Valais Libre

27 août 2022

Dix ans au Québec – épisode 25

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 9 h 18 min
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Je vous ai parlé la semaine dernière du festival Grand rire de Québec qui m’a permis des rencontres extraordinaires. Il fut aussi la source d’une nouvelle vocation. Comme vous vous en souvenez sûrement, je m’étais annoncé comme journaliste étranger. C’est donc mon accréditation Rhône FM autour du coup que j’ai participé à la journée de découverte de la région offerte par le festival à la presse étrangère.

J’y ai fait la rencontre de Steeve Gaudreault, directeur de la société Cicerone et notre guide du jour. Il incarnait un personnage historique et m’a convaincu que le cours de guide touristique était fait pour moi. Que le travail ne manquait pas dans le domaine. Je me suis donc précipité à la soirée d’information où j’ai malheureusement appris qu’il fallait avoir le statut de résident pour valider cette formation sur six mois.

Guy Carleton, alias Steeve Gaudreault, le directeur de la société Cicerone est un guide vivant et passionné qui sait transmettre sa culture et m’a convaincu de suivre la même voie. Source : Pierrot Métrailler

J’ai dû attendre deux ans, mais en avril 2014, j’étais enfin diplômé et une nouvelle carrière s’offrait à moi. J’ai même commencé à apprendre l’anglais pour pouvoir exercer cette profession à plein temps. J’ai assez vite renoncé. Mes capacités linguistiques, mon envie de raconter des histoires adaptées à mon public et mes multiples autres activités étaient des excuses faciles.

Malgré cela, au fil des années, j’en ai fait des tours du Vieux-Québec ou plus largement de la région. C’est devenu une passion et je ne me lassais pas de tenter de passionner mes auditeurs clients avec mon interprétation de l’histoire de cette ville surprenante sur bien des aspects. Brutalement, le Covid est venu stopper net cet élan. Les choses recommencent gentiment. Ce n’est plus mon activité estivale principale, mais ça restera une passion.

26 août 2022

Les chiffres ne font pas la maladie

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 15 min
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Le retour à mon domicile après un début d’été en Suisse m’a fait prendre conscience de la différence de traitement de la pandémie par les autorités et les médias de ces deux régions comparables tant par leur niveau de développement que par leur population. Deux présentations bien différentes font qu’une situation sanitaire comparable apparait comme un problème politique et sanitaire bien distinct.

« À la veille de la rentrée et devant une potentielle huitième vague, le gouvernement Legault déploie une « campagne de vaccination massive » contre la Covid-19. » La Presse du 16 août dernier se faisait l’écho de la campagne du gouvernement du Québec pour le renouvellement du vaccin. 

Pour les personnes à risque une cinquième dose est proposée, une quatrième pour les autres. Sans oublier que la vaccination dès 6 mois est généralisée au Québec. Peu de choses à voir avec la situation suisse où je n’ai pas vu de campagne médiatique agressive pour augmenter le taux de vaccination pourtant inférieur à celui du Québec.

Et je ne vous parle même pas des diverses mesures subies depuis le début de la pandémie. Je les ai souvent évoquées dans mes chroniques et j’ai pu en discuter de vive voix lors de mon passage en Valais. Aucune commune mesure, très strictes dans un Québec ultra-dirigiste et mesurées et légères dans une Suisse qui mise sur la responsabilité individuelle.

Comparaisons statistiques

Faire plus ou moins peur à la population, appliquer des mesures plus ou moins drastiques, qu’elles en sont les effets sur la situation réelle? La réalité crue des chiffres nous donne une première réponse. Rappelons-nous tout d’abord qu’avec 8,7 millions d’habitants (2021), la Suisse compte environ 100 000 habitants de plus que le Québec et ses 8,6 millions d’habitants (2021). On peut donc facilement comparer les deux régions.

Le tableau ci-contre nous montre tout d’abord que depuis le début de la pandémie, le Québec compte environ 2 morts par jour de plus que la Suisse. Le nombre de cas comptabilisés est lui 4 fois moindre au Québec qu’en Suisse… la manière de compter doit y être pour quelque chose. Le nombre de morts semble plus fiable et force est de constater que la panique et les mesures drastiques n’ont pas vraiment l’effet escompté.

Covid et autres causes de décès

Mais ce qui m’a le plus surpris lors de mon passage en Suisse est le peu de cas fait au bilan journalier des morts du Covid (c’est embêtant, en Suisse Covid est masculin alors qu’au Québec c’est féminin…). Il n’est plus publié quotidiennement, mais seulement hebdomadairement et encore loin des unes des journaux, alors qu’au Québec, l’annonce journalière est toujours bien en évidence.

Je suis bien d’accord que cette pandémie est extraordinaire. Elle marquera l’histoire de la santé au même titre que la grippe espagnole de 1918. Mais l’incessante litanie des morts journaliers, devrait est couplée avec les autres statistiques mortuaires. On ne dit pas tous les jours qu’il y a 3 suicides, 11 victimes de la pollution, 16 du cancer du poumon, 10 morts suite à un accident, bref 191 décès quotidiens au Québec. La Suisse a presque les mêmes chiffres à quelques nuances près comme vous pouvez le voir sur le tableau.

L’arme des statistiques

« Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même manipulées », cette fausse citation de Winston Churchill est souvent utilisée pour démontrer qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Ce qui n’est pas faux. Mais il faut reconnaître qu’aucun gouvernement ne peut se passer d’elles s’il veut prendre des décisions sensées. Malheureusement, elles sont aussi une arme de propagande.

Bien sûr, on ne peut pas dire que le plus de 95% des morts du Covid qui avait une comorbidité serait mort de toute façon – on peut le dire pour nous tous – mais, garder durant deux ans une énumération des morts au quotidien est une décision politique. Le Québec a choisi cette voie, la Suisse une autre. Au final, le résultat sanitaire est quasiment le même. Par contre, le ressenti dans la population n’a rien de comparable.

* les chiffres cités sont tirés des statistiques officielles sur quebec.ca et bag.admin.ch

20 août 2022

Dix ans au Québec – épisode 24

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 5 h 24 min
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Il y a dix ans, j’ai eu la chance de faire une rencontre que je n’aurais pas pu faire sans mon exil volontaire. Certes, j’aurais pu rencontrer Yann Lambiel, j’aurais même pu avoir une interview exclusive pour le Confédéré, mais jamais, je ne l’aurais invité chez moi pour un repas en famille. Cette proximité n’est possible que loin du pays.

Tout a commencé au Festival Grand Rire de Québec 2012. J’avais vu dans la programmation que l’imitateur suisse se produirait lors de la soirée internationale. J’ai donc demandé une accréditation média pour Rhône FM avec qui je collaborais épisodiquement. Je fus reçu par l’organisation avec tout le faste qu’on déploie pour des hôtes étrangers. Surtout, j’ai eu facilement accès à Yann Lambiel. Une rencontre à l’hôtel pour une entrevue radio, une soirée dans les coulisses du gala et un article pour le Nouvelliste plus tard, nous nous étions rapprochés.

Tant et si bien que l’année suivante, lorsqu’il devait présenter une soirée solo dans ce même festival, il m’a appelé quelques mois avant pour se renseigner sur le Québec, sur la situation politique, sur du matériel pour construire son spectacle. Lors de sa venue, je fus un peu son chauffeur, son guide. Je lui ai présenté le Vieux-Québec, les Suisses qui y vivaient, j’ai même organisé une rencontre avec le Consul suisse de Montréal. Le parfait agent local!

Mais surtout, je l’ai invité un dimanche à la maison à Saint-Jean-Chrysostome. Nous étions sept autour de la table. Un couple d’amis suisses vivant à Québec, Yann, son ingénieur du son et le regretté Pierre Naftule (décédé récemment) qui était alors son agent ainsi que ma blonde et moi. Un moment inoubliable où très vite les rires, les imitations et les chansons ont égayé la maison. 

Entendre Yann entonner « Un arbre, un enfant, un oiseau » qui parodiait Céline Dion à l’Eurovision pour la Suisse avec la voix de Marie-Thérèse Porchet (Pierre Naftule avait écrit cette chanson pour elle) restera gravé en moi pour longtemps.

Yann Lambiel et Pierre Naftule étaient mes hôtes en 2013 pour un grand moment d’humour et d’amitié. Source : Pierrot Métrailler

19 août 2022

Quand les extrêmes dominent la politique

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 19 min
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Le mois d’août est marqué aux États-Unis par une nouvelle affaire Trump. Perquisition en Floride, secousse à Washington, hauts cris des républicains, réactions indécises des démocrates, appel aux dons, mobilisation des partisans, le remue-ménage a même éclipsé la révolution de l’interruption de grossesse. Pauvre pays quand tout devient luttes partisanes extrêmes.

« Les agents du FBI ayant mené cette semaine une perquisition au domicile de Donald Trump, en Floride, ont saisi des documents classifiés, dont certains qualifiés « top secret », que l’ancien président américain avait emportés illégalement avec lui en quittant la Maison Blanche », écrivait Le Monde du 12 août dernier. 

Le Washington Post parlait même d’une recherche de documents ayant trait à des armes nucléaires. « J’ai personnellement approuvé la décision de réclamer un mandat de perquisition pour cette affaire », a déclaré le ministre de la Justice M. Garland, lors d’une courte et très rare intervention télévisée. « Le ministère ne prend pas ce genre de décision à la légère », a-t-il assuré.

Des partis en folie

Ce brouhaha autour de l’ancien président et de ses méthodes on ne peut plus désinvoltes concernant la gestion des archives a bien sûr réveillé les ardeurs tant des démocrates que des républicains. Rien n’est simple au pays de l’Oncle Sam déjà en période calme, alors vous imaginez à quelques mois des élections de mi-mandats!

Évidemment, les républicains sont outrés. « Jeudi, un homme armé qui avait tenté de pénétrer dans des bureaux du FBI dans l’Ohio (nord des États-Unis) a été tué par les forces de l’ordre après une longue confrontation », pouvait-on lire dans La Presse du 13 août. C’est dire l’ampleur de la colère populaire qui semble toujours prête à une guerre civile.

Côté démocrate, les avis sont partagés, certains s’interrogent sur l’opportunité d’une telle intervention qui accentue l’aspect martyr de Donald Trump, d’autres se félicitent que la justice soit la même pour tous. Quoi qu’il en soit, on les a beaucoup moins entendus que leurs adversaires.

Le retour du chef

« Ils n’avaient pas besoin de saisir quoi que ce soit », a déclaré Donald Trump. « Ils auraient pu les obtenir quand ils le voulaient sans faire de la politique ou cambrioler Mar-a-Lago. » Cette bonhomie de façade lui permet de jouer les vierges effarouchées et surtout de lever des fonds pour sa future campagne.

Car il est là le nerf de la guerre. Quand Donald Trump se déclarera-t-il candidat aux élections présidentielles 2024? On le croyait sorti du jeu, cette perquisition vient le remettre au centre de l’échiquier politique. Il n’en demandait pas tant et profite au maximum de la situation. Il sait qu’il doit faire vite.

Le contexte politique change rapidement. Aux États-Unis peut-être encore plus vite qu’ailleurs. La décision de la Cour suprême de supprimer la protection fédérale sur le droit à l’avortement avait mis à mal l’aura de l’ancien président. C’est lui qui avait nommé les derniers juges qui ont fait pencher la balance. Et la défaite des Pro-vie au Kansas avait fait douter les stratèges républicains.

Les partisans de Trump ont rapidement manifesté aux abords de la résidence de l’ancien président en Floride après la perquisition.
Source : Le Devoir.

Quand les extrêmes dominent

Pourtant, la question de l’avortement avait eu le mérite de redonner une voix à la société que j’appellerai réelle. Cette majorité silencieuse qui n’aime pas les extrêmes, mais qui n’aime pas non plus s’impliquer, qui aspire simplement à une vie tranquille. Elle semblait enfin retrouver un peu de vigueur.

Malheureusement, la nouvelle affaire Trump a remis sens dessus dessous la société américaine. Les tenants d’un vaste complot visant à détruire la vraie Amérique crient à nouveau, ils sont de plus en plus prêts à une vraie guerre civile. Comme si l’assaut du Capitole le 6 janvier dernier n’était qu’une prémisse à ce qui va s’en venir.

Mais il ne faut pas oublier qui si cette Amérique existe, c’est parce qu’à l’autre bout du spectre, il y l’autre Amérique, celle des wokes, celle du multiculturalisme. En voulant à tout prix culpabiliser l’homme blanc, en le rendant responsable de tous les maux de la terre, cette tranche extrémiste engendre forcément des réactions d’une force égale, voire supérieure.

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