprise dans le Confédéré du 15 février 1939, n’ont rien perdu de leur actualité.

Il faut que Provins retrouve la lumière pour le bien de la viticulture valaisanne. Source : mondialduchasselas.com

Une crise aux origines de Provins

La fin des années 1920 est une période difficile pour les vignerons valaisans. Ils n’arrivent plus à assumer toutes leurs tâches : cultiver la vigne, produire du vin et le vendre. Devant la concurrence étrangère et la baisse de la consommation, il faut réagir. C’est sous l’impulsion du conseiller d’État Maurice Troillet que plusieurs viticulteurs se réunirent le 11 janvier 1930 à Sion et décidèrent la création immédiate de deux caves.

Ces caves de Sion et de Riddes-Leytron seront rejointes l’année suivante par celle de Sierre, puis en 1932 par celle d’Ardon. Elles prennent le nom de Fédération des caves coopératives valaisannes, puis de Provins en 1937. Le but est d’assurer un prix de vente plus équitable aux producteurs, et de leur offrir des possibilités de stockage et de vinification. 

Cette mission a perduré plutôt bien que mal durant 90 ans. La coopérative s’est attachée à améliorer la qualité, à contrôler la quantité ou encore à populariser des techniques innovatrices. Je ne veux pas trop en rajouter, je ne suis pas là pour faire de la publicité surtout quand je pense que mon grand-père était surnommé « le petit Orsat » en référence à sa petite taille et à sa profession de métral dans les vignes de la maison Orsat. Une allusion que ceux qui ont vécu les grandes années de la concurrence Provins-Orsat ne peuvent pas comprendre.

Lévis, ville de la Coopération

Pour faire le lien avec la ville qui m’accueille aujourd’hui, je vous dirai simplement que Lévis est la ville qui a vu naître et s’épanouir le Mouvement des Caisses populaires Desjardins. Aujourd’hui, les Caisses Desjardins représentent plus de 6 millions de membres, dont 400 000 entreprises, presque 6 000 dirigeants élus et plus de 45 000 employés. C’est la plus importante institution financière du Québec.

Fondé le 9 décembre 1900 à Lévis par Alphonse et Dorimène Desjardins, le Mouvement est né, lui aussi, d’une crise, celle des taux de prêts usuraires qui pouvaient atteindre 3000 % dans des cas extrêmes. Alphonse Desjardins, effrayé par ces pratiques, chercha une solution. Il a correspondu avec les responsables européens, des caisses Raiffeisen entre autres, pour trouver une solution. Une fois encore la coopérative s’imposa et fit et fait toujours le succès de la région.

La maison Desjardins à Lévis. C’est dans cette bâtisse de style victorien qu’est né la première Caisse populaire Desjardins. Source : PM

Mutuelles et coopératives, une manière de se responsabiliser

Les solutions valables au siècle dernier ne sont peut-être pas à jeter aussi vite. La longue tradition suisse des mutuelles, Robert Giroud en parle si bien, témoigne de leur opportunité. Même au XXIe siècle, elles sont une occasion de responsabiliser les utilisateurs.

Avant de jeter le bébé avec l’eau du bain, Provins doit bien peser les conséquences du changement envisagé. Ici, au Québec, le journal Le Soleil pour qui je collabore occasionnellement a trouvé dans la création d’une coopérative, une voie pour surmonter la crise qui a failli l’emporter en fin 2019.

Mais, pour qu’une coopérative fonctionne, il faut que les bénéficiaires s’impliquent et ne laissent pas toutes les décisions aux autorités, même élues par les coopérateurs. Chaque bénéficiaire a la responsabilité d’une partie de la bonne santé de son institution en prônant des choix bénéfiques pour le plus grand nombre. C’est à ce prix que le système est, selon moi, plus performant.

20 août 2019

L’intendant Bigot – 1872

Filed under: e. Auteurs québécois,Uncategorized — vslibre @ 13 h 17 min

Joseph Marmette (1844 – 1895)

Joseph Marmette

Né à Saint-Thomas de Montmagny en 1844, Joseph Marmette fait ses études classiques au Petit Séminaire de Québec et au collège Regiopolis de Kingston avant de s’inscrire en droit à l’Université Laval en 1865. Peu avant la fin de ses études, il quitte l’université et trouve un emploi.

Il trouve un emploi de commis de bureau à la Trésorerie de la Province de Québec. En 1882, il est nommé à Ottawa agent spécial de l’immigration pour la France et l’Italie, ce qui lui offre la possibilité de voyager régulièrement en Europe.

Dès son adolescence Joseph Marmette écrit. D’abord des vers, mais très rapidement son intérêt pour le roman historique et le roman d’aventures se développe. Sa première œuvre, Charles et Éva, paraît en 1866. Par la suite, il publie bon nombre de romans historiques, essais, récits et souvenirs. Il meurt en 1895.

L’intendant Bigot (1872)

Le vieil homme qui meurt dans la nuit de Noël 1755 à l’entrée du palais de l’intendant François de Bigot vient de lancer un mauvais présage à l’homme qui se croit tout permis en Nouvelle-France. La mort de M. de Rochebrune, vieux gentilhomme qui a vaillamment servi la France est due aux fraudes de l’intendant.

Bigot n’est pas seulement épris de Mme de Péan. Même s’il a fait la fortune du mari pour mieux profiter de la femme, l’intendant ne peut se retenir devant une jeune fille.  Il les fait enlever par son serviteur pour en profiter dans son château de Charlesbourg. Malheureusement pour lui, il ne sait pas que celle qu’il vient de faire enlever est la fille de Rochebrune et la promise d’un fier officier, Raoul de Beaulac.

Les temps sont sombres pour Québec, la chute de la Nouvelle-France est le décor de ce drame qui va de surprise en surprise. Finalement la jeune fille vivra et épousera son prince charmant. Quant à l’intendant Bigot, après avoir croupi dans les geôles de la Bastille, il finira par nourrir un requin.

26 novembre 2018

366 histoires suisses

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 9 h 00 min
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26 novembre – Conjuration Lausannoise (1588)

Isbrand Daux emmené à Berne

Isbrand Daux, ancien bourgmestre de la ville, partisan du duc de Savoie, signe un pacte avec le Duc Charles-Emmanuel Ier pour lui livrer Lausanne. Celui-ci maintiendra la religion réformée et abandonnera aux conjurés les régales dues préalablement à l’évêque.

Isbrand Daux est seigneur de Prilly et mayor de Crissier. Il a gagné à sa cause plusieurs magistrats, dont l’ancien bourgmestre Michel de Saint-Cierges, et fait en sorte que les postes clés de la ville échoient à des complices. Malheureusement pour lui, sa conjuration échouera.

Ce 26 novembre 1588, la bise retarde les embarcations des soldats du Duc qui voguent sur le Léman. Les chefs conjurés, avertis que les Bernois sont au courant de leur trahison, s’enfuient. Ils trouveront refuge à Evian. Seuls quelques seconds couteaux seront arrêtés, jugés et exécutés.

Isbrand Draux et ses complices seront condamnés par contumace à être décapités, leurs biens seront confisqués. L’ancien bourgmestre ne reverra jamais ses terres et mourra en exil quelques années plus tard.

23 juin 2017

5 ans au Québec – épisode 25

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 4 h 30 min

Le pays de l’humour

Yann Lambiel et Pierre Naftule étaient mes hôtes en 2013 pour un grand moment d’humour et d’amitié.

« Non, mais je vous rassure, je ne suis pas si méchante en réalité et en plus c’est Louis qui écrit les textes du spectacle ! » Véronique Cloutier se sent obligée d’un aparté avec les spectateurs, car elle est vraiment assez vache avec son mari. Elle peut bien tenter de s’excuser, nous le savons, nous les hommes du Québec qu’ici c’est les femmes qui commandent.

Mes lecteurs masculins me diront que c’est un peu partout pareil à travers le monde, mais non, j’ai testé deux pays et le Québec arrive premier ! En plus, celle qui est sur scène est une des femmes incontournables du Québec. Véro est partout, à la télé, à la radio, dans son magazine, etc., et on lui demande son avis sur tout.

À 43 ans, la Montréalaise enchaîne les succès et même quand ça va moins bien, comme avec sa dernière émission « Mon beau programme , de sa propre chaîne Véro.tv qu’on trouve sur l’application Tou.tv de Radio-Canada, et bien elle s’en sort avec honneur pour mieux repartir dans un nouveau projet.

Une femme en or qui, même si elle n’a que son diplôme de secondaire, n’hésite pas à dire: « Les filles ne vous laissez pas baratiner par un universitaire, vous êtes capable de gagner beaucoup plus d’argent que lui ! » Tout ça en ayant trois enfants encore jeunes et qui ne sont pas de tout repos à garder si on en croit l’appel Skype qu’elle a passé durant le spectacle.

Parce qu’en plus elle se débrouille bien sur scène, même si ça devrait être la spécialité de son mari Louis Morisette. L’acteur, scénariste et humoriste a quelques mois de plus que sa conjointe, mais il est dépassé à peu près sur tout le reste, sauf peut-être sur sa capacité d’autodérision. C’est un peu notre arme ultime à nous les hommes.

Pourtant, ce n’est pas le succès qui manque à l’auteur de nombreux « Bye Bye », l’émission phare du dernier jour de l’année sur Radio-Canada. Aujourd’hui, la série Plan B connaît un franc succès, mais tout ça n’est rien à côté de l’omniprésence de sa femme (j’exagère un peu, mais que voulez-vous, je dois bien me plier aux règles de mon pays d’accueil: les femmes sont meilleures…)

Même si Véro tenait que sur le logo présenté pour leurs nouvelles aventures, le V soit infiniment plus grand que le L, le spectacle que j’ai dégusté aux côtés de ma blonde en fin de semaine dernière s’appelait « Les Morissette » et dans un pays où il n’est pas question que les femmes osent même imaginer dans un cauchemar prendre le nom de leur mari, c’est un très beau succès.

Le Québec est un peu l’Eldorado de l’humour. L’École nationale de l’humour y est pour beaucoup. Louis Morissette est un finissant de l’année 1996 et cette école fournit régulièrement des artistes de talents. Montréal a son festival « Juste pour rire », la ville de Québec n’est pas en reste avec « ComediHa! »

Anciennement appelé « Grand Rire », ce festival d’humour qui fait sourire la ville au début juin me vaut quelques excellents souvenirs. C’est là que j’ai fait la connaissance de Yann Lambiel, je l’ai suivi quelques années pour Rhône FM. Il est venu manger à la maison avec Pierre Naftule, un grand moment inoubliable.

Être loin de son pays, c’est aussi l’occasion de rencontres inimaginables avec des compatriotes.

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