Dès le passsage du château Frontenac à Québec, le Saint-Laurent s’élargit et prend ses aises.
Le bruit des vagues qui s’échouent sur le sable chaud envahit gentiment mon cerveau. Étendu un peu plus haut sur l’herbe fraîche, à l’ombre d’un bouleau, je me laisse doucement gagner par le sommeil. Une petite sieste en ce dernier après-midi des vacances ne me fera pas de mal.
Un gros quart d’heure plus tard, une légère brise me secoue, mes yeux balaient les environs. Tout est calme, mon amie est, elle-aussi, endormie sur le sable, il ne me reste qu’à apprécier la plénitude du moment. Une foule d’idées fourmille dans ma tête : comment vais-je organiser mes journées dès demain alors que ma blonde reprend le chemin de l’école? Quand lancer les démarches pour obtenir le droit de résidence? Va-t-on valider facilement mes diplômes? Trouverai-je du travail? Devrai-je proposer à des médias suisses des articles sur les élections québécoises?… Bref tout se mêle, se choque, s’embrouille.
Dans ce brouhaha cérébral une question me taraude plus que les autres : De quoi vais-je parler dans ma prochaine saga? La dernière semaine avant la reprise a été bien calme. Il était temps, après le mois helvétique endiablé et le début août tout aussi actif avec les visites suisses, le calme a été revigorant. Dans l’air ambiant, on ne parle que des prochaines élections, alors j’avais envie de vous faire partager les débats des chefs… mais ma passion de la politique s’assouvira en vous racontant les résultats après le 4 septembre.
La douceur de la plage Jacques Cartier, les vagues qui caressent le sable rouge brûlant, les voiliers qui s’ébrouent sur l’eau, tout m’invite à vous parler du géant des lieux, de celui qui fait battre le cœur du Québec, du cordon ombilical de la Province : le Saint-Laurent.
Le fleuve relie les Grands Lacs du centre du continent nord-américain à l’océan Atlantique. Son bassin versant est tout simplement gigantesque puisqu’il draine environ un quart des réserves mondiales d’eau douce. Il rassemble, autour des 1 400km qui l’emmène de Kingston à la sortie du lac Ontario à l’Atlantique, une grande partie de la population du Québec.
Découvert par Jacques Cartier lors de son deuxième voyage entre 1535-1536, il devrait son nom à la date du 10 août, jour de la Saint Laurent. « La rivière qui marche » « Grand fleuve de Hochelaga » « Grande rivière du Canada » les appellations vont varier jusqu’au XVIIème siècle où le fondateur de la ville de Québec Samuel de Champlain le fixe sur ses cartes avec l’appellation « Fleuve Saint-Laurent ».
Dès lors, la vie de la Province va s’organiser autour de lui, voire au milieu puisque la ville de Montréal est construite sur une île du fleuve. Il restera durant longtemps la principale voie de communication de la région.
Aujourd’hui encore le trafic fluvial est important. Les grands navires pouvaient remonter sans trop de difficulté jusqu’à Québec, mais ensuite la profondeur du Saint-Laurent ne permettait pas d’aller plus loin. L’ouverture d’un chenal de 4,5 m de profond en 1851 (11,5m en 1999) a fait de Montréal une grande cité portuaire. Depuis 1959 et l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent, une route vers les Grands Lacs attire une grande partie des marchandises de ou vers le nord des Etats-Unis.
Mais le Saint-Laurent c’est surtout un lieu magique. Été comme hiver, il offre des paysages, des images, des secrets qui attirent irrésistiblement. Je vous ai parlé de la plage Jacques Cartier à Québec sur la rive Nord vers Cap Rouge. J’aurais pu évoquer la magie de l’île d’Orléans, ses fraises, son cidre de glace, ses gîtes et ses plages. Je pourrais vous parler du vol des oies blanches au printemps et à l’automne dans la région de Montmagny. Sans oublier la magie des robes blanches des bélugas à l’embouchure du Saguenay à Tadoussac qui font la joie des touristes, ou encore la beauté de la marina de Saint-Michel et la splendeur de ses rives à Québec.
Voir le Saint-Laurent, c’est l’aimer, c’est comprendre le sens du mot Fleuve. Rêver sur ses berges, c’est respirer le poumon de la Province.
Saint-Jean-Chrysostome
jeudi, 23 août 2012
Le pont Pierre Laporte et le pont de Québec sont les dernières traversées routières avant l’Atlantique.