Valais Libre

24 septembre 2021

Vaccination: obliger or not obliger ?

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 4 h 44 min
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Doit-on rendre la vaccination obligatoire ? Ou plutôt, pour qui doit-on rendre la vaccination obligatoire ? Ces questions se posent un peu partout à travers le monde et selon les sensibilités, toutes les réponses semblent admissibles. Si l’imposition d’une vaccination universelle paraît démesurée, pour certaines catégories de la population elle doit s’envisager.

« Ceux qui ne sont pas vaccinés, et il nous en reste quand même, s’il vous plaît, allez vous faire vacciner. On le voit, regardez ce matin [vendredi 17 septembre 2021], on va annoncer encore une trentaine de personnes qui rentrent dans nos hôpitaux au Québec et ceux qui rentrent aux soins intensifs en ce moment, c’est uniquement des non-vaccinées. »

Publicité du gouvernement du Québec pour rappeler qu’il faut deux doses de vaccin.

La situation hospitalière

Cette déclaration du ministre québécois de la Santé, Christian Dubé a le mérite de la clarté. « En ce moment, ce que je regarde toujours, c’est la situation hospitalière. C’est beaucoup moins le nombre de cas absolus, » a poursuivi le ministre lors d’un passage à Lévis, la ville où je réside. Il rejoint ainsi une déclaration d’Alain Berset qui disait la même chose pour la Suisse, il y a déjà quelques mois.

Malgré le fait que le Québec connaisse trois fois moins de cas journaliers que la Suisse, les mesures actuelles y sont toujours un peu plus drastiques. Il faut dire que la situation dans les hôpitaux est beaucoup plus critique dans la Belle Province. 

Le Dr Serge Legault, vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, explique que « les personnes hospitalisées à cause d’une infection à la COVID-19 sont plus jeunes que lors des vagues précédentes. Ainsi surviennent moins de décès puisque les personnes malades sont plus robustes. Toutefois, cela fait en sorte qu’elles restent plus longtemps à l’hôpital et occupent des lits. »

La vaccination, seule mesure efficace 

« On doit remercier la vaccination. Si on n’avait pas la vaccination, on serait comme en Alberta présentement, où il y a 1400 cas par jour et où les soins intensifs sont saturés. Alors la vaccination est efficace, c’est absolument certain », poursuit le Dr Legault. Malgré cela la situation est critique au Québec et du délestage est d’ores et déjà prévu.

Ces reports de chirurgies non urgentes deviennent un problème de plus en plus crucial. Alors que les autorités sanitaires québécoises prévoyaient d’augmenter le nombre de chirurgies dès le mois d’octobre 2021, pour rattraper le retard pris d’ici 2023, elles se voient obligées, au contraire, de diminuer encore ces interventions pour ne pas encombrer les soins intensifs.

Les appels à la vaccination deviennent donc de plus en plus intenses, ce n’est plus seulement la pandémie qu’il faut ralentir, mais aussi la possibilité de maintenir une chaîne de soins efficace dans la province. La solidarité de tous est nécessaire et la pression se fait de plus en plus grande envers les récalcitrants.

Vaccination obligatoire pour le personnel de la santé

Au début du mois de septembre, le ministre de la Santé du Québec a jeté un pavé dans la mare. À partir du 15 octobre, la vaccination sera imposée au personnel du réseau de la santé dans tous les établissements de la province, tant publics que privés. Ceux qui n’auront la pas leur couverture vaccinale complète à la mi-octobre seront suspendus sans solde jusqu’à ce qu’ils aient obtempéré.

« Tout le monde est d’accord avec la vaccination, mais ce sont les conséquences [de la vaccination obligatoire] qui risquent d’être plus grosses que la non-vaccination. »

À l’instar d’Yves Desjardins, président du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), ils sont nombreux ceux qui trouvent cette mesure trop dure.

Pourtant, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, tient bon. Il a non seulement confirmé la date butoir, mais également demandé aux établissements de santé de préparer un plan d’urgence pour faire face aux pénuries de personnels prévisibles.

Une demande légitime

Ira-t-il jusqu’au bout ? Je le souhaite fortement. En effet, quoi de plus normal que de demander au personnel de soin de protéger leur patient. Je crois que ça fait intimement partie de leur métier. On ne peut pas soigner et risquer de rendre malade en même temps, en tout cas pas lorsque des protections existent.

Je suis loin d’être le seul à penser cela. Selon un sondage Léger, plus des trois quarts des Québécois appuient la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé. Les résultats du sondage ont également révélé un fort soutien pour les passeports vaccinaux à travers le pays. 

Comme la majorité des Suisses, les Québécois et les Canadiens veulent retrouver une vie la plus normale possible. Aujourd’hui, la vaccination semble être la seule mesure disponible à court terme. La santé économique de nos régions et notre santé mentale demandent cet effort.

Le passeport vaccinal est bien accepté au Québec. Source: L’Actualité

Des mesures nécessaires

Car oui, c’est un effort. Les certificats Covid, les passeports sanitaires et autres désignations des documents prouvant une vaccination complète ne sont pas toujours bien acceptés, car ils exigent une démarche pas toujours volontaire. Il y a bien des choses dans ma vie que je ne fais pas avec grand plaisir, mais seulement par devoir, forcé ou par solidarité.

En Suisse comme au Québec, pour entrer dans un restaurant, il faut cette preuve. L’exigence me parait minimale en regard des gains. Une économie qui peut continuer, une vie sociale qui reprend ou tout simplement des hôpitaux qui peuvent faire face à leur mission de soin, pas seulement pour les malades du Covid, mais aussi pour tous les autres qui ne méritent pas d’attendre une chirurgie, un soin non vital, tout cela ne doit pas être remis en question à cause de quelques égoïstes.

18 septembre 2021

Quand on se compare, on se console

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 37 min

Depuis trois semaines que je suis en Suisse, j’ai rencontré pas mal de monde. Les conversations tournaient beaucoup autour de la pandémie qui s’abat sur nous depuis 18 mois. La comparaison des mesures prises dans mes deux pays et la vaccination ont occupé la majeure partie de ces discussions.

« Vous avez eu beaucoup plus de cas que chez nous pour qu’on vous impose des mesures aussi strictes et sévères! » Je ne saurais dire combien de fois j’ai entendu ce type de réactions alors que j’expliquais sommairement le confinement qui s’est abattu sur le Québec en 2020 et 2021.

De gauche à droite : le ministre de la santé Alain Berset et le président de la Confédération Guy Parmelin. Source : KEYSTONE / Peter Schneider.

Deux régions comparables

Ce qu’il y a d’intéressant à tirer des parallèles entre la situation suisse et celle du Québec, c’est que plusieurs éléments sont similaires ou presque. Les deux contrées comptent environ 8 500 000 habitants. Elles font partie des pays les plus développés au monde et leur situation économique est proche.

Bien sûr, le Québec est 42 fois plus vaste que la Suisse et la Suisse est un pays indépendant alors que le Québec pas (encore). Mais ces deux aspects sont secondaires dans l’analyse de la situation dans laquelle nous vivons depuis 18 mois. Il faut juste avoir à l’esprit que le Québec gère les affaires sanitaires de manière centralisée, la santé étant une compétence provinciale au Canada, alors qu’en Suisse les 26 cantons ont chacun leur système de santé.

Des chiffres différents

À l’heure où j’écris ces lignes (le 10 septembre), la Suisse compte 805 000 cas de Covid déclarés depuis le début de la pandémie (+ 3116 en une journée) pour un total de 10 945 décès (+5 en une journée). Le Québec, de son côté, compte 395 000 cas de Covid (+ 600 en une journée) et un total de 11 297 morts (+0 en une journée).

Ce premier coup d’œil montre que si le nombre de morts est comparable, le nombre de cas de Covid est beaucoup plus bas au Québec. La différence du rapport nombre de cas/nombre de morts a tendance à diminuer depuis le début de la pandémie, depuis la vague mortelle qui a ravagé les maisons de retraite québécoises en mars et avril 2020.

Des mesures différentes pour une évolution différente

Après cette panique initiale et des situations complètement hors de contrôle, comme cette résidence où le personnel a fui devant la maladie, laissant des personnes âgées complètement livrées à elles-mêmes (lire lettre québécoise du …), le gouvernement du Québec a pris les choses en main. Les mesures restrictives ont plu sur la province.

Commerces non essentiels fermés, entreprises et chantiers fermés, un confinement strict a été décrété lors de la première vague. Puis, après un été plus relâché, l’automne 2020 a vu une nouvelle vague restrictive déferler sur les Québécois. Si je vous dis que de la fin septembre 2020 au mois de mai 2021, nous avions l’interdiction de recevoir de la visite à la maison, vous voyez que les mesures suisses n’avaient rien à voir avec celles du Québec.

Je dois avouer que cette différence a eu une influence sur le nombre de cas, puisque la Suisse a recensé jusqu’à quatre ou cinq fois plus (comme ces derniers jours) de cas journaliers que le Québec. Malgré cela, le nombre de morts en Suisse n’a toujours pas dépassé celui du Québec.

Des systèmes de santé qui ont résisté différemment

Avant la pandémie, les systèmes de santé québécois et suisses jouaient dans la même ligue. Ils faisaient partie des meilleurs au monde. Personne ne craignait d’aller se faire soigner dans un hôpital de ces régions. Après 18 mois de « guerre » sanitaire, force est de constater que les apparences étaient trompeuses.

La situation au Québec est au bord de la rupture, pour ne pas dire qu’elle a déjà rompu. Il n’y a pas eu besoin comme au nord de l’Italie, en tout début de pandémie, de choisir qui aurait droit à l’oxygène ou à un lit de soins intensifs, mais beaucoup, beaucoup trop d’opérations « non urgentes » ont été reportées. Le délestage a été et est toujours intense.

S’il fallait compter six mois d’attente pour une opération de la hanche avant la pandémie, aujourd’hui personne n’ose articuler de chiffre, car le délai doit dépasser largement les deux ans. Les responsables tentent de rassurer la population en évoquant un rattrapage. On sait ce que valent les promesses des politiciens. Nul besoin de vous dire comment a réagi le système de santé suisse.

La Suisse sans comparaison

Les restrictions dues à la pandémie ont été, en Suisse, parmi les plus légères des pays développés. La Suède a tenté une autre voie au début, mais est revenue dans les standards depuis. D’autres, où les dirigeants ont nié la pandémie, ont connu une crise sanitaire effroyable à certains moments.

Rien de tout cela chez nous. Des hôpitaux, certes sous pression, mais qui ont toujours fait face à la tâche. Je ne suis pas un spécialiste des affaires sanitaires, mais j’observe avec attention depuis 18 mois ce qui se passe dans différentes régions du monde pour alimenter mes chroniques dans le Confédéré et à la radio. Je ne peux que conclure que la Suisse possède un des systèmes de santé les plus efficaces du monde.

Lorsqu’on analysera en détail, après la pandémie, ce qui s’est passé dans les différents hôpitaux et dans les systèmes de santé à l’échelle internationale, je suis sûr que la Suisse fera partie des leaders, pour ne pas dire sera un modèle.

Quand on se compare, on se console. Le constat est sans appel. Oui, on peut toujours vouloir mieux, il y aura toujours des râleurs, des « Yaka », mais l’équilibre des pouvoirs, des décideurs, des responsables dans le système helvétique est incontestablement bon, si ce n’est le meilleur possible dans un monde forcément imparfait.

10 septembre 2021

Quand on doit voter stratégiquement

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 2 h 59 min
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Le 20 septembre prochain, les Canadiens sont appelés à renouveler leur législatif. Le premier ministre Justin Trudeau remet son gouvernement en jeu deux ans avant la fin normale de la législature. Si ces élections anticipées n’attirent pas beaucoup l’intérêt, c’est qu’elles semblent superflues pour une large tranche de la population. Elles me permettent néanmoins de vous illustrer combien le système électoral peut obliger à voter autrement que ses convictions.

J’ai eu l’occasion dernièrement (lettre québécoise 24) de vous exposer mon avis sur la décision de Justin Trudeau de déclencher le processus électoral. Je n’y reviendrai pas aujourd’hui. A 10 jours du vote, tout est très ouvert et de nombreux scénarios sont encore possibles. C’est pourquoi les votes stratégiques vont avoir une grande importance.

Un système électoral d’une grande simplicité

Je ne vais pas entrer dans les détails, mais tenter d’expliquer simplement le scrutin uninominal à un tour qui régit ces élections canadiennes. La Chambre des communes qui est le cœur de la vie parlementaire au Canada compte 338 députés. Ce sont eux qui remettent leur siège en jeu le 20 septembre. Ce sont aussi eux qui sont à la base de tout le système politique fédéral. Même s’il existe un Sénat, celui-ci, composé de membres nommés par le gouvernement, n’influe que peu sur la vie politique. Il se borne à amender les projets de loi.

338 députés donc élus dans 338 circonscriptions selon un système on ne peut plus simple. Celui qui obtient le plus de voix le jour de l’élection est élu, quel que soit le pourcentage qu’il représente. Ensuite, le soir des élections ou le lendemain si les votes par correspondance sont nombreux, on fait le décompte des sièges par partis et celui qui en aura le plus formera le gouvernement. Majoritaire s’il a plus de 169 sièges, minoritaire dans le cas contraire.

Finalement, le chef de ce parti sera automatiquement nommé premier ministre par le gouverneur général. Ce qui fait qu’au final la campagne tourne exclusivement autour des chefs de partis. Ce sont les seuls qu’on entend dans les médias. Souvent, les électeurs ne savent même pas qui est le candidat de leur circonscription. Ils vont cocher le nom qui est à côté du sigle du parti qu’ils ont choisi.

Les 5 chefs de parti (de g. à d. Yves-François Blanchet BQ, Erin O’Toole PCC, Justin Trudeau PLC, Jagmeet Singh NPD et Annamie Paul PVC). Source : Le Devoir

Quand la stratégie entre en jeu

La simplicité du système n’est qu’apparente, car il engendre un grand nombre de distorsions. Ainsi, il est fréquent qu’un parti avec moins de voix gagne un plus grand nombre de sièges. Il suffit qu’il soit très fort dans certains endroits clés ou que ses électeurs soient bien concentrés. Par contre, un parti qui récoltera des voix un peu partout à travers le pays sans avoir une certaine concentration dans quelques circonscriptions se retrouvera presque sans siège.

C’est pour ça qu’au Canada, la victoire de Trump en 2016 avec moins de voix que Mme Clinton n’a ni surpris ni suscité de commentaires. Ainsi lors des dernières élections en 2019, le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau avec 33 % des voix a obtenu 157 sièges alors que le Parti conservateur du Canada avec 34 % des voix en a eu 121. Le Bloc québécois qui n’existe, comme son nom l’indique qu’au Québec, a obtenu 32 sièges avec 7,5 % alors que le Nouveau parti démocratique qui a obtenu 16 % des voix à travers tout le Canada n’a eu que 24 sièges ou les Verts avec 6,5 % des voix n’ont eu que 3 sièges.

Les états-majors des partis doivent donc cibler leurs objectifs en concentrant leurs forces là où ils ont des chances de gagner des sièges. Deux méthodes permettent de maximiser l’impact d’un parti : tout d’abord en désignant des « candidats vedettes » dans des circonscriptions prenables, ensuite en faisant en sorte que le chef du parti soit présent physiquement et régulièrement dans ces mêmes circonscriptions. Souvent dans les endroits pratiquement perdus d’avance, on voit fleurir des « candidats poteaux » qui mettent juste leur tête sur une affiche, sans faire véritablement campagne.

Pour que ma voix compte

Dans ma circonscription, 7 candidats s’affrontent. Celui qui aura le plus de voix le 20 septembre sera élu. Source :passionfm.com

La stratégie n’est pas seulement l’apanage des partis politiques, mais les électeurs avertis, impliqués dans la vie politique doivent aussi distribuer leurs voix en fonction de ce système particulier. Ainsi, il est fréquent qu’on doive voter pour un autre parti que celui de ses convictions. C’est mon cas pour cette élection.

Si, il y a deux ans, j’ai pu voter avec plaisir pour le candidat du parti qui me représente le mieux, le Bloc québécois, c’est parce que je savais que mon vote ne servait à rien. En effet, ma circonscription était un « château fort » conservateur. Un député bien établi se représentait et il était sûr d’être élu avec une avance confortable. Ce qui fut le cas puisque Steven Blaney a récolté près de 60 % des voix, plus du double que son premier vienne ensuite.

Aujourd’hui, la donne est différente. Le député Blaney ne se représente pas. Ma circonscription fait partie des « batailles stratégiques ». Les libéraux de Justin Trudeau que je ne veux pas voir reporter au pouvoir pourraient l’emporter. Si je vote pour mon candidat du Bloc, je ne serai qu’un spectateur inutile du duel conservateur libéral.

En effet, le Bloc n’a aucune chance dans ma circonscription. Si je veux participer à la lutte, je dois voter pour le candidat qui empêchera les libéraux canadiens (qui, si on les compare à la politique suisse sont au centre gauche du Parti socialiste…) de progresser. Si je veux que ma voix compte, je dois laisser de côté mes convictions et voter pour le « moins pire » des candidats qui ont une chance d’être élus, dans mon cas, conservateur.

3 septembre 2021

Une vaccination bien différente

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 7 h 21 min
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Comme un peu partout autour de la planète, la Suisse et le Québec visent sur le vaccin pour nous sortir de cette pandémie. Même objectif, mais politique bien différente, surtout pour convaincre les récalcitrants.

« On ne peut pas prendre toute une population en otage pour garder des privilèges à une minorité qui refuse le vaccin. On ne peut plus laisser des personnes non vaccinées remplir nos hôpitaux. » Le 24 août dernier, Christian Dubé, le ministre de la Santé du Québec a été très clair.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Source Marco Campanozzi, La Presse

La fin de la récréation

Il sonnait la fin de la récréation comme le titrait le Journal de Québec du lendemain. Depuis avant-hier, la vie au Québec est à deux vitesses selon qu’on possède ou non le passeport vaccinal. Pour l’avoir, une seule solution : avoir reçu ses deux doses de vaccin. Ce passeport sera obligatoire dès 13 ans, les plus jeunes devront prouver leur âge avec une carte d’identité.

Dès 13 ans donc, il ne sera plus possible d’entrer dans un bar, un restaurant, y compris les terrasses, une salle de spectacles, un cinéma ou une salle ou un stade de sport sans le précieux sésame. Toutes ces activités et bien d’autres, jugées non essentielles par le gouvernement sont désormais réservées aux personnes vaccinées.

Pour les autres, il reste les activités sportives à l’extérieur comme le tennis, le golf, le ski ou la pétanque, les services de commandes à l’auto ou les comptoirs à emporter pour la restauration, mais aussi les musées, les bibliothèques, les lieux de culte ou les rassemblements privés. Les commerces essentiels, nourriture, vêtements, quincailleries, etc. seront eux toujours accessibles à tous.

Tricher est criminel

« Il y a des sanctions monétaires pour les gens qui ne respectent pas les règles, comme le port du masque, par exemple. Mais si quelqu’un pense utiliser une fausse carte d’identité, c’est passible d’une poursuite au criminel. C’est un acte criminel de falsifier un document de la santé publique », a averti le ministre de la Santé.

Une période de grâce de 15 jours est accordée aux commerçants pour un « rodage » des systèmes mis en place. Passé ce délai, les récalcitrants qui n’exigeraient pas la preuve vaccinale auront des amendes qui peuvent atteindre 6 000 $ (4 500CHF). Ce sursis permettra aussi à tous les vaccinés de télécharger leur preuve de vaccination et d’obtenir leur code QR et de l’importer dans une autre application.

Preuve que tout cela a été fait dans l’urgence : l’application Android n’était pas encore disponible le jour de l’annonce. Dès le lendemain, des hackers ont démontré qu’il était facile de la pirater et d’avoir accès aux données si on connaissait la date de la première vaccination. Le gouvernement ne s’est pas affolé, il n’y a aucune donnée confidentielle sur cette application.

Beaucoup moins de cas qu’en Suisse

Au moment où le gouvernement québécois a pris ces mesures, il y avait infiniment moins de cas au Québec qu’en Suisse. Alors que l’on comptait 3 000 cas par jour en Helvétie, le Québec en avait environ 400 pour une population égale (8,5 millions pour chacune des deux régions). La tolérance au virus n’est pas tout à fait la même !

Et ce n’est pas le débordement des hôpitaux qui faisait la différence puis que le jour de cette annonce, le Québec comptait 20 malades Covid en soins intensifs contre environ 200 en Suisse. Je veux bien que le système de santé soit moins résistant au Québec, mais pas à ce point.

La rentrée scolaire fait peur

Alors que le Valais a décidé une rentrée scolaire « la plus normale possible », selon les mots du chef du Département, le ministre de la Santé du Québec craint une explosion des cas lors de ce moment crucial qui est arrivé une semaine plus tard qu’en Valais au Québec. Je n’ai donc pas les premiers chiffres au moment d’écrire ces lignes.

Pour éviter tout dérapage, dans la plupart des régions du Québec, la rentrée se fera masquée pour tous les élèves du primaire et du secondaire, ainsi que leur professeur, vacciné ou non. Toute une liste de prescriptions a aussi été définie pour restreindre au maximum le mélange des classes.

Ainsi, les enfants du Québec reprennent l’école comme ils l’ont quitté au mois de juin. Le répit estival aura été de courte durée, même si les trois quarts des ados entre 12 et 17 ans sont pleinement vaccinés.

Un très haut taux de vaccination

Parce qu’en plus au Québec, le taux de vaccination est bien plus élevé qu’en Suisse. L’objectif de 75 % des plus de 12 ans vaccinés pour la fin août a été atteint avec deux semaines d’avance. À la mi-août, 85 % de cette même population avait déjà reçu au moins une première dose. La nouvelle cible de la santé publique a été fixée à 95 %… l’art de repousser les limites… j’y reviendrai dans une autre chronique.

Au Québec, tous les vaccinés ont une chance de gagner un million de $… Que ne ferait-on pas pour convaincre les récalcitrants ! Source : Gouvernement du Québec

Avant de conclure, une petite anecdote vaccinale personnelle qui illustrera les différences d’interprétation scientifique. J’ai pu entrer en Suisse sans difficulté parce que j’ai reçu deux doses de vaccins : une première d’AstraZeneca reconnue par la Suisse même si elle ne l’utilise pas et une deuxième de Moderna, le supervaccin produit en Valais.

Quand j’ai tenté d’obtenir le pass valaisan pour aller voir le FC Sion, j’ai déchanté. Le canton ne reconnaît pas l’AstraZeneca, même si la Suisse le reconnaît. Donc pas de pass sanitaire. Heureusement, comme ma deuxième dose était du Moderna, la personne que j’ai eue au téléphone m’a proposé de me faire injecter une deuxième dose de Moderna.

Ce que j’ai accepté et ainsi, au « sans rendez-vous » j’ai rapidement eu droit à ma troisième injection. Le médecin de service doit être encore sceptique, car en Suisse, pas possible de mélanger les vaccins sans un avis du médecin traitant. Au Québec, c’est au contraire recommandé… mystère de la science.

Bref, tout ça pour illustrer que face à une maladie qui, même si on a beaucoup appris en 18 mois, reste encore bien mystérieuse. Face à ces incertitudes, les gouvernements agissent chacun selon leur conviction. Plus libérale en Suisse, plus étatique au Québec.

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