Doit-on rendre la vaccination obligatoire ? Ou plutôt, pour qui doit-on rendre la vaccination obligatoire ? Ces questions se posent un peu partout à travers le monde et selon les sensibilités, toutes les réponses semblent admissibles. Si l’imposition d’une vaccination universelle paraît démesurée, pour certaines catégories de la population elle doit s’envisager.
« Ceux qui ne sont pas vaccinés, et il nous en reste quand même, s’il vous plaît, allez vous faire vacciner. On le voit, regardez ce matin [vendredi 17 septembre 2021], on va annoncer encore une trentaine de personnes qui rentrent dans nos hôpitaux au Québec et ceux qui rentrent aux soins intensifs en ce moment, c’est uniquement des non-vaccinées. »
La situation hospitalière
Cette déclaration du ministre québécois de la Santé, Christian Dubé a le mérite de la clarté. « En ce moment, ce que je regarde toujours, c’est la situation hospitalière. C’est beaucoup moins le nombre de cas absolus, » a poursuivi le ministre lors d’un passage à Lévis, la ville où je réside. Il rejoint ainsi une déclaration d’Alain Berset qui disait la même chose pour la Suisse, il y a déjà quelques mois.
Malgré le fait que le Québec connaisse trois fois moins de cas journaliers que la Suisse, les mesures actuelles y sont toujours un peu plus drastiques. Il faut dire que la situation dans les hôpitaux est beaucoup plus critique dans la Belle Province.
Le Dr Serge Legault, vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, explique que « les personnes hospitalisées à cause d’une infection à la COVID-19 sont plus jeunes que lors des vagues précédentes. Ainsi surviennent moins de décès puisque les personnes malades sont plus robustes. Toutefois, cela fait en sorte qu’elles restent plus longtemps à l’hôpital et occupent des lits. »
La vaccination, seule mesure efficace
« On doit remercier la vaccination. Si on n’avait pas la vaccination, on serait comme en Alberta présentement, où il y a 1400 cas par jour et où les soins intensifs sont saturés. Alors la vaccination est efficace, c’est absolument certain », poursuit le Dr Legault. Malgré cela la situation est critique au Québec et du délestage est d’ores et déjà prévu.
Ces reports de chirurgies non urgentes deviennent un problème de plus en plus crucial. Alors que les autorités sanitaires québécoises prévoyaient d’augmenter le nombre de chirurgies dès le mois d’octobre 2021, pour rattraper le retard pris d’ici 2023, elles se voient obligées, au contraire, de diminuer encore ces interventions pour ne pas encombrer les soins intensifs.
Les appels à la vaccination deviennent donc de plus en plus intenses, ce n’est plus seulement la pandémie qu’il faut ralentir, mais aussi la possibilité de maintenir une chaîne de soins efficace dans la province. La solidarité de tous est nécessaire et la pression se fait de plus en plus grande envers les récalcitrants.
Vaccination obligatoire pour le personnel de la santé
Au début du mois de septembre, le ministre de la Santé du Québec a jeté un pavé dans la mare. À partir du 15 octobre, la vaccination sera imposée au personnel du réseau de la santé dans tous les établissements de la province, tant publics que privés. Ceux qui n’auront la pas leur couverture vaccinale complète à la mi-octobre seront suspendus sans solde jusqu’à ce qu’ils aient obtempéré.
« Tout le monde est d’accord avec la vaccination, mais ce sont les conséquences [de la vaccination obligatoire] qui risquent d’être plus grosses que la non-vaccination. »
À l’instar d’Yves Desjardins, président du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), ils sont nombreux ceux qui trouvent cette mesure trop dure.
Pourtant, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, tient bon. Il a non seulement confirmé la date butoir, mais également demandé aux établissements de santé de préparer un plan d’urgence pour faire face aux pénuries de personnels prévisibles.
Une demande légitime
Ira-t-il jusqu’au bout ? Je le souhaite fortement. En effet, quoi de plus normal que de demander au personnel de soin de protéger leur patient. Je crois que ça fait intimement partie de leur métier. On ne peut pas soigner et risquer de rendre malade en même temps, en tout cas pas lorsque des protections existent.
Je suis loin d’être le seul à penser cela. Selon un sondage Léger, plus des trois quarts des Québécois appuient la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé. Les résultats du sondage ont également révélé un fort soutien pour les passeports vaccinaux à travers le pays.
Comme la majorité des Suisses, les Québécois et les Canadiens veulent retrouver une vie la plus normale possible. Aujourd’hui, la vaccination semble être la seule mesure disponible à court terme. La santé économique de nos régions et notre santé mentale demandent cet effort.
Des mesures nécessaires
Car oui, c’est un effort. Les certificats Covid, les passeports sanitaires et autres désignations des documents prouvant une vaccination complète ne sont pas toujours bien acceptés, car ils exigent une démarche pas toujours volontaire. Il y a bien des choses dans ma vie que je ne fais pas avec grand plaisir, mais seulement par devoir, forcé ou par solidarité.
En Suisse comme au Québec, pour entrer dans un restaurant, il faut cette preuve. L’exigence me parait minimale en regard des gains. Une économie qui peut continuer, une vie sociale qui reprend ou tout simplement des hôpitaux qui peuvent faire face à leur mission de soin, pas seulement pour les malades du Covid, mais aussi pour tous les autres qui ne méritent pas d’attendre une chirurgie, un soin non vital, tout cela ne doit pas être remis en question à cause de quelques égoïstes.