Tentative d’analyse de ce qui s’est passé en Valais à l’occasion des élections cantonales 2013.
En aucun cas une vérité absolue (ça n’existe pas en politique), mais quelques considérations basées sur mon expérience et mon regard lointain avec la volonté de susciter le débat.
Alors n’hésitez pas à réagir.
Première pièce de l’édifice: Oskar Freysinger.
Oskar Freysinger était imbattable et personne ne l’avait imaginé avec un tel score. Ça me semble un constat incontestable. Certains diront qu’il a forgé sa victoire dans les derniers jours de la campagne. Je n’en crois rien. Je pense que son score imprévisible repose sur une triple constellation favorable: son long travail de sape, une configuration politique opportune et un électorat prêt au changement.
En 2001, Oskar Freysinger faisait son entrée au Grand conseil en offrant un premier siège sédunois à l’UDC. Deux ans plus tard, il ouvrait la porte du Conseil national pour sa jeune formation. Sa carrière politique débutée comme conseiller communal PDC à Savièse était lancée. Depuis le 1 janvier 1997, ce n’est donc que deux mois où Oskar Freysinger n’a pas été dans la peau d’un élu. Un parcours sans faute.
L’homme a beaucoup appris et a démontré une capacité d’adaptation impressionnante. Je ne partage pas sa vision de la société, mais je ne peux que m’incliner devant sa maîtrise stratégique. Il sait s’adapter aux différentes situations. Sage beau-fils de famille sur le plan communal, trublion coloré et fanfaron exubérant pour secouer le landerneau du Conseil national si lointain et si terne, et enfin, calme et appliqué pour capitaliser tout le travail au Conseil d’État. De la belle ouvrage!
Mais ce travail n’aurait pas suffi s’il avait fallu faire feu de tout bois. Opportunément pour le candidat UDC, il pouvait se concentrer sur une seule cible. Seul le siège PLR était en changement. La reconduction des 4 autres conseillers d’État lui ont grandement facilité la tâche. Cette situation prévisible longtemps à l’avance lui a permis de se préparer et de concentrer sa stratégie sur un seul objectif: être devant le candidat PLR.
Ne pas mettre en danger les autres lui facilitait les apports. Une fois encore, il a su tirer parti de cet avantage. Icône pour les siens, il n’avait plus besoin de les convaincre. Sa discrétion, son calme et sa sagesse durant les mois précédants l’élection ont assoupi les réticences.
Les Valaisannes et les Valaisans voulaient un changement. La période est propice à une révolte contre la politique traditionnelle. Les temps sont difficiles, l’ambiance générale est à la crise. La mondialisation fait peur, la globalisation perturbe, avoir le monde à sa lucarne tous les jours déstabilise. Les assauts contre les irréductibles valaisans ont terminé le travail. Les électrices et les électeurs étaient mûrs pour le changement, mais un changement conservateur!
Car quand l’incertitude règne, il est naturel de se replier sur soi. Oskar représentait l’archétype de ce mouvement. Exhubérant, fort en gueule, prêt à ruer dans tous les brancard, mais défenseur des valeurs traditionnelles. Le respect de la loi, des traditions, de la famille, rien de révolutionnaire dans son projet. L’identité comme étendard. Il n’en fallait pas plus.
1 sur 3 au premier tour, puis presque 1 sur 2 au deuxième tour, les électrices et les électeurs l’ont plebiscité. Il a donc toute sa légitimité démocratique. Aujourd’hui certains semblent découvrir ses accointances avec les milieux d’extrême-droite: Quelle bande de faux-c… !!! Comme si personne ne le savait!
Le plus beau succès d’Oskar est d’avoir réussi à endormir même ses plus grands détracteurs. On les a peu entendu durant la campagne. En proposant de laissser sa place à un ticket UDC du Haut et PLR, il a réussi son coup de maître: Faire croire qu’il se désintéressait de la Planta!
Nous (je me mets dans le lot) avons beaucoup à avoir été naïf. Ce temps doit est révolu, maintenant la vigilance est de mise…
PM, 26.03.2013
Prochainement: 3 mars (deuxième) – PLR, la stratégie impossible