Gatien Lapointe (1931-1983)
Né le 18 décembre 1931 à Sainte-Justine de Dorchester, Gatien Lapointe étudie au petit séminaire de Québec. Il étudie ensuite à l’Université de Montréal où il obtient une licence en lettre en 1955 avant d’entrer à l’École des arts graphiques de Montréal. Il s’initie alors à l’édition. En 1956, il obtient sa maîtrise et part pour la France grâce à une bourse de la Société royale du Canada.
Il suit des cours au collège de France et à la Sorbonne. Il profite de son séjour en Europe pour visiter l’Italie et l’Espagne. De retour au Canada en 1962, il entre comme professeur au Collège militaire de Saint-Jean. Il poursuivra sa carrière dès 1969 à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il est aussi un des fondateurs de la maison d’édition Écrits des Forges.
Dès 1953, il publie régulièrement des recueils de poésie. Son Ode au Saint-Laurent, parue en 1963 le consacrera comme un poète majeur du Québec. Ne voulant pas se répéter, il mettra du temps pour inventer un nouveau langage poétique. Gatien Lapointe s’éteint le 15 septembre 1983 dans sa résidence de Sainte-Marthe-de-Champlain.
Arbre-Radar (1980)
…coeur corail, coeur primevère dans le désir safrané ellipses de muter, eux à côté, émotions en brouillons de l’avenir… les mots sont audacieux, la poésie expérimentale. Le langage neuf cherche les accents d’avant la création du langage, d’avant même la création du monde. Les textes courts et percutants s’enchaînent.
Il convient donc de lire Arbre-Radar avant tout comme des compénétrations de sons et de mots modulées sur celles des moindres parcelles effervescentes de ce qui, dans le grand chaos d’avant le Big Bang, deviendra du végétal, du minéral, de l’animal et de l’humain… L’introduction de Bernard Pozier, le directeur littéraire des Écrits des forges qui publie l’ouvrage ne nous éclaire guère plus.
Il faut simplement se laisser plonger dans l’univers de Gatien Lapointe. Roue de mots en essaims moirures du désir dans le cru écouté de créer la syntaxe des muscles racines d’uts d’yeux. Les mots écrits à la craie sur un tableau sont là pour leur musique plus que pour leur sens.