La naissance de Louis Aragon est entourée de mystère. Fils illégitime d’un ancien préfet de Paris devenu député, il devrait avoir vu le jour le 3 octobre 1897. Il ne connaîtra la vérité sur sa naissance que plus tard. Ce secret partagé avec sa mère sera une de ses sources d’inspiration. Il sera en deuxième année d’études de médecine lorsque la Première Guerre mondiale éclate.
L’expérience du front sera une nouvelle source d’inspiration. On ne revient pas indemne d’une telle boucherie. Au sortir de la guerre, la Nouvelle revue française (NRF) publie ses premiers poèmes commencés dans les tranchées. En 1922, il renonce à la médecine avec son ami André Breton et fonde la revue Littérature. Dadaïsme, écriture automatique, toutes les expériences sont bonnes.
Finalement, Louis Aragon sera un des leaders du surréalisme. Son amour avec Elsa Triolet qui deviendra sa femme influencera son oeuvre. Dès 1930, il se lie au Parti communiste qu’il ne désavouera pas. La résistance, le soutien du stalinisme, le rejet de celui-ci après la révélation des crimes de Staline, tourmenteront le poète qui perdra sa muse en 1970. Il affichera alors sa bisexualité. Louis Aragon meurt à Paris le 24 décembre 1982.
Le paysan de Paris (1926)
De la préface à une mythologie moderne au songe du paysan, l’oeuvre d’Aragon nous emmène dans un parcours à l’intérieur du surréalisme. Le surréalisme est l’emploi déraisonné (…) de la provocation sans contrôle de l’image pour elle-même et pour ce qu’elle entraîne dans le domaine de la représentation de perturbations imprévisibles et de métamorphoses.
Aragon quitte souvent la théorie, il nous prend par la main et nous conduit dans ses rues de Paris. Le passage de l’Opéra qui va être détruit pour terminer le Boulevard Haussmann mérite toute notre attention. Le repère des surréalistes est décrit une minutie poétique. Le parc des Buttes-Chaumont surgit comme un asile pour l’Homme en quête de compréhension. La douceur succède aux invectives, un naturalisme cru précède des descriptions allégoriques, le poète est déroutant et enivrant.
Le concret n’a d’autre expression que la poésie : tout est dit dans cette formule définitive.