Le Coronavirus qui submerge le monde actuellement crée une crise sans précédent. La pandémie n’a pas de frontière et frappe sans discernement. Le Québec est avec un temps de retard, aussi touché que la Suisse. La vie est irréelle, comme au ralenti. Dans cette atmosphère inconnue l’homme et la femme sont obligés de se révéler dans ce qu’ils sont véritablement.
On pourrait faire de la sociologique des groupes, des communautés pour étudier le comportement des différents peuples, des différents états. Ce n’est pas mon propos ici, je laisse ça pour plus tard, après la crise. Je vais m’attarder à analyser nos dirigeants, car ce sont eux qui donnent le ton, qui ont la difficile tâche de nous guider dans ce moment difficile.
Quelques exemples historiques
Georges Clemenceau n’aurait jamais été le « Père la Victoire » sans la Première guerre mondiale. Il serait resté « le premier flic de France », comme il se nommait, hait de toute la gauche française, s’il la guerre ne l’avait pas révélé au soir de sa vie, il avait 76 ans lorsqu’il reprend la tête du Conseil qui gouvernait la France en 1917.
« Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Winston Churchill, ne serait resté qu’un obscur ministre anglais plutôt dans la moyenne s’il n’avait pas eu la Deuxième guerre mondiale qui lui a permis de magnifier son leadership. Il a prononcé sa célèbre phrase à 66 ans lorsqu’il est devenu premier ministre.
En Suisse, jamais le général Guisan n’aurait marqué l’histoire du pays sans cette même Deuxième guerre mondiale. Aucun chef militaire n’a sa place dans l’opinion publique en dehors des périodes de crise. Le grade de général n’existe d’ailleurs pas en temps de paix. Lui aussi, à 66 ans, s’est sublimé face aux événements et a su mobiliser et unifier la nation dans un moment critique.
Un Canada flou et indécis
Nous vivons actuellement une période de crise comme nous n’en avons plus vécu depuis la Deuxième guerre mondiale et cette crise révèle aussi la vraie dimension de nos dirigeants. Au Canada, qui est une confédération, comme la Suisse, nous avons droit à deux figures bien différentes : un premier ministre fédéral maladroit et indécis et un premier ministre provincial ferme et convaincant.
Justin Trudeau, je vous l’ai déjà dit, est devenu premier ministre parce qu’il est le fils de Pierre Eliott Trudeau. Sans cela, ce professeur de théâtre ne serait jamais sorti de son rôle. Reclus dans sa résidence car son épouse est atteinte de la Covid-19, en retrait, il n’apparaît pas comme un chef convaincant.
Indécis, en retard, on n’a pas le droit de venir 39 minutes en retard pour une conférence de presse diffusée en direct dans tout le pays ! Justin Trudeau n’a pas trouvé le ton juste. Il est flou dans ses explications et change drastiquement ces décisions d’un jour à l’autre. L’exemple de la frontière avec les États-Unis est flagrant. Un jour c’est une très mauvaise idée de fermer les frontières, le lendemain on les ferme toutes sauf avec les États-Unis, un jour plus tard, on ferme celle-là aussi. Rien pour rassurer la population.
Un Québec chaleureux et rassurant
Tout un contraste avec François Legault, le premier ministre du Québec qui se révèle comme un grand homme d’État. Je me souviens que lors de mon arrivée au Québec (janvier 2012), la Coalition avenir Québec (CAQ) venait d’être fondée (14 novembre 2011). Son chef était surnommé « on verra » à cause de ses premières réponses aux journalistes.
Aujourd’hui, c’est Horacio Arruda, le directeur national de la Santé publique qui ose glisser la formule lors de ses réponses à la conférence de presse quotidienne. Un autre personnage qui a le ton juste cet Horacio. Mais revenons à François Legault. Il a su, dès le début de la crise parler vrai aux Québécois.
Je le soupçonnais d’être un homme politique qui s’investit pour les bonnes raisons avant cette crise, mais là, il éclate vraiment et fait l’unanimité. Quel contraste avec Justin Trudeau. Il sait être ferme et rassurant. Il sait surtout s’entourer, ne pas apparaître seul aux commandes. On sent que c’est lui qui dirige, mais on sent surtout qu’il sait écouter.
Ne pas apparaître seul
Car si les exemples que je citais au début reste dans la mémoire collective comme des dirigeants solitaires, les temps ont changé. Aujourd’hui, le groupe est important. Nous voulons des leaders qui, en temps de crise, sont aux commandes, mais bien entourés. C’est visiblement le cas au Québec, très douteux au Canada.
La Suisse a la chance d’avoir un collège gouvernemental. Cette richesse est précieuse, même si quand tout va bien on aimerait que les choses aillent plus vite. Aujourd’hui, de loin, je sens un gouvernement bien à ses affaires. Quand Alain Berset encourage la responsabilité individuelle pendant que le président français, Emmanuel Macron, promet que personne ne fera faillite, j’aime le système suisse.