La dernière conférence de Paris a permis de mettre en vedette les changements climatiques. Plus concrètement, nous le constatons concrètement chaque saison, le temps n’est plus ce qu’il était. Les régions qui vivent du tourisme d’hiver s’inquiètent, doit-on réinventer l’hiver ? – Quelques réflexions sur mon vécu valaisan et québécois.
Sion et Québec sont deux villes d’hiver. Le 16 juin 1995 à Budapest, leur destin est lié. Sion 14 voix, Québec 7 voix, elles sont balayées par les 54 voix de Salt Lake City. La corruption généralisée fomentée par la ville américaine envoie aux oubliettes les rêves de Jeux olympiques. Sion retentera l’aventure 4 ans plus tard sans plus de succès.
Aujourd’hui, les deux villes se questionnent à nouveau. Les retrouvera-t-on face à face pour les JO de 2026 ? Rien ne semble avoir changé dans les pays de l’hiver, le temps passe, les rêves restent. Pourtant, ce n’est pas tout à fait vrai.
Le temps a été très doux en ce début d’hiver. Il a fait 12 degrés à Québec le 24 décembre 2015, du jamais vu. Sion a connu un Noël un peu plus froid, mais à peine. Ces constats font réfléchir. Certains, comme Christophe Clivaz publie leurs études et leurs solutions (Tourisme d’hiver, le défi climatique, Presses Polytechniques Romandes, 2015), d’autres se lancent dans les défis technologiques et la création de neige artificielle à toujours plus grande échelle.
Il faut se diversifier
Tous arrivent au même constat, il faut diversifier l’offre hivernale. Le ski ne sera plus la solution à tout, le pétrole des montagnes. La technologie avec l’apparition des skis taillés avait redonné un élan à un sport en perte de vitesse, il y a une vingtaine d’années. Pas sûr que la science sauvera le sport. Le défi est tout autre aujourd’hui.
L’ouverture de centre de bain au bas des pistes est une tendance marquée depuis quelques années. De nouveaux sports comme le paraski, la luge gonflable ou le ski à voile demandent le même ingrédient de base: la neige. On n’ira pas très loin avec ça.
Dans la région de Québec, le Club Med vient de renoncer à construire un village de vacances d’hiver dans une région grandiose où les pistes de ski plongent jusqu’au Saint-Laurent. Le coup est rude pour le domaine du Massif, mais il est le reflet d’une industrie en perte de vitesse.
La ville de Québec qui se veut la ville d’hiver par excellence investit beaucoup pour son image de ville blanche. Ça fonctionne assez bien, les événements se multiplient: Red Bull Crashed Ice, Jamboree, etc. La ville est sportive, mais son carnaval, rassemblement populaire par excellence, bat de l’aile. Bonhomme Carnaval, célèbre tout autour de la planète, a le spleen. Malgré un voyage à Paris en 2015, il peine à sourire. Son carnaval a des soucis financiers. La fête a changé depuis quelques années, l’alcool ne coule plus autant. Le virage familial produit une féérie avec les sculptures de glace, la course en canot et le palais de Bonhomme, mais même le retour des duchesses de carnaval n’a pas réussi à redonner le lustre d’antan à l’événement.
Heureusement, du côté d’Évolène, les peluches et les empaillés restent fidèles à eux-mêmes. Ils font toujours frémir les étrangers et les enfants. La tradition est bien ancrée et rien ne semble la faire vaciller. Sera-ce suffisant pour sauver l’hiver ?