Valais Libre

28 février 2018

366 histoires suisses

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29 février – Percement du Gothard (1880)

percement du tunnel du Gothard

Ce 29 février 1880 à 11h 15, le portrait de Louis Favre passe d’une main à l’autre à travers le dernier pan du tunnel du Gothard. L’ingénieur genevois ne verra pas l’aboutissement de son chantier. À peine 20 cm de décalage entre le tube parti du Sud et celui du Nord, le travail a été parfaitement réalisé. Une rupture d’anévrisme aura empêché le soucieux Favre d’admirer son oeuvre.

Il faudra attendre encore deux ans pour que les travaux, débutés en septembre 1872, se terminent et permettent aux trains de franchir le plus long tunnel jamais creusé. En effet, les 15 km de galerie sont un défi incroyable pour l’époque. Alfred Escher, le père des chemins de fer helvétique, aura mis beaucoup d’énergie pour convaincre les autorités, les milieux ferroviaires et les milieux financiers de la pertinence de cet ouvrage.

Les conditions de travail seront très pénibles. Les ouvriers percent un peu plus de 5 mètres par jour au prix d’efforts surhumains. 307 mourront sur le chantier, sans compter ceux qui disparaîtront à cause de la silicose. Ils étaient payés entre 4 et 5 francs la journée et logés dans des baraquements à proximité du chantier.

La majorité des ouvriers provenaient du Piémont. Ce travail de pionnier a permis de grandement améliorer les techniques de forage avec l’apparition des perforatrices pneumatiques et l’utilisation de la dynamite pour remplacer la poudre noire.

L’exploitation du tunnel débutera le 1er juin 1882.

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28 février – Gild Tschudi (1572)

Aegidius Tschudi

Tschudi est encore loin d’être un historien moderne… Combien d’historiens modernes sont encore loin d’être des Tschudi! L’homme qui décède en ce 28 février 1572 a traversé les âges, même s’il est loin de faire l’unanimité. Son Chronicon Helveticum ne sera publié qu’après sa mort, mais il demeurera longtemps la base de l’histoire de la Confédération.

Gild, c’est le terme helvétique, mais il est aussi parfois appelé Aegidius ou Égide, Tschudi nait à Glaris en 1505. Il sera l’élève du curé Zwingli. Il aura des sympathies pour le début du mouvement de Réforme de l’Église, mais demeurera fidèle à Rome. Avant d’être retiré des affaires publiques, il faillit plusieurs fois faire éclater une guerre civile en défendant la religion catholique.

Mais son oeuvre principale est l’histoire de son pays et des hommes qui y vivent. Il parcourt inlassablement sa région, son pays et recueille des notes, recopie ses découvertes. Commandant de mercenaires, il profite des campagnes militaires à travers l’Europe pour étoffer sa récolte. Passionné, il compile les documents, les recoupe, les interprète.

Sa rigueur est plus celle d’un conteur que celle d’un scientifique. Il falsifiera certaines pièces pour prouver que sa famille remonte aux origines de Glaris et a toujours participé à son gouvernement. Qui comprend le coeur humain reconnaît qu’on ne pourrait former un homme excellent et distingué sans se servir du Chronicon Helveticum de Tschudi. Le jugement est de Goethe.

Le poète fait découvrir Tschudi à son ami Schiller qui tirera son Guillaume Tell de cette lecture. Tschudi ne s’intéresse pas qu’à l’histoire officielle, les moeurs, les coutumes, la monnaie, les inscriptions, tout est répertorié. En mourant, il laisse un matériel imposant. Il est considéré comme le père de l’histoire suisse.

27 février 2018

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27 février – Quand Jung rencontre Freud (1907)

C’était le premier homme vraiment important que je rencontrais, jamais encore je n’avais fait l’expérience d’une telle personnalité. Je le trouvais extraordinairement intelligent, d’une acuité d’esprit exceptionnelle, remarquable à tout égard. Cependant, mes premières impressions restèrent floues, incompréhensibles en certains points…

Ce 27 février 1907, Carl Gustav Jung rencontre pour la première fois Sigmund Freud chez lui à Vienne. Le jeune psychiatre thurgovien, Jung a 32 ans, qui a envoyé au maître son livre Psychologie de la démence précoce, est fortement impressionné. Ils discuteront durant 13 heures sans interruption. Sigmund Freud lui expose ses théories sur la sexualité. Jung est passionné, mais il gardera un malaise. Il n’a pas assez d’expérience pour faire part de ses objections.

Elles viendront plus tard. Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. Nous devons en faire un dogme, un bastion inébranlable! Jung, qui s’y connaît, y voit une volonté de puissance, le projet de construire une Église. Le malentendu est là, et le fossé ne cessera de grandir.

La rupture sera consommée en 1913 lorsque Jung expose sa psychologie analytique qui prend ses distances avec la psychologie de Freud. L’un recherche les explications à l’intérieur de la personnalité, l’autre ne veut pas couper la personnalité de son milieu. L’inconscient collectif de Jung l’éloigne du Moi, du Surmoi et du Ça de Freud.

Querelles de spécialistes, mais surtout divergences dogmatiques. Quand une nouvelle science nait, les angles sont acérés. Carl Gustav Jung mourra en 1961 à 85 ans sur les bords du lac de Zurich 22 ans après Sigmund Freud. Malgré quelques doutes sur ses relations avec le régime nazi durant la Deuxième Guerre mondiale, il a profondément marqué les sciences humaines.

26 février 2018

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26 février – Mauvais carnaval à Bâle (1376)

Morgenstraich à Bâle

La ville de Bâle mise au ban de l’Empire, 15 citoyens exécutés, le Conseil de ville qui s’humilie bien bas devant les représentants de l’empereur et une forte amende à payer, les Bâlois se souviendront longtemps de ce 26 février 1376. Tout avait si bien commencé pourtant.

Le duc Léopold III d’Autriche tient sa cour au Petit-Bâle et mène joyeuse vie avec ses compagnons. Voulant fêter dignement le carnaval, il décide d’organiser un tournoi le jour du Mardi gras. Ne trouvant aucun lieu adéquat sur la rive droite du Rhin, il traverse, en compagnie de sa suite, en cortège, le seul pont et se dirige sur la Place de la Cathédrale. Le peuple bâlois accouru en nombre apprécie le spectacle.

À la fin du tournoi, quelques seigneurs bien chauds décident de s’amuser encore un peu. Ils foncent dans la foule en brandissant leurs lances. Un vent de panique s’empare des spectateurs. Le bruit que le duc veut s’emparer de la ville se répand, on sonne le tocsin. Une énorme mêlée s’engage, plus personne ne maîtrise plus rien.

Quatre nobles y laisseront leur vie, le duc pourra s’enfuir de justesse et regagner l’autre rive du Rhin. La Place de la Cathédrale est décimée. Lorsqu’il reprendra ses esprits, le duc sera furieux. Il va apprendre aux Bâlois à avoir le sens de l’humour. La ville sera écrasée par les sanctions. Elle ne s’en remettra pas avant dix ans et la mort du duc Lépold III à la bataille de Sempach.

25 février 2018

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25 février – La Folle Vie à carnaval (1477)

drapeau de la Folle Vie

Le carnaval 1477 restera dans les annales de l’histoire suisse. Cette expédition est connue sous le nom allemand de Saubannerzug. Un sanglier et une massue d’or sur fond d’azur constituaient la bannière qui rassemblaient les mécontents en marche de Lucerne vers Genève.

Rentrés depuis peu dans leur région de Lucerne, des soldats confédérés de retour de Nancy fêtent carnaval. Ce 25 février 1477, un manque d’argent vient freiner leurs libations. Quelques leaders se souviennent que Genève la savoyarde doit une rançon de 24 000 florins aux suisses. Ils décident d’aller réclamer leur dû directement à la cité du bout du lac.

La folle troupe débridée et joyeuse se met en marche. En remontant l’Entlebuch, elle grossit et c’est bientôt 1700 jeunes soldats fraichement rentrés de la guerre qui écument la campagne. Ils vivent chez l’habitant, rançonnent et pillent selon leur humeur. Gare aux filles qui trainent sur leur passage. Quand on vient de gagner les guerres de Bourgogne, on a tous les droits.

Les villes prennent petit à petit peur. Berne tente de les calmer en leur offrant à boire et à manger. Les autorités bernoises envoient des émissaires à Genève pour enjoindre la ville à payer au moins une partie de la rançon. La troupe repart. Fribourg est apeuré. On cache les filles et les nonnes avant l’arrivée de ceux qu’on nomme en français Les compagnons de la Folle Vie.

Finalement Genève versera deux florins à chaque compagnon, le coup de l’étrier pour leur redonner du courage pour la route et 8 000 florins aux Confédérés. L’expédition aura duré un bon mois et mis en émois la campagne entre Lucerne et Genève.

24 février 2018

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24 février – Histoire thermale (1038)

Eaux de la Tamina

Des cordes pendent dans les gorges encaissées de la Tamina. Des valets de bain descendent les malades solidement attachés jusqu’au fond des gorges. Ils les laissent ensuite tremper quelques heures dans des bassins creusés dans la roche. Ils sont ensuite remontés à la force des biceps. Les eaux sont bienfaitrices et un tel traitement fait son effet.

Pèlerins, lépreux et malades de tout genre accourent à l’Abbaye de Pfäffers près de Bad-Ragatz dans le canton de Saint-Gall. Les moines les accueillent avec attention et leur prodiguent soins et réconfort. Selon la légende, ces sources chaudes, connues du temps des Romains puis oubliées, ont été redécouvertes ce 24 février 1038 par Karl von Hohenbalken et ses chasseurs à la recherche du gibier tombé de la falaise.

Elles vont dès lors attirer les curieux. C’est en 1242 que les premières installations seront mises en place par des valets et que l’aventure des cordes commencera. Une telle expédition ne peut laisser insensible et si les eaux ne sont pas complètement efficaces, les émotions complèteront la guérison.

Ces sources thermales ne sont bien sûr pas uniques en Suisse, mais elles illustrent une richesse du pays qui traverse les âges. L’exploitation des eaux, les bassins, les traitements ont beaucoup évolué, mais la magie ressentie par les premiers patients se balançant au bout des cordes perdure.

23 février 2018

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23 février – César Ritz (1850)

César Ritz

Vous ne ferez jamais rien dans l’hôtellerie. Il faut certaines dispositions, un flair spécial, et, pour vous dire franchement la vérité, vous ne les avez pas… Escher, le directeur des Trois-Couronnes à Brigue ne pouvait pas se tromper plus complètement. Son jugement sur César Ritz, son apprenti, restera un modèle de mauvaise prédiction.

César Ritz, né ce 23 février 1850, marquera l’histoire de l’hôtellerie. Après cet échec aux Trois-Couronnes, le jeune natif de Niederwald deviendra sacristain, mais les cloches ne l’inspirent pas. Il profitera de l’exposition universelle qui se tient à Paris en 1867 pour tenter une nouvelle fois sa chance dans la sommellerie.

Il apprend à tout voir sans paraître observer, à tout entendre sans avoir l’air d’écouter, à être attentif, mais non servile, à aller au-devant des désirs sans être présomptueux… Le jugement cette fois est tout autre. César Ritz prend son envol.

Baden Baden, Londres, retour à Paris, le génie du haut-valaisan est d’inventer les hôtels de luxe. Il est le premier à proposer des chambres avec une salle de bains individuelle. Il personnifie les suites, leur donne une singularité, il est aux petits soins pour ses hôtes. Il s’associe avec un grand chef et distille son savoir à travers le monde.

Malheureusement la maladie viendra briser son élan dès 1910, il agonisera durant 8 ans pour mourir à la veille de la fin de la Première Guerre mondiale le 26 octobre 1918 à Küssnacht dans le canton de Schwytz. Son oeuvre perdurera et son nom restera à jamais lié à l’hôtellerie de qualité.

22 février 2018

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22 février – Complice d’Édison (1899)

John Krüsi

Quelques jours plus tard, il m’apporta donc « ça »: un cylindre doté d’une manivelle, avec par-dessus un diaphragme muni d’une aiguille qui pouvait tracer une rainure en spirale dans la cire appliquée sur le rouleau. L’un de nous tourna la manivelle, l’autre chantonna devant le diaphragme la berceuse « Mary had a little lamb… » Puis nous replaçâmes l’aiguille au point de départ…

Lorsque je tournais la manivelle, on entendit la berceuse vibrer dans le diaphragme. J’eus un sentiment de triomphe extraordinaire, celui d’être au début de quelque chose de très important. Krüsi le sentit aussi, mais il l’exprima dans son langage natal en s’écriant simplement: « Gott im Himmel!… »

Thomas Édison décrit la première expérience d’enregistrement de la voix humaine avec beaucoup d’émotion. Il relate le résultat de la construction demandée quelques jours auparavant à son assistant Johann Krüsi. Né en 1843 à Heiden en Appenzell, Krüsi sera le fidèle complice de l’inventeur.

Il a 34 ans en 1877 lorsque naît le premier phonographe, il a débarqué aux États-Unis 7 ans plus tôt. Il entre au service de l’inventeur une année après son arrivée. Son apprentissage de serrurier le mènera très loin. Ampoule électrique, génératrices, tubes isolants, les inventions où l’implication de Krüsi est importante, seront nombreuses.

L’inventeur appenzellois meurt ce 22 février 1899 à Schenectady dans l’état de New York aux États-Unis.

21 février 2018

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21 février – Albert de Haller (1735)

Albert de Haller

De utilitae anatomiae pro relevandis systematibus praticis falsis. En prononçant ce discours ce 21 février 1735 à Berne, le jeune médecin Albert de Haller prend une dimension européenne. L’ouverture du premier institut d’anatomie en pays bernois va donner un élan décisif à la compréhension du fonctionnement du corps humain.

De Haller a 27 ans, il est d’une intelligence précoce. Il étudie la médecine à Tübingen et à Leyde sous la direction d’éminent docteur. Il passera son doctorat à 19 ans. Il parcourt ensuite le pays avec un ami d’étude et composera un poème resté célèbre: Die Alpen.

Rentré à Berne, il devient médecin et ouvre en 1735 un théâtre anatomique voué à la dissection des cadavres, à l’enseignement et au perfectionnement de ses collègues. Mais devant le peu d’empressement des autorités à le soutenir, il accepte la chaire d’anatomie, de chirurgie et de botanique à Göttingen. Il sera le créateur du Jardin botanique et de l’institut d’anatomie de l’université.

Il rentre à Berne en 1753, mais malgré une aura européenne, il aura toujours de la peine à se faire reconnaître par les siens. Il est nommé directeur des salines de Bex en 1758. La visite que lui fera l’empereur François d’Autriche juste avant sa mort impressionnera ses contemporains.

Sa légende raconte qu’au moment de mourir en 1777, le pouce droit sur l’artère du poignet gauche, il prononça ses dernières paroles: Il ne bat plus…

20 février 2018

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20 février – Romanche, langue officielle (1938)

91,6 % de Oui, l’unanimité des cantons, l’arrêté fédéral modifiant les articles 107 et 116 de la Constitution fédérale ne fait pas un pli. En ce dimanche 20 février 1938, les 54 % des électeurs qui se sont rendus aux urnes ont fait du romanche la quatrième langue nationale. Langue nationale, mais pas officielle, tous les textes des autorités ne seront pas obligatoirement traduits dans les 4 langues.

Localisée dans les Grisons, les langues romanches comprennent 4 versions écrites: Le sursilvan, le romanche d’Engadine ou ladin, le sutsilvan et le surmiran. Chacune dominait dans une région ou une vallée. En 1982, la ligue romanche a standardisé l’écrit en adoptant le Rumantsch Grischun qui est aujourd’hui enseigné dans les écoles.

Le rhétique ancien se serait mélangé au latin vulgaire au moment des conquêtes romaines pour donner naissance au rhéto-romanche. La langue a ensuite évolué différemment selon les vallées. Ce n’est qu’au XVIe siècle que le besoin d’une langue écrite est apparu pour le culte, l’instruction religieuse, puis pour l’école.

À la fin du 19e et au début du 20e siècle, un mouvement pour la préservation de ce patrimoine culturel est né. Il aboutira par l’adoption de l’arrêté fédéral qui est une reconnaissance de la culture romanche. Aujourd’hui, environ 60 000 personnes parlent le romanche dont un peu plus de la moitié comme langue principale.

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