Valais Libre

30 avril 2022

Dix ans au Québec – épisode 15

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 3 h 42 min
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J’avais été complètement stupéfait le 2 décembre 2014, à l’annonce de la mort de Jean Béliveau, en découvrant la place qu’occupaient les légendes du hockey dans le cœur des Québécois. Le lendemain, le Journal de Québec consacrait 32 pages à un hommage que je trouvais démentiel à ce seigneur de la glace qui avait gagné 10 coupes Stanley et fait partie de la famille de tous les Québécois qui suivait assidûment le hockey du samedi soir à la télévision.

J’avais alors compris que le hockey était réellement une religion dans ma région d’adoption. En étudiant l’histoire de ce coin de terre, je m’étais rendu compte que nous, supporters du FC Sion, étions des enfants de chœur dans nos réactions. En mars 1955, alors que la vedette des Canadiens de Montréal, Maurice Richard, venait d’être suspendue pour le reste de la saison après avoir frappé un juge de ligne, la ville s’est embrasée au match suivant parce que le président de la Ligue nationale de hockey avait osé venir assister à la partie.

Les émeutes Maurice Richard marquent pour certains historiens le début de la Révolution tranquille et de la modernisation du Québec. Rien que ça!

Si je vous parle de ces deux héros québécois, c’est parce que le 22 avril dernier, le troisième superhéros des Canadiens, le démon blond, Guy Lafleur, est décédé à l’âge de 70 ans d’un cancer du poumon. Près des gens, le buteur légendaire savait parler à son peuple. Il avait même conquis les cœurs de ceux qui ne partagent pas la passion de la majorité du peuple. Il était devenu encore plus célèbre après avoir rangé ses patins.

55 pages ! 55 pages spéciales dans le Journal de Québec du lendemain: Béliveau était balayé. Et toute la nation québécoise attend, à l’heure où j’écris ces lignes, de savoir si la famille Lafleur va accepter les funérailles nationales qui lui sont dues. Si elle dit non, le drame va être immense…

Guy Lafleur a connu des saisons magnifiques. Il a cumulé 50 buts ou plus durant six saisons d’affilée. Source : tsn.ca

29 avril 2022

La Suisse plus transparente que le Canada

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 14 h 42 min
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Jamais je n’aurais imaginé écrire un tel titre et encore moins en parlant de banque. J’ai toujours entendu accoler le mot paradis fiscal à mon pays. Cette réalité est profondément ancrée dans l’inconscient des Nord-Américains. J’avais beau tenter d’argumenter, je n’arrivais jamais à convaincre mes interlocuteurs que la Suisse avait changé… jusqu’à ce que la guerre en Ukraine vienne brouiller les cartes.

« Un autre pays européen a été particulièrement transparent (en matière de sanctions économiques face à la Russie). Et ce n’est peut-être pas celui auquel vous pensez, en raison de sa réputation pour le secret bancaire. C’est la Suisse. » Ces quelques lignes parues dans un article de La Presse du 21 avril dernier signé de Vincent Brousseau-Pouliot m’a surpris au plus haut point.

L’article paru dans La Presse du 21 avril. Source : lapresse.ca

Le journaliste montréalais dans un papier titré « Combien a gelé le Canada? » s’insurgeait contre le fait que le Canada et ses banquiers refusaient de dire à combien s’élevaient les actifs réellement gelés en raison des sanctions contre de puissants Russes et leurs sociétés.

Une réputation sulfureuse qui doit évoluer

Le lendemain, on pouvait lire dans le Nouvelliste « des sanctions, avec des banques qui doivent elles-mêmes annoncer les avoirs russes, ne suffisent pas. » Mattea Meyer, la coprésidente du Parti socialiste suisse fustigeait la Suisse en disant qu’elle ne pouvait plus jouer « la profiteuse ». Consternant!

Je comprends bien que le citoyen nord-américain moyen qui, chaque fois qu’on parle de la Suisse ou d’un Suisse dans un film ou une série télévisée, entend que c’est un paradis pour les riches et les fraudeurs puisse avoir une vision erronée ne notre fonctionnement bancaire. Mais que des responsables politiques ne puissent pas sentir l’idée que notre pays a changé est désespérant.

Difficile, dans ces conditions, de faire comprendre que depuis une vingtaine d’années les banques suisses ne sont plus la caricature dans laquelle on veut bien les laisser. Les valises d’argent ou les fonds de voiture en lingots d’or ne font plus partie de notre paysage.

Une perception qui doit changer

Cette image d’une Suisse profiteuse colle à notre pays ici en Amérique du Nord. Les fonds juifs en déshérence sont passés par là et on causait un tort immense à notre image. Ils sont venus augmenter encore la perception d’un îlot d’hypocrisie pour les uns, de réalisme pour les autres qui jouit, au centre de l’Europe d’une situation des plus enviables.

Les films, les séries et autres fictions utilisent cette image du paradis des riches au cœur des Alpes. Dernièrement, ce sont même les bitcoins outils de rêves des plus grands escrocs de la planète qui avaient, dans une nouvelle série policière canadienne, leur centre de stockage dans les montagnes helvétiques. Tout concorde pour densifier encore cette image de profiteur de toutes les occasions enrichissantes.

La Suisse fut pauvre

Dans nombre de conversation avec des amis ou après une partie de curling autour d’une bière, le sujet du paradis fiscal suisse revient inlassablement. Il faut voir le regard incrédule de mes interlocuteurs quand je leur apprends qu’au XIXe siècle et dans la première partie du XXe siècle la Suisse faisait partie des pays les plus pauvres d’Europe.

Sans ressources naturelles, en manque de terres agricoles, avec une population en expansion, beaucoup n’avaient d’autres choix que d’émigrer. Nova Friburgo au Brésil ou les très nombreux Suisses qui trouvèrent une vie meilleure en Argentine sont les témoins de cette précarité. Ce n’est pas faire injure à nos ancêtres que de reconnaître que tout ne fut pas toujours facile pour notre pays.

Des changements qui commencent à porter leurs fruits

Depuis le début du XXIe siècle, un changement s’opère dans les mentalités. Le secret bancaire n’est plus un dogme absolu. C’est un deuil à faire pour beaucoup d’entre nous, mais cette évolution devient perceptible au-delà de nos frontières. L’article de La Presse que je citais en introduction est le témoin du bénéfice que le pays peut tirer de ces changements.

De plus en plus souvent, Londres, le Delaware, sans parler des îles Vierges ou Caïmans nous devancent largement au palmarès de l’opacité. Je suis convaincu que cette évolution est bonne non seulement pour l’image de la Suisse, mais également pour sa prospérité future. 

Car je suis certain que nous saurons éviter l’écueil de la sainte toute transparence et que, comme de coutume, notre cheminement pas à pas, comme un bon guide de montagne, nous permettra de trouver le juste chemin pour nous adapter aux changements de la société.

22 avril 2022

Dix ans au Québec – épisode 14

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 17 h 05 min
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Promis, c’est la dernière fois que je vous parle de l’hiver. Parce qu’au 15 avril, la neige commence à partir. Et elle part vite. Les dernières bordées de neige ressemblent aux neiges helvétiques. De la bonne vieille neige lourde et humide vient écraser le manteau neigeux québécois. Enfin la pelle à neige est utile. Enfin les bonhommes de neige sont faciles à façonner.

Mais ce moment ne dure pas. Très vite la pluie vient laver les neiges noircies par une fin d’hiver grisâtre. Les sentiers forestiers viennent vite impraticables. Rejoindre la cabane à sucre est un défi. Car ce moment entre gel et dégel, entre hiver et printemps, est celui de la montée de l’eau sucrée dans les érables. C’est le moment de se sucrer le bec tant qu’il reste de la neige pour figer la tire.

La saison des sucres est aussi celle des nids de poule. Avec la fonte et l’eau qui recouvre les routes, les pièges sont invisibles. Souvent profond ces résidus de gel causent des dégâts bien visibles, eux. Les suspensions des chars subissent un test annuel. Heureusement, les progrès technologiques nous permettent maintenant de signaler aux ouvriers municipaux l’emplacement exact de ces nids via une application et le GPS. On n’arrête pas le progrès. Si jamais on doit appeler le CAA (notre TCS), on peut même suivre sur la carte l’arrivée de la dépanneuse. Quel soulagement!

Tout ça pour vous dire qu’ici le printemps pointe son nez enfin. Je vais bientôt pouvoir sortir mes poules n’ont pas de leur nid, mais de leur hivernage. Leur résidence d’été émerge des glaces. La vie reprend doucement. Une chance on n’a pas besoin de lutter contre le gel. Au contraire des arboriculteurs valaisans, nos arbres ne sont pas menacés, ils dorment encore.

 
Ma rue recouverte d’eau après la neige… Source : Pierrot Métrailler

Quand le militant devient politicard

Steven Guilbeault, ce nom ne dit certainement rien aux lecteurs helvétiques. Tout le contraire au Canada, le ministre de l’Environnement est une figure bien connue, tout particulièrement au Québec. Militant écologique de la première heure, il fait partie du gouvernement de Justin Trudeau depuis 2015, gouvernement qui vient d’ouvrir la porte à de nouveaux sites pétroliers au Canada.

Selon sa légende personnelle, à l’âge de cinq ans, en 1975, il aurait grimpé dans un arbre pour empêcher son abattage pour un projet immobilier juste derrière sa maison à La Tuque. À ce moment-là, le petit Steven ne rêvait pas de devenir ministre, il voulait simplement protéger la nature.

Un étudiant engagé

Quand on a grandi à La Tuque, au nord de la Mauricie, dans une nature presque complètement préservée où l’homme semble tout petit face à la puissance des éléments, on ne peut que devenir un défenseur de cette majesté. Pourtant les années septante ne sont pas celles où la conscience environnementale est la plus forte.

Entré à l’université en 1989, il n’étudiera qu’une année en relations industrielles. Très vite, les sciences politiques l’attirent. Les relations internationales sont sa passion. Il fera aussi une mineure en théologie s’intéressant tout particulièrement à la théologie de la libération très présente en Amérique du Sud.

À côté des études, le militant ne tient pas en place. Droit de l’homme et écologie seront au cœur de son engagement. Activiste à la Fondation canadienne des droits de la personne, il militera aussi au Groupe de recherche en intérêt public issu du mouvement contestataire d’un écologiste américain.

Un militant qui fait parler de lui

Au terme de ses études, le sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 aura une influence décisive sur la suite de la carrière du défenseur de la nature. Liant cet engagement avec son activisme pour les droits de la personne, il fonde avec quelques amis une organisation citoyenne, l’Action pour la solidarité, l’équité, l’environnement et le développement (ASEED), qui prend officiellement le nom d’Équiterre en 1998.

Ses actions militantes prendront une tournure bien plus visible avec son passage à Greenpeace entre 1997 et 2007. Steven Guilbeault sera en charge des dossiers concernant les changements climatiques. C’est ainsi qu’en 2001 il escaladera la Tour CN à Toronto qui était, à l’époque, la plus haute tour du monde.

Arrivés à 340m du sol, avec son acolyte américain, ils vont déployer une banderole affirmant : « Canada and Bush Climate Killers » (Le Canada et Bush sont des tueurs du climat). Ce coup d’éclat lui vaudra la célébrité et… des mandats du gouvernement canadien.

Steven Guilbeaut, sa banderole et son complice, suspendus à 340m du sol sur la Tour CN à Toronto, le 16 juillet 2001. Source : Reuters

Une entrée remarquée en politique

Dès 2007, il participera à divers comités s’occupant d’efficacité énergétique ou de changements climatiques. « Steven Guilbeault est parmi les rares personnalités du monde environnemental avec qui il est important de rester en contact et dont il faut prévoir les réactions, parce qu’on sait que son opinion va compter », dira de lui Stéphane Dion le ministre fédéral de l’environnement de l’époque.

Cette brillante montée en puissance se poursuit avec son élection comme député à la Chambre des communes en 2019. Immédiatement il entre au gouvernement, mais pas au ministère de l’Environnement, à celui du Patrimoine pour faire son apprentissage. Ce n’est qu’en 2021 qu’il touche au Graal en devenant ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique.

Et là, tout bascule, le militant qui grimpait les tours pour sauver le monde apprend à avaler des couleuvres. J’avais déjà été surpris qu’il accepte de faire partie d’un gouvernement qui venait d’acheter un pipeline. Je me disais que le militant pensait qu’il allait pouvoir, de l’intérieur infléchir les décisions.

J’ai compris combien le pouvoir corrompt lorsqu’au moment de la présentation du budget fédéral au début du mois d’avril, c’est Steven Guibeault lui-même qui a annoncé l’acceptation du projet pétrolier Bay du Nord. Trois jours après que le GIEC ait annoncé qu’on ne pouvait plus attendre, qu’on devait agir maintenant, c’est incompréhensible.

« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne », disait Jean-Pierre Chevènement. Steven Guilbeault nous offre une troisième possibilité : il annonce lui-même tout ce qu’il a dénoncé durant toute sa vie.

Après cela on s’étonne que la politique nous rende cyniques!

8 avril 2022

Dix ans au Québec – épisode 13

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 13 h 21 min
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Il y a dix ans, je découvrais la conduite automobile au Canada. Si j’ai renouvelé mon permis la semaine dernière, je n’ai pas énormément roulé ces dix dernières années. Malgré le fait que je préfère me laisser conduire par ma blonde, j’ai progressé dans les règles locales de circulation.

Je m’arrête maintenant tellement bien aux arrêts, qu’il arrive parfois de le faire en Suisse. Ce qui est dangereux, car au Québec, il n’y a pas de priorités de droite. C’est premier arrivé, premier parti. En clair le premier qui s’arrête à la ligne du stop est le premier à avoir le droit de passer. 

Comme pour bien des choses, on fait la file et on attend son tour. J’ai aussi enfin compris que le feu rouge ne veut pas toujours dire de s’arrêter. Si on tourne à droite et que personne ne vient, on peut le faire. Sauf sur l’île de Montréal, ce n’est indiqué nulle part, mais on le sait!

De même, le feu vert ne veut pas toujours dire qu’on peut passer. Pour tourner à gauche, on attend qu’il n’y ait personne qui vienne en face. S’il clignote, alors là on peut y aller… Sans oublier que les feux (lumières en Québécois) sont de l’autre côté du carrefour et que pour voir la ligne d’arrêt en hiver, ce n’est pas gagné.

Vous comprenez pourquoi c’est ma blonde qui conduit !

 
Rouler dans les conditions québécoises est parfois périlleux. Source : Pierrot Métrailler

Après 36 ans d’attente

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 19 min
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Vendredi dernier, en suivant en direct le tirage au sort des groupes de la prochaine Coupe du monde de football au Qatar, j’étais un peu nerveux. Habituel pour un passionné de football comme moi, mais mes émotions se portaient sur deux boules qui allaient sortir du chapeau. La Suisse n’a pas eu de réussite et jouera dans le groupe le plus difficile. Le Canada n’est guère mieux loti.

Oui, vous avez bien lu, le Canada. Mon pays d’adoption participera à la deuxième Coupe du monde de son histoire. Je me souviens encore de ma surprise en collant les photos de cette équipe exotique sur mon album Panini du Mundial mexicain de 1986. Je n’imaginais pas alors que 36 ans plus tard, j’aurais pu faire partie de la sélection (oui, car je n’ai jamais été sélectionné par la Suisse!).

Pas le football qu’on croit

En débarquant au Canada, j’ai très vite compris que lorsqu’on parlait football, on parlait de ballons ovales, d’un jeu qui se joue en priorité avec les mains. C’est aussi là que je me suis rendu compte que mon anglais avait des lacunes. J’ai toujours cru que foot ça voulait dire pied.

Paraît que ça n’a rien à voir. Le football se joue avec les pieds, un peu et avec les mains, beaucoup. De septembre au début février, les semaines sportives sont rythmées par le football. Son programme est beaucoup plus régulier que celui du hockey dont la saison débute vraiment en avril avec les séries.

Tout d’abord, il y a le match du jeudi soir à une heure de grande écoute, puis la journée du dimanche avec treize parties réparties en trois groupes, 13h30, 16h30 et 20h. Enfin la semaine se conclut avec le match le plus suivi, celui du lundi soir. Donc, si je dis football, je parle de Tom Brady, le meilleur quart-arrière (quaterback pour ceux qui ne parlent pas québécois) bien plus que de Jonathan David, la petite merveille canadienne qui joue à Lille en France.

Avant tout un sport féminin

Football correspond aussi à Megan Rapinoe la légendaire capitaine de l’équipe étatsunienne. Depuis les derniers Jeux olympiques de Tokyo, à Lévis où je réside, football veut aussi dire médaille d’or. Médaille d’or pour Gabrielle Carle, une voisine de Saint-Romuald.

Mais l’héroïne du Canada est Stéphanie Labbé, notre Yann Sommer. À Tokyo, elle a été extraordinaire. Ses arrêts dans les séances de tirs au but ont été plusieurs fois décisifs. Car oui, la finale opposait la Suède au Canada et s’est terminée avec cet exercice difficile pour les nerfs.

Gabrielle Carle, médaillée d’or aux Jeux de Tokyo habite près de chez moi à Lévis. Source : Journal de Lévis.

Une folle progression

Le football, le soccer comme on l’appelle ici pour éviter toute confusion, est un sport bien connu au Canada. À ma grande surprise, j’ai même découvert lorsque j’étudiais le livre qui me permettrait de répondre aux questions de l’examen de citoyenneté canadienne que ce sport était celui qui avait le plus de membres inscrits au pays.

Plus d’un million de personnes le pratiquent dans près de 1200 clubs d’un océan à l’autre. Il faut dire que le hockey adulte n’est pas structuré si on n’est pas professionnel. N’empêche que c’est étonnant pour le pays du froid.

L’équipe nationale a subi une progression fulgurante durant les éliminatoires de cette Coupe du monde. Elle a même été l’équipe qui a gagné le plus grand nombre de places en 2021, passant de la 72e à la 40e pour finir au 38e rang à la veille du tirage au sort.

D’interminables éliminatoires

Si le jeudi 24 mars 2022 reste marqué d’une pierre blanche dans l’histoire de l’équipe nationale de soccer canadienne, il aura fallu jouer 20 matchs en une année pour fêter ce succès. Bon, 19, car le Canada a validé sa qualification contre le Panama à l’avant-dernier match.

Tout d’abord il fallait sortir vainqueur d’un groupe de cinq équipes  pour aller en barrages en matchs aller-retour contre un autre vainqueur d’un de ces six groupes. Les trois gagnants de ces barrages rejoignaient les cinq meilleures équipes de la zone pour un championnat à huit équipes. Championnat que le Canada a gagné à la surprise générale, devançant les USA et le Mexique.

Tout ça pour tenter de marquer le premier but de l’histoire du Canada en Coupe du monde, car en 1986, ça ne fut pas possible : trois défaites 1-0 contre la France et 2-0 contre la Hongrie, puis l’URSS. Je suis prêt à prendre les paris que le résultat sera meilleur au Qatar.

2 avril 2022

Dix ans au Québec – épisode 12

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 11 h 53 min
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Aujourd’hui, je vous offre un épisode court. J’ai trop parlé du permis de conduire et comme il y a dix ans, je parlais encore de l’hiver et que cette année, je n’en peux plus de voir neiger, je vais abréger. Car oui, il neige à Québec. Les 2,65m que je vous annonçais la semaine dernière ont dépassé les trois mètres maintenant. 

La tempête de la Saint-Patrick ne veut plus s’arrêter. En plus la température se veut plus clémente alors elle oscille entre cinq et moins cinq degrés. C’est-à-dire qu’il gèle et qu’il dégèle souvent. C’est bon pour les sucres des érables, moins pour la marche dans les rues. Je me suis retrouvé deux fois les fesses à terre ces derniers jours. Rien de grave, mais ça n’aide pas à apprécier la fin de l’hiver.

Pourtant j’aime l’hiver et le souvenir de la descente sur glace qui animait Québec il y a dix ans me redonne le sourire. J’avais rencontré Derek Wedge, un gars de Montana qui dévalait la piste glacée construite dans le Vieux-Québec avec ses patins comme s’il chaussait des skis. Il gagnera le titre mondial lors de notre deuxième rencontre. J’en ai encore des frissons.

1 avril 2022

Simplifier, compliquer ou rentabiliser?

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 19 h 43 min
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Je vis dans une social-démocratie. Vous pourrez vous demander qu’est-ce que ça implique. Après dix ans, je peux vous dire qu’il y a de bons et de mauvais côtés comme en toute chose. Surtout, mais ça ne doit pas être propre aux social-démocraties, il y a des complications et des lourdeurs administratives.

 « Zut, je pouvais prendre rendez-vous sur Internet! » Je pensais m’être parlé à moi-même. Visiblement, au sourire de l’agent de sécurité, j’ai laissé transparaître mon irritation un peu fort. La grande salle d’attente est très peu remplie, mais maintenant je sais qu’il va falloir être patient.

« Que peut-on faire pour vous aujourd’hui? » L’agent de sécurité fait également office de préposé à l’accueil. Le Québec est en train de changer. Deux fonctions pour une même personne, la pandémie est passée par là. À moins que ce soit la pénurie de personnel qui oblige les fonctionnaires à se dédoubler.

Une heure trente pour une photo

Quand j’indique au charmant monsieur que je viens pour renouveler mon permis de conduire, il me gratifie encore une fois de son merveilleux sourire. « Avez-vous aussi votre dossier pour votre carte maladie? » Mon regard dépité lui apporte la réponse. Sans même croiser ses yeux moqueurs, je vais m’asseoir sur une des nombreuses chaises libres.

Il est 11 h 10, je ne travaille qu’à une heure. Sachant que les bureaux ne ferment pas à midi et que je suis à quinze minutes de char de chez moi, ça devrait jouer. J’ai gagné le numéro B24 en arrivant. Le tableau montre que le dernier B à avoir passé est le 16. Sur les douze guichets de la SAAQ (prononcer sa aque), la Société de l’assurance automobile du Québec, seuls deux sont ouverts.

Malheureusement, la série A va beaucoup plus vite et défile allègrement : A11, A12, A13… Pendant ce temps l’autre guichet semble envahi par des problèmes insurmontables. Après 45 minutes d’attente le A22, assis devant moi craque, se lève et qui la salle. Je résiste et à 12 h 40, c’est enfin le B24. Il me faudra 12 secondes pour expliquer pourquoi je suis là, cinq secondes pour la photo, autant pour la signature et trois pour un sourire de remerciements.

Le permis carte d’identité

Durant cette belle heure et demie de réflexion sur une mauvaise chaise, j’ai eu le temps de penser au pourquoi du comment de cette situation. Oui, mon téléphone cellulaire (c’est quand même plus beau que natel…) était presque déchargé, donc je l’ai éteint. Si je dois refaire ma photo tous les huit ans, c’est parce qu’au Québec le permis de conduire fait également office de carte d’identité.

Une belle simplification administrative au premier abord, mais qui demande un rafraîchissement photographique régulier. Si le préposé à l’entrée m’a demandé si j’avais mon dossier pour ma carte maladie, c’est que cette carte aussi fait office de document d’identité. Heureusement, la RAMQ (prononcer rame cu), la Régie de l’assurance maladie du Québec, m’avait offert une nouvelle carte l’année dernière. Mes deux dossiers ne sont plus liés. Je viens de sauver une autre heure et demie.

Une taxe en cadeau

Si le permis de conduire est géré par l’assurance automobile, c’est que le Québec vit sous le règne du « No fault » depuis 1978. Le terme exact est le régime d’assurance sans égard à la responsabilité de quiconque. Ce fut une des lois phares du premier gouvernement de René Lévesque. L’arrivée au pouvoir du Parti québécois en 1976 a fait du Québec une social-démocratie.

Dans ce contexte, pour lutter contre les interminables procès en responsabilité après les accidents automobiles, le gouvernement a fondé une assurance obligatoire qui ne s’occuperait plus de savoir qui a causé l’accident. Coupables, pas coupables, même tarif, tes primes augmentent en cas d’accident. Tous égaux devant la loi!

Mais le permis de conduire est aussi une source de revenus pour le gouvernement. Si on paie bien les plaques d’immatriculation comme en Suisse avec une taxe ou un impôt annuel, en plus le permis de conduire se paie aussi chaque année. Et, cerise sur le gâteau, cette jolie facture d’une centaine de dollars est à payer pour le jour de l’anniversaire. Joli moyen de répartir les revenus sur toute l’année.

Cadeau bonus

C’est un véritable cadeau, car chaque année, on découvre la surprise du montant. Car, ce permis est à points. On en a douze au départ. Chaque infraction nous coûte une amende, mais aussi quelques points selon la gravité de la faute. Téléphoner au volant a été durci et vaut maintenant trois points. Si on arrive à zéro ou à un score négatif : plus de permis.

Ces points sont retirés pour deux ans. Il faut donc attendre d’être revenu positif pour retrouver son permis. Ce serait trop simple si ça s’arrêtait là. Les points retirés valent une hausse de la taxe permis. Donc un excès de vitesse par exemple qui vaut deux points (10 à 20km/h de dépassement) coûtera un peu moins de cent dollars sur le moment, plus la hausse de taxe (selon le nombre de points total) durant deux ans.

Il faut bien que la social-démocratie vive.

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