Valais Libre

28 Mai 2023

Carte postale 19

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Lévis, jeudi 18 mai 2023

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

En ce jour de l’Ascension, je suis moins révolté que la semaine dernière. Pourtant, ce jeudi n’est pas férié au Québec. À part Pâques et Noël, les fêtes religieuses ne sont pas synonymes de congé. La laïcisation de cette terre initialement catholique a été brutale dans les années soixante.

Il y aura bien la Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin, mais pas pour des raisons religieuses, parce que c’est la fête nationale du Québec. Reliquat du temps passé, comme la plupart des noms de village. Le Québec ne se veut plus religieux, mais les témoins du passé sont partout. Un autre paradoxe de la société québécoise qui, à mon avis, se cherche toujours une identité.

Lundi prochain, dernier, pour vous, bref : le 22 mai est la fête de la Reine (Victoria Day en anglais). Jour férié en l’honneur de la reine Victoria et aussi jour de la fête officielle de l’anniversaire du monarque. Il perd non seulement son nom, mais aussi sa date de naissance.

Au Québec, ce jour est aussi férié, mais c’est la Journée nationale des patriotes. On commémore le souvenir de la rébellion des patriotes de 1837/1838. Un peu difficile dans ma province de fêter un monarque qu’on ne veut pas et qui nous a été imposé. Mais de là à perdre un jour férié, tout de même, il ne faut pas exagérer!

Cette journée du 22 mai ouvre officiellement la saison estivale, enfin la saison où on met le nez dehors plutôt. C’est l’ouverture des campings, des activités muséales estivales, des lieux de villégiature. Bref, la belle saison commence. Cette année, je suis presque prêt avec l’ouverture de ma piscine. 

Comme beaucoup de Québécois, nous avons une piscine hors terre dans la cour arrière et maintenant qu’elle a dégelé, il s’agit de la préparer pour la longue saison chaude… non, ne riez pas, depuis que le chauffe-eau est installé, nous nous baignons, en moyenne du 25 mai au 25 septembre. Je vous dirai la semaine prochaine, si le calendrier a été tenu cette année.

Amicalement,

Pierrot

29 Mai 2020

Fête de la Reine au Canada, mais journée des patriotes au Québec.

Si le mois de mai est l’occasion de quelques fêtes religieuses en Valais, au Canada, ces fêtes religieuses ne sont pas chômées sauf Noël et Pâques. Pourtant, le lundi avant le 25 mai est un jour férié. On y célébre la fête de la Reine au Canada et la journée nationale des patriotes au Québec. Car, comme je vous le répète régulièrement, le Québec n’est pas tout à fait le Canada.

« La fête de la Reine ou fête de Victoria (en anglais : Victoria Day) est un jour férié canadien célébré chaque année le lundi précédant le 25 mai en l’honneur de la reine Victoria. C’est également ce jour qu’est célébré l’anniversaire officiel du monarque du Canada. La fête de la Reine est aussi informellement considérée comme marquant le début de la saison d’été au Canada. » Selon Wikipédia

Victoria entourée de son fils, le futur Édouard VII (à droite), son petit-fils le futur George V (à gauche) et de son arrière-petit-fils le futur Édouard VIII en 1898. Source : Wikipédia – photographe John Chancellor (1860-1916)

Première monarque du Canada

Née à 4 h 15 le matin du 24 mai 1819 au palais de Kensington à Londres, Alexandrina Victoria est la fille du duc de Kent et de la princesse allemande Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld. À sa naissance, elle est en cinquième place dans la liste de succession au trône britannique. C’est pourtant elle qui succèdera à son oncle le roi Guillaume IV le 20 juin 1837, moins d’un mois après fêté ses 18 ans.

Dès lors, elle se fera appeler Victoria et elle règnera durant 63 ans jusqu’à sa mort le 29 janvier 1901 sur un empire où le soleil ne se couche jamais. En 1840, elle épousera son cousin le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha avec qui elle aura 9 enfants qui épousèrent des membres de familles royales européennes et feront de leur mère la « grand-mère de l’Europe ».

Même si elle ne sort presque plus dès 1861, année de la mort de son mari et ne s’habille plus qu’en noir, c’est elle que les Pères de la Confédération canadienne choisiront comme monarque à la fondation du pays en 1867. Depuis, la fête de la Reine marque aussi l’ouverture de la saison d’été au Canada.

Le fougueux Dollard des Ormeaux

Les Canadiens-français n’ont jamais vraiment pu célébrer cette fête imposée par leur conquérant. Lorsque les autorités fédérales utilisèrent un héros oublié de leur histoire pour encourager la conscription lors de la Première Guerre mondiale, ils commencèrent à détourner ce jour férié.

« Canadiens suivez l’exemple de Dollard des Ormeaux. N’attendez pas l’ennemi au coin du feu, mais allez au-devant de lui. En avant! Canadiens-français. Enrôlez-vous dans les régiments canadiens-français », voilà ce que disait une célèbre affiche. Adam Dollard des Ormeaux est mort en mai 1660 à l’âge de 25 ans à la bataille du Long-Sault.

Appel patriotique au recrutement par le Comité de recrutement canadien-français. Source : Collection Affiches de guerres. Direction des bibliothèques, Université de Montréal.

Avec 16 compagnons français et 40 Hurons, il a retenu durant plusieurs jours des centaines d’assaillants en amont de Montréal sur la rivière des Outaouais. Cette résistance détourna les Iroquois qui abandonnèrent leur projet d’invasion. Un mythe pouvait naître.

Reconnaissance de la résistance des patriotes

Le Québec célébra informellement durant tout le reste du XXe siècle l’héroïsme de Dollard des Ormeaux le jour de la fête de la Reine. À partir de 2003, cette journée devient officiellement la Journée nationale des patriotes au Québec suite à un décret gouvernemental du 20 novembre 2002.

Cette journée « vise à souligner l’importance de la lutte des patriotes de 1837-1838 pour la reconnaissance de leur nation, pour sa liberté politique et pour l’établissement d’un gouvernement démocratique », selon un communiqué du bureau du premier ministre de l’époque. 

La mémoire des héros de la lutte des Canadiens-français pouvait enfin être officialisée après des décennies de revendications. Les assemblées publiques organisées par des citoyens patriotes dans le Bas-Canada entre mai et novembre 1837 resteraient bien vivantes dans la mémoire des Québécois.

Le Québec, pas tout à fait le Canada

Parce que le Québec n’est pas une province comme les autres. Berceau du Canada, elle a d’abord été française. Même après la conquête anglaise, même après son abandon par la couronne de France, elle n’a pas abdiqué complètement. Elle a lutté pour la survie de sa religion et surtout de sa langue.

Journée nationale des patriotes, Montréal en 2015. Source Wikipédia – photographe Jean Gagnon

Ce combat a connu quelques réussites et beaucoup d’échecs, mais l’essentiel a été sauvé : il reste environ 8 millions de francophones parmi les 360 millions d’habitants d’Amérique du Nord. Les patriotes de 1837 et 1838 ont fait partie de cette lutte et méritent leur journée commémorative.

Si le lundi qui précède le 25 mai est devenu légalement l’anniversaire officiel de tous les monarques britanniques depuis 1957, le Québec a choisi une autre voie en 2002 sous un gouvernement du Parti québécois dirigé par Bernard Landry. Les gouvernements qui ont suivi, souvent libéraux et fédéralistes, n’ont jamais eu des velléités de changement.

Pierrot Métrailler

25 Mai 2012

Saga québécoise – épisode 21 – Vente de garage

Saint-Jean-Chrysostome s’est animé la dernière fin de semaine, c’était vente de garage.

Le réveil est énergique en ce samedi matin. Malgré un week-end prolongé par un lundi de fête des Patriotes mes habitudes sont quelque peu bousculées. J’étais pourtant heureux de constater que malgré leur mécréance, les canadiens ne fêtent pas les jours religieux et le jeudi de l’Ascension était un jour de travail normal, le Canada s’accordait tout de même quelques pauses.

Le lundi 21 mai est le jour de la Fête de la Reine ou de la Fête des Patriotes. La volonté d’indépendance du Québec ne va pas jusqu’à snober un jour de congé, fut-il royal. Malgré donc cette fin de semaine prolongée (oui, fin de semaine, pas week-end… j’oublie tout le temps), mon samedi matin est un peu bousculé.

C’est bizarre, encore personne n’a rien mis dans le chemin… Ah si, tout de même quelqu’un qui sort des affaires! Eh oui, ce samedi est journée de vente de garage à Saint-Jean-Chrysostome. Ma blonde est un peu inquiète, trois de ses collègues viennent squatter (je ne sais pas comment franciser ce terme) notre avant-maison. Je n’ai donc pas droit au grand Tim Hortons pour déjeuner, le petit, plus proche de la maison, suffira.

Un bagel multigrains beurré, une confiture de framboise et un café moyen avec un lait, j’ai appris à être précis dans la commande, le Journal de Québec et je suis prêt pour mon en-cas de départ. Pas le temps d’éplucher les nouvelles, juste la lecture des titres et de la chronique de Richard Martineau (ça c’est incontournable et je vous la recommande vivement, vous la retrouvez sur le site du Journal de Québec) et déjà ma blonde s’impatiente.

Elle a raison puisque Lucie, sa collègue, est déjà en action. Des tables occupent notre place et se couvrent d’objets hétéroclites. Lucie est une « professionnelle » des ventes de garage. Elle m’explique que la saison a débuté la semaine précédente à Plessisville. Elle salue un antiquaire qui fait une évaluation des objets sans sortir de sa voiture qui roule au ralenti. Les professionnels s’actionnent de bon matin pour dénicher les bonnes affaires.

Nançy et Denise, deux autres collègues de ma blonde, viennent bien vite compléter l’équipe de vendeuses. On trouve de tout devant la maison : quelques meubles, des vêtements, des jouets, de la vaisselle, des livres et même une magnifique girafe qui se dessinent sur un rideau anti-mouche. Les clients peuvent se presser.

L’installation terminée, j’enfourche mon vélo et je fais un tour du village. De plus en plus de monde exposent des objets. Dans certaines rues, toutes les maisons abritent des antiquaires en herbe, dans d’autres, c’est plus épisodique. Les enfants sont nombreux à liquider leurs jouets, les papas ne sont pas en reste, ils bradent leurs pneus, leurs outils pendant que madame offre une lampe ou des chaises de jardin. Mais c’est souvent grand-papa ou grand-maman, bien installé dans un fauteuil, qui assure la permanence.

Tiens, j’aurais jamais pensé qu’il vendrait son tracteur tondeuse! Je suis surpris en revenant à la maison. Un voisin a vendu très vite son véhicule tondeur, on peut donc faire des affaires. Ma gang de vendeuse est plus mitigée, les ventes ne se portent pas au mieux. Heureusement, le repas de midi est bientôt là pour revigorer les énergies.

Le soleil de l’après-midi complète la bonne humeur. L’arrêt d’un couple atypique déclenche une franche hilarité. Je me croirais dans la « cage aux folles ». Malheureusement l’écharpe ne plaît pas à monsieur, ils se contenteront de quelques bibelots.

L’heure de remballer arrive trop vite, je reste un moment seul avec les derniers objets et je réussis un marchandage sur une chaise laissée par Lucie. Elle ferait le bonheur d’un metteur en scène. Après un long échange avec une antiquaire de passage, je finis par la céder pour 3 $.

Quelle belle et fructueuse journée!

 

St-Jean-Chrysostome

jeudi 24 mai 2012

 

La « gang » des enseignantes est prête, les acheteurs peuvent se précipiter.

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