Valais Libre

29 novembre 2023

Legault préfère les chars au tramway, comme les Québécois

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 10 h 26 min
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Il y a deux semaines, je vous parlais de la question des transports en commun dans la ville de Québec. Je concluais en disant que si c’est bien qui paie commande, le tramway de Québec ne verra pas le jour. Je n’y croyais pas vraiment. En citant le métro de Montréal, je montrais comment les politiques se devaient d’être plus visionnaires. Quelques jours plus tard, le premier ministre québécois, François Legault déjouait mon pronostic. Les transports en public ne sont pas pour lui.

« On va donner un mandat à la Caisse de dépôt pour repartir du besoin de mobilité à Québec et nous arriver avec le meilleur projet structurant pour la ville de Québec. La Caisse de dépôt […] a déjà démontré son expertise en matière de transport collectif et […] a livré la première branche du REM. » La ministre des Transports, Geneviève Guilbault a mis les choses au point à la sortie de la réunion entre le maire de Québec et le premier ministre. Quand un leader politique envoie un subordonné au front, ce n’est jamais bon signe.

Une mise sous tutelle de la ville

Si la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui est un investisseur institutionnel qui gère entre autres les régimes des rentes du Québec a mené à bien le Réseau express métropolitain (REM) de l’agglomération montréalaise, c’était avec la bénédiction de la mairesse de Montréal. À voir la tête du maire de la Capitale nationale, ce n’est manifestement pas le cas cette fois.

« J’ai eu une très bonne discussion avec le premier ministre, où on s’est parlé tous les deux dans le blanc des yeux — seuls, lui et moi — , où j’ai fait la présentation du plan pour que la Ville réalise le projet de transport structurant qu’est le tramway. Ce n’est pas l’option qu’il va retenir. Évidemment, j’en suis déçu. » Bruno Marchand avait la mine basse en sortant de sa rencontre avec le premier ministre.

Certes, les coûts avaient explosé ces derniers temps, mais la proposition du maire de prendre les choses en main devait relancer un projet indispensable selon moi. Le retrait de ce projet des services de la ville est un affront. Le gouvernement montre qu’il veut tout contrôler, d’autant plus quand ça ne va pas dans son sens. L’autonomie communale chère au Valais est bien loin.

Et maintenant que reste-t-il ?

«On demande à des experts de la Caisse de dépôt d’évaluer le projet de tramway de Québec, qui est passé de 3-4 milliards, à plus de 8 milliards, de regarder d’autres projets possibles: train léger, métro. Mais on veut un projet de transport structurant pour Québec.» François Legault joue au bon gestionnaire et promet de ne pas remettre « aux calendes grecques » la construction d’un réseau structurant à Québec.

Mais j’ai l’impression de revenir plus de dix ans en arrière. Dès mon arrivée dans la province, j’ai entendu parler d’un réseau structurant. Je vous le disais dans ma chronique, le SRB tenait la vedette. Malheureusement, le Service rapide de bus ne survécut pas aux dissensions entre les villes de Québec et Lévis. Déjà trop cher. À ce rythme-là, on ne fera jamais rien, car les coûts ne baisseront jamais.

Pour quelques observateurs avisés, la future solution ne fait pas de doute. La Caisse de dépôt est propriétaire du concept de Réseau express métropolitain. Elle va donc vendre ce REM à Québec. On aura droit à de beaux passages surélevés et comme Québec ne possède pas de tunnel à agrandir comme sous le Mont-Royal, un trou sous le Saint-Laurent pour rejoindre Lévis est presque déjà fait.

Planifier selon l’opinion publique

J’ironise bien sûr! Enfin, je l’espère, car le gouvernement Legault qui amenait tellement d’espérance en 2018, qui s’en est après tout bien sorti de la pandémie, a complètement disjoncté après sa réélection triomphale en octobre 2022. L’arrogance que le bon François s’était juré de combattre de toutes ses forces a finalement vaincu. La défaite dans une partielle en 2023 n’a rien arrangé.

Les revirements, les changements de direction, les déclarations à l’emporte-pièce, les décisions prises sans consultations se succèdent. Un nouveau jeu divertit les journalistes parlementaires : découvrir, à chaque message du premier ministre, qui parmi ses membres du gouvernement était au courant de l’annonce. Souvent la liste est courte et la tête des autres en dit long.

Les gens de la Capitale nationale et surtout de Chaudière-Appalaches (la région de Lévis) sont favorables à un troisième lien routier entre les deux villes, on fait renaître le tunnel dernièrement enterré. Le soutien au tramway s’effondre, on s’empresse de priver Québec de son projet. On le refile à la bien-aimée Caisse de dépôt qui pourra le modifier à sa guise, surtout à celle du gouvernement, en y intégrant, comme par hasard, un lien sous-fluvial pour faciliter la connexion avec Lévis.

En démocratie, le peuple aura toujours le dernier mot, mais les vrais hommes politiques savent que ce n’est pas en suivant sa population qu’on gouverne efficacement, mais c’est en la précédant.

23 novembre 2023

Carte postale 35

Filed under: écrits d'ailleurs — vslibre @ 8 h 31 min
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Lévis, lundi 6 novembre 2023,

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Oui, la partie grisée est plus courte cette semaine. Ne désespérez pas celles et ceux qui m’avaient dit que vous ne ratiez pas mes petites cartes, aujourd’hui c’est toute la chronique qui parle de mes aventures. Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à la lire. Vous y découvrirez presque en même temps que moi un loisir québécois insoupçonné. Vous reviendrez après à la carte postale.

C’est bon vous avez lu. Ils sont fous ses Limoulois et Limouloises, si c’est comme ça qu’on dit, au Québec, il y a une commission de toponymie qui donne toutes ces indications en expliquant le pourquoi. Voilà pourquoi on paie tant d’impôts. Bref les habitants du quartier qui porte le nom du manoir du sieur de Limoëlou qui n’est autre que le découvreur du Canada, Jacques Cartier, ces habitants donc savent s’amuser.

La soirée fut si drôle, moite et pourtant pas trop arrosée que trois jours plus tard, je n’ai toujours pas retrouvé ma voix,

Amicalement,

Pierrot

21 novembre 2023

La lutte bien ancrée dans la culture populaire québécoise.

Filed under: Uncategorized — vslibre @ 8 h 31 min

Si la lutte suisse fait partie du patrimoine helvétique, une autre forme de lutte est inscrite dans les gênes québécoises. Je ne m’en doutais pas jusqu’à ce que ma blonde m’invite à une soirée qu’elle partageait avec d’anciennes collègues. J’ai donc eu l’occasion de découvrir un univers insoupçonné qui marque et a marqué des générations québécoises.

« Quand j’étais petit, le dimanche matin on s’installait devant la télé en famille. On ne manquait jamais la réunion de lutte à la télévision. » « Ah, ben chez nous aussi le rituel était immuable, j’adorais ça! » « Grâce à ton chum, je vais me sentir comme autrefois, j’adorais le commentateur, un Français… Carpentier qui s’appelait. »

Je suis surpris en attendant la discussion entre ma blonde et l’ami de sa collègue. Elle ne m’avait jamais raconté ces rendez-vous du dimanche. Je connaissais la soirée du hockey du samedi soir. Un incontournable des familles québécoises. Le hockey est le sport national du Québec, mais la lutte. Je suis étonné.

Tout commence dans les escaliers

« Il y a déjà du monde! » Le rendez-vous était à 19h devant la porte du Centre Horizon dans Limoilou, le quartier populaire de la basse-ville de Québec. Arrivé à moins dix, la file commence déjà sur le trottoir. Bizarrement, la lutte est ponctuelle, on sent un premier mouvement à l’heure fixée pour l’ouverture des portes.

La file ne commençait pas à l’entrée du centre. Il y avait du monde à l’intérieur déjà. Je découvre en entrant dans la bâtisse que la salle de la réunion du North Shore Pro Wrestling (NSPW), lutte professionnelle de la Côte-Nord en français, se tient au quatrième étage, juste au-dessus de la Société des Assoiffés de la Bible. 

Le mélange est éclectique dans ces centres communautaires où la Société Saint-Vincent de Paul côtoie le club de boxe « Le Cogneur » au deuxième étage. Tout un programme qui permet de jaser en montant l’escalier et de surprendre quelques bribes de discussions entre habitués. La manifestation semble sérieuse et j’ai entendu des noms inconnus, mais qui semblaient faire l’admiration des spécialistes.

Un spectacle où le public participe

« Désolé, les chaises rouges sont pour les VIP. » Si j’avais anticipé, j’aurais utilisé ma carte de presse, ça fait toujours effet. Tant pis, nous trouvons une série de chaises dans la dernière rangée de la section quatre, juste devant le bar. Donc, première surprise, la salle est grande, organisée comme toute bonne réunion de boxe autour d’un ring surélevé.

Le temps de visiter le kiosque des marchandises, le stand des tee-shirts et autres babioles, d’acheter une bière et voilà qu’un homme qui détonne dans ce décor avec son costume noir, sa chemise blanche et son nœud papillon, prend le micro et annonce l’épreuve de préréunion avec l’école de lutte du coin.

Ça court, ça saute, ça s’évite, ça se baffe, mais pas trop fort, ça cogne pour faire illusion et ça réussit aussi quelques figures assez complexes en utilisant les cordages du ring. Assez pour chauffer le public. J’apprendrai plus tard qu’il y a 500 places maximum et presque toutes sont vendues. Notre pingouin reprend le micro et annonce une vedette locale dont j’ai oublié le nom. 

Et là, surprise, le lutteur prend le micro et se met à parler, à parler, à parler. Assez pour que le public commence à lui répondre, à l’insulter. Je ne comprends pas grand-chose. Entre l’accent québécois et une sono qui sature, mes oreilles peinent. « On s’en câlisse, on s’en câlisse, on… », ça j’ai compris et le lutteur aussi, il pose le micro et son adversaire arrive.

Des professionnels qui en sont vraiment

Passons sur cette passe qui avait un niveau technique supérieur, les choses sérieuses commencent après une quinzaine de minutes de pause. Vingt heures viennent de sonner au clocher de l’église désaffectée voisine, enfin c’est ce que j’ai cru entendre, lorsque le premier combat entre Loue O’Farrel l’invincible détestée de tous affronte Emily Grimsky, la chouchoute du public qui malheureusement ne sera pas à la hauteur de la peste détestée.

Une chaleur moite envahit maintenant la salle. Ma blonde avait raison, nul besoin de mon manteau d’hiver, mon tee-shirt suffit. Sur le ring, les vedettes se succèdent. Travis Toxic écrase Dgenerate, Marko Estrada s’enferre dans des luttes avec des équipes sans que je ne comprenne trop ce qui se passe. Enfin, c’est la grande finale du Standing 30. 

Je comprends le nom de la soirée, trente lutteurs vont s’affronter, le dernier qui restera sur le ring sera le grand vainqueur de la réunion. Tout commence à deux, puis chaque deux minutes environ, c’est un décompte de mémoire, un nouveau concurrent monte dans l’arène. Il faut passer par-dessus les cordes et finir au bas du ring pour être éliminé.

 Au moment le plus chaud, je ne compte pas moins de douze lutteurs ou lutteuses, la partie est mixte sur le tapis. Mike Blanchard le Huron et Michel Plante le Québécois sont les héros de la foule, mais ils trépassent et au final, c’est Benjamin Tull qui restera le dernier. Je le savais, je l’avais dit dès le départ! Son tee-shirt se vendait 100$, alors que celui des autres 25$. Il y avait bien une raison.

Le Québec n’a pas fini de m’étonner.

14 novembre 2023

Carte postale 34

Filed under: écrits d'ailleurs — vslibre @ 8 h 56 min
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Lévis, jeudi 2 novembre 2023

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Novembre est là, mais la première neige l’a précédé. Oui, il a neigé le 31 octobre pour la première fois de l’hiver. Enfin, non pas de l’hiver, de la saison. L’hiver n’est pas encore arrivé. Si vous en Suisse êtes déjà à l’heure d’hiver, au moment où j’écris ces lignes, ce n’est pas encore le cas chez moi. Ça arrivera une semaine après l’Europe pour nous. Comme nous avons passé à l’heure d’été deux semaines avant vous.

J’en conclus donc que l’hiver horaire est trois semaines plus court au Québec qu’en Valais. On se console comme on peut dirait ma blonde qui, comme une majorité de Québécois n’aime pas l’hiver. Vous le savez ce n’est pas mon cas. J’aime cette saison parce que je la passe entre mon bureau bien au chaud et mon club de curling où joué à 1 ou 2 degrés n’est pas un problème.

Non le problème c’est que je n’ai pas encore gagné de partie… la saison va être longue. Mais c’est secondaire parce que l’hiver est beau aussi pour ses rigueurs qui font nous sentir vivants, pour sa blancheur qui égalise le paysage, pour son air vivifiant, pour son soleil poignant, pour son vent intrigant, pour… pour… Vous n’avez qu’à venir le vivre ici quelques jours pour savoir pourquoi.

Mais là on est encore en automne et l’hiver va attendre tout de même un peu, même si en une semaine la température a passé de 20 degrés au soleil à -18 au réveil. Heureusement le corps s’habitue à presque tout. Et cette différence permet surtout aux feuilles de se ratatiner rapidement. Il y en a d’autant moins à ramasser.

Amicalement,

Pierrot

10 novembre 2023

Le Québécois préfère son char au tramway

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 6 h 54 min
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Ces derniers temps, le mot tramway est certainement celui qui est le plus utilisé dans la presse locale de la Capitale nationale. Maintenant que le dernier consortium qui était dans la course pour le construire s’est retiré, le maire de Québec se retrouve bien seul pour défendre ce projet. Sa concrétisation dépend bien plus de la volonté de développer le transport en commun que de toute autre question organisationnelle.

Je vous ai parlé quelquefois des transports publics en Amérique du Nord. Ce fut un choc culturel à mon arrivée au Québec. Je savais que ça n’avait rien à voir avec l’Europe, mais à ce point, je ne m’y attendais pas. Pourtant, depuis dix ans, nous vivons avec un seul véhicule dans le ménage. Une incongruité dans la région.

Depuis dix ans aussi, j’entends parler d’un projet de transport en commun structurant dans la région de la Capitale nationale. En 2011, c’était de SRB qui était à la mode. Un service rapide de bus devait desservir la ville de Québec, ses banlieues et la ville de Lévis au sud du Saint-Laurent. Les plans étaient beaux, les maires complices, que demander de plus ?

Des chicanes, encore des chicanes

La lune de miel ne dura pas. Dès que les budgets se sont affinés, le maire de Lévis a tout d’abord réduit au minimum l’emprise du SRB sur son territoire, juste le temps de traverser le pont, puis a carrément décidé d’abandonner le projet. Le maire de Québec n’en attendait pas moins. Il a vite pris ce prétexte pour abandonner le projet.

Plus facile de mettre la faute sur le chef de l’autre rive que d’oser se dire contre un projet si environnemental. Pourtant, c’est bien plus l’approche des élections et la certitude que la majorité de la population des deux rives ne voulait pas de travaux qui allaient perturber leur circulation qui a sonné le glas du SRB.

Les élections passées, voilà que le maire de Québec qui en était à sa dernière législature eu une vision » le tramway était la solution idéale. Le maire de Lévis qui n’est pas encore proche de la retraite devint le chantre d’un troisième lien entre les deux cités et si possible un tunnel. Québec pouvait travailler seul sur son projet.

Un tramway nommé désir

Oui l’intertitre est un peu bateau, mais ce tramway ne se nommait pas désir pour tous. Les quelques résidents du centre-ville et ceux qui logeaient aux abords du tracé planifié furent les plus enthousiastes. Les habitants des banlieues avaient trop besoin de leur char pour accepter une diminution des voies de circulation ou des places de stationnement.

Tant que le maire Labeaume fut aux affaires les choses avancèrent bon train, la contestation le motivant plutôt que le retenant. Après les dernières élections et l’arrivée d’un maire jeune, sportif et protransport en commun, tout semblait aller pour le mieux. Sauf que faute de discours public convaincant, les opposants s’en donnèrent à coeur joie. Tant et si bien que le gouvernement resta des plus discrets.

Qui paie commande… oui, mais…

Le problème est que tous les paliers de gouvernement sont impliqués dans le financement. Le fédéral a promis d’assumer 40% des coûts et de s’ajuster aux augmentations du budget au fur et à mesure de l’avancement du projet. Pour ce qui est du gouvernement provincial, tout est plus flou. Le premier ministre a promis d’assumer sa part… si les coûts ne sont pas exorbitants.

Reste donc à la ville de Québec de prendre le leadership. Ce que le maire fait bien, mais il semble seul et attaqué de toute part ! Les battus des dernières élections qui la jouaient fair-play tant que Bruno Marchand (le maire donc) restait très populaire, sont extrêmement critiques depuis que les adversaires montent aux barricades. Ils n’oublient pas que l’important c’est le char.

Car finalement si c’est bien qui paie commande, le tramway de Québec ne verra pas le jour. Les contribuables ne semblent pas prêts à modifier leur comportement. Radio-Canada a ressorti un micro-trottoir des années soixante à Montréal. Personne ne voulait du métro prôné par le maire. Il ne servait à rien et on n’allait pas changer nos habitudes pour lui. Aujourd’hui, le métro de Montréal est le deuxième le plus utilisé en Amérique du Nord après celui de New York et les Montréalais n’arrêtent pas de demander des prolongations de lignes.

Le maire de Québec doit donc s’accrocher. Le tramway n’aura que des adeptes quelques années après sa mise en service.

8 novembre 2023

Carte postale 33

Filed under: écrits d'ailleurs — vslibre @ 8 h 50 min
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Lévis, vendredi 27 octobre 2023

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

L’automne québécois a basculé dans sa deuxième partie. La plus poche comme on dit ici. Celle où les feuilles colorées jonchent le sol et sont difficiles à ramasser parce que la pluie agit comme une colle. Les températures baissent. Elles ne sont pas encore hivernales, non juste froides et humides. Le mois de novembre approche à grands pas et me rappelle pourquoi c’est le moment où les billets d’avion en direction du Québec sont le moins chers de l’année.

Qui voudrait voyager dans une région déprimante ? Vous me direz que ce n’est ni la géographie ni la météo qui sont les plus déprimantes ces temps. Vous avez bien raison, une guerre fait oublier une autre, les équilibres mondiaux deviennent de plus en plus précaires, donc inquiétante. La crise climatique ne nous laisse pas non plus de répits. Les habitants de la vallée de la Vésubie dans le sud de la France en savent quelque chose.

Plus près de moi, c’est le chanteur d’Acapulco qui est rincé. Un petit clin d’œil à un ancien doyen de ma fanfare saviésanne trop tôt disparu qui savait jouer avec sa voix. Eh oui, cette pauvre station balnéaire qui a été balayée par un ouragan imprévisible. Je ne sais pas si vous avez vu les images des coups de vent dans les hôtels… ça coupe l’envie de passer un moment hivernal dans ces « tout inclus » qui font rêver les Québécois.

Sans oublier que mes voisins du Sud sont toujours secoués par des tueries de masses. Tant que la seule réponse à ce fléau sera de s’armer encore plus, je ne vois pas comment la situation pourra évoluer. Ils m’avaient donné pourtant un peu d’espoir en réglant leur chamaillerie de cour d’école. Ils ont enfin pu élire un nouveau chef de la Chambre des représentants. Les clowns républicains ont mis fin à leur spectacle.

Petite lueur d’espoir, les problèmes judiciaires de leur grand chef prennent petit à petit de l’ampleur. Dans l’histoire de la tentative de modifier les résultats de l’élection présidentielle 2020 dans l’État de Géorgie, la tactique de la procureure semble fonctionner. Elle traite Donald Trump comme un chef de gang. Elle a inculpé une vingtaine de membres de son entourage. 

5 novembre 2023

Le budget de l’an 1, une affaire québécoise

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 11 h 50 min
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Le 23 octobre dernier Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) présentait le budget de l’an 1 du futur Québec libre. Le chef du Parti québécois remplissait un devoir devenu commun de tout chef indépendantiste qui se respecte. Le premier à faire cet exercice a été René Lévesque en 1973. La réalité comptable de cet exercice fictif est sujette à discussion. Les fédéralistes trouvent que les coûts sont sous-estimés, les indépendantistes le jugent magnifique, mais c’est surtout le premier ministre François Legault qui est sur la défensive.

La première fois que j’ai entendu parler du budget de l’an 1, je me suis dit que ma région d’accueil avait un certain retard. Il y avait 11 ans que le nouveau millénaire avait commencé. Mais non, ce fameux budget est un exercice obligé pour le mouvement indépendantiste. Pas question de convaincre de faire du Québec un pays sans chiffrer précisément son coût. Moi qui croyais que devenir libre était une question de coeur, j’ai dû déchanter.

Un peu d’histoire

Tout commence le 9 octobre 1973 lorsqu’en pleine campagne électorale, le Parti québécois (PQ) innove en présentant le budget fictif d’un Québec indépendant pour l’année 1975-76. Le dévoilement de ce «budget de l’An I» fera la manchette de la plupart des quotidiens de la province. L’exercice avait été mené par les meilleurs économistes de la province, dont Jacques Parizeau qui deviendra premier ministre et passera tout proche de gagner l’indépendance en 1995.

Mais cet exercice est plus que délicat, il risque de discréditer l’option séparatiste. Ce fut le cas en 1973. Le premier ministre d’alors, Robert Bourassa qualifiera le «budget de l’An I» de «créditisme pour intellectuels». L’échec du PQ aux élections qui suivirent ce premier exercice le 18 novembre 1973 fut attribué aux attaques contre ce premier budget. Un autre indépendantiste, François Legault, alors député péquiste s’adonna à cet exercice en 2005. Nous y reviendrons.

Un document sérieux, mais aléatoire

L’étude se divise en deux parties : la première fait l’analyse pro forma des finances d’un Québec indépendant, qui ferait les mêmes choix que ceux d’Ottawa, puis une deuxième qui fait celle d’un pays gouverné par le Parti québécois. Le contenu plus audacieux, selon des observateurs, que celui de ses prédécesseurs a permis à PSPP de faire bonne figure devant tous ceux qui l’attendaient de pied ferme.

Car malgré tout le sérieux qu’on veut bien y mettre, préparer le budget d’un nouvel État est un exercice de funambule. Comment présager du résultat des négociations avec Ottawa, prédire la réaction des partenaires commerciaux ? Depuis que j’ai appris qu’il existait une comptabilité créative pour les entités publiques, je regarde sous un autre œil les applaudissements et les critiques des budgets et des comptes publics.

La possibilité de devenir un pays

Si les premiers budgets de l’an 1 avaient pour but premier de prouver que le Québec avait la capacité financière de s’assumer librement, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les premiers ministres libéraux Jean Charest et Philippe Couillard, mais aussi plus récemment le caquiste François Legault, reconnaissaient qu’un Québec souverain serait « viable » sur le plan économique.

La question est plus de déterminer la pertinence d’une telle « libération. « C’est non seulement pertinent, aujourd’hui, le projet de souveraineté, mais c’est devenu urgent », déclarait François Legault en 2005. Difficile pour celui qui est devenu premier ministre aujourd’hui d’attaquer de front le projet ! Surtout que très habilement, le PQ met en lumière les ratés de l’administration fédérale canadienne.

D’ici au prochain scrutin général, en 2026, le Parti québécois publiera en 2024 une réplique à « l’initiative du siècle », qui fait la promotion d’une forte hausse de l’immigration au Canada. Il dévoilera ensuite en 2025 un livre bleu sur l’indépendance, qui détaillera le modèle de pays qu’il propose, et définira ce qui devrait constituer une « citoyenneté québécoise » avant la campagne électorale.

La question nationale est relancée. Permettra-t-elle un retour au pouvoir des indépendantistes au Québec ? Rien n’est moins sûr, mais le débat pourrait être intéressant.

3 novembre 2023

Carte postale 32

Filed under: écrits d'ailleurs — vslibre @ 8 h 12 min
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Lévis, vendredi 20 octobre 2023

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Ce matin, enfin, mon non-hiver québécois s’est terminé. Ces longs mois sans blancheur, sans fraîcheur, bref sans vigueur sont derrière moi. J’en suis comblé! J’ironise bien sûr, mais avec l’ouverture de ma saison de curling, le temps est venu pour les feuilles d’automne de se laisser ramasser à la pelle.

Car elles sont encore belles ces feuilles automnales. Les plus précoces jonchent le sol, mais les plus vigoureuses narguent encore l’hiver du haut de leurs branchages. Flâner sous le frais soleil d’octobre est un plaisir qui me convient. Mais il faut faire vite, car les journées raccourcissent encore plus vite que la descente du thermomètre.

Au moment où vous lirez mon message, les élections fédérales seront derrière. Nous saurons si le Valais est toujours le « macho » national. Si nos huit représentants sont réélus. S’il ne reste qu’une chance féminine aux États pour ne pas être toujours dans un siècle, un millénaire des plus lointains. Tout se jouera durant cet espace entre l’écriture et la lecture.

Donc, inutile de disserter sur ce sujet. Déjà faire des prédictions électorales est une science délicate, les faire alors que vos destinataires connaissent déjà la réponse serait de très mauvais goût. Je n’aurai pas cette outrecuidance. Je préfère savourer mon début d’hiver en espérant que ma saison sportive soit meilleure que le résultat de mon premier duel : nul… (le résultat, le reste je n’en dirai rien)

Amicalement,

Pierrot

1 novembre 2023

Cinq ans de légalisation du cannabis au Canada

Filed under: 1. Lettre québécoise — vslibre @ 8 h 12 min
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Le 17 octobre 2018, le Canada légalisait la consommation et la production de cannabis. Le premier ministre Justin Trudeau concrétisait alors une de ses promesses électorales phares de la campagne fédérale de 2015. De l’euphorie au catastrophisme, tout a été prédit alors. Force est de constater, cinq ans plus tard, qu’il n’y a pas eu de catastrophe, que le Canada n’est pas venu un pays de débauche, mais que le marché noir est aussi toujours bien présent, sans que la consommation totale n’augmente.

Le gouvernement canadien visait trois objectifs avec cette légalisation : garder le cannabis hors de la portée des jeunes; empêcher les profits d’aller dans les poches des criminels; protéger la santé et la sécurité publiques en permettant aux adultes d’avoir accès à du cannabis légal.

Que permet cette législation?

Le Canada autorise, sous réserve de restrictions provinciales et territoriales, les adultes âgés de 18 ans ou plus de :

  • posséder en public jusqu’à 30 grammes de cannabis légal séché, ou l’équivalent sous forme non séchée;
  • partager jusqu’à 30 grammes de cannabis légal avec d’autres adultes;
  • acheter du cannabis séché ou frais et de l’huile de cannabis d’un détaillant soumis à la réglementation provinciale;
  • cultiver à des fins personnelles jusqu’à quatre plantes de cannabis par résidence à partir de graines ou de semis de source autorisée;
  • fabriquer à la maison des produits de cannabis, comme des aliments ou des boissons, pourvu qu’aucun solvant organique ne soit utilisé pour créer des produits concentrés
  • vendre des produits comestibles et de concentrés de cannabis.

Le Québec a décidé de restreindre un peu ces droits. Ainsi, la consommation de cannabis n’est légale qu’à partir de 21 ans. Il n’est pas non plus permis de produire ou de vendre du cannabis. Le marché a été nationalisé, comme pour l’alcool. La Société québécoise du cannabis (SQDC), une filiale de la Société des alcools du Québec (SAQ), a le monopole du commerce dans la province.

Quels effets sur la consommation des jeunes?

« On n’a pas vu l’hécatombe qui était attendue par certaines personnes. L’usage du cannabis par les jeunes n’a pas augmenté de manière importante, mais n’a pas diminué non plus », explique le Dr Richard Bélanger, pédiatre et professeur adjoint à l’Université Laval au Département de pédiatrie dans un article du Devoir.

Les chiffres de statistiques Canada datant de 2021, un retard dû à la pandémie qui a vu moins de contact entre les jeunes, donc moins d’occasions de consommer, est peut-être existant. Toutefois, au Québec, une étude de 2023 montre que 14% des jeunes de de 15 à 20 ans ont vapoté du cannabis au cours de la dernière année. En effet, aujourd’hui, c’est le vapotage du cannabis qui est le plus problématique chez les jeunes. 

« Ce que la légalisation a peut-être amené, c’est un discours social, ce qui nous permet de lancer plus souvent la discussion avec les jeunes et de faire en sorte qu’ils se sentent de plus en plus à l’aise de parler du produit et de ses impacts sur la santé », croit le Dr Bélanger.

Le marché noir est-il tari?

De nombreuses études montrent qu’un nombre croissant de consommateurs canadiens se sont tournés vers des fournisseurs officiels de cannabis, mais le marché noir existe toujours. Pendant la première moitié de 2023, plus de 70 % de la valeur totale du cannabis consommé au Canada provenait d’une source légale (médicale ou non médicale autorisée), contre 22 % au quatrième trimestre de 2018, au lendemain de la légalisation.

Si en 2018, Statistique Canada estimait à 1 milliard 232 millions de dollars les dépenses pour un usage illégal du cannabis au pays, il ne serait plus que de 577 millions en 2023, selon cette même source. Les chiffres semblent donc indiquer que la solution fonctionnerait de mieux en mieux. Toutefois, l’arrivée sur le marché, en tout cas québécois, des produits à vapoter pour les jeunes risque de modifier la tendance.

Quid de la santé et de la sécurité?

La diminution serait constante depuis l’entrée en vigueur de la législation. Le taux d’infractions liées au cannabis déclarées par la police est passé de 99 par 100 000 habitants en 2018, année de la légalisation, à 28 par 100 000 habitants cinq ans plus tard. Il était même de plus de 220 par 100 000 habitants en 2011.

L’accessibilité du produit a augmenté de façon exponentielle. On recensait huit fois plus de magasins autorisés à la fin de 2020 que deux ans plus tôt au pays. Ce chiffre a encore doublé au deuxième trimestre de 2022, et il serait demeuré stable depuis. Au Québec, on dénombre près de 100 succursales de la SQDC (430 pour la SAQ).

Malgré cela, au Québec, la proportion de personnes ayant consommé du cannabis dans la dernière année a diminué, passant de 19 % en 2022 à 17 % en 2023. C’est également dans la province que la consommation demeure la plus faible parmi toutes les provinces au pays.

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