Un bûcher qui tombe à point (1509)
Que pèse la vie de quatre moines mendiants crédules et maladroits, intimidés par la mise en scène d’un grand procès en sorcellerie où siègent d’ambitieux prélats, en face du prestige d’une cité guerrière flattée par le souverain pontife et par deux puissances avides de mercenaires ?
La question de l’historien André Beerli a trouvé une réponse le 31 mai 1509 sous les murs de Berne. Le prieur des dominicains Johannes Vatter et trois autres moines brûlent sur le bûcher. L’affaire « Jetzer » trouve là son épilogue. Cet épilogue contente beaucoup de monde et la Réforme pourra se développer en terre bernoise.
Hans Jetzer a été admis comme frère convert quelques années auparavant dans le couvent bernois des dominicains. Bientôt, il voit pleurer des larmes de sang d’une statue de la vierge. Elle lui apparaîtra et viendra visiter l’église des dominicains. Finalement, ses supercheries seront dévoilées et dénoncées. Jetzer incriminera ses supérieurs.
Un procès s’ouvrira et permettra aux rivalités entre dominicains et franciscains de se déployer au grand jour. Ils s’opposent sur la doctrine de l’Immaculée-Conception. Mais l’affaire remonte bien plus haut. Les juges ecclésiastiques qui doivent démêler l’affaire sont des personnages influents. Mathieu Schiner, évêque de Sion défend les intérêts du pape Jules II et Aymon de Montfalcon, évêque de Lausanne ceux du Roi de France.
Tous ont à coeur de défendre les autorités bernoises et ont besoin de leurs mercenaires. Le sort des malheureux est joué. Ils brûleront. Seul, Hans Jetzer parviendra à s’enfuir et poursuivra sa vie dans la région. Nicolas Manuel s’indignera de ce feu qui lui inspirera sa « Danse des Morts ». La Réforme s’emparera plus tard de l’affaire pour en tirer profit.
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