Valais Libre

25 juin 2022

Dix ans au Québec – épisode 23

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 4 h 50 min
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Il y a dix ans, je participais à un salon des vins suisses à Québec. Quand je dis que je participais, c’est que j’étais impliqué. Je présentais des vins de la cave Varone du, alors futur, président de Sion aux visiteurs du salon. Que des professionnels, car comme le marché du vin est un monopole d’État au Québec, il n’y avait que des employés de la Société des alcools du Québec (SAQ) et quelques restaurateurs triés sur le volet.

C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que la Suisse ne représente rien sur le marché du vin international. La plupart des visiteurs ne connaissaient pas du tout nos vins. Parler de vins valaisans, vaudois, genevois ou zurichois ne rimait à rien. Ce sont les vins suisses qu’il faut tenter de vendre. Différencier un fendant de Sierre d’un chasselas de Lavaux est un détail bien trop technique.

En 2017, j’étais visiteur à un salon international où la Suisse était représentée. Ici, Gilles Besse entouré de l’équipe du stand suisse au Salon international des vins et spiritueux de Québec. Source : Pierrot Métrailler

L’objectif était d’augmenter sensiblement les ventes de vin suisse au Québec. En 2011, 20 000 bouteilles s’étaient vendues. Quelques années plus tard quand j’ai revu Jean-Marc Amez-Droz, l’ancien directeur de Provins alors directeur de Swiss International Vine, m’a dit que les ventes avaient augmenté de 50 % … 30 000 bouteilles. Aujourd’hui, je ne sais pas, je n’ai pas trouvé les chiffres.

Mais je ne vois pas plus de vins suisses dans les succursales de la SAQ que je fréquente. Je trouve toujours du fendant à 23$ la bouteille alors qu’un sauvignon blanc sec et tout à fait agréable pour l’apéro se vend 11$. Je trouve aussi un rouge à Jean-René Germanier que je peux prendre à la cave de Vétroz autour de 20.- la bouteille pour la modique somme de 92$.

Pas de miracle, je me suis mis à la découverte des vins du monde, c’est bien le seul bienfait du monopole.

24 juin 2022

La Saint-Jean-Baptiste, la Fête du Québec

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 5 h 47 min
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Le 24 juin, on fête la Saint-Jean-Baptiste dans le monde catholique. Si cette fête et les feux qui vont avec ont disparu de nos contrées, elle est bien présente au Québec. Elle représente la fête nationale du Québec. Aujourd’hui, les drapeaux bleus aux fleurs de lys blanches sont omniprésents sur le territoire.

Concert et drapeaux sont aujourd’hui au menu de la Saint-Jean-Baptiste. Source : fetenationale_montreal.qc.ca

Si, au début de la chrétienté, les évêques ont promulgué la fête de Saint-Jean-Baptiste le 24 juin, c’est en opposition des fêtes païennes du solstice d’été qui tombe le 21 juin. Pour le Québec, cette fête nationale est directement en concurrence avec la fête nationale du Canada qui tombe une semaine plus tard le 1er juillet.

Une longue tradition

Au début de la Nouvelle-Franche, le Canada est placé sous la protection de la Sainte-Famille. Monseigneur de Laval, premier évêque catholique en Amérique du Nord était un fan de ce triumvirat (Jésus, Marie et Joseph). Les autres fêtes catholiques étaient aussi fièrement célébrées.

Parmi celles-ci, la Saint-Jean-Baptiste qui marquait aussi le début des grands travaux agricoles qui allaient s’étaler jusqu’à l’automne était particulièrement prisée. Les feux de joie, les réjouissances et les rassemblements sont détaillés dans les Relations des Jésuites de l’année 1636 pour la première fois.

Mais c’est deux siècles plus tard, le 24 juin 1834 qu’est chanté le célèbre Ô Canada, mon pays, mes amours, composé par un jeune de 20 ans, Georges-Étienne Cartier qui deviendra 33 ans plus tard un des Pères de la Confédération canadienne. En ce temps-là, le Canada était divisé en Haut et Bas-Canada (le Canada français).

Naissance d’un nationalisme

« Cette fête dont le but est de cimenter l’union des Canadiens ne sera pas sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme fête nationale et ne pourra manquer de produire les plus heureux résultats », ces mots parus dans la Minerve, le journal des partisans du Canada français, au lendemain de la fête sont un peu la genèse des commémorations du jour.

Tout n’ira pas de soi puisqu’après la Révolte des Patriotes de 1837 et 1838 réprimée dans le sang par les troupes britanniques, la fête fut annulée durant quelques années. Elle reprend avec la Confédération canadienne en 1867 fondée par l’union de deux peuples, britannique et français, après d’âpres négociations.

En 1880, arrive un nouvel Ô Canada, l’actuel hymne national du Canada. Un vol stratégique qui permettait aux anglophones qui dominaient le Canada français de rallier à eux une majorité du peuple. Enfin, en 1908, le pape Pie X fit de Saint-Jean-Baptiste le patron des Canadiens français.

Le lundi de la matraque

La fin des années soixante et la Révolution tranquille qui modernisa le Québec amenèrent le 24 juin, jour férié depuis 1926, vers une posture plus revendicative. L’édition 1968 de la Saint-Jean-Baptiste marquera l’histoire. Le lendemain, les élections fédérales sont prévues et le premier ministre d’alors, Pierre-Eliott Trudeau, le père du premier ministre actuel, est présent à Montréal.

Le mouvement indépendantiste québécois ne voit pas d’un bon œil cette présence sur la tribune officielle du défilé. Pierre-Eliott Trudeau déteste les indépendantistes et durant sa carrière, il fera tout pour étouffer le mouvement et empêcher par tous les moyens que le Québec devienne un pays. Une émeute va éclater et des pierres sont lancées en direction du premier ministre.

La manifestation sera réprimée durement pendant que Trudeau qui a refusé de quitter les lieux fixe hautainement les fauteurs de troubles. Cette journée passera à l’histoire sous la dénomination du lundi de la matraque. Pierre-Eliott Trudeau sera réélu grâce à une majorité de Québécois qui n’aiment pas la chicane.

Officiellement fête nationale.

Finalement, le 11 mai 1977, le gouvernement de René Lévesque fera du 24 juin la Fête nationale officielle du Québec. Car le Québec est une nation reconnue par le gouvernement canadien après les deux référendums de 1980 et de 1995. Avant cette reconnaissance du bout des lèvres, dès 1968 l’Assemblée législative du Québec prit le nom d’Assemblée nationale.

Aujourd’hui le 23 au soir à Montréal et le 24 juin à Québec, c’est par des concerts musicaux que la Saint-Jean-Baptiste est fêtée sous une multitude de fleurdelysés, le nom du drapeau québécois. Même si la majorité n’a plus la volonté d’indépendance, cette journée est beaucoup plus fêtée que le 1er juillet jour de la fête nationale du Canada.

18 juin 2022

Dix ans au Québec – épisode 22

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 3 h 29 min
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Mon premier été au Québec a été marqué par la découverte d’un sport que je n’imaginais pas si populaire dans la Belle province : le golf. Pratiquement tous mes amis en jouent. Il faut dire qu’après les longs mois d’hiver, le besoin de nature, de plein air et de chaleur est grand.

Le Mont Saint-Anne, le St-Laurent et l’île aux grues décorent le vert du huitième trou du golf de Montmagny.

Évidemment, le golf est une activité démocratique ici. Nul besoin de passer un test de compétence ni de faire partie d’un club sélect, non un équipement de base, une tenue qui respecte l’étiquette et tout le monde peut se présenter dans le chalet de départ pour acquérir son droit de parcours. Il vous en coûtera entre 20 et 40 dollars pour un dix-huit trous, avec souvent le car inclus.

La voiturette devrais-je dire, car contrairement à la Suisse, le Québec met à l’honneur la langue française. Je m’excuse déjà auprès des non-initiés au golf, je vais vous parler un peu de vocabulaire. Arrivé au tertre de départ, je sors mon bâton de golf et non pas mon club. Avec un peu de chance, mon coup de départ dépassera mon drive suisse.

Après avoir atteint l’allée en évitant les fosses de sable, ne me reste plus qu’à maîtriser mon jeu court pour atteindre le vert. Je sors alors mon fer plat pour réussir un roulé qui me permettra d’inscrire un oiselet. C’est quand même mieux que d’atteindre le fairway sans finir dans un bunker avant d’utiliser mes fers pour arriver sur le green où, avec mon putter je réussis un putt et je marque un birdie.

On peut ne pas être snob et aimer la langue française.

17 juin 2022

Quand les politiciens abandonnent une idée fondatrice

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 5 h 08 min
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À quelques mois des élections provinciales, le landerneau politique est en mouvement. Le parti au pouvoir écrase tellement les sondages qu’une seule question qui se pose : quelle sera l’ampleur de la victoire? Face à cette situation, de nombreux élus des autres partis annoncent leur départ, d’autres leur ralliement au premier ministre. Même si pour cela, il faut abandonner leur combat de presque toute une vie.

« Les Québécois n’ont pas d’appétit pour le débat sur l’indépendance du Québec et croient plutôt qu’ils peuvent faire des avancées à l’intérieur du Canada. » Cette déclaration de Bernard Drainville, ancien ministre du Parti québécois (PQ) responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, a créé une secousse médiatique au Québec.

Bernard Drainville et François Legault lors de l’annonce de la candidature du premier dans la circonscription de Lévis où je voterai le 3 octobre prochain. Source : Journal Metro

Il a prononcé ces mots au moment d’expliquer sa prochaine candidature pour la Coalition avenir Québec (CAQ) dans ma circonscription de Lévis. Ce reniement d’un engagement d’une vie est très étonnant. Bernard Drainville a été candidat à la direction du PQ en 2016.

L’attrait du pouvoir

L’ancien ministre péquiste n’est pas le seul à retourner sa veste, Caroline St-Hilaire, ancienne mairesse de Longueuil (5eplus grande ville du Québec) et députée fédérale du Bloc québécois l’avait précédé. Elle aussi défendra les couleurs de la CAQ aux prochaines élections québécoises d’octobre prochain.

Il faut dire que le parti au pouvoir risque un balayage sans précédent. Comme je l’ai plusieurs fois évoqué dans mes chroniques, le système électoral uninominal à un tour (dans chacune des 125 circonscriptions sera élu le candidat qui aura obtenu le plus de voix le 3 octobre) favorise nettement le parti qui représente une majorité des voix, surtout si l’opposition est divisée.

Les projections actuelles qui donnent près de 100 sièges à la CAQ attisent les convoitises. Beaucoup pensent que le premier ministre François Legault vivra sa dernière période à l’Assemblée nationale. Après avoir siégé depuis 1998, avec une interruption entre 2009 et 2012, le temps de quitter le PQ et de fonder la CAQ, il a 64 ans et semble ne pas vouloir aller plus loin que la prochaine législature.

Dans cette configuration, le transfuge de Bernard Rainville peut aussi être analysé comme une volonté de succéder au premier ministre. L’homme est ambitieux, animateur radio, il est très populaire. Son renoncement à l’idéal indépendantiste est vécu comme une trahison par les derniers militants.

Une idée qui s’étiole

Il est vrai que le Parti québécois est presque moribond. Il risque de disparaître aux prochaines élections. Il n’a jamais été aussi bas dans les sondages, 8%, alors que lors de son apparition en 1970 (le parti a été fondé en 1968), il obtenait 23% des voix, mais seulement 7 sièges. La dernière projection ne lui laisse qu’un député en Gaspésie.

Je ne peux donner tort à Bernard Drainville, les Québécois n’ont plus le goût de parler d’indépendance. Les mots « séparatiste » ou pire encore, « indépendantiste » deviennent tabous. Il n’y en a plus que pour le « nationalisme ». Un nationalisme au sein de la Confédération canadienne. Les slogans « Le Québec au Québécois », chanté depuis 1964 et le passage de la reine Elizabeth II à Québec, ou « Vive le Québec libre », que Charles de Gaulle est venu proclamer en 1967 sont morts.

Les référendums de 1980 et de 1995 où les Québécois ont dit non à leur indépendance ont laissé des traces. Les tenants du OUI sont toujours traumatisés par ce double échec. Les leaders du Parti québécois ont eu peur qu’une troisième défaite soit fatale à l’idée même de faire du Québec un pays. En n’osant plus en parler, ils sont arrivés au même résultat, l’idée meurt.

Y a-t-il une autre solution?

Pourtant, Montréal devient une ville anglophone comme dans les années soixante. La révolte de René Lévesque et de ses amis dans la décennie suivante avec ses lois pour la sauvegarde du français a donné cinquante ans de sursis. Malheureusement, tout est à recommencer aujourd’hui.

Le triste constat des premiers indépendantistes qui voyaient l’immense majorité, pour ne pas dire tous les dirigeants, d’entreprises de tailles moyennes et grandes être d’origine anglophone est toujours d’actualité. Le PDG d’Air Canada vit depuis quatorze ans à Montréal et ne parle pas un mot de français. Le Canadien National, les CFF du Canada, n’ont plus aucun francophone dans leur conseil d’administration.

Pourtant les talents québécois existent. Malheureusement, ils ne pourront jamais s’épanouir pleinement sous la domination du reste du Canada. Vive le Québec libre !

11 juin 2022

Dix ans au Québec – épisode 21

Il y a 10 ans, à cette saison, je m’extasiais devant les ventes de garage. Il y en avait une dans ma rue. Plusieurs collègues de ma blonde étaient venues compléter mon inventaire qui trônait majestueusement sur la cour avant de ma maison de Saint-Jean-Chrysostome (ce nom me met toujours l’eau à la bouche en le prononçant, même si Saint-Romuald, le quartier que j’habite aujourd’hui sonne aussi bien, la poésie de mon premier domicile me charme toujours).

Saint-Jean-Chrysostome à l’époque de la vente de garage.Source : Pierrot Métrailler

Quelle n’avait pas été ma surprise lorsque tout fier d’avoir vendu la dernière vieille chaise de la journée, je m’étais fait chialer dessus par la propriétaire parce que je l’avais lâchée à 3 dollars alors qu’elle en demandait 5. J’ai appris à ce moment-là qu’au Québec, contrairement à la Suisse, dans une telle transaction l’important est de ne rien lâcher plutôt que de tout liquider en fin de journée.

Dix ans plus tard, les ventes de garage existent toujours, mais elles se font plus rares. Le grand marché aux puces de Sainte-Foy dans la banlieue de Québec a été déplacé et devient de plus en plus petit. Marketplace de Facebook a repris une grosse part de ce marché. Tout dernièrement, un courrier dans toutes les boîtes aux lettres de mon quartier nous incitait à télécharger l’application Nextdoor et de former un groupe Saint-Romuald. 

Nous sommes aujourd’hui une centaine et les échanges de services, d’objets ou juste faire connaissance entre voisins et à se rendre compte qu’on se salue régulièrement sans se connaitre vont bon train. Comme quoi la technologie change les habitudes. Mais quand c’est pour inciter à se rencontrer en vrai, c’est une bonne chose.

10 juin 2022

Le Québec est-il la prochaine Louisiane?

La question mérite d’être posée depuis que le premier ministre François Legault a évoqué le risque de « Louisianisation » du Québec pour lancer sa campagne électorale. La province a besoin de plus de pouvoirs en immigration et de lois renforcées pour éviter la disparition de la langue française de l’espace public. Ce pavé a réveillé quelques velléités indépendantistes.

« C’est une question de survie pour la nation. Il faut que le gouvernement fédéral nous cède le contrôle des regroupements familiaux en matière d’immigration. » Ces quelques mots lancés lors d’une mêlée de presse à la sortie du parlement le 2 juin dernier ont relancé la question nationale au Québec.

François Legault lors du dernier congrès de la Coalition avenir Québec (CAQ). Source : La Presse canadienne

Le besoin d’un adversaire

Ce n’était certainement pas le but recherché par le premier ministre du Québec. Avant l’été, François Legault a voulu jeter un premier thème dans la campagne électorale. En octobre prochain, les Québécois renouvelleront leur parlement. Même si la campagne officielle ne débutera qu’en septembre, le parti au pouvoir a besoin d’un adversaire.

Et ce n’est pas au Québec qu’il va en trouver.

Le dernier sondage donne la Coalition avenir Québec (CAQ) à 46% des voix. Avec le morcellement de l’opposition, quatre partis entre 18% et 8%, et le système électoral, uninominal à un tour, il risque même un balayage des 125 circonscriptions. Ce n’est pas l’idéal pour mobiliser un électorat. Il fallait donc réveiller les électeurs. En bon stratège, Legault a imposé son thème.

Attaquer Trudeau et le fédéral

Ne trouvant pas d’adversaire à sa mesure dans l’arène provinciale, le premier ministre s’est tourné vers la scène fédérale. Justin Trudeau et son multiculturalisme assumé passe mal au Québec. La cible était toute trouvée. La répartition des compétences entre le fédéral et le provincial au Canada donne évidemment et en toute logique les pouvoirs en immigration au gouvernement d’Ottawa.

Au cours de son histoire moderne turbulente, le Québec qui a connu déjà deux référendums sur l’indépendance (1980 et 1995) a obtenu le droit de sélectionner une partie de ses immigrants. La sortie du 2 juin en demandait plus. Évidemment que Justin Trudeau ne peut pas faire de concession sur ce sujet. Ce serait ouvrir une boîte de Pandore.

En effet, les autres provinces se jetteraient dans l’arène et demanderaient chacune de nouveaux pouvoirs selon leurs besoins spécifiques. La Confédération canadienne aurait du mal à se remettre de tels débats en ce moment. Après la pandémie, les susceptibilités sont à fleur de peau.

Des réactions inattendues

Si le « niet » initial fédéral n’est pas une surprise, pas plus que les enquêtes en Louisiane des journaux fédéralistes qui veulent diaboliser le discours de François Legault en le faisant passer pour un raciste et pour quelqu’un qui ne connait pas son histoire, n’ont surpris personnes, le réveil des indépendantistes est plus étonnant.

Moribond, le Parti québécois, 8% au dernier sondage, a sursauté. « M. Legault ravivera-t-il l’option de faire la souveraineté du Québec ? » C’est à tout le moins ce que l’implore le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon en évoquant le refus du fédéral face aux demandes québécoises.

Très vite le premier ministre québécois a tenu à clarifier sa position. « Moi, je [suis] nationaliste à l’intérieur du Canada ». Pas question de réveiller la question de l’indépendance du Québec. Comme l’a souligné Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Parti Québécois, « on ne peut pas risquer un troisième échec. »

Erreur stratégique ou pari gagnant

En politicien d’expérience, François Legault sait très bien que rien ne vaut un bon duel pour faire mousser une élection. Il a choisi un adversaire à sa mesure. Ne le trouvant pas au Québec, il s’attaque au fédéral. L’ancien indépendantiste devenu nationaliste, je vous expliquerais une autre fois la nuance, doit savourer intérieurement les effluves d’indépendance qu’il a jetés sur le Québec.

Le Parti libéral du Québec qui devrait revivre devant un tel assaut est tellement affaibli qu’il ne récolte même pas les fruits de ce réveil de la menace séparatiste qui faisait si peur à une majorité de Québécois. Tout semble permis pour le parti au pouvoir, je pense que le pari du premier ministre Legault sera gagnant à moins que le Canada ne réussisse encore une fois à épouvanter la Belle province.

4 juin 2022

Dix ans au Québec – épisode 20

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 4 h 03 min
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Il y a dix ans, je m’émerveillais sur la gestion des déchets dans ma ville de Lévis. Chaque ménage dispose de trois bacs : un brun, un bleu et un noir. Le noir c’est la poubelle, le brun, le compost et le bleu, le recyclage. Toutes les semaines, les bacs sont vidés par la ville. Je trouvais ce système extrêmement pratique pour les citoyens.

C’est toujours le cas. Comme je suis admiratif du système de récolte avec un camion et son bras qui se commande depuis l’habitacle qui permet à un seul chauffeur d’effectuer toutes les manœuvres depuis l’intérieur. En hiver, au Québec, ce n’est pas négligeable. Toutefois, mon admiration a ses limites. Avec le temps, les défauts deviennent visibles.

Pas besoin d’éboueurs pour seconder le chauffeur… un bras mécanique fait tout. Source : PM

Le recyclage est sans nul doute le plus gros problème. Si j’apprécie toujours de n’avoir pas à trier les papiers, les verres, les emballages recyclables, je ne fais que rejeter plus loin les soucis. En effet, l’écosystème du recyclage est en crise au Québec. Ce qui arrive dans les centres de tri est entaché de trop de produits indésirables. On a même retrouvé des cuvettes de w.c., pour vous dire!

Je pense que l’obligation de se déplacer directement dans les centres de tri pour y amener ses déchets recyclables comme en Valais est une bien meilleure solution. Pour l’environnement et pour la responsabilisation des usagers, ce petit effort est payant. Par contre, le système de compost où la ville ramasse tous les déchets organiques pour en faire du gaz et du compost est une idée à suivre.

3 juin 2022

Quand les tueries d’enfants sont le reflet d’une société

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 3 h 01 min
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La petite ville d’Uvalde pleure la mort de 21 des siens. Deux enseignantes et dix-neuf élèves ont été victimes d’une fusillade dans leur école. On aimerait attendre : « plus jamais ça! » Mais non, personne ne l’a dit, car tout le monde sait qu’une autre tuerie viendra effacer celle-là de l’actualité américaine. Malheureusement, le Canada et le Québec ne sont pas à l’abri. La maladie s’étend.

« Plutôt que d’acheter tous ces jouets et ces jeux aux enfants, investissez dans la sécurité des salles de classe ». C’est ce que propose Maureen O’Connell, une ancienne agente du FBI, aux parents sur Fox News. Sur cette chaîne conservatrice américaine, d’autres proposent plutôt l’embauche de policiers à la retraite ou l’installation de fenêtre pare-balle.

Au pays de l’oncle Sam, le hardening est à la mode. Le hardening, durcissement en français, fait référence au renforcement de la sécurité scolaire par des moyens technologiques ou la présence de personnel armé. La sécurité scolaire est une industrie florissante aux USA. Elle représente un chiffre d’affaires annuel de près de trois milliards de dollars.

Dans une école élémentaire située à Healdton, en Oklahoma, on retrouve un abri pare-balles dans une classe. Source : Photo Nick Oxford, Archives The New York Times

Les rêves d’une règlementation

Si personne ne s’étonne que la NRA (National Rifle Association, Association nationale du fusil en français, ça fait déjà moins peur) ne trouve rien à redire au maintien de sa convention à Houston à cinq heures de route d’Uvalde. La tuerie pourrait même lui permettre de resserrer des rangs quelque peu divisés.

Deux jours après le massacre, le Sénat américain refusait un projet de loi sur le terrorisme intérieur qui voulait lutter contre le suprémacisme blanc et son infiltration dans tous les pans de la société. Si l’objet faisait plus écho de la tuerie de Buffalo, dix jours plus tôt où 10 Afro-Américains avaient été lâchement abattus, le résultat montre bien qu’il n’y a aucune volonté politique de changer quoi que ce soit.

Un deuxième amendement qui a bon dos

« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé. » Ces quelques mots votés le 15 décembre 1791 font partie des dix articles de la Déclaration des droits qui accompagne la Constitution des États-Unis d’Amérique votés le 17 septembre 1787.

Depuis 232 ans, ce droit inaliénable de porter des armes est revendiqué. S’il pouvait se comprendre au début d’une nation qui se sentait menacée de tout côté, il n’a plus de sens dans une société qui se veut le phare des nations. Le monde ne semble pas avoir changé pour les Américains.

Pourtant les choses bougent. Lentement, mais elles bougent. 87% des Américains sont favorables à ce que l’accès aux armes soit réduit chez les personnes atteintes de maladie mentale. Près 80% (70% des républicains – 92% des démocrates) pensent que la vente privée d’armes à feu et les ventes dans les expositions devraient être assujetties à une vérification des antécédents judiciaires. Les législateurs pourraient déjà faire ces deux minuscules pas.

Le Québec pas à l’abri d’une contagion

Tout cela se passe aux États-Unis, plus au nord, c’est différent. Oui, mais peut-être pas pour très longtemps. Les armes à feu prolifèrent à Montréal. Les échanges de coup de feu entre gangs rivaux se font en plein jour. Je vous en ai déjà parlé. « Ce que l’on voit présentement, c’est l’influence américaine qui est en train de nous rattraper », analyse Alain Gelly, enseignant en technique policière au Campus Notre-Dame-de-Foy à Québec.

Le Québec insiste auprès du gouvernement fédéral pour resserrer les règles visant les armes de poing, tout comme les contrôles aux frontières. Ottawa reste sourd, malgré des promesses de Justin Trudeau. Rien ne bouge sur ce sujet.

Malheureusement, après les meurtres de rue, la contagion risque de se propager dans les écoles. Alors, il sera trop tard pour agir.

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