Valais Libre

19 septembre 2012

Ludwig von Mises (1881 – 1973)

Le libéralisme n’a pas toujours bonne presse. Trop souvent, le terme est associé à l’économie, à l’ultra-libéralisme ou au néo-libéralisme. C’est très réducteur, c’est surtout utile à ceux qui veulent déconsidérer leurs adversaires politiques. Le libéralisme, c’est aussi et avant tout une philosophie, une pensée, une vision de la société. Il s’est construit à travers le temps autour de quelques-uns des plus grands penseurs de notre histoire. Savoir d’où l’on vient, connaître nos racines est fondamental. Ludwig von Mises est un véritable optimiste libéral pour qui le capitalisme est le seul ordre social possible.

Le libéralisme a toujours eu en vue le bien de tous, et non celui d’un groupe particulier. (…) Le programme du libéralisme devrait donc, résumé en un seul mot, se formuler ainsi : propriété, c’est à dire propriété privée des moyens de production. (…) Toutes les autres exigences du libéralisme découlent de cette exigence fondamentale.

Ce credo, paru en 1927 dans Le Libéralisme, illustre à merveille la pensée de l’économiste autrichien. Ludwig Heinrich Edler von Mises voit le jour dans une famille de marchands juifs germanophones résidant depuis des siècles en Galicie, dans l’actuelle Ukraine.

Très vite, la famille déménage à Vienne où Ludwig étudiera le droit à l’université.

Naissance d’un économiste

Dès 1903, l’influence de Carl Menger, dont il lit durant ces années les Principes d’économie, et d’Eugen von Böhm-Bawerk, dont il suit le séminaire privé entre 1904 et 1914, le poussera vers l’économie. Mises déclara que c’est de la lecture des Principes de Menger que naquit sa vocation d’économiste. Dès lors il transforme sa pensée et l’étatiste qu’il était devient un défenseur du libéralisme. Ses connaissances économiques immenses lui permettront des contributions particulièrement originales.

Il fera de ses travaux de thèse sur la question de la monnaie, question ignorée jusque-là par l’école autrichienne. Il en sortira en 1912 la Théorie de la monnaie et du crédit, dans laquelle il soutient que l’étalon-or est le seul système monétaire viable. A la suite de la publication de son ouvrage, il obtient en 1913 un premier poste d’enseignement non rémunéré à l’université de Vienne; il devient privatdozent. Ce refus de l’université de Vienne de le nommer à l’une des trois chaires rémunérées est dû à trois raisons : Mises était libéral dans un monde ou l’interventionnisme socialiste et fasciste montait en puissance, juif dans une ville de plus en plus antisémite et il refusait de céder sur ses principes. Dans le même temps, il reste conseiller économique de la Chambre de Commerce de Vienne; c’est de ce poste qu’il tire ses revenus.

Fuite du nazisme

Dès 1934, il occupe la chaire de relations économiques internationales à l’Institut Universitaire des Hautes Études Internationales de Genève. En 1940, il achève à Genève la rédaction de Nationalökonomie, ouvrage dans lequel il aborde les grands thèmes développés plus tard dans L’action humaine. En cette même année, il décidera de s’exiler en Amérique après l’invasion des Pays-Bas, de la Belgique et de la France par l’Allemagne nazie.

Vie aux USA

Il arrive à New York le 2 août 1940. Les débuts de sa nouvelle vie sont difficiles, même si la langue n’est pas un obstacle majeur, Mises étant à l’époque quasiment trilingue allemand-français-anglais. Même s’il n’a pas encore de poste d’enseignement, il participe à la vie intellectuelle. En 1942-1943, il écrit une série de neuf articles dans The New York Times dans lesquels il peut développer sa pensée et se faire connaître dans le pays.

En 1949, il met la touche finale à la rédaction de son magnum opus, L’action humaine, sur lequel il travaillait depuis 1942. Il s’agit d’une version anglaise, révisée et largement adaptée de son précédent livre Nationalökonomie de 1934. L’ouvrage connaît un grand succès et six tirages en sont faits.

A la fin des années 1960, il réduit progressivement ses activités.. Il abandonne son séminaire en 1969, à l’âge de 88 ans . Il s’éteint quatre ans plus tard à New York, le 10 octobre 1973, âgé de 92 ans.

Critique du socialisme

Mises a marqué son époque par une critique sévère des théories socialistes. L’avènement du communisme et ses échecs spectaculaires furent analysé dans deux livres retentissants : Le Socialisme (1922) et Le Libéralisme (1927). Il montre que la propriété collective des moyens de production ne permet plus le calcul économique rationnel. Le socialisme censé améliorer le sort des peuples mène donc à la régression économique, c’est-à-dire à l’inverse du but recherché.

Mises explique que les socialistes ont une conception erronée du travail. Le travail inspire la révulsion, l’individu travaille pour pouvoir profiter ultérieurement de jouissances que lui procure le fruit de son travail. Or, comme par magie, dans un système socialiste, les hommes travailleraient dans la joie ; ils éprouveraient le besoin d’être actifs, même si ça ne leur profite pas nécessairement. Mises réfute ce type de pensée.

Si le capitalisme s’est imposé en dépit de l’hostilité qu’il a toujours rencontrée auprès des masses et des gouvernements, s’il n’a pas été obligé de céder la place à d’autres formes de coopération sociale (…), on ne peut l’attribuer qu’au fait qu’il n’existe absolument aucun autre ordre social possible. (Le Libéralisme, 1927)

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