Valais Libre

24 décembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 39

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 5 h 28 min
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Trente-neuvième et dernier épisode. La prochaine fois que je prendrai le clavier, la décade en terre québécoise sera bouclée. Il y a dix ans, je ne vous avais pas donné rendez-vous dans dix ans. Pas que je n’aime pas Bruel, je n’imaginais simplement pas écrire régulièrement dans le Confédéré. Je le refais depuis trois ans avec un plaisir toujours aussi grand.

Il y a dix ans, je ne me souciais pas de mon futur au Québec. J’avais décidé de vivre ma vie avec plénitude et de me laisser porter par les événements et les opportunités. Ils m’ont comblé. Tout n’a pas toujours été facile. « J’ai connu des marées hautes et des marées basses. J’ai rencontré des tempêtes et des bourrasques ». 

Mais l’aventure est belle et après la plus grosse des tempêtes (le Covid) qui a mis à terre une grande partie de mes constructions, le beau temps est apparu sans prévenir pour lier mes racines et mon futur. Il ne me reste plus qu’à conclure comme Bruel : « Tiens si on se donnait rendez-vous dans dix ans. » Ça, c’est peut-être pour parler de mes découvertes et adaptations au Québec, pour le reste, je vous donne rendez-vous au début 2023.

10 décembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 38

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 59 min
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Il y a dix ans, à la même période, je faisais un voyage à Montréal. Je n’en ai pas fait beaucoup par la suite. Il faut dire que Montréal est un peu une ville opposée à celle de Québec. J’ai appris et surtout apprécié la concurrence depuis et les défaites à répétition du Canadien de Montréal me font souvent plaisir. Mais, à cette époque, j’ignorais tout ça.

Je faisais ce voyage, invité par le Consul de Suisse pour une entrevue et surtout pour retrouver une ancienne amie d’école que je n’avais plus revue depuis le cycle d’orientation. C’est quand même un peu fou, sur la vingtaine d’élèves de ma classe, nous étions trois à vivre au Québec à ce moment-là. Et on dit que les Saviésans ne sont pas ouverts sur le monde…

Quelque temps après, j’apprendrai qu’à quelques mois près, nous étions quatre. Une autre amie venait de revenir en Valais après six ans passés au Québec. Dix ans plus tard, mon amie habite encore Montréal, mais le troisième larron est lui rentré sur ses terres. Il sera resté quinze ans. J’espère bien que dans cinq ans, je serai toujours aussi bien au pays de l’hiver, c’est tout blanc depuis une bonne semaine, et que je serai prêt à vous livrer mes impressions quindécennales.

26 novembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 37

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 34 min
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Il y a dix ans, je découvrais un sport qui m’est devenu aujourd’hui familier. Il commence également à se faire connaître en Europe puisque des matchs y sont de plus en plus régulièrement organisés. Après l’Angleterre, l’Allemagne commence à y goûter. Il existe même un championnat suisse, et ce, depuis 1982. Je ne le savais pas jusqu’à aujourd’hui.

Ce sport mystérieux est le football américain. Enfin, le football comme on dit dans ma nouvelle région. Rien à voir avec le soccer qui occupe tous les esprits actuellement avec la Coupe du monde où, pour la deuxième fois, après 1986, le Canada est qualifié. Il ne faut pas confondre le football américain et le football canadien.

L’un se joue à onze contre onze et on a quatre essais pour faire avancer le ballon de dix verges (yards, 91,44 cm), l’autre à douze contre douze et on a trois essais pour faire avancer le ballon de la même distance. Les Canadiens utilisent plus de monde pour amener en moins de tentatives le ballon sur la même distance.

Je sais, vous n’avez rien compris. Vous êtes dans la même situation que moi lorsque je me suis retrouvé au bord du terrain du Rouge et Or de l’Université Laval à Québec. Si un collègue photographe ne m’avait pas agrippé par le bras, c’eût pu être ma dernière partie. Je n’avais pas vu venir droit sur moi la foule déchaînée des joueurs avides de ballon.

Sans connaître les règles, difficile d’anticiper les jeux. En fait, elles sont simples. Deux équipes de 12 joueurs se battent pour amener le ballon dans le but adverse ou le faire passer entre les poteaux (3 points). Pour marquer 6 points, il faut pénétrer en tenant le ballon dans la zone de but ou le recevoir dans cette même zone. Pour y parvenir, on peut faire progresser le ballon soit en se faisant des passes, soit en le portant. La transformation qui suit vaut 1 point si on arrive à botter le ballon entre les poteaux.

Ça paraît simple, mais l’équipe qui n’a pas le ballon va chercher à intercepter les passes ou à faire tomber le porteur du ballon. Dès que celui-ci a trois parties du corps qui touchent le sol (les deux pieds et une main par exemple), le jeu s’arrête. Dans le système canadien, l’équipe qui attaque a trois essais pour que le ballon progresse de 10 verges (4 essais aux USA). Si elle y parvient, on repart pour une nouvelle séquence offensive, si elle échoue, l’équipe adverse passe à l’offensive.

Je vous passe les autres détails. Il faut juste savoir que les coéquipiers du porteur du ballon vont tout faire pour empêcher les adversaires de l’atteindre. Et quand je dis tout faire, c’est vraiment tout! Quand un beau bébé de près de 300 livres (environ 140 kilos) vous barre le passage, c’est impressionnant.

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19 novembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 36

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 29 min
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Il y a dix ans, j’ai eu l’occasion de manger à la meilleure table de la ville de Québec : au Saint-Amour sur la rue Sainte-Ursule. Dix ans plus tard, le chef est toujours le même. Jean-Luc Boulay est une institution dans la Capitale nationale. C’est invité par l’ambassadeur de Suisse au Canada et le consul de Suisse à Montréal que j’ai eu ce bonheur.

Si le Saint-Amour est le garant d’une cuisine traditionnelle au service raffiné avec un protocole presque digne de Bocuse (pour parler des restaurants que j’ai eu la chance de découvrir), le chef Boulay en possède un autre à Québec, Bistro Boréal, plus axé sur la cuisine moderne nordique.

J’ai aussi eu le privilège de le fréquenter, invité par Swiss Wine. L’immigration, c’est aussi des invitations improbables. Ce n’est pas mon passé politique qui m’a valu de découvrir ces hauts lieux de la gastronomie. C’est tout simplement des rencontres fortuites et surtout ma maîtrise de la raclette.

En effet, un Québécois que j’ai connu au curling organisait un salon des vins suisses. Ayant ainsi connaissance de cet événement, je m’y suis intéressé. Philippe Varone présentant des vins et n’ayant personne sur place, je me suis trouvé un travail Swiss Wine organisant une raclette, un tablier enfilé, j’étais derrière les fourneaux.

Le consul de Suisse à Montréal d’alors, un Lausannois qui adorait la raclette, a très vite sympathisé avec moi. Je me suis retrouvé attablé quelques mois après au Saint-Amour. Trois ans et deux salons des vins plus tard, c’est Swiss Wine qui m’invitait au Bistro Boréal.

Comme quoi, il est toujours bon de maîtriser des techniques traditionnelles comme la raclette!

12 novembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 35

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 5 h 58 min
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Il y a dix ans, je recevais le commandant de la police valaisanne à manger chez moi à Saint-Jean-Chrysostome. Il faut dire que Christian Varone est un ami. Nous venons de la même commune et il est à peine plus âgé que moi. C’est donc tout naturellement que nous avons partagé un repas. Je l’ai également suivi dans les conférences qu’il donnait à Québec.

Invité par le Centre de Recherche et d’Innovation en Sécurité civile du campus Notre-Dame-de-Foy à Saint-Augustin-de-Desmaures, Christian passait quelques jours à Québec pour parler à des pompiers, des secouristes et des policiers en formation. Quelques mois après le terrible drame du tunnel de Sierre où 28 personnes, dont 22 enfants, avaient perdu la vie, son analyse de l’intervention des secours passionnait son auditoire.

C’est aussi ça la vie d’un immigré, la rencontre d’un ami qui fait remonter les souvenirs d’enfance, un moment de partage où il fait bon jaser du temps jadis. C’est aussi cette même rencontre qui met en relief la distance. Je me souviens encore de mon émotion en mars 2012. Deux mois à peine après mon installation au Québec, une tragédie secouait ma terre natale.

Je me suis parfois demandé comment j’aurais traité l’affaire. Quelle place aurais-je donné dans le Confédéré à ce fait tout sauf divers? Ma sensibilité m’aurait-elle permis d’affronter froidement la cruelle réalité du décompte des victimes? En entendant le commandant de la police cantonale raconter son arrivée sur les lieux de l’accident, j’avais les yeux humides comme tous les autres auditeurs.

Je que je sais par contre, c’est que j’étais bien heureux quelques mois plus tard de ne pas être en Valais pour les élections cantonales 2013. Pas parce que j’aurais pu éviter la non-élection de Christian au Conseil d’État, mais parce que je n’avais pas eu besoin de régler les conflits d’intérêts entre le président du PLR de Savièse et le secrétaire cantonal de ce même parti. Je n’étais plus ni l’un ni l’autre. La distance peut aussi faciliter les choses.

5 novembre 2022

Dix ans au Québec – épisode 34

Filed under: k. saga québécoise,Uncategorized — vslibre @ 12 h 31 min
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Il y a dix ans, je découvrais mon premier automne québécois. Même si j’aime l’hiver, l’automne, son début en tout cas, est un moment exceptionnel. Joe Dassin l’avait chanté dans ma jeunesse, je le connais bien maintenant cet été indien. En fait si on veut être précis, c’est l’été des Indiens. La nature n’est nulle part ailleurs aussi scintillante.

L’été des Indiens est nommé ainsi parce que c’était le signal pour les populations autochtones que leur estivage se terminait. Si dans les Alpes on monte en altitude l’été, sur la côte nord du fleuve Saint-Laurent, les Innus descendaient vers le sud à la belle saison. Ils venaient vers le fleuve, puis vers les villages des colons pour vendre leurs peaux et s’adonner à la confection de différents ustensiles et outils.

Avant les années soixante et la sédentarisation de ces tribus, quand les feuilles éclataient de couleurs, l’heure était venue de préparer le départ. En hiver les populations montaient vers le nord, là où les troupeaux de caribous étaient nombreux, là où la chasse allait permettre de résister sans trop de peine. Car la saison froide était vraiment froide. Heureusement, les Innus sont passés maîtres pour apprivoiser l’hiver, survivre dans des températures pouvant descendre jusqu’à moins cinquante. Une tente de peau et un bon feu ajouté à de la fourrure facilitent la survie. L’hiver était leur saison qui leur procurait de la subsistance presque pour toute l’année.

Aujourd’hui, les hivers sont plus faciles. Je n’ai jamais vu plus bas que moins trente-six, mais c’est rare. Alors je profite des dernières couleurs avant de retrouver mon râteau pour ramasser des montagnes de feuilles. La face cachée de l’été des Indiens est aussi une occasion de rencontres entre voisins une ultime fois avant d’entrer en hibernation.

L,automne vu de ma fenêtre de Lévis. Source: PM

22 octobre 2022

Dix ans au Québec – épisode 33

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 14 h 16 min
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Je vous ai parlé souvent de combien le curling avait été important pour mon intégration au Québec. Quelques heures avant que je n’écrive ces lignes, il m’a permis de franchir une nouvelle étape. Une que je ne pensais jamais franchir. Pour la première fois, je me suis réjoui d’une défaite de la Suisse face au Canada.

Pas un bravo de circonstance pour bien paraître envers mon environnement. Non, une vraie satisfaction, une joie presque aussi totale que quand Sion gagnait en finale de coupe. Cette euphorie je l’ai en écrivant, car après avoir battu la Suisse en demi-finale, le Canada a battu l’Écosse en finale du Championnat du monde de curling mixte.

Je sais, je ne m’enthousiasme pas tellement pour le Canada. Vous le savez, je suis bien plus Québécois. Mais quand l’équipe Canada est composée de quatre Québécois et qui plus est de quatre membres du club de curling Etchemin, mon club de curling. Je connais moins Jean-Michel Ménard et Annie Lemay qui vivent dans la région d’Ottawa, mais Marie-Franche Larouche, Ian Belleau et leur entraîneur Éric Sylvain sont devenus des amis.

Très hâte de fêter avec eux mercredi prochain au bar du club.

Éric Sylvain, Annie Lemay, Marie-France Larouche, Jean-Michel Ménard et Ian Belleau, le quintette en or du club de curling Etchemin. Source : Facebook

Dix ans au Québec – épisode 32

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 6 h 59 min
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Quelle coïncidence, il y a dix ans, dans mes chroniques de découvertes du Québec, je parlais de mes découvertes du fonctionnement électoral dans ma nouvelle région. Mes yeux novices voyaient alors des choses qui me semblent tout à fait normales aujourd’hui que je suis un citoyen canadien qui vient de voter pour la troisième fois (une fois aux fédérales, une fois aux municipales et dernièrement aux provinciales).

Voilà ce que j’écrivais il y a dix ans : « L’organisation du vote est soignée, la salle respire la sérénité. Neuf bureaux numérotés attendent les citoyens qui ont reçu leur numéro par la poste quelques jours avant. Chaque bureau possède les listes d’environ 400 personnes. 

Trois personnes y assurent le bon fonctionnement: vérification de l’identité, présentation du bulletin et enregistrement du vote, chacun possède son rôle. Le matériel paraît, lui, un peu léger à mon regard helvétique : un carton sur une table en guise d’isoloir et un autre comme urne scellée. Ce matériel à usage unique est distribué par l’entremise du directeur des élections. »

Pénurie de personnel oblige, aujourd’hui, il n’y a plus que deux personnes par bureau. Vérification de l’identité et enregistrement du vote sont faits par la même personne. Par contre, il faut toujours utiliser uniquement le crayon donné par le préposé et validé par Élection Québec qui a fait des tests pour trouver le scripteur ultime : dureté de la mine, effaçabilité, mais pas trop du trait, etc., etc.

Vous riez, mais si vous ne cochez pas la case en face de votre candidat avec ce crayon, votre vote n’est pas valable. Les conservateurs révolutionnaires qui mettent toujours en doute les objets du gouvernement ont peut-être perdu un siège à cause de cette non-utilisation… À quoi tient la démocratie.

Un isoloir, une urne en carton, les standards ne sont pas les mêmes au Québec qu’en Helvétie, mais la démocratie est bien vivante. Source : Pierrot Métrailler

8 octobre 2022

Dix ans au Québec – épisode 31

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 8 h 42 min
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Dix ans au Québec – épisode 31

En relisant mon trente et unième épisode de « Première année au Québec », je me suis replongé dans mes premières rencontres d’Helvètes immigrés dans la Belle Province. Je parlais de l’ami Franc que je n’avais plus revu depuis la deuxième année du cycle d’orientation à Savièse et que j’ai retrouvé ici, il habitait depuis 15 ans à Bromont. 32 ans après les bancs d’école, on s’est recroisé dans les rues de Québec.

Denise était aussi assise dans la même classe que moi au cycle d’orientation. Je suis monté à Montréal pour la retrouver autour d’une bière à sa sortie du travail. Mariée depuis 20 ans à un Québécois, elle était devenue une vraie Montréalaise. Je l’avais revue une ou deux fois après l’école, mais ça faisait bien 25 ans qu’on s’était perdu.

Trois Saviésans du même âge, étant allés à l’école ensemble, se retrouvent trois décennies plus tard à 6000 kilomètres. Patrick Bruel et son rendez-vous dans 10 ans au même endroit paraissent un peu faciles à côté. C’est aussi ça la magie des changements de monde. Où qu’on aille, il y a de fortes chances qu’on retrouve un morceau de son passé. Réconfortant et intrigant à la fois. L’expression le monde est petit est donc bien juste, mais il est grand par les opportunités qu’il nous donne. A chacun de savoir les saisir.

1 octobre 2022

Dix ans au Québec – épisode 30

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 13 h 17 min
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Il y a dix pour ma trentième chronique, je dissertais sur le grand fleuve de ma région. Le majestueux Saint-Laurent m’inspirait. Immigrer, c’est aussi découvrir de nouveaux horizons au sens propre du terme. Et là, mon horizon avait radicalement (j’aime ce mot) changé. Le décor de la région de Québec est très loin des paysages valaisans. Deux des plus belles régions du monde, mais différentes.

« Attends, tu me dis pas qu’on a déjà traversé le fleuve! Je ne l’ai même pas vu! » Ma blonde avait un sourire ironique en me disant ça. C’était en 2003, je n’avais encore jamais mis les pieds au Québec. Je l’ai vu le Saint-Laurent l’année suivante lors de mon premier voyage. Un kilomètre, la traversée du pont de Québec à son endroit le plus étroit.

Le pont de Québec, ouvert en 1916 est un ouvrage impressionnant. En arrière-plan le pont Pierre-Laporte ouvert en 1971. Source : Pierrot Métrailler

Quelques jours plus tard, au large de Tadoussac pour voir les baleines, j’ai compris ce que majestueux veut dire. Seize kilomètres de large, de l’eau à perte de vue, mais aussi des bélugas, des phoques, des petits rorquals et surtout une baleine à bosse qui a eu la bonne idée de plonger juste devant moi.

Plus tard, installé à Lévis, le pont de Québec a été ma motivation pour me mettre à la course. Je voulais le traverser en courant. Une seule solution, participer au semi-marathon des Deux-Rives. Je me suis entraîné deux ans et je l’ai couru deux fois. Malheureusement, le parcours a ensuite changé. Il ne passait plus par le pont. J’ai cessé mon entraînement.

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