Valais Libre

26 août 2022

Les chiffres ne font pas la maladie

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 15 min
Tags: , , , ,

Le retour à mon domicile après un début d’été en Suisse m’a fait prendre conscience de la différence de traitement de la pandémie par les autorités et les médias de ces deux régions comparables tant par leur niveau de développement que par leur population. Deux présentations bien différentes font qu’une situation sanitaire comparable apparait comme un problème politique et sanitaire bien distinct.

« À la veille de la rentrée et devant une potentielle huitième vague, le gouvernement Legault déploie une « campagne de vaccination massive » contre la Covid-19. » La Presse du 16 août dernier se faisait l’écho de la campagne du gouvernement du Québec pour le renouvellement du vaccin. 

Pour les personnes à risque une cinquième dose est proposée, une quatrième pour les autres. Sans oublier que la vaccination dès 6 mois est généralisée au Québec. Peu de choses à voir avec la situation suisse où je n’ai pas vu de campagne médiatique agressive pour augmenter le taux de vaccination pourtant inférieur à celui du Québec.

Et je ne vous parle même pas des diverses mesures subies depuis le début de la pandémie. Je les ai souvent évoquées dans mes chroniques et j’ai pu en discuter de vive voix lors de mon passage en Valais. Aucune commune mesure, très strictes dans un Québec ultra-dirigiste et mesurées et légères dans une Suisse qui mise sur la responsabilité individuelle.

Comparaisons statistiques

Faire plus ou moins peur à la population, appliquer des mesures plus ou moins drastiques, qu’elles en sont les effets sur la situation réelle? La réalité crue des chiffres nous donne une première réponse. Rappelons-nous tout d’abord qu’avec 8,7 millions d’habitants (2021), la Suisse compte environ 100 000 habitants de plus que le Québec et ses 8,6 millions d’habitants (2021). On peut donc facilement comparer les deux régions.

Le tableau ci-contre nous montre tout d’abord que depuis le début de la pandémie, le Québec compte environ 2 morts par jour de plus que la Suisse. Le nombre de cas comptabilisés est lui 4 fois moindre au Québec qu’en Suisse… la manière de compter doit y être pour quelque chose. Le nombre de morts semble plus fiable et force est de constater que la panique et les mesures drastiques n’ont pas vraiment l’effet escompté.

Covid et autres causes de décès

Mais ce qui m’a le plus surpris lors de mon passage en Suisse est le peu de cas fait au bilan journalier des morts du Covid (c’est embêtant, en Suisse Covid est masculin alors qu’au Québec c’est féminin…). Il n’est plus publié quotidiennement, mais seulement hebdomadairement et encore loin des unes des journaux, alors qu’au Québec, l’annonce journalière est toujours bien en évidence.

Je suis bien d’accord que cette pandémie est extraordinaire. Elle marquera l’histoire de la santé au même titre que la grippe espagnole de 1918. Mais l’incessante litanie des morts journaliers, devrait est couplée avec les autres statistiques mortuaires. On ne dit pas tous les jours qu’il y a 3 suicides, 11 victimes de la pollution, 16 du cancer du poumon, 10 morts suite à un accident, bref 191 décès quotidiens au Québec. La Suisse a presque les mêmes chiffres à quelques nuances près comme vous pouvez le voir sur le tableau.

L’arme des statistiques

« Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même manipulées », cette fausse citation de Winston Churchill est souvent utilisée pour démontrer qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Ce qui n’est pas faux. Mais il faut reconnaître qu’aucun gouvernement ne peut se passer d’elles s’il veut prendre des décisions sensées. Malheureusement, elles sont aussi une arme de propagande.

Bien sûr, on ne peut pas dire que le plus de 95% des morts du Covid qui avait une comorbidité serait mort de toute façon – on peut le dire pour nous tous – mais, garder durant deux ans une énumération des morts au quotidien est une décision politique. Le Québec a choisi cette voie, la Suisse une autre. Au final, le résultat sanitaire est quasiment le même. Par contre, le ressenti dans la population n’a rien de comparable.

* les chiffres cités sont tirés des statistiques officielles sur quebec.ca et bag.admin.ch

27 Mai 2022

« Ils échangeaient des courriels pendant que des gens mouraient »

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 56 min
Tags: , , , , ,

5000 morts durant les premiers mois de la pandémie en 2020, le Québec a été très fortement meurtri par l’arrivée de la Covid 19. L’immense majorité de ces morts étaient hébergés en maison pour personnes âgées. Deux ans plus tard, le rapport de la coroner Géhane Kamel livre une analyse sans concession sur la gestion de ce début de crise.

« Si je devais mettre une note au gouvernement pour la gestion de la pandémie jusqu’ici, je nous donnerais un A », cette déclaration un peu hautaine du premier ministre québécois François Legault risque de lui coller à la peau. S’il est vrai qu’à partir de l’été 2020, la situation a été bien contrôlée, rien ne pourra réparer l’hécatombe initiale.

Lors des conférences de presse quotidiennes des premiers temps, le premier ministre offrait ses condoléances chaque jour aux familles endeuillées. Mais le lourd bilan était régulièrement commenté en disant : « oui, mais la presque totalité de ces morts survient en CHSLD ». Les Centres d’hébergement et de soins de longue durée ont été le talon d’Achille du système sanitaire québécois.

La coroner Géhane Kamel lors de la présentation de son rapport. Source : Photo: Josie Desmarais/Métro

« Personne n’a pris la situation en charge »

« Que ce soit le Ministère, que ce soit les propriétaires, que ce soit le CIUSS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, les acronymes du domaine de la santé au Québec sont aussi compliqués que les organigrammes…), personne n’a pris la situation en charge. Il y a eu beaucoup d’échanges de courriels, mais pendant ce temps, des gens mourraient, des gens étaient déshydratés, des gens étaient dans leurs excréments ».

Les narrations de la coroner font froid dans le dos. Les scènes décrites ne sont pas dignes d’une démocratie moderne et développée. On se croirait dans un autre temps ou dans une région des plus défavorisées du monde. Géhane Kamel a analysé en détail six circonstances particulières, mais la redondance des constats est accablante. Chaque situation se ressemble.

Un système compliqué sans responsable.

« Dès maintenant, chaque établissement aura une direction imputable de ce qui se passe entre ses murs », le ministre de la Santé Christian Dubé a été très clair lors de sa prise en main du ministère. Venant du monde des affaires, ils voulaient changer le mode de gestion de la santé au Québec. 

La pauvre Danielle McCann qui tenait les rênes du ministère au moment où la crise a éclaté collait trop bien au fonctionnement habituel. Travailleuse sociale, puis administratrice, elle était issue du sérail. Elle aura donc été la figure d’un système qui n’a pas été à la hauteur du défi.

Malheureusement, elle est arrivée au mauvais moment, car les médecins qui l’ont précédée comme ministres de la Santé n’ont pas fait mieux. Pire, ils ont tellement compliqué le système, fait grossir l’administration et le corporatisme que la faillite ne pouvait qu’être au rendez-vous.

Des chefs pas au courant

« Pour moi c’est un grand mystère encore aujourd’hui. Pour moi, c’est impossible qu’il n’ait pas été au courant. Si effectivement il n’était pas au courant, on a un sérieux problème. Avoir des mesures de soutien pour une aussi longue période dans une résidence privée et qu’un PDG ne soit pas au courant, ça me sidère. »

La coroner reste bouche bée devant les déclarations de Daniel Paré. Le responsable de la vaccination si bien orchestrée au Québec était auparavant le PDG d’un CIUSS qui supervisait un des établissements sous enquête. Son ignorance de ce qui se passait sous sa responsabilité stupéfie. Pourtant, le jour même de la sortie du rapport, le ministre actuel de la Santé lui renouvelait sa confiance.

C’est dire si les réformes prévues semblent mal engagées. Christian Dubé paraît avoir insufflé une nouvelle dynamique. Il veut simplifier la hiérarchie, régionaliser les compétences et surtout, rendre responsables les chefs à tous les étages. Mais, en faisant les louanges d’un directeur qui a failli lourdement dans sa tâche précédente, il ne donne pas forcément le bon signal.

18 février 2022

Le « convoi de la liberté »

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 54 min
Tags: , , ,

Le Canada a fait partie dernièrement des nouvelles tout autour du monde. Le « convoi de la liberté » qui a déferlé sur la capitale Ottawa a suscité des émules un peu partout. Malheureusement, cette Liberté criée si fort ne méritait pas un tel déferlement. Mais pourquoi ce mouvement est-il parti du si calme Canada?

« Près de 46 % des Canadiens ont laissé entendre qu’ils comprenaient la frustration des manifestants du « convoi de la liberté » qui prend de l’ampleur partout au pays, mais ont affirmé qu’ils ne sont pas pour autant en accord avec les tactiques employées, selon un récent sondage de l’institut Ipsos. »

Une société divisée

Ce constat fait par le Journal de Québec, laisse songeur. Il dit aussi que 54% des personnes sondées ont estimé que les manifestants ne « méritent aucune de nos sympathies » et que ce qu’elles « ont dit et fait est mal ». Il faut dire que les mots utilisés sont plutôt forts.

« Fuck Trudeau » et « dictature » venaient en tête dans une logorrhée proche des meilleurs partisans de Trump du sud de la frontière. Ce langage n’est pas courant au Canada et en a choqué plus d’un. Nous sommes habitués à plus de mesure, à plus de respect des institutions et des personnes qui les représentent.

Les slogans n’étaient pas les plus subtils à Ottawa. Source : Maxime Brindle / Bell Média

Un pays obéissant

« Le Canada a l’un des niveaux de vaccination les plus élevés, donc les Canadiens ont écouté et se sont conformés, pourtant nous sommes toujours bloqués. Ils ont l’impression d’avoir fait ce qu’on leur a demandé de faire et ils pensent que nous ne sommes toujours pas sur la bonne voie », a expliqué M. Bricker, le directeur de l’institut Ipsos dans les colonnes du Journal de Québec.

Et c’est là que le bât blesse. Après cette acceptation de mesures souvent drastiques, la frustration n’a fait que monter. Des colonnes de camions sont parties de toutes les régions du pays. D’un océan à l’autre, la devise du Canada, n’a que rarement été aussi éloquente. De Vancouver à Halifax en passant par le Nord, la mobilisation a été forte.

Un déclencheur venu du Sud

Ce mouvement n’a pourtant pas été spontané. Il est une réponse à l’obligation pour les chauffeurs de camion d’être vacciné pour franchir la frontière entre les États-Unis et le Canada. Ils sont nombreux ceux qui gagnent leur vie dans des aller-retour incessants entre les deux pays.

La mobilisation a rapidement pris de l’ampleur. Il fallait voir les foules amassées sur les ponts d’autoroute pour saluer joyeusement le passage du convoi. Dans mon coin, on se serait cru sur un pont fribourgeois saluant la montée des Valaisans sur Berne pour conquérir une nouvelle Coupe de Suisse.

Une capitale dépassée

Les meneurs ont choisi Ottawa et sa colline parlementaire parce que la ville a paradoxalement moins l’habitude des grosses manifestations que des métropoles comme Toronto ou Montréal. Leur calcul a été très juste. Ce qui ne devait être qu’une fin de semaine de perturbation est rapidement devenu une occupation.

En laissant des monstres routiers, il faut voir la taille des camions, s’installer au centre-ville, la police s’est très vite retrouvée devant une impasse. Comment faire partir des gros bras très bien organisés ? Après quelques jours, on a bien tenté de couper les colonnes de ravitaillement, mais en vain. Les hurlements des klaxons ont très vite exaspéré une population prise au piège.

Québec fait mieux

Ensuite, les manifestations se sont multipliées à travers le pays. À Québec, c’est le samedi d’ouverture du Carnaval qui a vu le « convoi de la liberté » venir se faire entendre dans la capitale. Ils étaient attendus. La police a pris les devants en négociant avec les leaders.

Elle a également bloqué l’accès avec des véhicules lourds, ne permettant qu’aux piétons de venir devant le Parlement. Ainsi on a vu, entre l’Assemblée nationale et le Palais de bonhomme (lire ci-dessous) une joyeuse troupe s’agiter quelques heures avant de bien sagement rentrer à la maison.

4 février 2022

Il faut sauver le système de santé

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 08 min
Tags: , , , ,

À l’aube de la troisième année de la pandémie, le Québec n’a plus qu’une idée en tête : comment sauver le système de santé. Le Covid-19 a ravagé un milieu déjà fragile et personne n’est aujourd’hui en mesure de dire comment il s’en remettra. Né avec la Révolution tranquille qu’a connue le Québec dans les années soixante, le système se voulait universel. Tous égaux devant la santé. Il a besoin d’un bon ravalement ou peut-être d’une nouvelle révolution.

« Si les mesures sont plus sévères au Québec, c’est pour une seule raison : protéger un système de santé plus fragile qu’ailleurs. » Le professeur d’université et chroniqueur au Journal de Québec, Joseph Facal est clair dans son propos. La province souffre d’insuffisance sanitaire et il en paie actuellement le prix.

L’hôpital de Lévis n’est pas mieux loti que les autres du réseau. Source : Pierrot Métrailler

Au temps de la Révolution tranquille

La mort, le 7 septembre 1959, du premier ministre Maurice Duplessis qui a régné 19 ans sur le Québec (1936-1939 et 1944-1959) et l’élection de Jean Lesage en 1960 marque la fin de la « Grande noirceur » et le début de la « Révolution tranquille ». En quelques années, le Québec allait passer d’un état « clérical » à un état moderne.

« C’est le temps que ça change », le slogan de campagne du libéral Jean Lesage allait vite mis en action. En quelques années, le visage du Québec allait radicalement changer : Réforme de l’éducation, création d’hôpitaux publics, puis, après des élections anticipées en 1962 que Lesage gagne avec le slogan « Maître chez nous », nationalisation des ressources naturelles et notamment de l’électricité avec la création d’Hydro-Québec.

Un véritable système de santé

Jusque-là aux mains des institutions religieuses, les hôpitaux deviennent publics. Après diverses réformes, dans les années 70, « le système de santé québécois devient universel et dispense des soins gratuits aux résidents du Québec. Son financement est administré par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ, prononcer ‘rame Q’). 

Les services de santé et les services sociaux sont intégrés au sein d’une même administration. Les principes fondamentaux en sont l’universalité, l’équité et l’administration publique. Le système de santé québécois est public, ce qui signifie que l’État agit comme principal assureur et administrateur, et que le financement est assuré par la fiscalité générale. Ceci permet d’assurer l’accessibilité aux soins, peu importe le niveau de revenus du patient. » (Wikipédia)

Un système aujourd’hui très malade

« La gestion hypercentralisée du système de santé nuit à la qualité des soins dispensés à la population et est en grande partie responsable des maux qui menacent l’intégrité du système sur plusieurs fronts : pénurie de personnel, démotivation du personnel, délocalisation des services, débordements et fermetures des urgences, listes d’attente qui perdurent en chirurgie, etc. »

Ce diagnostic n’est pas le mien, mais celui de près de 800 médecins qui pratiquent dans toutes les régions du Québec. Ils exprimaient cet avis dans Le Devoir du 15 juillet 2021. Au nom du Regroupement québécois de médecins pour la décentralisation du système de santé (RQMDSS – le milieu de la santé adore les acronymes imprononçables) ils demandaient une réforme rapide d’un système qui doit mieux écouter ses praticiens.

Un coup de pied dans la fourmilière 

Si je partage le diagnostic de ces médecins, je ne suis pas sûr que leurs remèdes soient suffisants. Il est évident que la centralisation québécoise, si elle a produit un effet bénéfique au départ, pour moderniser un système d’un autre temps, est aujourd’hui, à son tour, obsolète. La bureaucratie, inhérente à tout système contrôlé du haut vers le bas, a bientôt terminé son œuvre. Elle a complètement phagocyté la structure.

Pour vaincre cette bureaucratie qui paralyse toutes velléités de réforme, il faut un énorme coup de pied dans la fourmilière. Heureusement, la pandémie est une occasion unique et rare de pouvoir envisager des changements drastiques, mais salvateurs. « Nous entrevoyons la sortie du tunnel, mais le train est passablement magané. » Le dernier constat du premier ministre François Legault est très juste.

Saura-t-il, osera-t-il maintenant refondre totalement et sur d’autres bases un système qui mérite les plus grands soins ?

3 septembre 2021

Une vaccination bien différente

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 21 min
Tags: , , , ,

Comme un peu partout autour de la planète, la Suisse et le Québec visent sur le vaccin pour nous sortir de cette pandémie. Même objectif, mais politique bien différente, surtout pour convaincre les récalcitrants.

« On ne peut pas prendre toute une population en otage pour garder des privilèges à une minorité qui refuse le vaccin. On ne peut plus laisser des personnes non vaccinées remplir nos hôpitaux. » Le 24 août dernier, Christian Dubé, le ministre de la Santé du Québec a été très clair.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Source Marco Campanozzi, La Presse

La fin de la récréation

Il sonnait la fin de la récréation comme le titrait le Journal de Québec du lendemain. Depuis avant-hier, la vie au Québec est à deux vitesses selon qu’on possède ou non le passeport vaccinal. Pour l’avoir, une seule solution : avoir reçu ses deux doses de vaccin. Ce passeport sera obligatoire dès 13 ans, les plus jeunes devront prouver leur âge avec une carte d’identité.

Dès 13 ans donc, il ne sera plus possible d’entrer dans un bar, un restaurant, y compris les terrasses, une salle de spectacles, un cinéma ou une salle ou un stade de sport sans le précieux sésame. Toutes ces activités et bien d’autres, jugées non essentielles par le gouvernement sont désormais réservées aux personnes vaccinées.

Pour les autres, il reste les activités sportives à l’extérieur comme le tennis, le golf, le ski ou la pétanque, les services de commandes à l’auto ou les comptoirs à emporter pour la restauration, mais aussi les musées, les bibliothèques, les lieux de culte ou les rassemblements privés. Les commerces essentiels, nourriture, vêtements, quincailleries, etc. seront eux toujours accessibles à tous.

Tricher est criminel

« Il y a des sanctions monétaires pour les gens qui ne respectent pas les règles, comme le port du masque, par exemple. Mais si quelqu’un pense utiliser une fausse carte d’identité, c’est passible d’une poursuite au criminel. C’est un acte criminel de falsifier un document de la santé publique », a averti le ministre de la Santé.

Une période de grâce de 15 jours est accordée aux commerçants pour un « rodage » des systèmes mis en place. Passé ce délai, les récalcitrants qui n’exigeraient pas la preuve vaccinale auront des amendes qui peuvent atteindre 6 000 $ (4 500CHF). Ce sursis permettra aussi à tous les vaccinés de télécharger leur preuve de vaccination et d’obtenir leur code QR et de l’importer dans une autre application.

Preuve que tout cela a été fait dans l’urgence : l’application Android n’était pas encore disponible le jour de l’annonce. Dès le lendemain, des hackers ont démontré qu’il était facile de la pirater et d’avoir accès aux données si on connaissait la date de la première vaccination. Le gouvernement ne s’est pas affolé, il n’y a aucune donnée confidentielle sur cette application.

Beaucoup moins de cas qu’en Suisse

Au moment où le gouvernement québécois a pris ces mesures, il y avait infiniment moins de cas au Québec qu’en Suisse. Alors que l’on comptait 3 000 cas par jour en Helvétie, le Québec en avait environ 400 pour une population égale (8,5 millions pour chacune des deux régions). La tolérance au virus n’est pas tout à fait la même !

Et ce n’est pas le débordement des hôpitaux qui faisait la différence puis que le jour de cette annonce, le Québec comptait 20 malades Covid en soins intensifs contre environ 200 en Suisse. Je veux bien que le système de santé soit moins résistant au Québec, mais pas à ce point.

La rentrée scolaire fait peur

Alors que le Valais a décidé une rentrée scolaire « la plus normale possible », selon les mots du chef du Département, le ministre de la Santé du Québec craint une explosion des cas lors de ce moment crucial qui est arrivé une semaine plus tard qu’en Valais au Québec. Je n’ai donc pas les premiers chiffres au moment d’écrire ces lignes.

Pour éviter tout dérapage, dans la plupart des régions du Québec, la rentrée se fera masquée pour tous les élèves du primaire et du secondaire, ainsi que leur professeur, vacciné ou non. Toute une liste de prescriptions a aussi été définie pour restreindre au maximum le mélange des classes.

Ainsi, les enfants du Québec reprennent l’école comme ils l’ont quitté au mois de juin. Le répit estival aura été de courte durée, même si les trois quarts des ados entre 12 et 17 ans sont pleinement vaccinés.

Un très haut taux de vaccination

Parce qu’en plus au Québec, le taux de vaccination est bien plus élevé qu’en Suisse. L’objectif de 75 % des plus de 12 ans vaccinés pour la fin août a été atteint avec deux semaines d’avance. À la mi-août, 85 % de cette même population avait déjà reçu au moins une première dose. La nouvelle cible de la santé publique a été fixée à 95 %… l’art de repousser les limites… j’y reviendrai dans une autre chronique.

Au Québec, tous les vaccinés ont une chance de gagner un million de $… Que ne ferait-on pas pour convaincre les récalcitrants ! Source : Gouvernement du Québec

Avant de conclure, une petite anecdote vaccinale personnelle qui illustrera les différences d’interprétation scientifique. J’ai pu entrer en Suisse sans difficulté parce que j’ai reçu deux doses de vaccins : une première d’AstraZeneca reconnue par la Suisse même si elle ne l’utilise pas et une deuxième de Moderna, le supervaccin produit en Valais.

Quand j’ai tenté d’obtenir le pass valaisan pour aller voir le FC Sion, j’ai déchanté. Le canton ne reconnaît pas l’AstraZeneca, même si la Suisse le reconnaît. Donc pas de pass sanitaire. Heureusement, comme ma deuxième dose était du Moderna, la personne que j’ai eue au téléphone m’a proposé de me faire injecter une deuxième dose de Moderna.

Ce que j’ai accepté et ainsi, au « sans rendez-vous » j’ai rapidement eu droit à ma troisième injection. Le médecin de service doit être encore sceptique, car en Suisse, pas possible de mélanger les vaccins sans un avis du médecin traitant. Au Québec, c’est au contraire recommandé… mystère de la science.

Bref, tout ça pour illustrer que face à une maladie qui, même si on a beaucoup appris en 18 mois, reste encore bien mystérieuse. Face à ces incertitudes, les gouvernements agissent chacun selon leur conviction. Plus libérale en Suisse, plus étatique au Québec.

Propulsé par WordPress.com.