Valais Libre

25 mars 2022

Dix ans au Québec – épisode 11

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 14 h 53 min
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J’ai très vite appris que dans la majorité des veines québécoises coulaient du sang irlandais en plus ou moins grande partie. Après la France, l’Irlande a fourni énormément de souches pour fonder la nation québécoise. La conquête anglaise de 1760 et la foi catholique des Irlandais expliquent en grande partie ce phénomène.

The Province of Quebec était la seule colonie catholique de l’empire britannique et au moment de la grande famine du milieu du XIXe siècle, nombre d’Irlandais trouvèrent refuge dans la vallée du Saint-Laurent. Ils s’y intégrèrent merveilleusement bien et apprirent très vite le français. Plusieurs changèrent aussi de patronymes pour les franciser.

Cette longue introduction pour vous dire que le 17 mars, le jour de la Saint-Patrick, est un jour largement fêté au Québec. Les pubs de la rue Saint-Jean à Québec réunissent une foule festive et verdâtre. Les déguisements verts avec, de préférence, un trèfle sont légion. Le samedi suivant, c’est l’occasion du défilé de la Saint-Patrick.

Tout le gotha politique se montre, les fanfares, les brass bands et les groupes de cornemuses prennent les rênes de la ville et la bière coule à flots. Même l’Hôtel de Ville est pavoisé aux emblèmes irlandais. Le vert domine alors largement.

Ça réchauffe les cœurs, parce que la tempête de la Saint-Patrick est souvent une des pires de l’hiver. En dix ans de présence, je ne me souviens pas qu’elle ait fait défaut. À quelques jours près, elle vient toujours mettre un point d’orgue à l’hiver. Heureusement, la neige tombée à cette occasion est une neige lourde, mouillée, inhabituelle ici. Elle a surtout l’avantage de faire fondre celle accumulée tout l’hiver. Et ça c’est une qualité non négligeable.

Les cornemuses prennent possession des rues du Vieux-Québec à la Saint-Patrick. Source : Pierrot Métrailler

Ce n’est pas une araignée, mais une grenouille

Le printemps est là. Dans ma région, au Québec, ce n’est pas vraiment la même chose qu’en Valais. Les abricotiers ne sont pas en fleur, la vigne ne débourre pas encore. C’est le temps où on sort les grenouilles. Pas celles qui coassent dans une mare, celles qui s’activent sur les rivières, les cousines des araignées qui ressortent en Valais.

  • Il fait même chaud aujourd’hui ici. Quelle température tu as ? Presque zéro degré!

Le rire de ma collègue qui travaille en Valais, illustre l’incongruité de ma réponse. Zéro degré, c’est chaud. Oui, quand trois jours auparavant il faisait moins vingt degrés. C’est ça le printemps au Québec : en une semaine, la température est montée de plus de trente degrés, car au moment où j’écris ces lignes, il fait douze en fin d’après-midi.

Un moment espéré et redouté.

Le paysage est encore très blanc. Depuis quatre mois, on s’y est habitué. La neige sale, noire au bord des routes, est un indice que le printemps est là. La fonte commence. Même les amoureux de l’hiver comme moi respirent à plein poumon le fond de l’air qui ne brûle plus là où il passe.

Cet hiver n’a pas été trop long. Il a débuté avec trois semaines de retard sur l’habitude et il va finir bien trois semaines plus tôt que l’année dernière. Un mois et demi de blancheur en moins, ce n’est pas négligeable. Maintenant, les 2,65 m de neige tombée cet hiver peuvent commencer à fondre.

Et c’est là que les problèmes commencent. Toute cette eau accumulée va disparaître en peu de temps. Le printemps est espéré, mais aussi redouté par ceux qui vivent proche des rivières. La saison peut être cruelle si la débâcle se passe mal.

Débâcle ou embâcle

« Débâcle, n.f., rupture des glaces d’un cours d’eau au printemps. Embâcle, n.m., amoncellement de glaces dans un cours d’eau. » C’est donc la débâcle qui crée certains embâcles. Et les embâcles, ça peut être traitre, ça peut causer des dégâts. Imaginer une rivière qui se met à couler sur une autre, sur deux étages… ça peut faire mal.

En effet, au moment de la fonte des glaces, certaines parties d’une rivière plus ensoleillée peuvent fondre plus rapidement que d’autres, ombragés plus en aval. L’eau libérée, celle fondue, mais surtout celle emprisonnée par les glaces va déferler dans son écrin libéré. En arrivant dans la zone encore gelée, soit elle va passer par-dessus et alors les berges peuvent se trouver un peu basses, soit pire, l’embâcle nouvellement créé va faire un barrage et la rivière sortira de son lit.

Si ce rythme immuable des rivières fait partie de la vie des Québécois qui ont su s’organiser pour minimiser les dégâts, tout est devenu plus compliqué ces dernières années. L’étalement urbain, le non-respect des zones inondables d’une part, mais aussi les changements climatiques qui provoquent des débâcles plus irrégulières et des embâcles plus volumineux d’autre part, provoquent des situations catastrophiques.

Une grenouille en action sur une rivière près de Châteaugay. Source : Soleil de Châteaugay

Les grenouilles viennent au secours

Heureusement, les hommes savent s’adapter. Douloureusement parfois, comme à Sainte-Marie en Beauce où le centre traditionnel du village est petit à petit abandonné et racheté par la ville pour en faire un parc inondable aux printemps. Des familles qui vivaient là depuis des siècles doivent se reloger plus haut sur le coteau.

Les solutions ne sont pas toujours aussi radicales. Les hommes sont inventifs. Depuis quelques années, des grenouilles sont apparues sur les rivières au printemps. Elles ressemblent aux araignées qui défoncent les vignes en pente ou terrassent dans nos vallées valaisannes. Elles ont simplement des flotteurs à la place des roues et les deux mêmes bras qui s’appuient sur la glace plutôt que sur la terre.

Elles remontent les rivières en brisant les embâcles, en réduisant en petits morceaux les couverts gelés. Ce long travail minutieux permet un écoulement plus serein et une évacuation sans barrage des glaces qui vont se retrouver dans le Saint-Laurent. 

J’ai la chance d’habiter loin des rivières et proche du grand fleuve. Chez lui la débâcle est un spectacle féérique et sans risque. On n’a jamais vu un embâcle de plus d’un kilomètre de large créer un barrage. Il n’y a qu’à admirer le spectacle.

18 mars 2022

Dix ans au Québec – épisode 10

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 11 h 05 min
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Dans mon dixième billet en 2012, j’évoquai un tournoi de pétanque auquel j’ai participé, en plein hiver, à Montréal avec Mighty, un Neuchâtelois rentré depuis dans son beau canton. Si lui continue d’écumer les terrains poussiéreux, j’ai passé à autre chose. La pétanque québécoise, très peu pour moi.

Je vous ai parlé souvent du niveau d’organisation, du peu d’autonomie laissée à la simple populace au Québec. Elle se retrouve jusque dans les activités de loisirs. Pour la pétanque, elle va même jusqu’à une transformation des règles. J’avais une tante, paix à son âme, qui jouait toutes les semaines avec sa société de l’Âge d’or. Quel beau terme pour parler du troisième âge.

J’ai tenté une fois l’expérience, j’en suis vite revenu. Jouer un après l’autre avec le capitaine en dernier sans distinction pointeur tireur… très peu pour moi. Je n’ai surtout pas réussi à convaincre que ce n’était pas les règles officielles. J’ai vite passé à autre chose pour l’été. Et c’est là que j’en suis venu au golf.

Le golf, c’est le sport d’été au Québec. En tout cas des retraités. Rien à voir avec la Suisse, ici le sport est abordable et ouvert à tous. Les terrains pullulent, tout comme les ligues. Et c’est avec des amis du curling que j’ai adhéré à la Ligue du Lundi du golf de Saint-Michel qui comme par hasard, se joue le lundi à Saint-Michel de Bellechasse. Original.

Je ne suis pas venu un grand golfeur, je reste toujours un laboureur comme mes ancêtres cultivateurs comme on dit ici au Québec.

Au trou No12 du golf de Saint-Michel, quand je réussis ma meilleure frappe, je suis dans l’eau… Source : golfsaintmichel.com

Il y a deux ans… une pandémie

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 02 min
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Le vendredi 13 mars 2020, notre monde a basculé dans un univers que nous ne soupçonnions pas. Les écoles fermaient, des activités cessaient. Les mots pandémie, coronavirus, Covid-19, apparaissaient dans notre quotidien. Nous pensions que tout cela allait être assez éphémère.

Deux ans plus tard, plus besoin de nous poser la question de savoir si cette crise allait changer notre quotidien. Le monde a changé. Il ne sera jamais plus comme avant. Nous avons tous une idée assez précise de ce que nous faisions au moment où on a entendu parler du début de cette pandémie. Comme pour le 11 septembre 2001, ce fut un point de bascule.

Un début de pandémie marquant

Si je me souviens parfaitement que j’entrais dans la salle des maîtres du centre scolaire de Moréchon où j’enseignais alors lorsque les images des tours en feu ont percuté mon cerveau comme l’avion que je vis dans une reprise télévisée s’encastrer dans le gratte-ciel, le souvenir du début de la pandémie est bien plus émotif.

Le jeudi 12 mars 2020, j’ai visité un jeune ami dans une résidence pour personnes en perte d’autonomie à quelques pas de chez moi. J’avais fait la connaissance de David quelques années auparavant sur un terrain de golf. Il jouait dans la même ligue que moi. Victime de neurofibromatose de type II, une maladie dégénérative orpheline qui attaque le système nerveux central, il avait un peu de peine à se déplacer.

J’aurai sûrement l’occasion de vous parler prochainement de ce jeune courageux. On est devenu ami et le 12 mars, je lui rendais visite dans sa nouvelle demeure. C’est là que j’ai appris, avec lui, que les débuts de la saison de Ligue majeure de Baseball étaient annulés. David était déçu, le baseball était sa passion.

Mon ami David dans son « Kartus » qui lui permettait de courir avec son père lors de ces derniers moments. Source : Famille de David

Des situations insoutenables

Je dois dire était sa passion, parce que David est mort quelques mois plus tard. Même s’il est mort de sa maladie dégénérative, cette pandémie restera liée pour moi avec David. Il a eu la chance d’avoir une famille qui s’est battue contre les institutions pour lui permettre de sortir. Au contraire de beaucoup d’autres, il est mort entouré des siens.

Car un des premiers enseignements de cette pandémie est qu’on n’a pas le droit de laisser mourir nos plus vulnérables seuls, éloignés de leurs proches. Johan Rochel, éthicien philosophe et ancien chroniqueur du Confédéré, disait dans une entrevue parue dans le Nouvelliste du 11 mars dernier que l’idéal aurait été de prendre en compte le souhait de protection et de liberté de chaque personne.

Tirer les leçons

Je n’ai aucun doute que nos sociétés, nos responsables sauront tirer les leçons de notre impréparation à la pandémie. Une belle loi existait, mais personne ne la prenait au sérieux. J’étais pleinement d’accord lorsque Berset a répondu lors d’une des multiples conférences de presse que oui on n’avait pas autant de masques en stock que le voulait la loi, mais quelle aurait été la réponse du parlement s’il avait demandé un crédit de 15 millions pour en acheter en automne 2019?

Nous la connaissons tous. Ce type d’achat de réserve ne faisait aucunement partie de nos préoccupations d’alors. Jamais une majorité n’aurait accepté une telle dépense. Aujourd’hui, la question ne se pose plus, les réserves sont faites. On devrait être prêt pour la prochaine reprise ou pour une autre crise, comme une bactérie qui résisterait aux antibiotiques, comme le prévoit l’OMS.

Si les leçons médicales sont faciles à tirer, les décisions qui vont en découler seront immanquablement sujettes à débat démocratique. Ce qui est bien. Il en ira autrement des leçons à tirer sur le plan économique. La mondialisation a été un bien pour l’humanité, j’en suis convaincu, mais elle n’est pas la panacée. Elle ne peut pas être absolue. Des autonomies locales sont nécessaires. Il est temps de repenser les équilibres.

Puis, il reste les aspects sociétaux, éthiques, etc. Là, il faudra du temps pour que les hommes s’ajustent. Toutefois, une chose est certaine, nous ne pouvons plus laisser toutes les décisions ne s’appuyer que sur la science. Elle est essentielle, mais le type de vie, de mort, de parcours que nous voulons dépasse l’aspect scientifique. Si la religion influence de moins en moins notre société, je m’en félicite, mais l’éthique mérite plus de place.

11 mars 2022

Dix ans au Québec – épisode 9

Filed under: k. saga québécoise — vslibre @ 10 h 01 min
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Il y a dix je m’étonnais de la diversité offerte au Québec, surtout au niveau de la nourriture. Je riais des interminables questions posées par une serveuse au moment de commander mon déjeuner. Blanc, brun, avec grain, baguette, etc. des sortes de pains en veux-tu en voilà. Pareil pour les bières et même pour les frites.

Avec le recul, je me suis habitué. Les questions sont moins nombreuses. Les commandes vont plus vite : je donne plus de précisions lors de ma commande. Cependant, j’ai très vite compris que si le choix de pains était grand, pour trouver du vrai pain, c’est un peu la galère. Même les boulangers français qui tiennent boutique sont corrompus par l’Amérique du Nord.

« Je vous mets un sac plastique pour la conservation? » NON !!!! Je ne veux pas du pain qui se conserve une semaine, voire dix jours, pour ne pas dire plus. Je veux du pain croustillant qui a du corps sous la dent. Le pain de mie, j’en ai ma claque. Ici, on ne mange pratiquement pas de pain qui ne soit pas grillé ou au moins passé au four. N’importe quel sandwich est chauffé.

Heureusement, j’ai trouvé une recette facile. De la farine, du sel, de la levure sèche et de l’eau : un pain ce n’est pas compliqué. J’en fais tous les deux jours.  La simplicité a du bon. En revanche pour ce qui est bière, je ne suis toujours pas amateur. Une blonde légère me suffit.

Je n’ai toujours pas compris pourquoi dans mon bar, il faut absolument douze sortes de bière blonde, sans oublier les nouvelles venues des micro-brasseries que nous testons alternativement. D’un autre côté, on a juste une seule sorte de vin blanc. L’inverse de ce qu’on trouvait en Valais dans ma jeunesse…

Le pain tranché, une vedette québécoise. Source : protegez-vous.ca

Quand la neutralité suisse détonne

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 54 min
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La Suisse a rompu avec sa tradition de neutralité. Une première en 506 ans… La nouvelle a traversé le monde comme un éclair. Cette notion de neutralité mérite quelques éclaircissements. Un retour historique peut éclairer la question.

« Peux-tu m’expliquer à quoi ça sert d’être neutre ? Tu me fais bien rire avec ta neutralité suisse ! » Cette question et cette remarque de ma blonde m’avaient marqué. Récemment installé au Canada, je ne m’étais jamais posé ce genre de question. La Suisse était neutre, j’ai grandi, j’ai vécu, j’ai réfléchi avec ce concept qui coulait de source.

Une définition floue et interprétable

« La neutralité permanente est un principe de la politique étrangère de la Suisse. Elle constitue un élément générateur de paix et de sécurité en Europe et au-delà. Elle garantit l’indépendance du pays, l’inviolabilité de son territoire. En vertu du droit de la neutralité, la Suisse ne peut participer à une guerre opposant d’autres états. »

Cette présentation du site officiel de la Confédération (eda.admin.ch) clarifie un peu le propos, mais pas tant que ça. Un peu plus loin, on nous dit que c’est un moyen au service d’une cause. Donc, la neutralité est un moyen au service de la cause de la paix. Y voit-on plus clair ? Pas certain.

Une position naturelle et méconnue

Vous le savez, ce que je préfère, c’est l’histoire. Souvent, elle nous permet de mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Pour la neutralité suisse, on pourrait dire que ça remonte à Marignan. Plutôt au traité de Fribourg qui a suivi. En signant, le 29 novembre 1516, cette « paix perpétuelle », la Confédération des XIII cantons renonçait à combattre contre la France.

Une neutralité perpétuelle se dessina peu à peu à partir de là. La Suisse ne se mêla pas de la guerre de Trente Ans (1618-1648) qui ravagea l’Europe. C’est à l’issue de celle-ci qu’au traité de Westphalie que les puissances européennes reconnaissent l’indépendance et la neutralité de la Confédération.

Ce statut est encore renforcé au Congrès de Vienne (1815) qui met un terme à l’empire napoléonien. Le traité de Paris qui en émane le 20 novembre 1815 stipule que les grandes puissances européennes reconnaissent la neutralité de la Suisse et garantissent l’inviolabilité de son territoire. La place du pays pouvait dès lors s’épanouir.

Un pays au service de la paix

Avant la fin du XIXe siècle, le monde extérieur a compris l’utilité de la neutralité suisse et de nombreuses organisations internationales viennent s’y installer. Si la Croix-Rouge est fondée à Genève en 1859, l’Union télégraphique internationale, l’Union postale universelle fixent eux aussi leur siège dans la cité de Calvin.

Après la Première Guerre mondiale, l’éphémère Société des Nations choisira Genève pour s’installer. La Guerre froide qui succèdera à la Deuxième Guerre mondiale augmentera encore l’importance de la neutralité suisse. Le pays servira d’intermédiaire dans de nombreux conflits ou crises. Jusqu’à ce début du mois de mars 2022…

Un changement qui fait le tour du monde

« C’est vraiment grave ce qui se passe en Ukraine, même la Suisse a décidé de réagir! » J’ai à peine le temps de franchir la porte du club de curling ce 1er mars que l’interpellation fuse. La Suisse s’aligne sur les sanctions européennes. La Suisse déroge à son principe de neutralité. La Suisse bloque des comptes bancaires. La surprise est grande dans mon pays d’adoption.

Le lendemain, Serge Chapleau titre son dessin quotidien dans La Presse : « Tous unis contre Poutine, même la Suisse… » Dix ans de présence au Québec, il m’aura fallu attendre dix ans pour connaître cet honneur. Malgré toutes les affaires bancaires, la Suisse n’avait jamais autant surpris le Canada.

Dessin de Chapleau paru dans La Presse du 2 mars 2022. Source : La Presse

Si ce dessin a été le plus significatif, tous les journaux québécois ont fait mention de la décision suisse. Elle était la preuve que ce qui se passait en Ukraine était vraiment exceptionnel.

Si pour certains la décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine marquait un retour au monde de la première moitié du XXe siècle, le comportement de la Suisse montre que tout n’est jamais vraiment pareil.

4 mars 2022

Dix au Québec – épisode 8

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 12 h 30 min

À mon arrivée au Québec, en 2012, je me suis très vite rendu compte qu’une activité dominait toutes les discussions : le hockey. Ce sport a été inventé ici, les premières parties « officielles » ont eu lieu à Montréal en 1883 à l’occasion du carnaval. Un tournoi de trois équipes.

De mon côté, le premier tournoi auquel j’ai assisté fut le tournoi Pee Wee de Québec en février 2012 au vieux Colisée de Québec. Une expérience marquante puisque j’y ai été comme journaliste pour Rhône FM et que j’ai eu accès, privilège rare, à la passerelle de la presse. Imaginez un pont vitré surplombant d’une vingtaine de mètres la patinoire.

J’ai pu découvrir les coulisses de cette manifestation mythique pour tous les jeunes amateurs de hockey. Arrivé à 11 – 12 ans, c’est le moment d’être sélectionné pour participer au plus grand tournoi du monde. Car il y a des équipes en provenance de tous les pays de hockey. La Suisse ne fait pas exception. Deux équipes représentaient alors notre pays : des Zurichois et une sélection romande.

J’ai bien évidemment suivi nos romands et, oh surprise, une maman d’un des joueurs était une ancienne élève que j’ai eue en classe dans mes débuts d’instit à Savièse. Quand on dit que le monde est petit… J’y suis retourné deux ans voir des jeunes se donner sur la glace pour tenter d’impressionner les observateurs de la Ligue nationale de hockey.

Le hockey n’est pas ma passion, mais j’apprécie depuis de voir les nombreuses patinoires privées qui naissent chaque hiver dans la cour arrière des maisons des vrais passionnés. Mon voisin, Jason, un prof d’anglais venu de la Saskatchewan, en fait une aux dimensions respectables (environ 20m/5m) et presque tous les samedis soir, à la lumière de deux gros projecteurs, les parties sont endiablées.

Les Ukrainiens sont très nombreux au Canada

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 12 h 27 min
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Wayne Gretzky, vous connaissez? Non, le meilleur hockeyeur de l’histoire, le Pelé du hockey, l’homme de tous les records ! Les Canadiens pensaient tout connaître de ce véritable héros national. Avec la guerre en Ukraine, ils ont découvert que ce génie était d’origine ukrainienne, comme beaucoup d’autres canadiens. Et cette histoire aurait des liens avec la Suisse.

Wayne Gretzky est le Canadien d’origine ukrainienne le plus connu. Source :   » www.wholesaleforeveryone.com

« Le Canada compte la troisième population d’origine ukrainienne au monde en termes d’importance, après l’Ukraine et la Russie. » Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Encyclopédie canadienne (un site qui raconte absolument tout sur le Canada, écrit par des chercheurs à la pointe de leur domaine et accessible gratuitement en ligne :  www.encyclopediecanadienne.ca)

Personnellement, je le savais, puisque cette information fait partie du cahier que les candidats à la nationalité canadienne doivent apprendre. Bref, aujourd’hui, c’est un peu plus d’un million (1 359 655 précisément, 3,8% de la population selon le recensement de 2016) de Canadiennes et de Canadiens qui sont d’origine ukrainienne. La majorité de ceux-ci sont nés au Canada.

Un peu de la faute des Suisses

De Watteville, de Meuron, des noms bien suisses. Ce serait eux les responsables de l’arrivée des premiers ukrainiens au Canada. Charles-Daniel de Meuron, colonel fondateur du régiment qui a porté son nom était d’origine neuchâteloise. Louis de Watteville était lui né à Berne. Ces deux régiments participèrent à la guerre de 1812.

Cette guerre opposa durant trois ans, les provinces anglaises du Canada aux États-Unis fraîchement naissant. Les troupes britanniques furent renforcées par des régiments de mercenaires suisses. Est-ce pour cela que le Canada sortit victorieux ? Je ne sais pas.

Mais il semblerait que parmi les hommes de ces deux régiments, il y ait eu des Ukrainiens. Comme l’immense majorité de ces troupes s’installa au Canada après la victoire, on peut conclure que la Suisse est à l’origine de l’installation des premiers Ukrainiens.

Des paysans surpris par la guerre

C’est au tournant du XXe siècle que la première grande vague, 170 000 personnes environ, déferla sur le Canada. De pauvres paysans originaires de Galicie et de Bucovine, au sud de la Pologne et à l’ouest de l’Ukraine actuelles, formèrent la source principale de cette immigration.

Elle fut attirée, comme bien d’autres, par l’appel de la jeune Confédération canadienne qui venait de naître en 1867. Elle sollicita des agriculteurs d’Europe de l’Est après 1896 pour venir peupler les grandes plaines centrales. Si l’Ukraine est le grenier à blé de l’Europe, les plaines canadiennes sont celui de l’Amérique du Nord.

Malheureusement, le pays ne fut pas trop reconnaissant. Dès 1914, beaucoup d’Ukrainiens furent internés, car leur pays d’origine était dans le camp ennemi. Les hommes devront exécuter des travaux communautaires. Le Parc national de Banff dans les montagnes Rocheuses est un exemple de réalisation de ses « esclaves » de guerre.

Ensuite, le Canada accueillit des émigrants politiques et économiques qui continuèrent à s’installer dans les prairies. À partir des années cinquante, l’Ontario est la principale destination des émigrés d’origine ukrainienne.

Une communauté qui se distingue

Cette longue histoire a bien évidemment produit quelques illustres personnages. Si Wayne Gretzky est le plus connu, d’autres hockeyeurs se sont distingués. Le sport ne fut pas tout. Roberta Bondar fut, du 22 au 30 janvier 1992, la première Canadienne à aller dans l’espace à bord de la navette spatiale américaine Discovery.

Aujourd’hui, la vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland a des origines ukrainiennes et elle parle couramment l’ukrainien. Le hasard politique n’a pas voulu qu’elle soit encore ministre des Affaires étrangères, ce qu’elle fut de 2016 à 2019.

Cette longue histoire fait que des liens étroits existent entre le Canada et l’Ukraine. D’ailleurs, quand, en 1991, au moment de la chute de l’Union soviétique, l’Ukraine devient un État indépendant, le Canada est le premier pays occidental à reconnaître ce nouvel État.

La blessure est donc grande aujourd’hui au Canada qui vit cette guerre douloureusement dans sa chair.

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